Chapitre 9
Write by Djelay
La porte s’ouvre au moment où elle allait me répondre.
- Dav, putain, t’en a mis du temps.
Je suis soulagé de le voir.
- Qu’est-ce qu’elle a ? Demande-t-il en s’avançant.
- Elle s’est cognée la tête contre l’accoudoir d’un fauteuil.
- Je dois lui faire passer une radio. Emmène-là au bloc.
Il me devance hors de la pièce. Dans le bloc, il a déjà tout préparé. J’allonge Lili sur la table radiologique tandis que Dav prépare une injection.
- C’est pour faire baisser sa fièvre. Dit-il lorsque je l’interroge du regard.
- Peux-tu m’attendre dehors s’il te plait ?
- Ma présence dérange ?
- Oui. Sors s’il te plait.
Je m’exécute. Et patiente devant la porte. Le bloc est une sorte de clinique privée. Ma clinique privée. Il y a tout, même le matériel chirurgical. Avec le métier que j’exerce, enfin l’autre métier, c’est impossible de se rendre à l’hôpital sans attirer les problèmes. Les médecins ayant pour devoir de signaler toute blessure par arme blanche, ce qui arrive souvent dans le milieu, préviennent la police qui débarque illico. Et qui dit police dit embrouille. Même si j’ai le contrôle sur une bonne partie, il vaut mieux être prudent. Je patiente pendant une quarantaine de minutes sans avoir aucune nouvelle.
- Tu peux entrer. Me lance Dav depuis l’intérieur.
- Alors ?
Je remarque qu’il a déplacé Lili sur le lit. Elle dort à poing fermé. Sa respiration est régulière. C’est bon signe non ?
- Heureusement, elle n’a aucune commotion au cerveau. Mais le choc a provoqué une vilaine blessure sur sa tête. Je l’ai recousue pas de soucis à se faire.
Il a dû remarquer mon inquiétude.
- Elle a eu beaucoup de chance, ça aurait pu la tuer sur le champ.
Je blêmis à cette idée. Dav me regarde suspicieusement.
- Tiens ça c’est pour ses douleurs à la tête.
Je prends la boîte de comprimés, évitant son regard interrogateur.
- Qui est-ce ? Reprend-il en rangeant son stéthoscope dans sa mallette.
- Personne. Me contenté-je de dire avant de sortir de la pièce.
Dav me rejoint quelques minutes plus tard dans le hall, devant l’ascenseur. Je ne le fous pas dehors mais il n’a plus rien à faire ici et je n’ai pas envie de subir un interrogatoire.
- Tu ne m’offres pas un verre ?
- T’en as une tonne chez toi.
- J’ai toujours admiré ton incroyable amabilité.
- Et moi, ton caractère sarcastique.
- Sérieusement, tu ne veux pas me dire qui elle est ?
- Moins tu en sauras, mieux ce sera.
Dav me dévisage longuement avant de lâcher :
- Tu sais que si elle reste près toi, elle sera en danger ?
- Merde Dav. Dégage de ma piaule.
Lancé-je sèchement en indiquant l’ascenseur mais c’est mal le connaître. Il ne bouge pas d’un poil.
- Qui qu’elle soit, éloigne-la au plus vite avant que ça ne dégénère.
Il reste là un moment. Je crois qu’il attend que je rétorque mais je préfère opter pour le silence. A mon grand soulagement il entre dans l’ascenseur et sans plus attendre je retourne au bloc. Lili s’est réveillée et elle m’observe avec ses jolis yeux d’émeraude et sa belle petite bouche toute pulpeuse et certainement délicieuse. Je bande à l’idée de sentir cette bouche sur une partie bien précise de mon anatomie. Purée. Dav a raison, je dois l’éloigner. Cependant vu la manière dont je réagis juste en la voyant je crains de ne pas pouvoir. Je fais violence sur moi et réussis à calmer mes ardeurs. Je m’avance lentement vers elle afin de ne pas l’effrayer. Je la soulève ensuite pour l’emmener dans ma chambre. Elle se laisse faire, enroule même ses bras autour de mon cou. La sentir contre moi de cette façon me met dans tous mes états. Son corps chaud, sa peau d’ébène si douce… Merde ! Pourquoi at-il fallu qu’elle porte un short aussi court. Dans ma chambre, je l’allonge délicatement sur mon lit. Elle me tourne aussitôt le dos, se positionne en chien de fusil puis remonte la couette jusqu’à sa poitrine.
- Poupée, tu dois prendre tes médicaments tu m’ignoreras ensuite si c’est ce que tu veux.
Je n’arrive pas à croire que j’aie pu dire ça. Normalement, j’ordonne. Ç’aurait dû être « Retourne toi et avale tes médocs » et surtout « Ne t’avise plus jamais de me tourner le dos ». Putain ! Cette fille a réussi à m’adoucir en seulement quelques jours. Je ne peux pas la laisser faire. Bon sang ! Ressaisit toi Mike. Heureusement, elle obéit.
- Le mal de crane, ça va ?
- C’est supportable. Répond-elle en asseyant sur le lit.
Je l’observe tandis qu’elle apporte les gélules à sa bouche en grimaçant. Est-ce normal que le fait de la voir s’ingurgiter les cachets me fasse bander ? Je savais que j’étais cochon, et pervers mais pas à ce point. C’est sa faute ! Il n’y a qu’elle qui me fasse ressentir ces choses. Bon sang qu’est-ce qu’elle a de si spécial pour que je sois autant obsédé. Je promène mon regard sur elle. Oui j’avoue, elle est extrêmement jolie. Mais ce n’est pas une raison. Son manque d’expérience peut-être ? Voyons Mike, t’as baisé des tonnes de filles avec peu d’expériences en la matière. Dans ce cas…Et puis merde on s’en fiche. Peut-être qu’après l’avoir sauté, ça me passera.
- Et mon frère ?
Merde ! Je l’avais complètement oublié cet enfoiré. Je sors mon téléphone de ma poche et lance le numéro de Kevin. Il répond immédiatement.
- Alors ?
- Il s’est réveillé monsieur. Juste quelques hématomes au visage et le nez cassé. Tout va bien à part ça. Il sortira demain.
- Très bien. Reviens, tu iras le chercher demain matin.
Je raccroche et range mon téléphone dans ma poche. A aucun instant mes yeux se sont décollés de ceux de Lili.
- Est-ce qu’il va bien ?
- Oui. Tu as l’air vraiment inquiet.
- Je te signale que c’est de mon frère qu’il s’agit.
- Un frère qui n’a pas hésité à te battre.
Je rétorque avec colère. Oui ça me fou la rage de savoir que Tom la maltraite.
- T’es quand même culoté ! Me balance-t-elle avec hargne, les yeux lançant des éclairs.
- Tu es vénère parce que Tom me bat alors que tu n’es pas différent. Reprend-elle sur le même ton.
Aie. Ça fait mal. Je dois reconnaître qu’elle n’a pas totalement tort. Même si ça m’énerve qu’elle me mette dans le même sac que son crétin de frère. Je ne peux que lui rappeler de faire attention aux mots qu’elle emploie. Oui je sais, je me défile. N’ayant aucun argument pour continuer sur ce terrain, je n’ai pas vraiment le choix. Alors je joue la carte du plus fort.
- Lili ! Lancé-je sur un ton d’avertissement.
- Quoi ? Tu vas me punir c’est ça ? Me frapper comme la dernière fois ?
- Baisse d’un ton !
- Non ! J’en ai marre. (Elle fond en larmes)
Merde ! Je crois que c’est beaucoup plus grave que je ne le pensais. Quel idiot ! Je reste là à la regarder pleurer comme un crétin au lieu de la consoler. Qu’est-ce qui m’étonne ? Je suis comme ça ! Insensible, sans cœur voire sans âme. Ouais c’est ça ! Dans ce cas pourquoi j’ai ce sentiment stupide qui m’oppresse? Ah Lili, Lili ! Pourquoi a-t-il fallu que tu me fasses ressentir toutes ces émotions ? Je n’y suis pas habitué. Celles-ci m’affaiblissent et ce n’est pas bon pour moi, ni pour ma p’tite poupée encore moins pour mes proches. J’en suis conscient pourtant ça ne m’empêche de m’assoir sur le bord du lit et de la prendre dans mes bras. Ça peut paraître ironique, mais je déteste la voir pleurer. Au point où je ne réalise pas les conneries que je débite.
- Je suis désolée poupée.
Il ne manquait plus que ça, que je m’excuse, moi Mike IBARA. Putain Lili, qu’est-ce que tu me fais ?
- Cesse de pleurer s’il te plait.
- Pourquoi n’ai-je pas le droit d’avoir une vie normale…heureuse ?
Sa voix cassante m’atteint profondément. Je réalise que je ne sais rien d’elle de ce qu’elle vit au quotidien, de ses rapports avec son frère. Tom peut être chiant et parfois violent mais il aboie plus qu’il ne mort. Enfin je crois. L’image de Lili couché dans le canapé et Tom debout près d’elle, la main menaçante apparait brutalement dans ma boîte crânienne. Je me redresse et écarte légèrement Lili afin de visser mon regard au sien.
- Dis-moi P’tite poupée Tom a-t-il l’habitude de te battre ?
J’essaie de garder mon calme. Son regard fuyant confirme ce que je redoutais. Merde ! Je vais le butter, je jure que je vais le butter. Lili a dû apercevoir l’ombre dans mes yeux.
- Ne t’en prend pas de nouveau à lui s’il te plait.
Quoi ? Elle me supplie de l’épargner après tout ce qu’il lui a fait ? Ma colère se dirige à son endroit. Com ment a-t-elle pu accepter un tel traitement durant toutes ces années? Dix longues années à supporter tout ça. Je m’efforce à garder mon calme.
- Raconte-moi.
- Pardon ?
- Raconte-moi tout j’ai dit.
- Mais je ne sais pas de quoi tu parles. Que veux-tu que je te raconte ?
Je comprends qu’elle soit effrayée. J’ai un peu forcé sur la voix. C’est qu’elle a cette manie de me mettre hors de moi quoiqu’elle fasse. J’exagère certes mais je n’y peux que dalle. Je me ressaisis, inspire profondément en silence et explique :
- Je veux connaître chaque détail de ta vie avec Tom. Tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il n’a pas fait. Je veux savoir tout, dans les moindres détails Lili. Et garde à toi si tu me mens ! Je le saurai et je me mettrai en colère. Je parie que tu ne voudrais pas que ça se produise n’est-ce pas ?
Elle fait oui de la tête.
- Bien. Je t’écoute.
- J’ai école demain et il se fait déjà tard.
Ne crois pas être plus maligne que moi ma belle.
- Tu as eu un choc à la tête Lili. De ce fait tu resteras à la maison demain.
- Mais…
- Rien du tout ! La coupé-je sèchement. Dav t’a signé une autorisation donc pas de soucis à se faire de ce côté. Revenons-en à ce qui nous intéresse. Et ne m’énerve pas plus que je ne le suis déjà Lili sinon je t’assure que je ne me soucierai pas de ton état de santé.
- C’est compris.
Je préfère mieux ça
- Parfait. Quand est-ce que Tom a commencé a levé la main sur toi ?
Elle semble hésiter.
- Ne me mens pas Lili !
- Euh…ç’a commencé après mon entrée au collège.
- Et pourquoi te battait-il ?
- Il dit que je suis insolente, malpolie et effrontée. Mais parfois il me bat sans motif valable et ça, c’est quand il rentre complètement sou à la maison. Je sais que je n’ai pas toujours été respectueuse…
- Ne lui trouve pas d’excuses Lili. Rien ne justifie ces actes et crois-moi qu’il me rendra des comptes dès demain.
- Arrête Mike ! Tu n’as aucun droit de lui demander des comptes. Tu n’es ni mon père, ni mon frère. Tu n’es pas mon petit ami non plus alors…
- J’en ai le droit parce que je viens de le décider. Et aurais tu oublié à qui tu t’adresses Lili. J’ai trop été tolérant. C’est le dernier avertissement.
J’espère que son silence signifie qu’elle a pigé. Parce que j’ai beau m’être ramolli, mon côté obscur n’a pas disparu. Un lion, affamé soit-il reste un lion.
Lili
Seigneur ! En plus de mon mal de crane il faut que je supporte ce gros prétentieux. Que croit-il ? Je ne lui appartiens pas. Il n’a aucun droit sur moi. Mais entêté qu’il est impossible de lui parler. Il veut tout contrôler, il veut me contrôler mais je ne le permettrai pas. Comme si je pouvais lui tenir tête. Il le faut pourtant ou sinon je ne serai qu’un légume qu’on manipule.
- Mike s’il te plait, reste en dehors de ça. Dis-je d’une voix suppliante.
- Désolé mais non. Tom ne lèvera plus la main sur toi.
- D’accord pour ça mais je t’en supplie, ne ressasse pas le passé. Ne vas pas lui demander des comptes et surtout ne te bat pas avec lui.
Il explose de rire. Quoi ? Qu’ai-je dis de drôle ?
- Moi me battre avec Tom ? Tu plaisantes ? Supplie-moi plutôt de ne pas le démolir.
Oh mon Dieu ! Quelle prétention ! Mike a énormément changé. Il est plus sûr de lui, plus confiant, plus baraqué, plus beau aussi….Lili, reviens sur terre bon sang. J’ai beau dire être effrayée par ce nouveau Mike je dois reconnaître qu’il m’attire encore plus. Au secours ! Je suis malade !
- J’ai besoin de me reposer Mike, je commence à avoir mal à la tête.
C’est vrai que cette conversation m’épuise. Mike ne veut rien comprendre. Il croit être en droit d'appliquer ses lois et moi je suis fatiguée de lutter. Mike m’attire soudainement sur ses genoux. Oh mon dieu ! Je vais exploser mon cœur va exploser. Et je…je tremble.
- Nous allons reporter cette discussion à demain. Me dit-il le visage à seulement un millimètre du mien.
Je vais m’évanouir, oh seigneur.
- Poupée, tu ne m’as toujours pas donné de réponse. Reprend-il.
Une de ses mains caresse mon visage tandis que l’autre me tient par la taille. Ce simple contact engendre une ébullition phénoménale de mon cœur. Je ne parle même pas de cette chaleur au niveau de mon intimité. Je ressens de nouveau ces fourmillements. Bon sang qu’est- ce qui m’arrive ? Et Mike qui ne cesse pas me serrer pour que je sente ce bout de corps si imposant, si dur.
- Tu sens ça ? Chuchote-t-il. Tout près de ma bouche.
Cette bouche qui le supplie en silence pour qu’il la prenne entre ses lèvres.
- C’est toi qui provoques ça ! Reprend-il, la voix rauque. Vas-y touche.
Il prend ma main et la conduit jusqu’à son entrejambe. Je serre fortement le poing.
- Non arrête ! Suppliai-je d’une voix tremblante.
- J’ai tellement envie de toi ma poupée. Dis-moi que tu acceptes ma proposition.
Il profite que je sois distraite par ses paroles pour poser ma main sur son membre déjà au garde-à-vous. Je laisse échapper un cri de surprise en sentant ce truc volumineux sous ma paume.
- Touche-le p’tite poupée, touche moi, dis-moi oui.
Oh mon Dieu, c’est trop ! Je vais fondre. Je pousse un nouveau cri lorsqu’il me soulève et me place juste au-dessus de son membre. Il enroule mes jambes autour de sa hanche de sorte à ce qu’elles se croisent dans son dos.
- Tu dois mieux le sentir à présent. Pas vrai ?
Sa voix rauque résonne dans mon oreille, me torturant l’esprit. Pourquoi ne m’embrasse-t-il pas ? Ces fourmillements au cœur de ma féminité sont de plus en plus insupportables. Je n’en peux plus.
Fin du neuvième chapitre. Bizbi.