Chapitre 45

Write by Auby88

Aurore AMOUSSOU


Aujourd'hui.

A nouveau, je contemple l'homme qui me fait dos, me demandant toujours si je dois avancer vers lui ou le laisser seul. Finalement, je décide de l'approcher. Je me sens prête à entendre quelque remarque désobligeante qui sortira de sa bouche. Si cela peut l'aider à se sentir mieux, c'est tant mieux.


- Femi !

Mot tombé dans une oreille sourde. Il ne me répond pas.

- Femi, je suis désolée. Je m'en veux de t'avoir encore causé de la peine. Mais cette-fois, c'était vraiment pour … notre bien. Au moins, je suis heureuse de t'avoir entendu dire que tu m'aimes encore. Je n'y croyais plus, tu sais.

Pas la moindre réponse de sa part. Mais je n'abandonne pas. Je continue mon monologue.

- Quant à moi, je ne me lasserai jamais de te dire que je t'aime et que je désire être avec toi. Je ne suis pas parfaite, je le sais. Je ne te mérite pas, je le sais. Mais si tu m'offres une seconde chance, je …


Je n'achève pas ma phrase. Pourquoi continuer de lui parler s'il ne veut pas me répondre ? Paula avait raison. Il vaut mieux le laisser seul. Il vaut mieux que je rentre chez moi. Son indifférence me désole. Je ne pense pas pouvoir la supporter davantage. Par le passé, l'atmosphère froide entre lui et moi m'avait meurtrie. J'espère juste qu'il ne changera pas à nouveau d'avis quant à notre relation. Parce que, loin de lui, je me "meurs" à petits coups.


- Tu n'as pas envie de me parler maintenant, je te comprends. Je m'en vais donc. Je laisse Arabella ici avec toi. Aurevoir ! achève-je en soupirant.


Je tourne mon fauteuil et prends la direction du salon. Avant de partir, je compte dire aurevoir à Paula et Arabella.


- Aurore, ne pars pas ! entends-je derrière moi.

Je retourne mon fauteuil. Il vient vers moi. Je suis soulagée.

- Femi !

- Ce serait idiot de ma part de te laisser t'en aller quand ce que je désire, ce dont je rêve, ce à quoi j'aspire, c'est TOI Aurore AMOUSSOU. Nous nous sommes assez fait du mal comme cela. Ça suffit ! Tu ne penses pas ?

Au coin de ses lèvres, j'entrevois un sourire.

- Oui, tu as raison. Cela suffit !

En face de moi, il s'agenouille. Je me penche en avant et nous nous étreignons. Je le serre fortement contre moi. Je n'ai plus l'intention de le laisser sortir de ma vie. L'émotion est tellement grande que les mots n'ont plus leur place. Silencieux, nous demeurons quelques secondes avant de mettre fin à notre étreinte.

Il prend mes mains et les embrasse. Puis, il prend mon visage entre ses mains. Je lui souris. Il en fait autant. Il approche tout doucement son visage du mien. Je ferme les yeux. Ses lèvres frôlent les miennes que j'entrouve pour recevoir son baiser. Mais non. C'est plutôt sur mon front qu'il le dépose. J'ouvre les yeux.

- Tu m'as bien eue.

- Tu es trop pressée. Moi, je prends mon temps.

- Ah vraiment !

- Oui. Mais je vais quand même faire une exception pour toi.

En parlant, il approche ses lèvres des miennes. Je referme mes paupières.

Nos lèvres, longtemps éloignées, se cherchent et se trouvent...


* *

 *

J'ai tellement attendu ce moment magique, tellement espéré pouvoir à nouveau goûter aux baisers de Femi. Et maintenant que cela s'est produit, je suis si heureuse.

- Si je le pouvais, je ne m'arrêterai jamais de t'embrasser.

- Moi aussi, Femi. Mais nous ne sommes pas seuls ici. Et Arabella peut débarquer à tout moment.

- Tu as raison. D'ailleurs, cette vipère de Paula s'amène vers nous.

- Femi ! rétorque-je.

Il lève ses genoux de terre et vient se positionner derrière mon fauteuil.

- Que vois-je​ ! lance Paula. Enfin !

- Sache, Paula, que je suis encore fâché contre toi !

- Qui te cause même, Femi ? "Attache bien ton fâchement" si tu veux ! Aurore, tu vois cet ingrat ! Au lieu de me remercier, il reste là à me bouder.


La scène est bien drôle.

- En tout cas, Femi, sache que cela m'a bien fait plaisir de te martyriser. Je prenais ainsi revanche sur toi, pour t'être servie de moi et pour toutes les horreurs que tu m'as dites récemment.

- Donc, c'est personnel ! Aurore, tu vois. J'avais bien raison de la traiter de vipère !

Je hausse les épaules, ne sachant quoi répondre.

- Alors, c'est moi la vipère ? lui demande-t-elle en s'agrippant à lui. Attends que je t'injecte mon venin !

Elle tente de lui donner un bisou sur la joue, mais il l'esquive encore et encore.

- Paula, arrête ! Je te préviens. Je …

Mais elle insiste.


Je les regarde avec envie. C'est dans ces moments-là que mes jambes me manquent. Je voudrais pouvoir rester debout pour m'amuser ainsi avec mon homme.

" Non ! Aurore ! me dis-je. Ne sois pas triste. Pas maintenant ! Aujourd'hui est un jour heureux ! "


Femi finit par se résigner, laissant Paula parvenir à ses fins. J'avoue que je suis un peu gênée de les voir si complices. Jalouse aussi ? Non. Je n'ai pas de raison de l'être. Du moins pas maintenant.

- J'espère qu'à présent​, tu n'es plus fâché contre moi.

- Je ne suis plus fâché. Mais ne me refais plus un coup pareil !

- D'accord, DAF ! lui répond Paula sur un ton solennel.

Nous rions aux éclats.


Plus tard.

Paula a pris congé de nous, en emmenant Arabella avec elle. Au moins nous n'aurons pas cette petite "diablesse" dans nos pattes pour quelques heures. (Sourire)

J'ai délaissé mon fauteuil pour les bras de mon homme. De tout et de de rien, nous parlons. Nous discutons comme au bon vieux temps, en riant à n'en plus finir...


- Allez, raconte-moi une autre blague. Cela m'a tellement manqué !

- Ok, fait-il.

Je l'écoute avec entrain.


" A Samenpa, quand on trompe son ou sa partenaire, on utilise un code pour se confesser chez le prêtre : Mon Père, j'ai glissé et je suis tombé(e)...

Un nouveau prêtre est affecté dans la ville. Ignorant le code, il reçoit le maire en confession. Le Maire lui avoue :

- J'ai glissé et je suis tombé.

Le prêtre lui répond à son tour :

- Vous feriez mieux de bitumer les rues de cette ville, car j'ai reçu votre femme qui a glissé et est tombée 5 fois cette semaine !

Le maire s'est évanoui !!"


Avant qu'il finisse, un accès de rire s'empare de moi. D'abord le nom de la ville est bien drôle " Samenpa (Ça ment pas ). En plus Femi est unique. En racontant les blagues, il modifie sa voix et fait des grimaces comme s'il faisait un spectacle. A chaque fois, je ne peux m'empêcher de rire, rien qu'en voyant sa tronche.

- Une dernière, Femi !

Il secoue la tête.

- S'il te plaît !

- Non ! réplique-t-il en prenant un air sérieux. J'ai envie d'autre chose.

- D'autre chose ?

Je feins d'être étonnée.

- Oui, comme quoi ?

Dans mes cheveux, il passe sa main.

- Montons en haut et tu sauras.

- Non ! Non ! réplique-je en souriant. C'est bien trop tôt.

- Trop tôt, tu dis ?

- Oui. Je veux juste me contenter de tes baisers.

- Tu ne crois même pas ce que tu dis !

A l'oreille, il me murmure des mots coquins.

- Arrête, Femi ! dis-je.

En réalité, j'ai bien envie de jeux sous la couette. Je me fais quand même désirer. Je suis une femme après tout !

- Allez, dis oui. Ma diète a assez duré !

- Ta diète !

Je pouffe de rire.

- Eh bien, je l'avoue. J'ai eu quelques aventures, mais rien de sérieux. Je te rappelle que hommes et femmes ne sont pas pareils !


Cet éternel prétexte des hommes, je le connais déjà par coeur. En tout cas, tout ça relève du passé.

- D'accord, j'ai compris mais …

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Il me soulève du canapé.

- Femi, lâche-moi, dis-je en lui donnant de petits coups dans le dos.

Il ne m'écoute même pas. Je me retrouve, contre mon gré, par-dessus son épaule. Nous montons les marches qui mènent à ... sa chambre.

Contre mon gré ? Suis-je sérieuse ? Non, je blague. Rien ne me fait plus plaisir que de me retrouver là-haut avec lui. (Rires​)


* *

 *

Dans la chambre à coucher de Femi.

Femi m'a fait asseoir sur son grand lit à baldaquin. Près de moi, il se trouve. Mon dos repose contre le chevet du lit. Je contemple la pièce où nous sommes. Elle est bien jolie. Une touche féminine, sans aucun doute !


- C'est Paula qui t'a aidé pour la décoration ?

- Oui. Comment l'as-tu deviné ?

- Il m'a suffit de regarder les tableaux d'art, les vases posés symétriquement de part et d'autre de la chambre, les couleurs vives des murs et des oreillers, les rideaux fleuris et plein d'autres petits détails pour m'en rendre compte.

Il me fixe longuement.

- T'es pas jalouse toi par hasard ?

- Jalouse de Paula ? Non, rassure-toi.

- Tant mieux. Et tu n'as pas à l'être !

- Pourquoi ?

- Pourquoi, tu dis ?

Je hoche la tête. Il commence à déboutonner mon haut.

- Parce que je n'ai jamais fait à Paula ce que je m'apprête à te faire.

- Ah vraiment !

Il me fait oui de la tête. Je ferme mes yeux. Je sens ses mains qui parcourent mon torse nu.

Je ne sais pourquoi mais je commence à stresser. Peut-être est-ce parce que cela remonte à plus de trois ans que j'ai été avec un homme, en l'occurrence Femi !

Il le ressent.

- Détends-toi Aurore. Tu sembles bien trop crispée. Si tu préfères qu'on arrête, je peux comprendre.

- Non, j'ai envie qu'on le fasse. C'est juste que je me sens ... comme une nouvelle mariée, tu sais.

Il me sourit.

- Tu as peur que tout ne se passe pas comme avant ?

Je hoche la tête.

- Fais-moi confiance, comme par le passé, et tu verras.

- D'accord, dis-je en inspirant profondément.

- Tu voudrais que je joue "notre chanson" ?

- Oui, dis-je timidement.

Il descend puis revient vers moi. Les premières notes de "The vow" retentissent dans la chambre. Je ferme les yeux et m'abandonne aux baisers suaves et aux mains de Femi qui me mettent totalement à nu. Plus détendue, je me sens.



**********

Femi AKONDE


En elle, je suis. Sans barrière. Je frôle mon visage contre le sien encore et encore, comme pour m'assurer qu'elle n'est​ pas un mirage, comme pour me convaincre que je ne rêve pas.

C'est sûr, ce n'est point un rêve. Ce sourire sur son visage est vrai. Ses mains qui se promènent sur mon corps sont bien réelles. Aurore est bien là avec moi.  

Par moments, j'inspire profondément. Je reprends ainsi mon souffle avant de continuer ma cadence...


* *

 *

Etendu près d'elle et complètement "vidé", je suis. Comme ça fait du bien de faire l'amour avec l'être qu'on aime !

Elle me donne un long bisou sur la joue et me regarde en souriant.


- J'attends que tu reprennes ton souffle, avant de te faire part de mes pensées.

- T'inquiète, tu peux me parler, insiste-je.

- Tu en es sûr ? T'es capable de parler maintenant ?

En parlant, elle porte la main à sa bouche. Je la lorgne. Amoureusement, bien sûr ! (Sourire)

- Moque-toi​ bien de moi, Aurore !

- Ce n'était pas mon intention, je t'assure ! Je voulais juste te dire que je suis extrêmement heureuse d'être ici avec toi. Merci pour ce bon moment passé ensemble. Une fois encore, tu avais raison. Je stressais inutilement.


Je passe ma main dans ses cheveux pour dresser une mèche désordonnée.

- Je te l'avais dit. Mais t'es tellement bornée !

- Moi ! T'en es sûr ? Ce n'est pas plutôt toi ?

- Non ! fais-je.

Je sens des chatouillis sur mon torse.

- Arrête Aurore où je ne réponds plus de rien.

Elle pouffe de rire. Elle sait que je suis trop bien épuisé pour tenter encore quelque chose. Sur mon torse, elle vient poser la tête. Je passe mes mains sur sa tête. Un silence s'installe entre nous. Aurore semble fixer le vide.

- Tout va bien ?

- Oui Femi. Je pensais à ta mère. Tu crois qu'elle acceptera …

Je ne la laisse pas finir. Avec un regain d'énergie subit, je me relève brusquement, la faisant basculer sur le côté.

- Aie ! fait-elle en gardant son bras gauche.

Je ne me préoccupe pas de ça. Je suis en colère.

- Tu te plais encore à me contrarier, c'est ça ? crie-je. A peine sommes nous réconciliés que déjà tu trouves un prétexte pour qu'on se sépare ? Si tu veux rester avec moi, tu ne dois plus avoir de doutes ! C'est bien clair ?


Mon geste est si brusque et mon ton si formel que son visage, jadis gai, devient tout triste. J'ai même l'impression qu'elle est au bord des larmes.

- Excuse-moi, Aurore. Je n'aurais pas dû m'emporter ainsi.

Elle détourne son visage.

- Il faut que tu comprennes que j'ai changé. Je ne suis plus aussi tolérant qu'avant. Allez, Regarde-moi.

Ses yeux demeurent figés dans le vide. Je tiens son menton par la main et l'oblige à me regarder. Elle tente de résister, mais je maintiens fermement son visage tout en soutenant son regard.

- Regarde-moi. C'est moi. C'est Femi, ton homme et je t'aime énormément. Le simple fait d'avoir mentionné ma mère m'a fait revenir à ce passé douloureux que j'ai décidé d'oublier. Mon geste était un pur réflexe. Je ne l'ai pas fait exprès. Je te l'assure.

Elle cligne juste des yeux. J'entreprends de lui masser le bras. Elle ne s'y oppose pas.

- Concernant ma mère, il m'importe peu qu'elle t'accepte ou pas. Je t'ai choisie toi ! Tu en doutes encore ?

Elle sort enfin de son mutisme.

- Non, je n'en doute pas. Sinon tu crois que je serai dans cette chambre avec toi !

Son ton est plein d'assurance. Cela me réjouit.

- C'est ce que je voulais t'entendre dire. Arrête donc de faire cette mine. Souris-moi.

- Tu m'as fait mal, je te le rappelle.

- Je te l'ai dit. Je ne l'ai pas fait exprès. Allez, souris-moi.

Elle étire légèrement ses lèvres.

- Tu veux que j'y mette la manière forte ?

- N'essaye même pas ! réplique-t-elle.

Je ne l'écoute pas. Je la chatouille à n'en plus finir.

Elle se tord, résiste un moment puis finit par rire.

- Je préfère ça.

- T'es fou, mais je t'aime tellement.

- Alors, tu n'es plus fâchée ?

- Non, je ne le suis plus.

Contre sa douce main qui caresse ma joue, je presse mes lèvres.

- Au fait, si cela peut te rassurer, sache qu'Arabella connait déjà sa mémé.

A voir son visage, je devine déjà qu'elle est étonnée.

- Ah bon !

- Je l'ai emmenée une fois à Porto-Novo. Toutes deux étaient bien heureuses de se rencontrer.

- Arabella ne m'a rien dit.

- Je lui ai fait promettre de ne rien te dire, en prétextant que je voulais moi-même te faire la surprise. Et puis, je ne savais pas trop comment tu le prendrais.

- Je ne sais quoi te dire, Femi. Je ne m'y attendais pas.

- Tu vois, tu n'as plus à t'inquiéter par rapport à ma mère. Quoi qu'il en soit, qu'elle t'aime ou qu'elle ne t'aime pas, garde toujours à l'esprit que je t'ai choisie. C'est compris ?

- Oui, c'est compris. Embrasse-moi.

Avec soin, je m'applique. (Sourire)












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