Chapitre 52
Write by WumiRa
MAYA 52
C'était Firda.
Elle fit un pas dans la direction de l'intruse qui s'était retournée.
- Si tu es vraiment la femme que tu prétends être, je te défies d'approcher mon enfant. Ose seulement et tu verras !
Henri ôta ses lunettes et les déposa sur la table, avant de se lever à son tour.
- Qu'est-ce que tu attends pour demander à la sécurité de faire sortir cette femme ?
- Je partirai quand j'aurai fini, madame, répliqua Awa, d'une voix cinglante. Et moi qui parlais de nous comporter en personnes bien éduquées. Si vous voulez la guerre tous les deux, vous l'aurez, mais autant vous prévenir que cela ne risque pas de vous plaire ! Je ferai l'impossible pour récupérer ma fille, parce que si j'avais refermées mes cuisses sur sa tête ce jour là, dans la salle d'accouchement ou si j'avais avorté, vous ne l'auriez jamais eu.
- Sors de chez moi, dit Frida, qui à présent était très en colère. Si tu lui as donné le jour, c'est nous qui l'avons élevée et lui avons offert notre nom. C'est moi qui l'ai mise au dos et je ne laisserai pas une étrangère salir l'image que Maya a de cette famille.
Un rire lui parvint en guise de réponse.
- Je m'en vais. Mais vous aurez de mes nouvelles, c'est une promesse. Et toi vieux clou, fit-elle en se tournant vers Henri. On verra quelle sera sa réaction lorsqu'elle saura que tu as voulu acheter mon silence, pauvre lâche.
Puis après s'être emparé de son sac, elle quitta la pièce.
- Maimouna ! s'écria Frida.
Une jeune fille apparut instantanément, devant la porte restée ouverte.
- Madame ?
- Suis la femme qui vient de sortir et assure toi qu'elle est bien parti. Dépêche toi.
La jeune domestique n'attendit pas plus et alla s'acquitter sans tarder, de la tâche que sa patronne venait de lui confier.
- Pourquoi lui as-tu proposé de l'argent ?
- Je ne voyais pas d'autres solutions, répondit Henri.
- Mais c'est la femme d'un ministre, non ? Elle n'est pas en manque de sous.
- Qui te le dit ? Crois-tu qu'elle essaie de renouer avec sa fille par amour ? Elle essaie plutôt de s'assurer une vieillesse paisible.
Frida s'assit, en proie à un soudain abattement.
- Tu ne devrais pas trop t'emporter de cette façon. Pense à ta tension.
- Ne sois pas hypocrite, s'il te plaît. Quand tu m'as confrontée à ta décision de révéler notre secret à Maya et quand tu m'as parlé de ta trahison, tu as pensé à tout sauf à mes problèmes de tension.
- C'était une erreur. Ta santé m'a toujours préoccupé et tu le sais.
- Mais qu'allons-nous faire ?
Il s'était rassit.
- Agir correctement.
- Elle a raison. Nous n'avons pas adoptée Maya, nous l'avons eu en échange de l'argent et c'est illégal même dans un pays comme celui ci.
- Il n'y a rien pour prouver.
- Oh Seigneur, tu fais exprès ou as-tu des problèmes de mémoire ? Tu crois qu'une quelconque déformation de la vérité serait crédible devant un tribunal ? Elle n'a pas le même sang que toi.
- Hum.
- Maya et son mari doivent venir à la maison dans la semaine. Si tu veux que nous soyons les premiers à lui parler, ce sera le moment opportun.
- Je ne suis pas de cet avis. Elle vient de perdre sa fille.
- Ce sera pire si cette sorcière va lui raconter des bêtises.
Henri parut réfléchir.
- Savais-tu que son mari était au courant ? demanda t-il au bout d'un moment.
- Comment ?
***
Pendant ce temps, Malik, allongé sur le dos, un bras replié sous sa tête et l'autre enserrant sa femme qui dormait à nouveau, réfléchissait à tout ce qu'il avait dit plus tôt. Oui, il renonçait enfin à tout pour pouvoir s'assurer un meilleur avenir avec celle qu'il aimait, mais n'était-ce pas une trahison à l'endroit de ses défunts parents ? Encore qu'il s'était entiché de la fille de leur ennemi. Bon, pas vraiment puisqu'ils n'avaient pas le même sang, mais aux yeux de tous, Maya était une Fall.
Elle choisit ce moment pour changer de position.
- Tu réfléchis trop, fit-elle d'une voix ensommeillée. C'est sûrement pourquoi tu ne grossis jamais.
Il sourit.
- Tu me trouves maigre ? s'enquit-il.
Elle releva la tête, scruta son visage durant quelques secondes, avant de reposer sa tête sur lui.
- Je sais à quoi tu penses, Sylla. Tu te demandes si tu as pris la bonne décision.
- Pas exactement.
- Humm.
- Au moins je n'ai plus de doutes sur ce que je ressens pour toi.
- Quel est donc le problème ? Tu regrettes de devoir renoncer à tes plans ?
- Un tout petit peu oui, concéda t-il. Mais peu importe finalement. La solitude ne m'avait jamais posé de problème jusqu'à maintenant.
- Maintenant tu as peur de te retrouver seul ?
Il se tut un moment avant de répondre.
- Tout ce que je sais, c'est que j'ai besoin de toi dans ma vie. Je suis devenu accro à ta présence. C'est malsain hein ?
- Je veux que tu aies besoin de moi, mon chéri. Je veux veiller sur toi. Te faire rire, te rendre heureux.
- Vos désirs sont les miens, madame ma femme.
Elle était complètement réveillée à présent.
- Où as bien pu passer tes airs de madone intouchable ? la taquina t-il.
- Envolés. Même moi je ne me reconnais plus. Sonya encore moins et elle t'en veut beaucoup de m'avoir à ce point retourné le cerveau.
Il eut un rire incrédule.
- En voilà une autre avec qui je vais devoir clarifier les choses. Si seulement elle savait que tu as plus d'influence sur moi que je n'en ai sur toi.
Elle l'entoura de ses bras menus.
- Hey.
- Tu sais bien que c'est la vérité.
- Elle se marie après-demain. Nous sommes invités, tous les deux.
- Oh, bonne chance à l'heureux élu.
Maya pouffa de rire.
- Comment te sens-tu ?
- Ça fait la sixième fois que tu me demandes ça.
- Alors, comment te sens-tu ? Je veux la vérité cette fois.
- Je vais bien, le rassura t-elle. Cesse de t'en faire. Et à propos, bientôt il faudra que je me cherche un nouveau travail.
- Ah ça.
Elle attendit qu'il poursuive, mais il ne dit rien d'autre.
- Si je passe mes journées enfermée ici, je vais devenir folle. J'ai envie de m'occuper.
Bien sûr, si sa fille avait survécue, elle n'aurait pas eu besoin de sortir pour cela, au moins pendant des mois.
- Tu ne dis rien ?
- Je réfléchis. Travailler pour ton père n'est pas mal comme idée, si tu y tiens. De toutes façons tu es son unique héritière et c'est ce qu'il y a de plus logique.
Elle se redressa.
- J'y ai aussi pensé. Encore qu'après la quasi faillite de l'entreprise, bien de choses ont changé. Papa a peut-être besoin d'une retraite anticipée ?
Les lèvres de Malik frémirent, alors qu'il se retenait de rire.
- Tu n'es pas sérieuse ?
- Il travaille trop.
Elle fronça les sourcils.
- Pas autant que toi, mais mon père n'est plus du tout jeune, Malik. Maintenant que j'y pense, il a besoin d'une retraite.
- Même si je suis d'accord avec toi, je ne vois pas comment tu vas pouvoir le convaincre qu'il est temps pour lui de se retirer des affaires. Je te souhaite bonne chance sur ce coup.
- Je compte sur toi, pour m'aider.
Il fit l'étonné.
- Ce ne sont pas mes affaires.
- Tu pourrais lui parler d'une fusion complète. Je ne sais pas comment ça marche, mais si j'hérite de l'HFL, j'aurai forcément besoin de toi, alors que si les deux...
- Ne me demande pas ça.
Maya pinça les lèvres.
- Quel mal y a t-il à ce que nos entreprises ne fassent plus qu'un ?
- Tu ne peux pas comprendre. N'en parlons plus, c'est tout.
- Je...
- Je ferai tout le nécessaire pour que tu acquiert plus d'expériences, ne t'en fais pas pour ça.
- Mais ?
- Ne me demande rien qui soit au dessus de mes moyens, s'il te plaît. Je ne me vois pas fusionner toute ma vie, tout mon travail à...
- À celle de l'homme qui soit disant est la cause de tes malheurs. Ok.
Elle se recoucha, mais cette fois ce fut à l'écart et en lui tournant le dos. Exaspéré, Malik quant à lui, quitta le lit.
- Je vais chercher une assiette, maugréa t-il en s'éloignant.
- Je n'ai pas faim.
Il revint peu après et elle l'entendit s'affairer, avant que l'odeur appétissante du tchep dont elle raffolait d'habitude, ne vienne lui chatouiller les narines. Certaine qu'il n'allait pas tarder à lui demander de se lever pour manger, elle demeura allongée, jusqu'à ce qu'elle l'entende à nouveau s'éloigner en sifflotant.
Elle se redressa et tourna la tête.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda t-elle, en le voyant prendre place dans un fauteuil, le plat fumant, posé sur ses genoux.
- Cela ne se voit pas ?
- Tu n'oserais pas !
Ignorant son ton menaçant, il esquissa un sourire moqueur.
- Tu pensais que j'allais te supplier de manger ? Non bébé, tu t'es faite assez désirée.
Maya bondit sur ses pieds et sans la moindre hésitation, elle alla lui arracher le plat des mains. Il la regarda faire, une lueur d'amusement au fond des yeux.
- Espèce de macho. Tu n'as même pas honte de me laisser affamée, pesta t-elle par dessus son épaule, en regagnant le lit. Aucune galanterie, way.
À peine se fut-elle rassise, qu'elle entama la nourriture sans le moindre regard pour lui, prenant la peine de savourer chaque bouchée comme si elle n'avait jamais rien mangé d'aussi bon.
- Petite pimbêche, lança t-il, en regagnant à son tour la porte. Insolente.
- Oui, moi aussi je t'aime, répondit-elle, avant qu'il ne disparaisse dans le couloir en secouant la tête.
***
(Le lendemain)
- Laisse moi dormir, Mayaaa... se plaignit Malik, alors que cette dernière prenait un malin plaisir à tirer les draps qui le couvraient.
- Cette nuit j'ai eu mal à la tête, pendant que toi tu dormais allègrement. Il est temps que tu te lèves à présent.
Il entrouvrit les yeux et la regarda à travers ses longs cils.
- Je t'assure que tu n'as pas envie que je me lève.
Elle roula des yeux en riant et le défia du regard.
- Tout-puissant Malik, je ne suis pas ta secrétaire deh. Je n'ai pas peur de toi.
Cette fois, elle réussit à lui arracher l'un des draps, révélant par la même occasion, son torse et une bonne partie de son ventre.
- Ah, fit-il, en suivant son regard. Qu'est-ce que tu regardes ?
- Rien. Et ce n'est pas la première fois que je te vois à moitié dévêtu.
- Mais tu risques vraiment de te retrouver avec autre chose sous les yeux si tu persistes à vouloir me dénuder.
Elle saisit très vite le sens de sa phrase et ses yeux quittèrent son ventre durci par l'exercice, pour plus bas.
- Ce n'est pas non plus la première fois que j'aurai une érection matinale sous les yeux, comme tu le dis.
Interressé par le tour que prenait la conversation, Malik cala ses bras sous sa tête et lui sourit.
- Ah non ? Dis m'en plus, s'il te plaît.
En guise de réponse, elle lui lança le drap qu'elle avait en main à la figure.
- Tu ne penses qu'au sexe !
Elle prit le chemin de la salle de bain, le laissant en proie à un fou rire.
Il était déjà plus de huit heures et Sonya était sans doute déjà en train de l'attendre. Aussi se hâta t-elle dans la salle de bain, ne souhaitant pas que cette dernière aille penser qu'elle n'allait plus venir, comme convenu.
- Joli, fit une voix familière derrière elle, une trentaine de minutes plus tard, alors qu'elle se trouvait sous le jet de douche, les yeux fermés.
Surprise, elle se recouvrit instinctivement la poitrine de ses petites mains.
- J'aurais pu avoir peur et glisser, le reprimanda t-elle.
- Je t'aurais rattrapée.
Il arqua ensuite les sourcils.
- C'est toujours comme ça ? Je pensais que...
- Quoi ?
- J'ai cru comprendre que la toilette des femmes après l'accouchement était «spéciale».
Plus qu'embarrassée, Maya se maudit de n'avoir pas fermé la porte à clé. Mais c'était bien la première fois qu'il la suivait jusque dans la cabine de douche !
Il croisa les bras, toujours avec cet air amusé sur le visage.
- Tu es vraiment pudique toi.
- Sors, dit-elle simplement en lui tournant le dos.
- Je n'arrive pas à croire qu'on vit sous le même toit et que je ne t'aie jamais vu comme ça.
Il s'éclairçit la gorge.
- Tu m'expliques comment ça fonctionne ? demanda t-il. Je pourrais peut-être t'apporter mon aide.
- Hein ?
- L'eau chaude et le reste. Ne fais pas ta timide, je ne vois pas ce que tu as l'intention de me cacher. J'ai déjà tout touché.
Exaspérée par son ton provocateur, elle se retourna.
- Des fois tu m'insupportes. J'ai déjà fait ce qu'il fallait, je n'ai pas quinze ans.
Malik leva les mains, en signe de reddition.
- Je te rends visiblement nerveuse, poursuivit-il cependant, le sourire aux lèvres. Mais tu es belle mon amour, tu es magnifique. Tu n'as pas à être complexée.
Elle le regarda à son tour. Il avait noué un drap autour de ses hanches et contrairement à elle, il semblait très à l'aise. Pas qu'il ne l'ait jamais vue nue, mais les rares fois où c'était arrivé, il ne faisait pas jour et il n'y avait pas autant de lumière. Ensuite, elle savait que son corps avait considérablement changé après l'accouchement.
Angoissée par ses propres pensées, elle dénoua ses bras, lui donnant ainsi une vue parfaite sur sa poitrine.
- Cesse de me regarder comme si j'étais un gâteau appétissant. Je ne reconnais même plus mon corps.