MADED :Chapitre 6: Alizéta

*Machou*
Je me dépêche parce que je suis en retard pour le boulot. Les filles sont déjà parties pour l'école. Zahra est très á fond dans ses études de médecine et je prie chaque jour pour qu'elle réussisse autrement elle sera très déçue.
Abla ma rebelle mon ange m'inquiète beaucoup , elle cultive une véritable aversion pour son père,pourtant il n'y a pas si longtemps c'était son héros. Je ne veux pas qu'elle emmagasine de la haine et de la colère envers son père, ça la détruira á petit feu sans qu'elle ne s'en rende compte . J'ai peur qu'elle catégorise tous les hommes au rang de son père. J'ai peur qu'elle ferme son cœur à l'amour, au projet d'une future vie matrimoniale.
Nabi , je me demande si elle se rend réellement compte de ce qui se passe autour d'elle.
Issouf me manque alors là énormément , il me traitait mal certes mais je pouvais être là et prendre soin de lui. Je l'aime, ça ne sert á rien de le nier? Le cœur a ses raisons que la raison ignore dit-on.
Me voilà sans mari , hors de mon domicile conjugal dans une ville qui n'est pas mienne. La seule chose qui me retient ici c'est que mes filles ont leurs monde ici. Je ne veux pas tout chambouler pour elles.
Pendant que je vous parlais de mon actuelle vie j'ai eu le temps d'arriver au boulot . Je me dépêche de me mettre à mon poste. C'est partit pour une journée de travail.

[....] Quelques heures plus tard

Je remet le bilan de ma journée à Abdoul (mon chef) et je file à la maison. Je dois faire la cuisine. Avec mes filles on a trouvé  une règle toute simple: pendant l'année scolaire je cuisine les jours ouvrables et elles les week-ends mais pendant les vacances je ne touche à strictement rien. Le samedi matin je ravitaille la maison pour éviter de faire des allers retours aux marché les jours ouvrables.
On a la chance d'être seules chez nous et pas dans une cour commune . Pas de prises de tête inutile, de jalousie. On vit tranquille dans notre coin et je commence d'ailleurs á un peu trop m'y habituer . Pas de stress concernant ce que Monsieur va manger en rentrant, est ce que ces habits sont propres et repassés? Est ce que ? Est-ce que? Tout le train train qu'était ma vie avant.
J'arrive enfin à la maison, je klaxonne pour qu'elles viennent m'ouvrir. Je vois Zarha ouvrir le portail mais elle se hâte de venir vers moi en me faisant signe pour que je baisse la vitre.
-Ouvre moi le portail!
-Maman la sorcière est là! Dit ma fille toute tendue
-Qu'elle sorcière?
-Alizéta DIAKITÉ en personne est assise dans notre salon

Koum koum koum
-Quoi?
-Je voulais te prévenir avant que tu n'entres , on l'a trouvé avec son chauffeur devant le portail quand on est rentrées des cours. Je remarque effectivement la voiture de ma belle-mère garée de l'autre côté.
Que vient elle chercher ici?
Que nous veut elle ?
Elle est venue nous rire au nez? Vu que c'est ça spécialité.

-Va m'ouvrir le portail Zarha

Elle s'exécute.
Je sens la tension en moi monter d'un cran. Je gare ma voiture et je respire un bon coup pour me calmer.
Je me dirige vers le salon suivie de Zarha qui est très tendue. Je trouve ma belle-mère assise confortablement, les filles lui ont servit à boire et des amuses gueules. Je soupire intérieurement de soulagement. J'avais peur qu'elles se conduisent mal. J'ai beau avoir des différends avec ma belle-mère, elles n'ont pas le droit de lui manquer de respect c'est leur grand-mère après tout. Même si elle ne leur a jamais témoigné grande affection.

-Bonsoir Maman , soit la bienvenue dis je en déposant mon sac dans un des fauteuils et m'asseyant
Elle m'a littéralement toisé.
-Tu peux t'étouffer avec ton ton bonsoir . Tu crois que je suis dupe? Tu t'installes á nouveau dans l'une des maisons de mon fils tout confort inclu pensant me berner? Je suis venue te dire de ramasser tes clics et tes clacs et de quitter la maison de mon fils. Il t'a répudié! Pourquoi t'accroches tu á lui comme une sangsue inh? Laisses mon fils en paix . Si tu crois le reconquérir tu as tiré á terre. Il a une belle femme maintenant et un très beau fils qui sera son héritier

Je la regarde dépassée par ses propos. Qu'est ce que j'ai pu faire á cette femme pour qu'elle me déteste tant? Je n'arrête pas de me poser la question en la regardant versé son venin. Donc comme ça elle pense que cette maison appartient à Issouf. Elle oublie que j'ai un boulot?
-Je te donne une semaine pour déguerpir avec tes filles de chez mon fils
-Même si on est chez Issouf, on en a le droit , ses filles pour lesquelles tu as tant de mépris ce sont les siennes aussi, je ne les ai pas conçu toute seule
-En quoi ça me concerne? Si Issouf n'est pas capable de se débarrasser de toi pour de bon moi je lui rendrai ce service
-Eh bien je vous attend de pied ferme pour voir comment vous allez nous chasser d'ici

Elle s'est levée toute furieuse et s'en est allée. J'ai soufflé. Zarha a assisté á toute la scène et je sais que les deux autres aussi on tout entendu. Cette femme vient déranger le quiétude de mes enfants par pure méchanceté. Je l'attend, qu'elle vienne donc. Je vais lui donner une bonne leçon pour lui rabattre son caquet. Je n'ai jamais réagit à ses provocations, me disant qu'à force de patience elle finira par s'adoucir envers moi mais c'est sans compter qu'elle a la rancune tenace.

*Bibata Sissoko*

Kader est devant son repas depuis plus d'une heure , mais il ne mange pas , il a l'air plongé dans ses pensées. Je sais á quoi il pense. Il pense au loyer impayé, á la scolarité des enfants. Qu'il pense bien il a intérêt à trouver une solution. Me faire humilier devant le quartier chaque début de mois j'en ai marre. Quand je passe dans le quartier maintenant ça chuchote derrière moi, alors qu'il fût un temps tout le monde voulait être ami avec moi.
Kader nous fait passer de galère en galère.
Je vous vois déjà tirer vos longues bouches pour parler dans mon couple. je vous arrête déjà ! Kader a toujours pris en charge seul les dépenses de la famille. Oui j'ai un travail mais tout ce que je gagne est exclusivement pour moi. Et ce n'est pas parce-que j'ai un salaire qu'il ne doit pas subvenir à mes besoins. C'est une obligation pour lui. On a toujours fonctionné comme ça et ce n'est pas maintenant que les choses vont changer. Kader est un homme merveilleux son seul défaut est qu'il est passif. Il a un boulot ingrat depuis des années et ne fait rien pour progresser. Il ne se bat pas pour avoir ce qu'il veut. Toujours content du peu qu'il a. Pas du tout ambitieux. Ces derniers points cités me font regretter de l'avoir épousé. Tous les grands de cette ville me couraient après dans le temps et que j'ai rejeté juste parce qu'ils me voulaient comme deuxième,troisième ou encore quatrième épouse, ça jamais ! Kader m'est apparu comme un bon parti : Jeune, amoureux, bon boulot.

-Hmmmmf
Il repousse son assiette et s'allonge dans le canapé. Il n'a pas l'appétit quand il mange seul mais les enfants et moi avons mangé avant qu'il ne rentre. Je ne voulais pas me retrouver à table avec lui tellement il m'énerve.

*Zarha*
[soupirs]

Je me demande si le prof ce rend compte de l'ennui de son cours. Ce n'est pas parce-que la matière a un nom barbant que le prof doit l'être. Je suis sur le point de dire au prof d'arrêter le massacre quand l'heure de la pause sonne.
En plus de n'avoir pas pu dormir la nuit à cause de la visite de Alizeta DIAKITÉ, je le coltine un cours d'un ennui terrible.
Mon esprit n'est pas en paix, comment on va s'en sortir cette fois? Et si la maison où on habite actuellement appartient à Papa je suis je suis un peu perdue. Pourquoi nous chasser pour nous installer dans une autre de ses maisons . Maman nous cache t-elle quelque chose? J'ai vraiment peur que cette sorcière qui le sert de grand-mère vienne nous jeter dehors. Cette femme nous a toujours montré très ouvertement son antipathie á notre égard. Elle nous faisait comprendre par mille manières qu'elle n'en a que faire de nous. Ce qui l'obnubile c'est que son fils ait un garçon. Papa nous défendait contre tous mais il a finit par céder à la pression de sa mère et á celle de la société. Je me demande parfois si nous sommes bien au vingt-unième siècle ici à Zinder car la majorité de la population pense raisonne de façon antique, mais on sait tous que la nuit tous les chats sont gris. Ils prônent la religion et détournent les paroles coraniques á leur avantage. La société dans laquelle je vis est dominée par les hommes, très peu de femme arrive á émerger professionnellement dans cet environnement où le taux de scolarisation des filles est encore bas.

Je ne suis pas sortie pour la pause recré, toute cette histoire m'a coupé l'appétit.

Leyla ma seule amie et voisine de table depuis la maternelle revient s'asseoir avec deux cannettes de Maltina elle m'en tend une.
Leyla de son nom complet Leyleta Abdoul Aziz, grande et svelte. Un joli teint café et ce que je lui envie le plus ses longs cils soyeux. On se connaît depuis la maternelle, on a grandit ensemble , c'est ma sœur d'une autre mère et je suis la sienne. Je l'appelle aussi ma  <<cash girl>> parce qu'elle dit tout c e qu'elle pense sans filtre que ça t'offense ou te fait plaisir elle te dit la vérité sans arrière pensée. C'est la folle.
Je suis très limitée côté amies. Je n'ai que Leyla même si depuis que nous sommes à l'université elle essaye d'agrandir le cercle avec deux autres filles en médecine comme nous :Zeynabou et Mariama.
Mariama c'est la joie de vivre incarnée.
Zeynabou quant à elle ne n'arrive pas à la cerner et encore plus á l'inclure dans le groupe, j'ai l'impression qu'elle n'est pas vraie avec nous, mais bon ce n'est que mon opinion. Leyla l'aime bien donc je l'aime aussi.
Leyla lève les yeux au ciel me regarde et ouvre sa cannette dont elle boit une gorgée avant de prendre la parole
-Je peux savoir pourquoi tu serre la mine comme ça? On dirait que tu es constipée, dit elle du tac au tac
-Je n'ai rien Leyla , qu'est ce que tu vas chercher?
-Si tout allait bien tu aurais vidé cette cannette avant moi, depuis ce matin tu tires la tronche . C'est quoi le problème?
-Alizéta DIAKITÉ était chez nous hier
-Lahilaaaa Ahilaaalaaa!
-Et elle menace de nous jeter dehors
-De quel droit ? Il faut que quelqu'un mette cette vielle pie á sa place, fit Leyla
-J'ai tourné le problème dans tout les sens, si c'est vraiment dans la maison de mon père qu'on habite encore qu'en ai t'il du mariage de mes parents ?
-C'est vrai que tout ça est compliqué mais je suis sûre que ta mère trouvera une solution, rien ne prouve que ce que dit la sorcière est vraie
-Tu as sûrement raison je me fais du souci pour rien
-Allee calme toi

Zeynabou et Mariama se sont jointes à nous au même moment. Mariama est d'habitude souriante mais là son sourire est encore plus large.

-Devinez les filles!!!! dit Mariama incapable de cacher sa joie
-Crache le morceau, fit Leyla
-Mariama plonge la main dans son sac et sort une téléphone dernier cri
-Cadeau de Moussa , fit elle tout sourire
-Houmlmm!!!! Fîmes nous toutes en chœur
-J'espère qu'en échange il n'a pas demandé un payement en nature hein , dit Leyla

Celle la avec sa bouche qui porte pas caleçon
-Non il me l'avait promis et hier il m'a appelé pour que je vienne chercher avec une petite enveloppe en plus pour mes petits besoins, dit la concernée
-Ma a tiré le gros lit, fit Leyla

J'espère que ce Moussa est sincère avec elle sinon elle va pleurer en beauté.

[....] Trois jours plus tard dans un quartier de Zinder

-Pourquoi tu me repousses alors que j'ai la preuve de ton désir sous les yeux. Laisses toi faire ne résiste pas
-Tu es le diable en personne
-Tout de suite les gros mots voyons, je veux juste t'aimer
-M'aimer? Vraiment?
-Mais oui tu doutes?
-Non , non montres moi donc comment tu m'aimes

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