CHAPITRE 8: RAPPROCHEMENT
Write by L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 8: LE RAPPROCHEMENT.
Le lendemain au petit déjeuner, Aurore était toujours silencieuse. Elle partit de la maison avant William. Ce dernier discuta avec sa sœur un moment avant lui aussi de partir à l'entreprise où il enchaîna les rendez-vous jusqu'à l'heure de la pause. Il se demandait s'il devait appeler Yannick pour qu'ils déjeunent ensemble mais au moment où il voulait l'appeler le visage d'Aurore s'imposa dans son esprit. Il repensa à son sourire, ses mimiques, sa façon de baisser ses yeux quand il la regardait, son rire atypique. Il se mit à sourire tout seul. Il bloqua ses pensées lorsque celles-ci voulaient ramener l'image de son corps tout nu. Sur un coup de tête, il se leva et alla jusqu'à sa voiture. Il roula jusqu'à l'entreprise pour laquelle elle travaillait et alla à l'accueil pour demander après elle. Les 2 hôtesses qui étaient là se bousculèrent pour lui répondre. Le manège que faisait la gente féminine face à lui l'amusait toujours mais il ne faisait jamais rien, il en était habitué.
« Bonjour mes dames. »
« Bonjour monsieur. » Avaient-elles répondu en souriant exagérément.
« Dites-moi, pouvez-vous m'indiquer l'étage de la directrice financière ? »
« Vous avez rendez-vous ? »
« Oui. »
« C'est au 5ème. Une fois là-bas, Vous prenez la droite. Vous allez voir sa secrétaire, elle vous renseignera sur sa disponibilité. »
« Merci à vous. »
Il suivit les instructions et arriva devant la salle en question. Il y avait plusieurs bureaux et il se dirigea vers celui de droite. Et s'arrêta devant la jeune femme qui était assise et parlait avec une autre qui était debout.
« Bonjour mesdames. Pourrais-je voir Mme RETENO s'il vous plaît ? »
« Bonjour monsieur. Avez-vous un rendez-vous ? »
« Non. »
« Je suis désolée monsieur. Elle ne reçoit que sur rendez-vous. »
« Je vois. Mais si vous l'appelez et lui dites que je suis là, elle me recevra. »
« Elle est actuellement en salle de réunion avec le DG et les autres »
« William? »
Ils se retournèrent tous pour voir une Aurore surprise qui venait de sortir de la salle de réunion avec son DG et 6 de ses collègues. Ils étaient tous arrêtés et le regardaient.
« Monsieur RETENO? Mais quel plaisir de vous voir ici. » Dit le DG en allant lui serrer la main.
« Monsieur BIBANG bonjour. » Dit-il en lui serrant aussi la main.
« Que nous vaut l'honneur de cette visite ? Avez-vous de bonnes nouvelles pour nous ? »
« Je suis là pour ma femme. Pas pour affaires. » Dit-il un sourire aux lèvres.
« Ah d'accord. (Souriant à Aurore) Mme RETENO c'est pour vous que monsieur est là. »
Elle sourit sans commenter. Elle savait que les 2 hommes se connaissaient, ils avaient d'ailleurs l'habitude de se croiser à certaines cérémonies officielles auxquelles elle accompagnait William. La première fois qu'elle le sut c'était à 3 jours de la fin de son stage. Elle se tenait aux côtés de son époux lorsque celui-ci fut interpellé par monsieur BIBANG. Ce dernier fut d'ailleurs très surpris de constater que la jeune stagiaire qui faisait un travail impeccable était la femme de William. Il savait que celui-ci était marié mais il n'avait jamais eu l'occasion de voir sa femme, d'autant plus que durant le mariage il n'était pas au pays. Il avait fait quelques éloges à son sujet auprès de William avant de se séparer. 2 jours après cette rencontre, elle avait été convoquée dans son bureau et s'était vue proposer un emploi qu'elle accepta sans hésiter car elle avait espéré qu'ils la retiennent à la fin. Cependant, elle ne savait plus si cela était dû à son travail ou si la rencontre avec son mari y était pour quelque chose.
Aurore était tellement surprise qu'elle ne savait pas quoi dire. William à son bureau, qui l'appelle sa femme, et qui sourit. Si on lui avait dit que ces faits pouvaient se vivre, elle aurait ri au nez de la personne avant de dire que c'était impossible. Mais voilà c'était réel. Elle se demandait ce qu'il pouvait bien faire là. Peut-être qu'il y avait un problème à la maison.
« Bon je ne vais pas vous retenir encore longtemps. Mme RETENO j'attends votre opinion sur la question que nous venons d'aborder. » Annonça le DG.
« Oui monsieur. » Répliqua Aurore.
« (Serrant la main de Will) J'espère que vous me viendrez avec de bonnes nouvelles la prochaine fois. Bonne journée. »
« Je n'y manquerai pas. Merci à vous aussi. »
Il partit et les laissa là. Aurore lui demanda de la suivre dans son bureau. Ce qu'il fit. Une fois la porte refermée, elle lui posa directement la question.
« Il y a un souci à la maison, c'est Wilma ? »
« Tu ne m'invites pas à m'asseoir d'abord ? »
« Excuse-moi. (Contournant son bureau) Assieds-toi. »
« Merci. »
Il s'assit en regardant autour de lui. Le bureau était grand, pas comme pour lui mais une dimension plus que respectable et sobrement décoré en plus d'être bien aéré.
« Il est joli ton bureau. »
« Merci. »
Il se mit à la fixer en silence. Elle faisait de même et attendait qu'il réponde aux questions qu'elle lui avait posées. Il se décida à lui répondre après plusieurs minutes de silence.
« Non. Il n' y a aucun souci à la maison et Wilma va tout aussi bien. Enfin je n'ai eu aucune nouvelle d'elle depuis mon départ de la maison ce matin. »
« OK. (Après un moment) Pourquoi donc es-tu là ? »
« Tu n'es pas contente de me voir ? »
« Non. Enfin si. C'est juste que je suis surprise. Comme tu n'étais jamais venu donc je ne sais pas trop quoi penser. »
« Je vois. Je suis venu pour 2 choses. Premièrement, je tenais à m'excuser pour ce qui s'est passé hier, pour la façon dont j'ai réagi. Je reconnais que j'ai été excessif à la fois dans mes propos et dans mes actes. Je sais que tu n'avais pas de mauvaises intentions en déplaçant ces photos. Je suis désolé. »
Elle ne s'attendait tellement pas à ça qu'elle ne sut pas trop quoi répondre.
« D'accord. »
« Ça veut dire que tu me pardonnes ou que tu as compris? »
« J'ai compris et je te pardonne. Je tiens aussi à m'excuser. »
« (Levant le sourcil) Pourquoi ? »
« Pour avoir pris mes aises dans ta chambre. Pour y avoir dormi, avoir cassé des choses et fait des changements sans ton accord. Je te promets que ça n'arrivera plus. »
Elle parlait sans le regarder dans les yeux. Il la regarda un moment en silence avant de parler à nouveau.
« Tu peux me regarder stp. (Ce qu'elle fit tant bien que mal). Je n'accepte pas tes excuses parce que l'idée sous-jacente est erronée. Je ne suis pas contre tes initiatives, au contraire j'aime ce que tu as fait dans ma chambre. Je reconnais qu'elle était très sombre et manquait de vie et c'est ce que tu y as emmené. Et je t'en remercie. D'ailleurs si tu n'y vois pas d'inconvénient j'aimerais que tu le fasses aussi avec le bureau. Enfin les. Celui qui est à la maison et celui de l'entreprise. (Elle écarquilla les yeux de surprise). Oui je veux un truc comme le tien. Je veux pouvoir me sentir en paix quand j'y entrerai. En tout cas c'est ce que l'on ressent quand on entre dans ton bureau. Ou tout du moins c'est mon ressenti. (Il fit une grande pause avant de reprendre la parole) Deuxièmement, je suis venu pour t'inviter à déjeuner. C'est bien ton heure de pause n’est-ce pas ? »
« (N'en revenant pas) Je euh oui. En effet. C'est l'heure de pause. »
« Tu as quelques choses de prévue ou on peut y aller ? »
« Non. »
« Non ? »
« Je veux dire je n'ai rien de prévu. »
« Donc on peut y aller ? »
« Oui. Laisses moi ranger mes affaires. »
« D'accord. »
Elle rangea les dossiers qu'elle avait, prit son porte monnaie et lui dit qu'ils pouvaient s'en aller. Elle donna les instructions à sa secrétaire et elle le suivit jusqu'à sa voiture. Durant tout le trajet, les gens les regardaient avec curiosité, depuis sa secrétaire jusqu'à l'agent de sécurité. Au point où lorsque William s'apprêtait à démarrer il s'immobilisa pour lui demander.
« C'est moi ou bien tes collègues nous regardaient avec curiosité ? »
« Ce n'est pas nous mais toi qu'ils regardaient. »
« Ils ne savaient pas que tu étais mariée ? »
« Si. Enfin la plupart le savaient. Sauf qu'ils ne savaient à qui je l'étais. »
« (Démarrant) Je vois. »
« En plus il y a beaucoup d'histoires qu'ils se racontent très souvent sur ma vie. »
« Ah oui? »
« Oui. »
« Et je peux savoir de quoi il est question ? »
« Bah j'ai entendu entre autres que j'avais épousé un vieil homme qui me couvrait de cadeaux et c'était la raison pour laquelle on ne t'avait jamais vu avec moi. D'aucun disait que j'avais honte de toi. »
« (Riant) Sans blague. Je suis donc un vieil homme ? »
« (Souriant à son tour) Ah. Tu sais quand tu n'alimentes pas les ragots des gens, ils font tout pour inventer des histoires sur toi. Une autre chose qu'ils se racontent très souvent c’est que je m'étais mariée à un prince charmant et que je vivais une vie de rêve. »
« Qu'est-ce qui leur fait penser ça ? »
« Je ne sais pas trop, mais je pense que le fait que je change de voiture à chaque fois y est pour quelque chose. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'ai arrêté de porter certains bijoux que tu m'as offerts. J'ai entendu tellement de choses à ce propos que j'ai juste décidé de les porter à d'autres occasions. »
« Je comprends. »
Il gara et il descendit en premier pour lui ouvrir la portière avant d'entrer dans le restaurant. Il choisit un coin pas très bruyant et ils s'assirent.
« Je ne connaissais pas cet endroit. (Regardant autour d'elle) C'est beau ici, le cadre est accueillant. »
« Ah oui ? »
« Oui. J'aime ce mélange de modernité et de traditions. Ça donne un aspect très particulier à l'endroit qui fait que l'on se sente bien. »
« Je suis ravi que cela te plaise, parce que c'est le mien. »
Il le dit tout en appelant le serveur avec une désinvolture telle que l'on avait l'impression qu'il venait de donner une banale information. Aurore le regarda avec étonnement. Décidément il avait choisi de la surprendre à tous les niveaux. Il commanda pour les deux et après que le serveur soit parti elle lui posa la question.
« Tu étais sérieux tout à l'heure quand tu parlais ? »
« À quel propos ? »
« Du restaurant. »
« Oui. C'est le mien. Il n'est pas le seul d'ailleurs. J'en ai 2 autres. »
« Waouh ! »
Elle ne sut quoi dire d'autre. Elle réalisait que malgré les 3 derniers mois où ils avaient un peu commencé à parler ensemble, un peu plus que des civilités, elle ne savait toujours rien de concret sur lui. Elle avait des bribes de son histoire, de temps en temps en discutant avec Wilma et Inès, mais cet homme demeurait un mystère pour elle. Wilma lui avait dit qu'elle était responsable de cette situation à part égale avec lui car pour construire une relation il fallait être à 2. Elle n'avait pas à attendre qu'il fasse les choses pour elle, elle pouvait très bien aussi prendre les devants et il avait dit dans son bureau qu'il aimait les initiatives qu'elle prenait. Aussi elle choisit de rectifier le tire.
« Quelles écoles as-tu fréquenté ? »
Il ne comprenait pas pourquoi elle lui posait cette question mais il choisit de répondre.
« Primaire, secondaire ou universitaire ? »
« Bah les 3. »
« J'ai été à "Mère Jean Gabriel" là à STFO pour tout mon primaire, ensuite j'ai été au lycée français "Pierre Corneille" avant de partir pour les États-Unis après mon baccalauréat. »
« Tu avais quel âge quand tu es parti ? »
« 16 ans. »
« Tu étais bien jeune. Les parents n'ont pas eu peur de te laisser partir tout seul ? »
« Non. Je n'étais pas le seul à partir. Wilma aussi le faisait. C'est d'ailleurs elle qu'ils ont eu du mal à laisser partir à cause de son tempérament. En plus, Jacques et Karl n'étaient plus à la maison. Enfin Jacques rentrait déjà mais il avait quitté la maison à 17 ans, de même que Karl. »
« Je vois. Je sais que Wilma a étudié l'art, toi tu as fait quoi comme études ? »
« J'ai étudié la finance et la comptabilité. »
« (Écarquillant les yeux) Sans blague ? »
« Bien sûr. »
« Donc t'es un financier ? »
« En effet. »
« Ce n'est pas possible. Donc si je comprends bien, je me torturais toute seule avec mes exercices et mes devoirs alors que tu étais là et que tu aurais pu m'aider ? »
« (Souriant) »
« Quand je pense que j'aurais pu gagner en temps. Bon mais est-ce que tu es d'abord un bon enseignant aussi ?»
« Saches que oui. À l'université c'était d'ailleurs obligatoire. Plus tu avançais, plus tu devais prendre des nouveaux venus sous ton aile. Une sorte de mentor quoi. Et ça comptait énormément dans ton dossier. »
« Et c'est quelle école ça ? »
« "Harvard" »
Elle le regarda comme si elle le voyait pour la première fois.
« C'est une blague n'est-ce pas ? »
« Non. »
« Tu as fréquenté la prestigieuse université d'Harvard ? »
« Oui. »
« Seigneur! Qui es-tu vraiment ? »
Il se mit à rire de l'expression de son visage. Elle semblait être choquée de l'apprendre. Quoi qu'elle n'était pas la première à avoir cette réaction, presque toutes les personnes à qui il l'avait dit avaient eu cette réaction. Le serveur apporta leur commande avant de s'en aller. Ils continuèrent à parler et ils se mirent à échanger des informations sur leur enfance et adolescence. Avant qu'ils ne se rendent compte, ils venaient de passer 2 h de temps à parler et rire ensemble. Lorsqu'il se gara à nouveau près de son immeuble peu de temps après avoir quitté le restaurant, elle le remercia.
« Pourquoi donc? »
« Pour cette sortie. J'ai passé un très bon moment. Et j'espère qu'on aura l'occasion de le refaire. »
« J'ai passé un très bon moment aussi. J'essaierai de m'arranger pour que cela soit le plus souvent possible. »
« Ok. Bon je vais y aller. À ce soir à la maison. »
« À ce soir. »
Il attendit qu'elle rentre dans l'immeuble pour démarrer et partir à son bureau le sourire aux lèvres. Aurore était sur un petit nuage en rentrant au bureau. Elle n'avait pas prévu que cette journée allait être si merveilleuse. Alors qu'elle avait dormi en pleurant et avait commencé la journée avec les migraines, tout cela s'était envolé. Elle remarqua que ses collègues la regardaient étrangement à son passage et 3 d'entre elles étaient venues à son bureau juste après qu'elle soit rentrée.
« Donc toi ton RETENO là, c'est le RETENO de la famille RETENO ? » Demanda l'une d'entre elles après qu'elles se soient assises sans avoir été invitées.
« Je ne comprends pas cette question mais je suppose que la réponse est oui. »
« Seigneur! Donc on travaille avec une RETENO depuis tout ce temps et on n'est même pas au courant ? » Dit une deuxième.
« Je te dis oh. » Ajouta la troisième.
« Comment tu as fait ? » Demanda la 2ème.
« Fait quoi ? »
« Ah mais fait pour qu'il t'épouse. »
« Je n'ai rien fait. Il a juste voulu m'épouser c'est tout. »
« Han ce n'est pas tout. Les gens là ne se marient pas simplement comme ça. »
« C'est-à-dire? »
« C'est-à-dire qu'ils ne font pas simplement. En plus j'ai entendu dire que lui, comparé à ses frères est le plus dure. »
« Moi aussi j'ai entendu ça. J'ai aussi entendu qu'il avait épousé une blanche et cette dernière ne vivait pas ici, c'était la raison pour laquelle on ne la voyait jamais. » Ajouta la première.
« Je ne sais pas où vous avez eu ces informations mais bon, comme vous avez pu le constater elles sont erronées. Maintenant est-ce que je peux travailler ? »
Elles comprirent qu'elle n'allait rien leur dire sur sa vie alors elles partirent de son bureau. Aurore se mit à sourire après leur départ en pensant à William avant de se remettre au travail. Elle rentra de bonne humeur à la maison et Wilma la questionna sur sa joie.
« J'ai déjeuné avec Will aujourd'hui. Il est passé me prendre. »
« Sérieux? »
« Oui. J'ai été tellement surprise de le voir que je croyais rêver. »
« Raconte moi tout. »
« En fait… »
Elle se mit à lui raconter son déjeuner avec lui. Elle parlait avec joie et ses yeux pétillaient. Wilma n'hésita pas à la taquiner.
« Si pour une simple journée tu es autant heureuse, je n'ose pas imaginer ce que sera le jour où il fera de toi une femme hein. Après c'est pour dire que tu n'es pas amoureuse. »
« Dégage Wilma, je ne suis pas amoureuse voilà. »
« Continue à te voiler la face. Moi je regarde juste les faits oh. »
« Hum. Il faut continuer à regarder. Je ne suis pas amoureuse. »
« En tout cas. »
Elles se mirent à changer de sujets et parlèrent du tableau que Wilma avait commencé à peindre jusqu'à ce que Will vint les rejoindre. Ils passèrent tous les 3 une belle soirée.
Ça faisait 3 semaines que William et Aurore déjeunaient ensemble. Depuis la dernière fois, il y était retourné les jours suivants et ils comptabilisèrent maintenant tout ce temps. Une complicité avait commencé à naître au point où ils échangeaient même des messages à tout moment. Will était d'ailleurs dans son bureau avec Yannick depuis une dizaine de minutes mais était concentré sur son téléphone.
« Tu m'écoutes au moins quand je te parle ou bien tu es sur une autre planète ? » Lança Yannick à son endroit.
« (Déposant son téléphone) Désolé! Que disais-tu ? »
« Je disais que »
Il n'avait même pas encore fini que le téléphone de Will signalait la réception d'un nouveau message et ce dernier se précipita pour le lire et y répondre un sourire aux lèvres.
« Je peux savoir au moins à qui tu écris qui te fait sourire comme un débile depuis tout à l'heure ? »
« Je n'ai rien à dire. (Se levant en prenant sa veste sur le dossier du fauteuil) d'ailleurs il faut que j'y aille. »
« Pardon? Donc tu me laisses en plan dans ton bureau ? »
« Oui. J'ai un rendez-vous important. »
« Depuis quand et avec qui ? »
« Ça ne te regarde pas. »
« J'espère que tu sais que t'es un homme marié. »
« Je ne vois pas de quoi tu parles. »
Dit-il en sortant de son bureau.
Il alla récupérer Aurore qui l'attendait au bas de son immeuble pour se rendre dans un magasin de meubles et autres objets d'intérieur. Ils devaient choisir ensemble des choses pour ses bureaux. Il y avait quelques jours en arrière, elle les avait visités et avait déjà une idée de ce qu'elle ferait à l'intérieur.
Il la récupéra donc et ils partirent ensemble. Une fois sur les lieux, ils se mirent à sillonner les rayons et sélectionner ce qui leur plaisait. Un moment, William reçut un appel et s'excusa auprès d'Aurore pour aller répondre un peu plus loin. Elle était restée debout devant des cadres quand un homme s'approcha d'elle en souriant .
« Je peux vous aider ? »
Comme elle ne l'avait pas entendu arriver, elle se retourna avec surprise.
« Désolé je ne voulais pas vous faire peur. »
« Non c'est rien. Je ne vous ai juste pas entendu arriver du coup vous m'avez un peu surprise. »
« (Souriant) Je vois. On a l'habitude de me dire que je suis comme un fantôme, j'apparais et disparais sans que l'on ne me voie, jusqu'alors je pensais que mes proches exagéraient mais maintenant je commence à croire que c'est le cas. Au fait bonjour je suis Christ. »
« (Lui souriant aussi) Bonjour moi c'est Aurore. »
« Aussi belle que le lever du jour. »
« (Baissant les yeux) Merci. »
« Alors je peux vous aider la belle Aurore ? Je ne travaille pas ici si vous vous posez la question, juste que je m'y connais dans le domaine. »
« En fait je suis avec mon »
« Tu as fait ton choix ? »Venait de demander Will qui s'était rapproché après avoir aperçu cet homme auprès de sa femme.
Il ne savait pas pourquoi mais le fait de le voir parler avec Aurore comme ça ne l'enchantait pas, il ressentit un inconfort dans sa poitrine qui le poussa à mettre un terme à sa conversation pour revenir vers elle et faire connaître sa présence. Depuis qu' ils avaient commencé à traîner ensemble il avait remarqué qu'Aurore attirait énormément l'attention de la gente masculine sans aucun effort et semblait ne pas s'en rendre compte. Elle était fort belle, ça il le savait, il l'avait remarqué dès le jour de leur rencontre mais n'y prêtait pas vraiment attention. Seulement depuis le jour où elle l'avait accueilli à son retour de voyage, il en avait été interpellé et avait l'impression qu'elle s'embellissait davantage chaque jour. Il ne savait pas si c'était parce qu'elle était le plus souvent souriante ou c'était lui qui ne lui prêtait juste pas attention, il ne saurait le dire. Une chose était sûre, il n'aimait pas que les hommes s'approchent d'elle, surtout ceux qui avaient un regard prédateur comme celui qui parlait avec elle maintenant.
« Ah tu es là ! Je m'apprêtais même à parler de toi avec euh Christ. C'est bien ça non ? »
« Oui c'est ça. » Répondit ce dernier intrigué par la venu de cet homme.
« Je disais donc j'étais avec mon mari. » Continua Aurore.
« Enchanté monsieur ? »
« William. »
« Vous avez une très belle femme. »
« Je le sais, mais merci ! »
« Bon je ne vais pas vous prendre beaucoup plus de votre temps, excellente journée à vous. »
« Merci! À vous aussi. » Dirent-ils en chœur.
Il s'éloigna du couple un peu déçu et alla dans un autre rayon. Aurore regardait William en souriant, elle était restée bloquée sur le fait qu'il ait dit qu'elle était belle. Il ne le lui avait pas directement dit mais c'était tout comme, il l'avait admis devant un inconnu et ça comptait énormément pour elle.
« Pourquoi tu souris ainsi ? » Demanda William.
« Tu ne me l'avais jamais dit. »
« (Perdu) Quoi ? »
« Que j'étais belle. »
« Hein? »
« Tu l'as dit à Christ. »
« J'ai juste répondu à son compliment. »
« Tu le pensais ? »
« Je le pense. Et je croyais que tu le savais. »
« savoir quoi ? »
« Que tu es belle. »
« C'est une chose de le savoir, mais c'en est une autre de te l'entendre dire. »
« Je vois. (La regardant dans les yeux) Tu es belle Aurore. Tu es même largement au dessus de la moyenne. »
Elle baissa les yeux et devint tout à coup timide devant lui.
« J'aime quand tu fais cette tête de petite fille gênée et que tu souris ainsi pour laisser apparaître tes fossettes. »
Elle élargit son sourire et se mit à mordre sa lèvre inférieure sans arrière pensée. Ce geste anodin attira le regard de William sur cette partie de son corps et pour la première fois il eut envie de l'embrasser. Ils s'apprêtaient à le faire quand celui qui notait leur choix vint les retrouver, les obligeant ainsi à se contenir. Ils poursuivirent donc les achats avant d'aller se poser dans un restaurant. C'était celui dans lequel il l'avait emmenée la première fois.
« Je crois que j'ai un coup de cœur pour celui-ci parmi les 3. Je ne sais pas ce qu'il y a ici mais c'est vraiment apaisant. »
« Ça te ressemble. »
« Suis-je alors apaisante ? »
« On dirait bien. »
Elle le regarda toute émue. C'était la 2e fois qu'il la complimentait aujourd'hui et cela lui faisait énormément plaisir de l'entendre. Le serveur vint déposer les commandes avant de retourner.
« Bonne dégustation. Je suis affamé. Faire des achats me creuse toujours le ventre. » Annonça -t-il.
« Merci. Et c'est une bonne ou une mauvaise chose ? »
« Ça dépend. Là c'est une bonne chose parce que c'est l'heure de manger, mais quand ce n'est pas le cas, cela me contrarie surtout quand je suis dans un endroit où je ne peux pas manger. »
« Je vois. Dis moi ton souci avec les cuisiniers c'est quoi ? Et qu'est-ce qui fait que tu manges à certains endroits et pas à d'autres, même si le cadre est soigné ? »
« Déjà j'ai un palais et un organisme assez délicats, lorsqu'ils n'aiment pas quelque chose ou si la chose est mal faite, ils s'expriment automatiquement et si j'insiste, je me rendrai malade. Plus jeune, j'ai dû faire plusieurs tours à l'hôpital à cause de ça. On m'avait interdit de manger dehors, je ne le faisais qu'à la maison. Là-bas aussi, je n'arrivais plus à le faire, papa avait alors fait appel à plusieurs cuisiniers et celui qui est chez eux et Teddy avaient été retenus. »
« Je comprends mieux pourquoi tu t'énervais avant alors. Et pourquoi à l'étranger tu faisais très attention à ce que tu mangeais. Si j'avais su ça avant, jamais je n'aurais pris le risque de préparer pour toi. Tu imagines si ton organisme ou ton palais avaient rejeté ça ? J'aurais creusé un trou pour me cacher à l'intérieur le reste de ma vie. »
« (Riant) Pas jusque là. »
« Je t'assure que je l'aurais fait. Déjà que je te savais exigent dessus, je stressais comme si j'attendais les résultats d'un examen important. Il faut dire que j'avais énormément peur de toi. »
« (Arquant les sourcils)Tu avais peur de moi ? »
« Peut-être que peur, c'est trop dire. Intimidée, c'est mieux. Tu m'intimidais énormément. J'avais du mal à te regarder, alors parler me dépassait trop. »
« Et maintenant ? »
« Maintenant ça va. »
« Je ne t'intimide plus ? »
« Un tout petit peu (montrant les doigts) un peu comme ça. »
« Tu as pu constater que je ne mordais pas. »
« C'est vrai. Quand on apprend à te connaître tu ne mors pas. Au fait c'est quand que tu pars déjà ? »
« Après demain. »
« (Faisant la moue) Je vais donc devoir déjeuner toute seule, c'est pas juste. Je m'étais déjà habituée à ta présence. »
« C'est juste pour 5 jours. »
« Hum… »
Ils finirent avant de retourner au boulot…