Chapitre 8
Write by Riri
***************AYNA************
Trois semaines que j’ai repris les cours. Trois semaines que je n’ai toujours pas de nouvelles de Ndeya. A vrai dire, elle n’a pas repris les cours. Maman m’a dit qu’elle n’a pas pu joindre monsieur DIALLO. Aux dernières nouvelles il a été affecté au Gabon.
-Ayana, tu es demandé dans le bureau de la surveillante.
-Mon prénom c’est AYNA, Marième combien de fois vais-je te le répéter
Pffff, cette Marième me fatigue w’Allah. Parce qu’elle est la fille du ministre du commerce, elle prend plaisir à se croire au-dessus de tout le monde. Avec Ndeya ici la vie à la pension était nettement plus cool car personne n’osait lui marcher sur les pieds. Dans tous les bahuts il y a toujours des chipies et le lycée Mariama Bâ ne fait surtout pas l’exception. Comme le dit un dicton populaire : Là où il y a des filles, il y a toujours des problèmes.
J’ai refermé le livre que je lisais et je me suis rendue dans les locaux de l’administration. Anxieuse et stressée je le suis car personne ne me convoque jamais. Je suis l’une des élèves les plus calmes.
-Madame SOW, vous avez demandez à me voir ?
-Oui FANN, comment tu vas ? Et la famille ? Et ta maman ?
- Tout le monde va bien hamdoullah Madame
-Dieu merci .Je t’ai convoqué dans mon bureau parce que tu dois remettre ce papier à Ndeya DIALLO. Depuis la reprise, elle n’est pas présente. Alors que je sais que vous vivez ensemble. As-tu une explication à me donner ?
-Pas vraiment Madame avec Ndeya c’est compliqué actuellement. Elle va reprendre les cours très bientôt. En fait elle a dû se rendre auprès de sa badiène histoire de veiller sur elle. Cette dernière est très malade et Ndeya est proche d’elle.
-Massa, je suis désolée pour sa tante mais les cours c’est les cours si elle ne revient pas pendant le mois de février, je ne pourrais plus faire preuve de compassion. Je compte sur toi pour passer le message.
Je suis ressortie du bureau de Madame SOW, le moral à terre. Je n’aime pas raconter des mensonges mais qu’est-ce que je pouvais bien lui dire ? Tout sauf la vérité naturellement. De toute les façons il va falloir que maman viennes à l’école un de ses quatre parce que moi j’en ai marre. A un moment je vais péter un câble j’en suis sure.
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-Mais Oumou, elle allait bien la semaine passée. Qu’est ce qui s’est passée ?
-Ha Ayna, je ne sais pas deh. Hier matin j’ai eu un peu de retard parce que j’ai dû faire le ménage chez moi et à mon arrivé à la boutique, ta mère se plaignait de maux tête atroces.
-Elle est inconsciente depuis hier?
-Non c’est ce matin qu’elle est tombée dans les vapes. Je n’ai rien compris. Les toubibs (médecins) disent qu’elle est fatiguée et que c’est sa tension qui a baissé.
Hé ALLAH, je ne sais plus où me mettre. Comme chaque vendredi je suis rentrée des cours. La maison était vide et la boutique déserte. Les voisins m’ont alors informé du malaise de ma mère en me disant qu’elle a été transportée au dispensaire du quartier.
A mon arrivée sur les lieux, j’ai vu une Oumou désemparée assise au chevet de ma maman. Depuis ma naissance je n’ai jamais vue ma mère ainsi. Elle était couchée, les yeux fermés et le corps stable. Son visage avait vieillie et il y a des tuyaux qui la transperçaient comme des lances. La voir ainsi m’a désarmée. Ma petite maman, je me demande ce que sera ma vie si jamais quelque chose lui arrive. J’espère juste que c’est une fatigue de rien du tout.
Prenant la place d’Oumou en la remerciant je me suis assise au chevet de ma mère les yeux rempli de larmes. Je n’ose pas penser à ce qui se serait passé si Ta Oumou elle n’était pas allé à la boutique hier. J’alternais les prières et les souvenirs de moments heureux jusqu’au crépuscule. Il fallait qu’elle se réveille.
Une infirmière est venue prendre son pouls et m’a demandé de sortir un moment.
Une fois dans le hall je me suis assise à même le sol et n’en pouvant plus, je me suis mise à pleurer bruyamment. Ma mère est allongée inerte et moi je suis incapable de faire quoique de je ne peux rien faire à part prier pour qu’elle se rétablisse vite. Et surtout je priais pour que ce ne sois rien de grave.
-Mais qui vois-je là ? Dis une voix qui me semblait familière
-Ndeya, mon Dieu, Ndeya c’est toi ? Néné est malade, elle est inconsciente depuis hier. Je suis rentrée des cours, Madame Sow demande à te voir. Tu nous manques tellement, tu me manque. Je n’ai pas pu parler au docteur depuis mon arrivée. Personne ne me dit rien. Heureusement tu es là dis-je en essuyant mon visage voilé par mes larmes.
Tout le temps que ma tirade à durer elle m’a regardée bizarrement. Pas une once de pitié, rien juste un regard indifférent. Elle s’est juste contentée de sourire et est repartie accompagner d’un monsieur en blouse.
-Docteur Diop dit l’infirmière qui venait de sortir de la chambre ou ma mère est installé.
-Mlle SY, je suis en retard là il est 19 heures, j’ai finis ma journée dis ce dernier.
-Mais M. il s’agit de la fille de Madame FANN dit-elle en me désignant du doigt. Elle vous attendu tout l’après-midi. Sa mère est toujours inconsciente.
Ndeya lui souffla je ne sais quoi à l’oreille et tous les deux ils se sont dirigés bras dessus, bras dessous vers la sortie.
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-Mlle votre mère demande à vous voir. Elle s’est réveillée il y a dix minutes au moment où je lui faisais sa toilette
Dieu merci ma mère a repris conscience .Je suis tellement heureuse. Je n’ai pas bougé de l’hôpital depuis vendredi. Ta Oumou faisait la navette et se chargeait de m’apporter de quoi me nourrir même si je lui ai clairement fait comprendre que je n’avais pas la tête à manger. L’état de maman est resté stable. C’est le dimanche que le docteur Diop a daigné me recevoir dans son bureau. Il m’a dit que ma chère maman était juste fatiguée et qu’elle avait besoin de beaucoup de repos. Aussi à ce qui parait on aura à effectuer un bilan médical complet histoire de vérifier si elle ne couve pas une maladie.
-Maman dis-je en la prenant dans mes bras. W’Allah tu m’as manqué …Stp ne nous refait plus jamais ça, c’était horrible.
-Ayna, mon bébé, ma vie hey calme toi .Tout ira bien maman est là.
-Oui et pour toujours Inch’Allah maman
Plus heureuse que moi tu meures, j’avais envie de danser et de crier au monde entier que ma mère s’est réveillée. Ces deux jours ont été atroces. Croisons les doigts pour le bilan de santé soit positif
-Bonjour Mme FANN, alors comment vous sentez vous ?
-Bien Hamdoullah
-Reposez-vous et nous nous occupons du reste. Mlle FANN venez avec moi
-Svp docteur, quand est ce que ma mère peut sortir de l’hôpital ?
-Mlle FANN, certes votre mère s’est réveillée mais il faut qu’on attende les résultats des examens médicaux avant de déterminer la date de sa sortie. Dites-moi, avez-vous une personne âgée qui peut se porter garant de votre mère ?
-Non je suis son seule enfant et on a toujours veillée l’une sur l’autre. Malgré mon âge je suis très mature vous savez. Certes je vis au pensionnat du lycée Mariama Bâ en semaine mais je peux trouver quelqu’un qui restera en permanence pour tenir compagnie à ma mère en mon absence.
-Je vois et pour les frais d’hospitalisation vous comptez les payez comment ?
-Ou dois-je récupérer les papiers de paiement. J’ai lu que les transactions financières se font par le biais de la banque
-Oui bien sûr .Bon je dois vous laisser j’ai mes autres patients à voir. Pendant ce temps allez résoudre les modalités financières.
Le montant de l’hospitalisation de maman était élevé. Heureusement qu’elle a toujours été prévoyante et très économe. Je me suis donc rendue à la maison histoire de récupéré le livret d’épargne qui jusque-là n’a jamais été touché. Bien avant ma naissance ma mère mettait de l’argent sur ce compte.