Chapitre deux
Write by Pegglinsay
Djamal
- Vous vous êtes bien rincé l’œil ! lança-t-elle en colère. Allez ! CIRCULEZ !!!! IL N’Y A PLUS RIEN A VOIR !!!!!
Je redémarre et rentre directement chez moi. Ça fait mal de la voir dépourvue et en difficulté mais que faire. Ce n’est comme si j’avais un centre d’accueil pour les sans-abris ! C’est ce qui arrive à beaucoup d’entre nous dans ce pays, on est sur le seuil de la misère. Le coût de la vie ne fait que s’accroître de jour en jour. Le pire, vous avez le même salaire mais le prix des choses augmentent, le loyer également.
Je me souviens qu’un matin, en partant pour le boulot, j’avais déposé cette voisine et ses enfants à leur école puisqu’elle ne pouvait pas trouver de bus pour le trajet.
- Merci beaucoup ! Franchement c’est Dieu qui vous envoie, avait dit-elle.
On avait fait connaissance mais je ne souviens plus de son nom parce que je me rappelle que son nom était un peu compliqué à retenir. Je me souviens que je lui avais fait cette remarque. Puis, en laissant la voiture, elle m’avait donné une brochure parlant du retour de Jésus-Christ. Je l’ai lue mais cela ne m’avait laissé ni chaud ni froid. Depuis ce jour on ne s’est plus parlé car j’étais toujours voituré en passant devant chez elle. Je me demande comment elle a pu se payer un appartement dans ce quartier ou le prix du loyer est exorbitant. Hmmmmmm.
A vrai dire je n’ai pas été dans une famille riche mais pas pauvre non plus. Mes deux parents travaillaient, à une époque, dans la même entreprise. Apres quinze années de loyaux services, ils ont décidé d’ouvrir un magasin pour y vendre des matériaux de construction. On est trois garçons dans la famille et je suis le cadet de la fratrie. On a eu la chance d’aller étudier à l’étranger et de revenir au pays. Mon ainé, Karim, est resté en France et a fondé une famille (père de quatre filles).
Le benjamin, Daniel, a repris le magasin de mes parents (ces deux-là ont pris leur retraite et font la navette entre les Etats-Unis et le pays) il y a de cela six ans et maintenant on peut compter trois magasins qu’on possède dans plusieurs zones du pays. Il est marié et a un fils. Je peux dire que je suis le brebis galeux de la famille (comme aime le dire ma mère)
- Arrêtes de gaspiller tes semences un peu partout et fais-moi des petits-enfants, me dit ma mère à chaque fois qu’elle me rend visite.
- Tu en as déjà cinq m’man !!!!
- Oui mais ce ne sont pas les tiens !! Je veux pouvoir les tenir dans mes bras avant que je devienne sénile ou atteinte de l’Alzheimer !
- Lolll ! tu auras le temps chère madame, dis-je en l’embrassant.
- J’espère que tu auras assez de semence pour pouvoir en faire !!!
- Maman !!!!! criai-je en levant les mains au ciel en signe de désespoir.
- Parce qu’à chaque fois que je viens ici je trouve une fille différente. Tu n’es plus trop jeune.
- Je n’ai que trente-six ans maman, je suis encore très jeune !!!!
- Cause toujours !!!!!
- Hmmmmm, viens-là toi (et je la serre dans mes bras)
Je me dis que je suis chanceux d’avoir un travail que j’aime et qui paie bien. Ce qui m’a permis de faire l’acquisition de cette belle maison. Certes je ne l’ai pas payé trop chère puisque c’était la demeure d’un bon ami. Il a du s’en séparer car il devait laisser le pays pour aller s’installer au Canada avec sa famille. Cela fait un an depuis que je vis ici après avoir rénové quelques pièces comme : le salon, la cuisine et une petite pièce attenante au salon qui me sert de bureau.
Je réchauffe mon plat emporté puis je m’installe devant la télé pour regarder un match de football que j’avais enregistré. Vingt minutes viennent de s’écrouler, je mets le match sur pause, vais laver mon assiette et prends une bière dans le frigo. Je me rassoie sur le canapé mais mes idées sont arrêtées sur la voisine. On est dans le même quartier mais nos maisons ne sont pas aussi proches que ça. Environ une dizaine de maison nous sépare donc…
- Bois ta bière tranquillement Djamal puis va te reposer, dis-je à moi-même.
Je redémarre l’enregistrement et bois ma bière goulument. Cinq minutes plus tard, je repense encore à cette femme. Djamal tu ne la connais pas, donc pour éviter des problèmes, laisse-la là où elle est.
Vingt minutes plus, je me brosse les dents et me couche tôt car j’ai un rendez-vous, une inauguration d’une nouvelle boite de nuit. Donc il est dix-sept heures quand je m’allonge. Je compte faire un petit somme puis sortir vers les vingt-une heures.
Je me couche mais je n’arrive pas à fermer l’œil ; la vision de la femme avec les deux enfants me hante. Je me tourne sur le dos, toujours pareil ! Je me couvre la tête et ferme les yeux. Hmmmmm rien à faire. Le sommeil me fuit comme la peste. Je baisse les draps et me relève. Je m’assois et réfléchis à ce que je devrais faire si jamais je décide d’aider cette jeune femme. « je pourrais lui payer une chambre d’hôtel ! Et ses affaires ? me souffle ma conscience.
- Ouais c’est vrai !
- Tu pourrais au proprio ?
- Hmmmmm on n'a pas de très bon voisin.
- Et la dépendance que tu as sur la cour ; celle qu’utilisait ton ami comme chambre d’eemployé ?
- T’as raison !!! J’y ai pas pensé !
- Normal ! Je suis ta conscience !
Je me passe un t-shirt, un jeans et me chausse. Je prends la clé du jeep du boulot et laisse la maison. Cinq minutes plus tard j’étais devant le trottoir où je les avais laissées.
- Bonsoir ! dis-je en m’approchant
- Salut me répond-elle.
- (je m’avance et lui dit) ben… je voudrais vous aider chère madame. Je sais qu’on ne se connaisse pas mais… ne vous inquiétez pas. Je ne veux que votre bien. Je peux vous…
- (elle semble hésitante) ben… comme vous pouvez le constater j’ai mes affaires dehors… je ne pourrai pas…
- Je vais les charger dans mon jeep. Ma maison n’est pas très loin d’ici…
- …ben…
- Madame, je veux que vous aidez, insistai-je.
- Mais vous aurez besoin de quelqu’un pour vous aider (elle me montre ses affaires).
- Oui vous avez raison (je réfléchis un moment). On va faire comme ça ; on va mettre tout ce qu’on peut soulever puis le four, le réfrigérateur, la machine à laver et autres… on verra pour la suite.
- D’accord.
On finit de mettre la moitié de ses affaires dans la voiture et laisse les appareils électro-ménagers par terre vingt minutes plus tard. Je conduis rapidement, arrive à la maison, ouvre la petite maison qui est sur la cour. C’est une grande pièce ayant une petite salle de bain et une galerie. La pièce mériterait bien un coup de balai mais je ne m’y attarde pas et dépose les affaires pêle-mêle par terre. Vingt minutes plus tard j’y retourne et la vois près de la rue peut être entrain de guetter mon retour. Je me gare mais ne descend pas de la voiture, descend les vitres et lui dis :
- Je reviens. Je vais voir près du marché si je ne trouve pas quelqu’un qui pourra m’aider.
- D’accord, me répond-elle simplement.
Je file à toute allure et arrive au marché dans dix minutes. Je paies deux hommes qui ont comme travail de porter les marchandises des marchandes. Ils montent à l’arrière et je file avec eux. Je me gare et les deux descendent et prennent les appareils avec précaution. Tout est dans l’auto puis je demande à ce qu’elles montent. L’une des jumelles était déjà somnolente, je la porte et la dépose dans la voiture. Sa mère et sa sœur la suivent. Je les laisse s’installer puis je démarre.
Arrivés à la maison, les deux jeunes hommes se chargent des appareils. Trente minutes plus tard tout était à l’intérieur. Comme la pièce était sans dessus-dessous, je leur proposais une chambre à l’intérieur de la maison principale. Je les laisse dans le salon pour aller changer les draps dans l’une des chambres d’amis. Je change les draps, mets des serviettes, du savon et du papier dans la salle de bain attenante.
- Votre chambre est prête, dis-je en me pointant au salon.
- (elle se lève et réveille les filles qui commençaient à dormir) d’accord.
Je lui montre la chambre ensuite je retourne à la cuisine prendre une bière et m’affaler sur le canapé. Je sens une main sur mon épaule. Je lève la tête et remarque mon hôte.
- Désolée de vous réveiller…
- Ah ! Ce n’est rien, dis-je en me mettant debout.
- Je voulais vous remercier pour tout. Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur un bon samaritain. Et c’est la deuxième fois que vous me sauvez la mise.
- Ah vous vous souvenez de moi ? demandai-je
- Et comment ! Ce jour-là les filles n’ont pas manqué l’école grâce à vous.
- Hmmmmm
- Comme je le disais, merci infiniment. Vous êtes un envoyé de DIEU !
- (Je souris un peu gêné) Mes parents m’ont toujours appris d’aider les gens dans le besoin…
- Encore une fois merci !
- Je vous en prie.
Un ange passa.
- Bon je vais me coucher… mais si vous avez besoin d’aide… vous…vous n’avez qu’à frapper la porte de la chambre qui est au fond du couloir.
- D’accord. Bonne nuit à vous !
- Merci! Bonne nuit à vous aussi !
Je rentre dans ma chambre en ayant le cœur léger et en paix. Qui l'aurait cru!