CHAPITRE XI : Un flot de passion
Write by dotou
Le soleil déclinait déjà à l’horizon lorsque Cora ouvrit les yeux. Aussitôt, les délicieux moments passés avec Dean lui revinrent en mémoire. Son esprit excité l’empêchait d’aligner deux pensées logiques. Renonçant à se tourmenter davantage, elle prit une douche qui la débarrassa de toute la fatigue restante. Elle s’habillait lorsqu’elle se rappela la promesse faite à Dean d’aller remercier Andréa. Elle se sentit un instant, gênée de devoir revoir la jeune femme après ce qui s’est passé entre Dean et elle ; mais elle conclut qu’elle n’avait pas à l’être.
Ses parents étaient partis voir des amis à eux. Elle loua donc un taxi et se rendit chez Andréa. Là-bas, la jeune servante lui fit savoir qu’Andréa se trouvait encore auprès de sa mère. Cora se décida à lui laisser un mot de remerciements qu’elle rédigeait lorsque le téléphone sonna. Etant seule dans le séjour, elle décrocha le combiné.
- Allô.
- Cora, c’est toi ?
- Oui, répondit-elle en reconnaissant la voix de Dean.
- Dean à l’appareil.
- Je sais. J’étais passée remercier Andréa, mais elle n’est pas encore rentrée.
- Je téléphonais justement pour savoir si elle était déjà là. J’ai en vain essayé de la joindre sur son portable.
Il observa quelques secondes de silence avant de demander la voix chargée d’une soudaine émotion :
- Et toi Cora, tu t’es bien reposée ?
- Oui. Tu es toujours au bureau ?
- Oui.
- J’ai une folle envie de te voir Dean.
- Moi aussi Trésor, avoua son interlocuteur.
Cora sentit un frisson la parcourir.
- J’arrive.
- Je t’attends.
Etourdie, la jeune fille dévala les marches du perron et s’engouffra dans le taxi qu’elle n’avait pas encore libéré. Alors qu’elle pressait le conducteur de taxi de brûler les kilomètres qui la séparaient de Dean, elle eut l’impression de voler vers le bonheur, l’amour, la liberté.
Dean, installé dans son confortable fauteuil s’ingéniait à continuer son rapport. Mais force lui était de s’avouer que c’était peine perdue. Le précaire équilibre sur lequel il voguait venait de voler en éclats à l’instant où il avait parlé avec Cora au téléphone. Depuis la veille il se sentait différent, pour une fois honnête envers les sentiments qu’il éprouvait pour Cora. Au fil du temps, son affection pour elle s’était muée en un amour fou. Il avait lutté, croyant ce sentiment passager. Il s’était même pour cela marié. Il éprouvait des sentiments sincères envers sa femme, mais ils n’étaient en rien comparables à ceux qu’il ressentait pour Cora. C’était deux choses incomparables. Le chef-d’œuvre face à la copie. Jamais, même dans les moments les plus intimes avec Andréa, il n’avait eu l’impression de se fondre à elle, de retrouver l’autre moitié de lui-même, alors qu’en un seul baiser avec Cora, il avait eu la sensation d’être en parfaite harmonie avec celle-ci.
Ayant accepté que Cora vienne le rejoindre, il avait pleinement conscience qu’il abordait un tournant décisif. Soudain angoissé, il se surprit à espérer qu’elle changerait d’avis et ne viendrait pas. Mais il donna consigne à l’agent de sécurité de la laisser passer dès son arrivée. Un studio équipé d’une douche jouxtait le bureau. Mentalement épuisé, il alla s’y débarbouiller. Lorsqu’il en ressortit, il trouva Cora debout près du bureau. A la joie qui rayonnait sur le visage de la jeune fille, il sentit tous ses doutes s’envoler. Elle s’avança vers lui et naturellement se retrouva dans ses bras. Leurs bouches se rejoignirent en un fougueux baiser.
Au bout d’un long moment, Dean souleva la jeune fille dans ses bras. Ivre d’un désir longtemps refoulé, il se dirigea vers la chambre plongée dans la pénombre. Chancelant, il déposa son précieux fardeau sur le lit et peu à peu ils se découvrirent.
A présent, ils ne représentaient que deux corps flottant dans un océan de désirs, nageant et partant à la recherche l’un de l’autre. Chacun était ébloui par ce désir longtemps inassouvi qui les rendait pantelants. C’était l’étonnement de la découverte des trésors de l’autre. Une ivresse incommensurable dans une mer de soupirs. Mais, accrochés l’un à l’autre, ils se sentaient insubmersibles.
Cora sentait son esprit se liquéfier. Seul comptait l’étau des bras de Dean qui faisait d’elle une prisonnière consentante. Elle se sentait au bord d’un gouffre de plaisir et ne demandait qu’à y être précipitée. Lorsqu’enfin Dean la posséda, aussitôt une jouissance indescriptible naquit en elle et Cora se sentit délirer, quitter la réalité. Lorsqu’elle reprit conscience, Dean toujours incrusté en elle contemplait son visage ravagé par le plaisir.
- Comment te sens-tu ?
- Oh Dean, je n’ai jamais ressenti cela. J’avais l’impression que tout mon corps volait en éclats. Et toi ?
- Je me sens divinement bien, avoua l’homme en bougeant en elle.
Aussitôt, Cora se raidit de plaisir. Dean cherchait à se contrôler le plus longtemps possible, désirant lui faire profiter de toute son expérience. Une fois encore, la jeune fille se sentit prise dans le même tourbillon. Plusieurs fois, elle murmura son nom et Dean lui fit écho. Alors qu’un nouvel orgasme prenait possession d’elle, Dean à son tour s’abandonna. Il émit un grognement fauve tandis que des ondes presque douloureuses, à la limite du supportable se propageaient dans tout son être. Ils demeurèrent ensuite immobiles, figés l’un dans l’autre, le souffle précipité, le cœur battant à l’unisson. Après de longues minutes, Dean se détacha d’elle, mais pour aussitôt lui trouver un asile au fond de ses bras où elle sombra dans le sommeil.
Pendant un long moment, elle n’eut aucune idée de l’endroit où elle se trouvait, mais avait pleinement conscience d’être auprès de l’homme qu’elle aimait. Peu à peu, elle recouvra tous ses esprits et sourit, heureuse. Dean l’avait aimée avec un art consommé. Elle avança une main et lui caressa l’épaule. Cependant le doute naquit en elle. Comment lui expliquer ce geste s’il s’éveillait ? Pouvait-elle lui avouer qu’elle ressentait un impérieux besoin qu’il la touche à nouveau ? Et puis surtout, elle ignorait ses réactions lorsqu’il ouvrirait les yeux. Se jugerait-il coupable d’avoir cédé à la tentation ? Mais comme téléguidés, ses doigts plongèrent dans la toison sombre et soigneuse de son torse. Sa main évoluait lentement à la redécouverte du corps aimé.
- C’est une délicieuse torture, murmura l’homme parfaitement réveillé.
Elle constata avec plaisir que ses craintes n’étaient nullement fondées. Se tournant, Dean s’empara de sa bouche et elle reconnut avec ivresse le goût de ses lèvres de plus en plus provocantes.
- Tu es si douce, si chaude. J’ai encore envie de te posséder, mais plus fort est mon désir de te regarder.
Tendant le bras, il alluma. Il se redressa, la regarda amoureusement et parut se délecter de la nudité exposée à son regard illuminé d’un désir insatiable. Etourdi par tant de perfections réunies en une seule personne, il happa voracement ses lèvres. La fièvre avec laquelle il écrasait ses lèvres était contagieuse et le désir enveloppa de nouveau Cora, plus fort, plus ravageur. Elle sentait qu’il allait la posséder sans délicatesse, d’une manière différente de la précédente et elle l’acceptait. Leur seconde union fut brutale. Dean la marquait de son sceau. Soudés l’un à l’autre, ils connurent ensemble un fulgurant plaisir qui les laissa désorientés. Ils prirent ensuite une longue douche entrecoupée de baisers. Après s’être rhabillés, ils descendirent au parking où Dean proposa à la jeune fille de la raccompagner.
- Non Dean ! Je ne supporterai pas de te quitter devant le portail. Reste. Je prendrai un taxi. De plus j’ai besoin de repenser à tout ce bonheur qui me tombe sur la tête.
- Cora…
A son air, la jeune fille devina que le doute revenait en lui. Elle lui adressa un sourire tendre et lui effleura le menton.
- Dean, ne gâche pas ces moments merveilleux que nous venons de passer.
- Tu as raison mon amour. Je suis bête.
- Mais non, simplement bouleversé, comme moi aussi d’ailleurs.
A son retour à la maison, son père était depuis longtemps couché ; mais Cadia qui n’arrivait pas à trouver le sommeil suivait la télévision. En bonne mère, lorsqu’elle vit sa fille, elle sut tout de suite que quelque chose avait changé en elle. Un rayonnement intérieur irradiait son être et le visage reflétait un bonheur indescriptible.
- Bonsoir ma petite maman. Comment s’est passée votre journée ?
- Très bien. Mais tu rentres un peu tard !
- J’étais avec Dean.
A son intonation, Cadia devina tout ce qui n’était pas dit.
- Ah ! Andréa est déjà de retour du chevet de sa mère ?
- Je ne sais pas.
- Mais tu viens de me dire que tu étais avec Dean !
- Oui, mais à son bureau.
- Un dimanche ?
- Il avait un rapport à préparer.
- Vous étiez donc seuls ?
- Bien sûr. Il est normal qu’il n’y ait personne un dimanche.
- J’espère que vous n’avez pas fait des bêtises.
- Des bêtises ? Quel genre de bêtise maman ? Lança Cora en éclatant d’un rire clair.
- Steve t’a appelée à plusieurs reprises.
- Steve ?!
- Cela n’a pas l’air de te faire plaisir.
- Bien sûr maman. Je te laisse. Bonne nuit à toi.
Cora en chantonnant monta allègrement les marches menant à sa chambre sous le regard pensif de sa mère.
Lorsque Dean revint au domicile conjugal, sa jeune épouse venait à peine de rentrer.
- Comment va ta mère ? S’enquit Dean.
- Je crains le pire Dean ; elle va de plus en plus mal. Papa a écourté son voyage. Il est auprès d’elle ce qui m’a permis de rentrer. J’ai vraiment besoin de me reposer.
- Demain, dès la fin de la réunion je passerai à l’hôpital.
- Merci, répondit Andréa en se dirigeant vers la salle de bain.
Aussitôt déshabillé Dean se mit au lit. Il ne pouvait s’empêcher de penser à Cora. Que faisait-elle ? Pensait-elle à lui ? Eprouvait-elle aussi le même besoin de se retrouver près de lui ?
Il savait qu’à partir de ce soir sa vie ne serait plus jamais la même, qu’il ne pourrait plus se passer de Cora, de sa fraîcheur, de sa beauté, de sa manière si candide et si sensuelle de se donner à lui. Mais avait-il le droit de faire souffrir Andréa ? Surtout en ces moments où elle avait le plus besoin de sa présence à cause de la maladie de sa mère.
L’esprit torturé il se retournait sans cesse sur sa couche, incapable ne serait-ce que pour quelques secondes de garder les yeux fermés sans se revoir étroitement enlacé à Cora. Il demeurait immobile depuis quelques instants lorsqu’il sentit quelque chose lui effleurer le bras. Il repoussa violemment la couverture, l’esprit en alerte.
- Qu’as-tu mon amour ? Questionna Andréa médusée.
- Ah c’est toi ?
- Qui veux-tu que ce soit ? Tu as l’air troublé. Quelque chose ne va pas ?
- Mais non Andréa, c’est le manque de repos, la rassura Dean se sentant coupable de lui causer du souci alors que la maladie de sa mère l’accablait déjà.
Il savait que c’était à lui de la consoler, mais dû s’avouer qu’il aurait préféré se trouver à mille lieux de là, n’importe où, pourvu qu’il y ait Cora à ses côtés.
- Repose-toi, conseilla Andréa. Aimerais-tu que je te masse un peu pour te détendre ?
- Non, merci.
Mais câline, Andréa effleura le torse de son mari qui demeura immobile. Poursuivant ses caresses, elle saisit un de ses mamelons entre les doigts, certaine de le faire réagir. Mais elle en fut pour ses frais car doucement mais fermement Dean la repoussa.
- Ce n’est vraiment pas le moment Andréa. Tu as besoin de repos et moi aussi d’ailleurs.
- Dean, il y a près de deux semaines que nous n’avons plus fait l’amour. Tu ne trouves pas que c’est un peu long ?
- Oui, mais pas ce soir.
Dean se sentait très mal à l’aise de devoir priver Andréa de son droit le plus absolu. Mais ce soir, lui faire l’amour serait pour lui un supplice, un échec qu’il ne voulait ni s’imposer, ni à Andréa. Face au silence buté de son mari, la jeune femme sut qu’elle n’en tirera plus autre chose. Fair-play, elle proposa :
- Alors tiens-moi dans tes bras. Ce soir, j’ai vraiment besoin de ta chaleur.
Machinalement, il entoura les reins de sa femme d’un bras et ferma résolument les yeux. Un quart