Chapitre 5 : Vivre l’instant présent

Write by Alexa KEAS

Fabrice AGBOSSOU


Je crois que je n’ai jamais vu, un si beau sourire de ma vie. Le plus incroyable est qu’elle ne force pas, c’est si naturel, si simple et si sincère.

-Alors, on n’y va ?

-Laisse-moi vider mon verre. D’ailleurs tu devrais vider le tien, autrement, ce serait du gaspillage.

-A vos ordres, maman.

-Je suis trop jeune pour être ta mère, ricane-t-elle, avant de porter le verre à sa bouche et le vider en une fois.

Je lui emboite le pas et enfin, nous sortons du restaurant après.

-Programme ?

-Rien à signaler de mon côté. N’eut été ta rencontre, je serais enfermée dans ma chambre, à broyer du noir.

-Et si nous sortions de Paris ?

-Pour aller où ?s’exclame-t-elle.

-Marseille par exemple, ou Saint-Tropez ou…

-Oh oui, Saint-Tropez, j’adorerais, dit-elle en sautillant, telle une petite fille, sans se soucier des passants. Tu ne blagues pas j’espère ?

-Oh que non !

-Super, allons faire nos bagages alors.

-Et si on partait sans rien ? Il doit bien avoir quelques boutiques de vêtements là-bas.

-C’est une folie !

-C’est ce qui rend l’aventure plus excitante. Alors, on y va ?

Je lui tends la main et elle y glisse la sienne, en souriant. Si je pouvais, je m’assignerais la mission de toujours la faire sourire. Elle est si belle, quand elle le fait ! J’attends que nous soyons installés dans ma voiture, enfin, celle que je loue pour mon séjour, pour appeler « AirFrance ». Il y a plusieurs vols par jour pour Saint-Tropez. J’en attrape un pour nous, départ dans une heure. Je règle les frais, en ligne.

-Il va forcément falloir qu’on fasse un tour chez moi, je dois prendre mon passeport.

-Ah oui, c’est vrai !

Je l’emmène chez elle et pour la première fois, depuis trois jours qu’on se connait, elle m’invite à monter.

-Ce n’est pas le grand luxe mais j’en suis fière, déclare-t-elle, en ouvrant la porte.

-Et tu as raison de l’être, tant que tu ne dois rien à personne.

-Je t’en prie, prend place, dit-elle en désignant l’unique canapé de la pièce. Je te sers quelque chose ?

-Un verre d’eau s‘il te plaît.

Elle se dirige vers le coin cuisine et ouvre le frigo. Son appartement est une seule pièce en fait, assez vaste pour qu’elle fasse des séparations avec du contreplaqué et aménage un coin cuisine, un coin salon et sa chambre. Il y a une petite porte au fond, qui doit certainement mener à la salle de bain et peut-être un dressing.

Le temps de finir mon verre d’eau, Kimora revient vers moi en brandissant son passeport.
-Je l’ai. Tant qu’on y est, j’ai pris quelques affaires de première nécessité.

-Super alors. Tu as tout ce qu’il te faut ?

Elle acquiesce de la tête. Nous quittons son appartement, pour l’aéroport. Moi j’ai mon passeport sur moi. Quelques minutes plus tard, nous décollons pour Saint-Tropez. Trois heures plus tard, nous prenons les clés de nos chambres à l’hôtel, « La Bastide de Saint Tropez ». Le cadre est tout simplement paradisiaque. Un peu cher oui, plus de 130.000Fcfa la nuit mais bon, à quoi me serviront les centaines de millions qu’a généré mon énergie sexuelle, si ce n’est pour profiter de la vie ? Le temps de faire connaissance de nos chambres, Kimora et moi sautons dans un taxi pour aller faire les boutiques. Dans ma tête, je nous concocte un petit programme, dîner au bord de la piscine de l’hôtel et un tour en boîte de nuit. C’est certains que l’ambiance n’égalera pas celle du boulevard de Dekon à Lomé ou encore celle du Privilège Bar ou du Miami 228 mais bon, j’ose croire que nous essayerons de nous amuser.
Une fois dans la boutique que nous a recommandée la réceptionniste, Kimora se retient de choisir.

-Prend tout ce que tu veux Mora.

-D’habitude, on coupe mon prénom en Kim.

-Eh bien moi, je vais t’appeler Mora, c’est bien plus original.

Elle sourit et mon cœur bondit.

-Allez, lâche-toi et fais honneur au genre auquel tu appartiens. Tu ne vas pas me dire que tu es l’exception qui confirme la règle selon laquelle, toutes les femmes adorent faire le shopping ?

-Non, il ne s’agit pas de ça.

-Il s’agit de quoi alors ?

-De tout ça, c’est bien trop pour moi. Je ne sais pas à quoi m’attendre.

-Je veux juste te faire plaisir, te faire sourire en fait. Et ça me rend heureux. L’argent est fait pour être dépensé et c’est bien ce que j’ai de trop en ce moment. S’il peut servir à nous offrir un peu de bonheur, pourquoi ne pas en profiter ?

-Je ne sais pas Fabrice, tu es si gentil que, j’en ai peur. La vie m’a appris qu’elle n’offrait rien de gratuit.

-Ben je ne suis pas la vie, je ne suis qu’un être en vie.

Elle sourit encore.

-Bon, je vais être forcé de choisir pour toi.
Je la tire par la main et la conduis dans le rayon des robes. J’en prends quelques une et la somme d’aller les essayer. Pendant qu’elle se rend dans la cabine d’essayage, en trainant des pas comme un enfant, je choisis d’autres vêtements, Jeans et hauts et les lui fait apporter par une des vendeuses, dans la cabine.
Moi je n’ai pas besoin de grand-chose. Deux Jeans, trois boxers, Trois ou quatre T-shirt, quelques effets de toilettes, une paire de baskets peut-être, ou des tapettes…

Je prends place et profite du défilé gratuit que m’offre Kimora, en allant et venant avec ces essayages. Finalement, elle se laisse aller et semble s’amuser. Elle demande même à essayer certaines robes, juste pour s’amuser. Nous en rigolons bien et je la prends en photo à chaque fois. C’est ma première fois de vivre tout ça avec une femme, sans avoir l’intention d’obtenir quelque chose en retour. J’ai effectué ce voyage dans le but de prendre un peu de recul avant d’aller affronter ce qui m’attend à Lomé. C’est un peu le calme avant la tempête. Si je peux jeter un peu d’éclat dans la vie d’une tierce personne, encore plus une femme, quand j’ai passé ma vie à briser bien de cœurs, pourquoi m’en priver ? Nous passons près de deux heures dans ce magasin. Je lui prends tout ce que j’ai jugé joli sur elle. J’ai pu me dégoter deux T-shirt et deux Polos et un Jean. Nous passons à un autre magasin pour prendre d’autres choses et une petite valise pour les contenir. Nous finissons nos courses dans une parfumerie. Du Paco Rabanne pour moi et un Lancôme pour elle. Elle s’extasie et me fait un gros câlin, en guise de remerciement.

-Fabrice.

-Oui Mora.

-J’ai envie de quelque chose.

-Tes désirs seront des ordres, princesse, dis-je, en faisant la révérence. Ce qui l'a fait éclater de rire.

-Arrête !

-De quoi as-tu envie, ma belle ?

-D’une glace ?

-Rien que ça ?

-Oui, juste ça.

-Bien, trouvons un taxi et demandons au chauffeur de nous conduire au meilleur glacier du coin.

Et c’est ce que nous faisons. Le chauffeur nous conduit au « Barbarac ». C’est plein à craquer. Nous arrivons toutefois à nous faire servir dans les quinze minutes. Je ne me rappelle vraiment pas de la dernière fois que j’ai mangé un truc pareil, de la glace ! Je laisse Kimora choisir pour nous, c’est elle l’experte. J’ai demandé au chauffeur de nous attendre. Nos affaires sont dans la voiture. Je paie et nous repartons, munis de gros cornets de glaces, suavement remplis. Nous les dégustons en chemin. Kimora semble être aux anges. Ah ça ! Je prends plaisir à la regarder manger que la mienne se met à fondre. Elle ne le remarque même pas, trop occupée à savourer la sienne. Finalement, je m’y mets aussi et je dois avouer que c’est bon.

Nous arrivons à l’hôtel vers vingt-heures, plutôt crevés. Je me demande si notre programme, enfin celui que je comptais lui imposer, pourra tenir. On verra bien.

-Alors, c’est quoi le programme de la soirée ? Ou tu comptes dormir comme un petit vieux ?

-Je suis bien plus jeune que toi, madame.

-Oui, c’est ça. Sinon, si tu te sens d’attaque, après le diner, pourquoi ne pas faire un tour en boîte ?

-Super, j’adore l’idée.

-On se retrouve dans le hall dans une heure ou une heure trente peut-être ?

-Une heure, c’est largement suffisant.

-Ok. Monte alors, je vais nous commander à manger.

Elle s’en va, en chantonnant. Je ne détourne mon regard d’elle, qu’une fois hors de mon champ de vision. Je vais nous commander à manger et demande que nous soyons servis au bord de la piscine, avant de monter à mon tour. Une fois dans la chambre, j’ouvre ma sacoche et y prends mon second téléphone, celui avec la Sim de Lomé. Je l’ai éteint depuis que j’ai décollé de Lomé il y a quelques jours et je ne l’ai jamais rallumé. J’avais prévenu Clémence que je serai Offline, Dieudonné aussi. Mais là, j’ai besoin de savoir si les travaux pour la reconstruction de mon gymnase avance. J’ai chargé Dieudonné de la supervision. J’allume le téléphone, le temps de récupérer le numéro de mon pote et je l’éteins de nouveau. Je l’appelle avec celui d’ici et nous conversons durant une dizaine de minutes. Il me rassure sur l’avancement des travaux et joue au petit orphelin, parce que sa femme n’est pas encore rentrée de voyage. Ah Dieudonné, il est si amoureux ! Je raccroche et me rends dans la salle de bain. Je prends tout mon temps pour évacuer la fatigue de la journée.
*
*
Kimora Wilson

Grâce à Fabrice, j’ai réussi à ranger dans un coin de mon cerveau que mon petit-ami m’a quitté pour une autre et que j’avais également perdu mon boulot. Il n’a eu aucun geste déplacé envers moi. Il n’a rien insinué non plus, qui me pousserait à croire que je lui plaise ou qu’il attende quelque chose de moi. J’avoue que c’est un peu bizarre comme situation pour moi, parce qu’inhabituel, en fait ! Peut-être que Dieu a enfin eu pitié de moi et qu’il m’a envoyé un ange pour atténuer mes peines. En vérifiant mon téléphone, seule Sara, la seule amie que j’ai réussie à me faire à Paris m’a appelé. Elle serait passée à mon appartement dans l’après-midi. Je lui envoie un message et lui dis que j’ai dû effectuer un petit voyage. Bien évidemment, sa réponse ne tarde pas.

« Voyage ! Où et avec qui ? »

« Je te raconterai à mon retour ».

« Ok, prend soin de toi, ma belle ».

« T’inquiète ».

Je me mets à poil et me détends un peu dans le lit douillet, avant de me rendre dans la salle de bain. Le temps de me préparer, j’épuise les soixante minutes. Je débarque dans le hall avec sept minutes de retard. Fabrice m’attendait déjà. Il est en train de discuter avec la réceptionniste qui le dévore du regard. Je me rapproche et l’appelle. Il se retourne et me regarde d’un air admiratif.

-Tu es très belle.

-Merci, tu n’es pas en reste.

-Merci.

-Allons-y, notre table est prête.

Je m’attendais à ce que nous mangions dans la salle du restaurant de l’hôtel mais, Fabrice a apparemment eu l’ingénieuse idée de nous faire installer au bord de la piscine et ce n’est pas pour me déplaire.

Nous dinons dans une belle ambiance et buvons du vin. L’idée d’aller en boite ne me séduit plus, parce que je me sens très bien ici. J’en fais part à Fabrice, qui ne trouve aucun inconvénient à ce que nous finissions la soirée ici. Peu à peu, les autres clients se vident. Il ne reste plus que nous, au bord de la piscine.

-Un bain de minuit, ça te dit ?propose-t-il.
Je porte mes deux mains au visage, honteuse et avoue que je ne sais pas nager.

-Ne t’inquiète pas, je serai avec toi.

-Je n’ai même pas de maillot !

-Un maillot c’est quoi ? Un soutien-gorge et un slip ! J’ose croire que tu en portes en dessous de tes vêtements !

Il en parle avec une certaine aisance que, je ne ressens pas de gêne. Vive les folies de Fabrice ! Je suis la première à me lever de mon siège. Je me débarrasse de mes vêtements et reste en sous-vêtements. Heureusement que j’ai mis un de mes plus beaux ensembles. L’un des produits de première nécessité que j’ai pris quand nous avons fait un crochet dans mon appartement. Fabrice se déshabille à son tour. Mon corps est parcouru de frissons en le voyant en boxer. Jamais un homme nu, ne m’avait fait un tel effet. Je cache mon trouble tant bien que mal et me laisse conduire dans la piscine. Fabrice me tient la main et me donne des notions de base.

-Ne me lâche surtout pas.

-N’aie pas peur.

Finalement, il me demande de monter sur son dos et nous fait traverser la piscine. Après un tour, il me fait asseoir sur les marches et me fait face. Nous nous regardons sans rien dire et à un moment donné, nos visages se rapprochent l’un de l’autre. Nos lèvres fusionnent. Fabrice y met fin et se confond en excuses.

-Nous sommes deux adultes, dis-je.

-Je sais mais, je n’ai pas envie que ces beaux instants que nous passons soient gâchés.

-Tu penses à ta femme ?

Comme réponse à cette question, il se rapproche de moi et m’embrasse de nouveau. Mes sens s’embrasent, j’en veux plus.

-Kimora, je dois arrêter de t’embrasser.

-Pourquoi ?

Il prend ma main et la pose sur son sexe. Ce qui fait monter mon adrénaline.

-Continue, Fabrice ! J’ai aussi envie de toi.

-Non Kimora, arrêtons. Je n’ai rien à t’offrir.

-Moi non plus. Pas de promesse, pas d’engagement, je ne veux rien du tout, à part profiter de l’instant présent. Fabrice, fais-moi l’amour.

Je sors de la piscine et il m’emboite le pas. Je vais ramasser nos effets. Tout en avançant vers l’hôtel, Fabrice saisit mon bras, m’obligeant à m’arrêter. Il me retourne face à lui et capture mes lèvres de nouveau, ses mains se baladant sur mon corps. Je laisse tomber les effets et croise mes mains sur sa nuque. Je tremble dans ses bras, proie à des émotions indescriptibles. 

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