CHAPITRE X : Mes 18 printemps pour mieux t'aimer

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Le lendemain après-midi, après de longues hésitations, Cora se décida enfin à appeler Andréa au restaurant qu’elle dirigeait. Elle composa le numéro de sa ligne directe et celle-ci décrocha à la première sonnerie.
- Bonsoir Andréa, Cora à l’appareil.
- Oh Bonsoir Cora. Comment te portes-tu ? Répondit la jeune femme sans pouvoir dissimuler sa surprise.
- Très bien et merci. Je t’appelle parce que je voudrais avoir ton avis sur certaines choses. C’est possible ?
- Bien sûr ! Si tu penses que je peux t’être utile en quoi que ce soit, n’hésite pas à me le faire savoir.
- Merci Andréa. En fait, j’ai l’intention de donner une fête le samedi prochain et je voudrais avoir ton avis sur la restauration.
- Ce sera un plaisir pour moi de t’aider. Mais maintenant je suis vraiment surchargée par les comptes. Est-ce que tu pourrais passer à la maison ce soir pour qu’on puisse en discuter calmement ?
- Pourquoi pas !
- A ce soir donc !
- Merci beaucoup et excuse-moi pour t’avoir dérangée.
- Je t’en prie. C’est un plaisir pour moi de pouvoir t’être utile.
A sept heures moins le quart, Cora sonna à l’appartement de Dean qui en personne vint lui ouvrir. En l’apercevant un large sourire éclaira son visage.
- Bonsoir Trésor. Entre, Andréa m’a averti de ta visite, invita Dean en s’écartant afin de la laisser franchir le seuil.
La jeune fille admira quelques secondes le décor du séjour. Une parfaite harmonie dénotait du bon goût du décorateur. L’intimité chaleureuse qui y régnait vous mettait tout de suite à l’aise.
- Installe-toi et sers-toi quelque chose à boire ; je vais avertir Andréa de ton arrivée. Elle vient à peine de rentrer et prend une douche.
Une fois seule, Cora s’installa dans un moelleux fauteuil après s’être servi un doigt de martini au petit bar légèrement en retrait. Elle feuilletait distraitement une revue de presse lorsqu’Andréa apparut.
- Bonsoir Cora. Excuse-moi de t’avoir fait attendre.
- Je t’en prie. Tu as un superbe appartement.
- Merci à toi, répondit la jeune femme en s’installant en face de son hôte. Comment vont tes parents ?
- Ils se portent comme un charme. Ils passent leur temps à jouer aux jeunes amoureux.
- Ils le méritent. Après des années de sacrifice, c’est le moment ou jamais de penser un peu à eux-mêmes. Et toi avec Steve, ça va ?
- Euh… Oui ! Murmura Cora un peu gênée de devoir aborder avec elle un sujet si intime.
Sentant sa gêne, Andréa dirigea aussitôt la conversation vers l’objet de leur rencontre. Alors que Cora lui exposait ses désirs, Dean, habillé, fit son apparition.
- Je vous laisse les dames. Trésor, j’aurais voulu rester avec toi, mais je dois vraiment ressortir.
- Ne sois donc pas gêné ; de plus c’est avec Andréa que je désire discuter.
- Ok. Embrasse les parents de ma part.
- Je n’y manquerai pas.
- A tout à l’heure mon amour, continua Dean en se retournant vers son épouse qui lui sourit.
- N’oublie pas de prendre tes clés.
- C’est déjà fait, rassura l’homme en embrassant son épouse sur les lèvres avant de s’éclipser.
Devant cette scène d’intimité, Cora ne put s’empêcher d’éprouver une fugace jalousie. Mais bientôt sa conversation avec son hôtesse lui fit oublier ce désagrément.
- Je serai heureuse de t’aider, confia-t-elle lorsqu’elle se tut. Excuse-moi.
Elle se leva et revint quelques minutes plus tard munie d’un stylo et d’un carnet de notes. Rapidement elle y nota les points essentiels. Admirative, Cora découvrait en elle une autre facette : chaleureuse, attentive elle donnait son avis sans toutefois s’imposer. Lorsqu’enfin elle referma son carnet, Cora s’avoua que sa mère avait eu raison de l’avoir dirigée vers la jeune dame.
- Demain, confia celle-ci, j’irai louer le Yacht Club et je commencerai à prendre les dispositions nécessaires afin que ta fête soit une réussite.
- Merci beaucoup Andréa. Je sais que j’abuse de ton temps.
- Mais non Cora ! Tu es ma belle-sœur et c’est un plaisir de te venir en aide.
- Je passerai demain te remettre la somme qui te permettra de tout organiser.
- Mais non Cora. Tout ce que tu auras à faire, c’est de venir samedi après-midi pour voir si tout te convient. Et surtout pas d’objection, considère ce geste comme le cadeau que nous t’offrons, Dean et moi, pour ton anniversaire.
A défaut de pouvoir l’étreindre, Cora, reconnaissante coula un sourire à son hôtesse.
 
Un air à la mode accueillait les invités qui un à un ou par couple pénétraient dans la salle de bal. Andy, sa femme Karin, Kader et Amanda étaient aussi parmi les invités, avertis par Steve.
Pour l’occasion, Cora avait opté pour une légère robe d’été rouge qui lui arrivait juste aux genoux, mettant en valeur ses longues jambes. Ses cheveux frisés et souples retombaient sur sa nuque gracile. Délicatement maquillée, elle se savait radieuse. Elle devisait avec gaieté avec ses amis, passant d’un groupe à l’autre. Sur le buffet, s’étalaient à profusion des plateaux de victuailles tandis que de discrets serveurs assuraient le rafraîchissement des invités. Minuit sonnait exactement lorsqu’elle ouvrit le bal avec Steve. A leur suite, d’autres couples s’élancèrent.
La fête battait déjà son plein lorsqu’elle s’aperçut que Dean et Andréa n’étaient pas encore arrivés et elle en fut un peu chagrinée. Il sonnait deux heures du matin lorsqu’elle sentit quelqu’un l’embrasser délicatement dans le cou alors qu’elle se tenait seule, un peu en retrait de la piste. Au frisson qui la parcourut, elle sut immédiatement qu’il s’agissait de Dean et son cœur fit un bond d’allégresse. Heureuse, elle se retourna vers lui.
- Bonsoir Trésor, ta fête à l’air d’une réussite.
- Oui, grâce à Andréa. Elle n’est pas avec toi ?
- Elle s’excuse. Elle s’est rendue au chevet de sa mère qui est très malade. Son mari ayant voyagé, elle se retrouve toute seule.
- Je suis déçue mais je m’y ferai. Tu m’invites à danser ?
- Avec plaisir.
Dean l’entraîna et ils accordèrent leurs pas sur un rythme de N’dombolo. Bientôt, ils furent le point de mire des amis de Cora qui tacitement formaient un cercle autour d’eux. A tour de rôle, un couple désigné par le précédent se mettait au centre. L’atmosphère était déliée.
Soudain les lumières s’éteignirent et le N’dombolo fit place à un slow. Cora se tourna vers Dean qui lui ouvrit les bras. La tête posée sur sa poitrine ferme, la jeune fille ressentait en elle une myriade de sensations. Elle se sentait presque comme dans un rêve et plus rien ni personne n’existait, exceptée l’harmonie qui l’unissait à son cavalier, qui lui aussi perdait le sens de la réalité.
Dean resserra son étreinte autour du corps sensuel de Cora. Celle-ci, de ses mains nouées autour du cou de son cavalier, caressait sa nuque. Soudain conscient du désir qui s’éveillait en lui, Dean murmura d’une voix rauque :
- Cora, je crois qu’on devrait arrêter de danser.
- Mais pourquoi ? Je me sens si bien avec toi.
- Moi aussi, avoua Dean avec regret car le désir qu’il sentait naître en lui grandissait et il craignait de ne plus pouvoir se maîtriser.
- Cora, ma petite sœur chérie, dit-il espérant que ces quelques mots briseraient le charme occasionné par l’obscurité et le fait de la tenir serrée contre lui.
- Non Dean, ne dis plus cela, tu sais bien que nos relations ne seront plus jamais pareilles. Ne le nie pas.
- Cora, ce qui nous est arrive ne doit pas compter pour toi. C’est cette atmosphère de fête. Je n’ai pas le droit de vouloir autre chose de toi que des relations fraternelles.
- Tu te sens coupable de me désirer Dean. Peut-être aurais-je dû éprouver cette même sensation ? Je suis désolée de te décevoir, mais le fait est là et je ne le nie pas moi.
- Cora, gémit Dean presque comme dans un songe.
- Oui mon amour, susurra la jeune fille avant de bâillonner ses lèvres d’un baiser auquel il répondit ardemment.
L’espace de quelques minutes qui pour eux dura une éternité, ils oublièrent tout ce qui les entourait tandis que l’obscurité, complice, ne laissait deviner qu’un couple tendrement enlacé. Leurs bouches se séparèrent juste avant que les lumières ne se rallument. Aussitôt, ils desserrèrent leur étreinte.
- Et si on s’asseyait, proposa Cora, j’ai les jambes en coton.
- Moi aussi Cora, je me sens pris comme dans un tourbillon irréel, avoua Dean.
Il ne regrettait pas ce baiser. Ce soir, il se sentait différent, n’ayant plus du tout l’envie de lutter contre la forte attirance qui le poussait vers sa compagne. Installés tous les deux dans un divan, ils observaient le silence, ne sachant s’il fallait se parler ou au contraire se taire. Divers sentiments les animaient chacun de leur côté. Mais à aucun moment, ils n’eurent l’impression d’avoir posé un acte proscrit. Ils pressentaient tous les deux que ce baiser était écrit dans l’ordre des choses.
- Bonsoir Dean, fit soudain la voix de Steve.
- Bonsoir Steve, répondit machinalement ce dernier.
Cora écarquilla les yeux comme si le jeune homme représentait pour elle un fantôme surgit du passé. Elle se rendit compte qu’elle avait totalement oublié son existence depuis l’arrivée de Dean et essayait d’assimiler ce qu’il lui disait.
- J’espère que tu n’as pas oublié que je vais à Porto-Novo demain voir mes parents. Je le leur ai promis lors de notre visite la semaine dernière. Il faut alors que je me repose un peu avant de prendre la route demain matin avec mes frères.
- Je la ramènerai à la maison, rassura Dean.
Deux heures plus tard, les derniers invités partirent. Cora exténuée se laissa tomber sur le siège passager de la voiture de Dean qui donnait quelques instructions aux nettoyeurs déjà à l’ouvrage. Le trajet se fit en silence, mais il leur parut trop court.
- Merci pour tout Dean. Je passerai demain remercier Andréa, fit cora.
- Je serai au bureau. J’ai la réunion mensuelle à préparer pour lundi matin.
- J’aimerais que tu m’embrasses encore.
Il s’exécuta. Sans la moindre réticence.
- Repose-toi bien mon Trésor, murmura l’homme après avoir libéré ses lèvres.
- Toi aussi Dean, répondit la jeune fille en descendant.
Ce soir-là, elle s’endormit aussitôt couchée, la tête remplie de rêves où Dean tenait le rôle de prince charmant.

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