CHAPITRE XII: DELIVRE-NOUS DU MAL...
Write by Chroniques Femmes Fatales
- Vous dites que Poupina s’est mise à marcher. Elle a paniquée et est partie en direction de la forêt ? récapitula la sœur Faustine. Tout le monde hocha la tête. - Cela fait combien de temps au juste ? La religieuse ne savait si elle devait rire ou se mettre en colère. Toutes ces personnes ne pouvaient pas mentir sur ce point. Elle était arrivée une heure avant, et elle avait trouvé le campement dans un capharnaüm total. Ils étaient tous à la recherche de Poupina. Son fauteuil était bien là, mais elle même avait disparu. L’évêque et le père Daniel arrivaient d’ici peu, tout était prêt, seulement personne n’avait la tête à faire la messe ou la fête avec tout ce qui se passait ici. Hier encore, la responsable lui disait que Poupina ne pouvait se lever, ses pieds étaient enflés, aujourd’hui on lui disait qu’elle avait retrouvé l’usage de ses jambes, c’était insensé. - Elle a disparu depuis six heures dix du matin, répondit la responsable. La sœur Faustine regarda sa montre, cela faisait plus de deux heures. - Personne n’a rien fait pour la retenir ? demanda à nouveau la sœur Faustine. Dans son état, je suppose qu’elle était psychologiquement instable. Le choc était puissant. - On la cherche partout, les villageois nous viennent aussi en aide, ils l’aiment bien Poupina. Même Richard est à sa recherche… - Qui est Richard ? demanda la religieuse. - C’est le petit fils de la fondatrice, répondit la responsable. Et le chef de ce groupe, depuis peu aussi, je crois qu’il a une histoire amoureuse avec Poupina. - Il faut retrouver Poupina très vite, fit la sœur Faustine de sa voix de chef. - Nous avons fouillé partout ma sœur, mais on ne la retrouve pas. - Peut être que ce Richard a retrouvé Poupina, et qu’ils sont ensemble, supposa la religieuse. Cependant, les autres ne sont pas de cet avis, ils s’éloignèrent du coté opposé pour fouiller aussi. - Si vraiment Richard a retrouvé Poupina, il serait revenu avec elle, dit Jane, quand ils furent loin des deux femmes. - Personne n’a vu Marina ? demanda Christelle. Elle sait sûrement quelque chose. Ils passaient devant le camping-car de celle-ci. Tous les autres étaient à la recherche de Poupina. Et ils se rappelaient tous de n’avoir pas vu Marina. - Ok, là on est en plein cauchemar. Poupina se remet à marcher, puis disparaît, Marina devient du jour au lendemain une sorcière, et disparaît à son tour. Si vous voulez mon avis, comme l’a dit Marina, le pire est à venir. Tous savaient que Jack avait raison. - Et si nous allions inspecter l’intérieur de ce camping-car ? proposa Christelle en entrant la première. Ils suivirent Christelle sans hésiter. Et en furent très surpris à l’intérieur. C’était sale et crasseux. Les lits étaient renversés, de l’eau sale ruisselait le long du sol, les écorces d’arbres et certaines herbes trainaient par terre. Tout le contraste des habitudes de Marina, toujours propre. - Toi qui était là hier, tu aurais dû nous dire à quoi nous attendre John, reprocha Jack, tout en faisant attention autour de lui. John semblait aussi dérouté qu’eux. - Je vous assure que c’était tout propre et respirait le parfum de Marina. Là, je ne reconnais même pas si je suis dans la bonne voiture. John fit un geste d’épaules. - Nous n’avons pas le temps de discuter décoration. Il faut chercher tout ce qui peut avoir un rapport avec Marina ou Poupina, dit Jane en déplaçant des objets encombrants. Je ne me demande aussi, où sont passé les colocataires de Marina. Sont-ils devenus aussi des sorciers ? - Probablement, au service de Marina comme d’habitude, répondit Christelle. - Pauvre Poupina, soupira John, je me demande où elle peut bien se trouver en ce moment. - Si nous on est en plein délire, je suis sûr que Poupina vit un enfer. *** Jack, ne savait pas à quel point il n’était pas loin de la vérité concernant Poupina. Ce n’était plus un simple rêve maintenant, Poupina savait que ce qu’elle vivait, était vraiment du réel. Elle était bien en enfer corps et âme. Elle était attachée sur le bûcher, les mains et les pieds liés. Autour d’elle, il y avait une chaleur intense. Poupina ne voulait pas ouvrir les yeux, c’était trop horrible ce qu’elle allait voir autour d’elle. Mais les cris des damnées enfer. Un froid s’empara d’elle, les cris de ceux qui l’entouraient s’intensifièrent. Tous criaient son nom, ricanaient sans cesse. Elle ouvrit les yeux, et poussa un nouveau cri d’horreur, un feu immense l’entourait. Près d’elle, une femme vêtue toute de rouge. Poupina reconnu la silhouette de Marina, mais elle savait que ce n’était plus Marina, juste son corps. - C’est la fin, pensa-t-elle en fermant à nouveau les yeux. Je vais mourir, et cette fois-ci c’était vraiment définitif. Tout devint du coup noir, elle ouvrit les yeux à nouveau. Les lamentations et des cris des âmes qui brûlaient dans le grand feu infernal, lui prouvaient qu’elle était bien en enfer. Elle avait cette sensation que le temps s’était arrêté, rien ne bougeait autour d’elle. Pourtant les cris devenaient de plus en plus nombreux… « Le lieu où le temps s’écroule lentement, pour faire ressentir toutes les souffrances que l’on doit endurer ». Voilà ce que lui avait dit la sœur Faustine, quand elle avait demandé ce qu’était l’enfer. Tout n’était que ténèbres. Marina se trouvait devant elle, elle avec une dague en main. Un ricanement se fit entendre. - Tu es dans le lieu où plus rien n’importe que tes souffrances, tu vas mourir, tout est fini pour toi ma fille, ce qui avait été promis, sera remboursé aujourd’hui. - Qui êtes-vous à la fin ? demanda Poupina en criant. Je ne vous connais pas. - Je savais bien que de l’union de ma sœur et son mari, naîtra cette personne que vous attendions tous, personne n’a voulu me croire, aujourd’hui, tout est là. Une enfant seule, indésirable, qui ne crée que des ennuis autour d’elle. Je savais que tu viendras à nous de toi-même. Personne ne t’aime, ils veulent tous d’une façon ou d’une autre que tu disparaisses, comme ça tu ne les gênerais plus jamais. - C’est faux ! Ils tiennent à moi, je le sais. - Tu ne crée que tourment et tristesse autour de toi. Tous te supportent, ils savent que sans eux, tu es perdue, et ce sera encore une forme de souffrance que tu vas les infliger. - Non ! cria Poupina, je ne te crois pas. Tu mens juste pour me faire souffrir. - Tu sais bien que non. Tu sais au fond de toi que ce que je dis, est vrai. Tu vois tout le temps de la tristesse dans les yeux de tes parents, de tes amis. C’est de ta faute ! Marina sourit, puis, posa son couteau. - Je vais te dire pourquoi tu as été choisie par nous. Tu es aussi mauvaise au fond de toi comme nous. Tu en veux à tout le monde parce que tu es comme ça. Tu en veux à ta sœur d’être la responsable de ton accident. Cela aurait dû être elle, et non toi. Et tu as raison. Souviens-toi de ce jour, elle courait devant toi, tu venais derrière, puis elle s’est arrêter pour arranger sa chaussure, et tu es passée devant elle, pourquoi ne t’a-t-elle pas retenue ? Elle aurait dû être plus prudente avec toi. Mais tu n’étais qu’un boulet pour elle. Poupina, ferma les yeux, c’était exact. Elle voyait la scène, elle revivait la scène devant elle. - Tu es des nôtres, on va te donner tout ce que tu veux. L’argent, le pouvoir, la beauté. Tu auras tout et plus même encore. Ce n’est pas un hasard si tu as recommencé à marcher en ce jour de ton anniversaire. Tu as cette aura qui attire beaucoup de personne. Elles viennent vers toi, et s’adaptent à toi. Cela va nous servir. Tout dépend de ce que tu vas décider, ils peuvent tous se retrouver à tes pieds. Tous ceux qui t’ont regardée de haut, vont se soumettre devant toi. Tu vas les mettre à tes genoux. Accepte juste que j’ai raison. Tu les hais tous autant qu’ils sont. Les larmes coulaient sur ses joues, Poupina ne pouvait pas s'arrêter, elle voulait que tout cela cesse, se retrouver en sécurité. - Je peux te donner ce que tu as toujours voulu Poupina. Une vie normale, avec tous les avantages. Tu pourras te lever, courir, danser, tenir la main de Richard en marchant tous les deux sur la route. Être désirée par tous les hommes qui te regarderont, cette fois, avec une envie. C’est toi qu’on enviera. Tu seras le modèle, l’idole de toutes les filles. Tout ce que tu as à faire, c’est de reconnaître que j’ai raison. Tu les hais tous, tu aurais aimé qu’une autre personne soit à ta place en ce moment, subissant tout ce que tu subis. Peut importe qui, mais pas tout. Pourquoi pas Dolive ? Elle est mauvaise, créé les problèmes à tout le monde. Dis-le, et je t’exauce. Poupina secoue négativement la tête. Elle refusait de penser à tout ce que lui disait cette femme dans le corps de Marina. - Tu es à nous, peut importe ce que tu décideras, mais le résultat sera le même. Toute ta vie, tu n’as fait que haïr tous ceux qui sont autour de toi, tu voulais être à leur place. Ton cœur regorge de tant de haine envers les humains. Tu n’acceptes pas que tu sois la seule différente de la place. Celle qui sort du commun. Avoue que j’ai raison. Sois sincère avec ce que tu éprouves. Tous te prennent pour une sorcière. Tu avais perdu l’usage de tes jambes, mais aujourd’hui tu marches. Ils n’ont qu’une hâte, partir loin de toi. Tu ne sais pas aimer, tu ne sais que te lamenter sur ton sort, et créer du souci à ceux qui veulent t’aimer. Tu devrais souhaiter que tout cela cesse. Ta vie ne vaut rien pour eux, mais je peux te soulager de toute cette rancœur envers le monde et ce qui l’entoure. J’ai raison n’est-ce pas ? - Assez… La voix de Poupina devenait de plus en plus faible, plus elle parlait. Elle suffoquait à cause de la chaleur. - Qu’as-tu ressentie ce matin, en te voyant debout ? Marcher de tes propres jambes, sans personne pour te pousser où t’accompagner ? Tu te sentais humaine et vivante n’est-ce pas ? Je peux faire en sorte que tout cela devienne vraiment réalité. Tu pourras courir partout où tu veux, sans plus besoin de l’aide quiconque. Tu seras libre ! Reconnais juste que j’ai raison, ce n’est en rien de ta faute, tu es juste la victime dans cette histoire. Ton handicap n’allait rien changer, au contraire, tout le monde y gagne. Tes parents t’envoyaient chez des soeurs, pour être aussi loin possible de toi, tu es leur honte. Ils ont honte de te présenter, ils savent tous que tu ne feras que les mettre très mal à l’aise. crois-tu qu’ils tiennent à toi ? L’image de son grand-père se forma dans la tête de Poupina. Il avait toujours été là pour elle. - Ma pauvre fille…C’est à cause de ton grand-père que tu te retrouves dans cet état. Il se moquait de savoir qui sera le sacrifice, peu importe toi où une autre personne, le but c'était de redonner cette vie sortie dans la vie. C’était de l'égoïsme! Poupina, pouvait ressentir l’haleine de Marina près d’elle. - Reconnais simplement qu’ils sont tous hypocrites avec toi. Qu’ils méritent tous de mourir, et toi d’être heureuse. Juste une seule fois heureuse Poupina. Tu n’auras plus à demander ce qui est bien ou mauvais, tu seras libérée de tout ce qui te rend triste. Je peux le faire… Les liens qui tenaient ses mains, se libèrent, ainsi que ce qui ligotait ses pieds. Elle se retrouva debout. Et dans sa tête, elle vit la main de Richard dans la sienne, ils couraient main dans la main, elle riait à gorge déployée. Elle se sentait heureuse, enfin le pur bonheur. A quoi bon mentir ? L’image devant elle, était son souhait le plus cher, ne plus penser à rien, et se contenter juste d’être heureuse avec l’homme qu’elle aimait. Tout ce que disait Marina, ou quiconque habitait en elle, était vrai. Elle haïssait le fait d’être la seule sur le fauteuil, elle haïssait de voir sa sœur courir partout et de porter les vêtements qui la mettaient en valeur. Elle voulait tout cela. Ne plus se cacher sur son fauteuil. Avoir enfin une vie normale, était son droit, et elle le réclamait pour une fois. Le feu la brûlait, elle se sentait consumer, mais ne savait pas comment l’éteindre. Poupina se mit à faire des pas sur le feu, rien ne la brûlait, elle sentait le pouvoir qu’elle pouvait avoir. - Tu te sens forte pas vrai ? Tu as l’impression de pouvoir soulever les montagnes n’est-ce pas ? Je te donnerai tout ceci, on marchera côte à côte. Tu seras près de moi, ensemble, on anéantira tous ceux qui ne veulent pas reconnaître ta beauté, on les fera tous tomber devant toi, ils te vénéreront telle une reine que tu es. Poupina leva les yeux vers la voix, et vit Richard placé devant elle. Son regard était plus brillant que d’habitude. Il y avait une lueur de flamme dans celui-ci. Il sourit et vint vers elle. - Tu seras à moi, à jamais. Personne n’osera plus te dire quoi que ce soit, ils ne verront que toi, tu seras ma reine, notre reine, et toi et moi domineront le monde. On les fera tous s’agenouiller devant toi. Ils plieront sous notre coupe. Je suis la personne que tu désires le plus, je le sais, je le sens. Richard fit les derniers pas qui les séparaient, et il la prit par la main, et l’attira vers lui. - Mon amour, tu peux être à jamais à moi, on peut être heureux. Et ni personne ni rien d’autre, ne viendra se mettre sur notre bonheur. Accepte-moi en toi, accepte ce bonheur, et on ne sera plus jamais séparés. Veux-tu être à moi ? Ses lèvres frôlèrent celles de Poupina. Elle sentit ce feu intense qui brûlait en lui. - Oui, murmura Poupina. Oui, je veux être à toi, je t’accepte en moi… A peine ces mots sortis de sa bouche, que Poupina sentit une grande douleur transpercer son coeur, elle s’écroula sur le sol, tandis que les flammes toutes rouges l’entouraient. Elle se consumait, et ne comprenait pas pourquoi. C’était douloureux, son âme brûlait. Elle avait l’impression qu’on arrachait son âme de son corps. Puis, tout d’un coup, elle se sentit projetée hors de son corps. Elle devint de plus en plus légère, elle comprit qu’elle n’était plus elle dans son corps. Elle voyait son corps se mouvoir, et faire des gestes alors qu’elle en avait plus le contrôle. Mais surtout elle remarqua des gens autour de son corps, Ils la vénéraient, elle comprit que ce n’était plus elle, mais quelque chose d’autre qui utilisait celui-ci. Pourtant, elle était sûre d’être encore en vie; mais pas pour longtemps, son âme sombrait au fur et à mesure qu’elle mourrait. Elle comprit soudain n’était plus du monde des vivants. Poupina comprenait tout, et voyait tout en même temps. Les images défilaient devant elle. Il lui fallut du temps, pour comprendre que c’était les brides de sa vie qui défilaient devant elle. Tout était mélangé, pas de passé, pas de présent, et encore moins de futur. Elle voyait juste des scènes défiler. Elle reconnut son père, sa mère, sa sœur et ses deux frères. Elle se voyait partout à la fois, chez les sœurs, mais aussi chez ses parents. Son père, qui était un homme joyeux, petit à petit, elle vit son sourire disparaître, derrière une barrière de tristesse qui ne le quittait plus. Elle pouvait voir la lueur triste dans le regard de son père, quand elle s’en allait s’enfermer dans sa chambre. Une larme coula sur la joue de celui. Alors, sa mère vint se placer près de son père, elle posa une main triste sur l’épaule de son mari. Dans une autre scène, elle vit sa mère pleurer à son tour, après qu’elle soit restée chez les sœurs. Elle vit encore le regard triste de sa sœur, quand elle refusa son aide pour monter sur le fauteuil. Devant elle, Poupina avait des scènes de sa vie qu’elle n’avait jamais vue. Soudain une autre scène s’imposa à elle. Elle reconnut son père, il donnait de l’argent à sa soeur, pour qu’elle aille acheter des friandises pour Poupina qui venait de faire une chute une chute, elle avait abîmer ainsi ses souliers. Cristal s’en alla, mais Poupina voulu aussi y aller, et pour cela, elle se mit à pleurer. Sa sœur la prit par le bras, et promit à son père qu’elles feraient attention aux voitures. Poupina se souvint que Cristal lui avait donné ses chaussures à elle, et avait porté celles qui étaient abîmées, et pour cela, il fallait tout le temps qu’elle s’arrête pour les réparer. Toutes les deux, arrivèrent près de la route, Cristal s’arrêta pour réparer encore une fois ses chaussures, et lui demanda de l’attendre, mais Poupina fit le contraire, elle se lança en courant vers la route sans attendre sa sœur. Et le pire arriva. Cristal se précipita vers le lieu du drame, en voyant sa sœur allongée sur la route, elle partit vers le chauffeur, et du haut de ses six ans, commença à asséner des coups au chauffeur, tout en pleurant. Puis, elle prit sa sœur entre ses bras, le choc n’avait pas été violent, pourtant Poupina n’ouvrait pas les yeux. Et quand leur père était arrivé, Cristal partit vers lui, elle ne cessa de répéter en pleurant, « Je suis désolée papa, je n’ai pas fait attention, c’est de ma faute ». Poupina voulait tellement consoler cette petite fille de six ans qui se sentait coupable de ce qui était arrivé à sa sœur. Ces larmes, Poupina les voyait certains jours dans les yeux de sa sœur, quand elle éloignait celle-ci d’elle pour s’enfermer dans sa chambre. Jamais ce sentiment de culpabilité n’avait quitté Cristal. Comme elle, Poupina voyait enfin que tout ce qui était autour d’elle, se sentait d’une façon de près ou de loin coupable de ce qui lui arrivait. - Tout est de ma faute… Elle voulut crier ses mots, pour que les personnes sur ces scènes puissent les entendre, mais aucun mot ne sortit. Les scènes se firent de plus en plus dans sa tête. Poupina voulut fermer les yeux, mais tout était dans son être. Elle vivait cela, elle ressentait cela, mais ne savait pas d’où cela provenait. - Si seulement j’avais mieux vécu, si seulement je pouvais tout réparer, si seulement, je les avais plus aimé, et que j’avais fait plus attention à eux…Tous ces mots que j’ai refusé de dire, tous ces gestes que je n’ai pas voulu voir, tout cet amour que j’ai refusé de donner. Tout cela pourquoi ? Aujourd’hui je meurs, et jamais ils ne sauront à quel point je les aime, et à quel point ils ont compté pour moi. Poupina se rendait compte qu’elle n’avait jamais été seule, il y a toujours eu une personne pour la protéger, la sœur Marie, sa famille, et ses amis. Tout devint clair dans sa tête, elle méritait le sort qui lui était réservé, sa place était vraiment en enfer. Elle devait brûler dans les flammes infernales, et ne plus jamais faire de mal aux personnes qui l’aimaient. - Si seulement ils pouvaient comprendre à quel point je regrette tout ce que j’ai pu causer comme peine. Je ne méritais pas tout cet amour donné. Je vous aime tant… Elle se sentit sombrer dans l’abîme… - Poupina, je suis là, fit soudain une voix qui venait de son cœur. Tu n’as jamais été seule, je ne t’ai pas abandonnée ma fille, et je ne t’abandonnerai jamais. Je te pardonne... Tout devint silencieux autour d’elle. *** Richard n’en pouvait plus de voir Poupina dans l’état où on l’avait placée. Elle était allongée sur un grand lit en bambou, ses quatre membres attachés, pour la maintenir, et l’empêcher de se lever. Il voulait tellement que tout cela cesse, que tout redevienne comme avant. Elle allait se réveiller, ouvrir ses yeux et afficher ce sourire qu’il aimait tant. Elle semblait si heureuse avec ce sourire. Il savait que c’était le souhait de tout le monde, assis dans cette église. Il se leva d’un bond, et sortit sous les yeux ahuris de tout le monde. Ses amis assis prêts de lui, se levèrent et le suivi dehors. Il était assis sur les herbes, les yeux rougis, il ne cacha d’ailleurs pas ses larmes. Jane et Christelle prirent place près de lui. Elles aussi pleuraient. - Je donnerai tout pour que Poupina ouvre les yeux, murmura Jack debout, en regardant la nuit qui tombait à l’horizon. - Je ne comprends pas pourquoi l’évêque et le père Daniel disent que ce n’est plus Poupina, c’est moi qui l’ai retrouvée tout de même ! Je sais reconnaître la femme que j’aime. Christelle posa une main sur l’épaule de Richard. - Tu as fait de ton mieux Richard. Tous ici, on ne savait pas par où commencer pour la retrouver, mais toi, tu as réussi à la retrouver. Cesse de te culpabiliser comme tu le fais. Tu n’y peux rien actuellement. Nous sommes impuissants. - Moi j’ai un arrière goût d’échec, fit John. J’ai l’impression d’avoir échoué ma mission. Je sais que je devais la protéger plus que cela, mais je n’ai rien fait. Ou alors, j’ai hésité à croire en ces forces obscures. Pourtant je sais, je sens que mon rôle prêt de Poupina était de la protéger, d’être là pour elle. Mais là… Il fit un geste dramatique avec ses mains, et prit place sur les herbes à son tour. Tous au fond d’eux, pensaient comme John. Ils avaient échoué. - Vous croyez qu’on pouvait vraiment l’aider ? Que notre destin était d’être avec elle, la protéger de je ne sais quoi ? Moi je crois que oui. Tous ensembles, on a réussi à lui redonner le sourire, je l’ai vu se transformer depuis le début. Alors que de nous lamenter, je propose qu’on aille plutôt prier pour elle, et faire en sorte que cet exorcisme réussisse. On retrouvera notre Poupina j’en suis sûre. - Dire qu’on était juste venus pour construire quelques bâtiments, c’est tout un mystère qui nous entoure maintenant, fit Jack en ouvrant la marche. Ils entrèrent dans l’église. Elle était pleine de monde, tous voulaient apporter leur soutien. Quelques heures auparavant, la famille de Poupina était arrivée, tous les mots qu’on leur avait dits, n’avaient en aucun cas soulagé leur peine, même pas le fait que leur fille avait à nouveau l’usage de ses jambes. Le père de Poupina ainsi que le reste de sa famille, ne faisait que pleurer, c’était triste à fendre l’âme. L’évêque avait installé Poupina devant l’autel, il disait que l’exorcisme devait commencer au réveil de celle-ci. - Je ne supporte pas tout ceci, fit Richard en se levant à nouveau. Mais Jane l’arrêta quand il passa devant elle. - Richard, tu devrais te calmer, reprends ta place et attendons. - Tu ne comprends donc pas ? Je ne peux pas la laisser endurer cela, je souffre. - Tout le monde qui est ici présent ressent la même chose, Poupina est notre amie à tous. Tu penses un peu à ce que sa famille assise devant là-bas, éprouve ? S’il te plaît reprends place. Richard s'assit et croisa les mains. Un vent violent fit battre les portes de l’église, l’évêque et le père Daniel entrèrent à ce moment précis. - Le démon se lève, dit l’évêque en s’adressant à l’assemblée. Que tous ceux qui ne croient pas en Dieu prennent la porte. Je ne veux pas de mécréants, encore moins de démons cachés sous l’apparence humaine. Alors, démons ! Où que vous soyez, je vous ordonne de sortir, laissez les enfants de Dieu. Il leva les mains vers l’assemblée, quelques secondes passèrent, puis des cris se firent entendre venant du fond de l’église. Quelques personnes se tenaient les têtes en criant. Ils sortirent de l’église en courant, tandis que l’évêque ne faisait que crier. - Sortez ! Au nom de Jésus, je vous ordonne de sortir de sa maison ! Ils se mirent à courir vers la sortie sous les yeux apeurés de certains qui n’en revenaient pas. Puis, un calme s’installa dans l’église. L’homme de Dieu alla se placer devant le corps de Poupina, et se mit à genoux. Puis, il fit un signe de la main. Le père Daniel, les moines et les sœurs qui étaient venues à cette occasion, se levèrent et allèrent les rejoindre à l’autel. Tous firent un cercle autour de Poupina, avec des bibles en mains. Tandis que les paroissiens se mettaient à genoux. L’évêque prit de l’eau bénie que lui tendait le père Daniel, et aspergea Poupina. Rien ne se passa. Il refit le même geste. - Je sais que tu es là démon. Je sais que tu es tapi en elle. Au nom de notre Seigneur Jésus Christ, je t’ordonne de te montrer, cria l’évêque, en versant une nouvelle fois de l’eau bénie sur Poupina. Cette fois-ci, le corps de Poupina bougea, et elle ouvrit les yeux. - Que me veux-tu homme de Dieu ? demanda-t-elle soudain. Toute l’église retint son souffle. Mais pour les proches de Poupina, ils surent que ce n’était pas elle. L’intonation de sa voix, n’était pas celle de Poupina. - Je veux que tu libères ce corps que tu possèdes ! Un ricanement jaillit de Poupina. - Et pourquoi le ferai-je ? Ce corps, m’appartient. Il m’a été offert en sacrifice, et je n’ai pas forcé cette petite à me le céder, elle l’a fait volontairement. Tu ne dois rien me réclamer homme de Dieu. - Si je te réclame l’âme de cette fille! Où l’as-tu mise ? - Là où elle devrait être, en enfer. C’est sa place là-bas crois-moi. Des pleurs de la mère de Poupina se firent entendre, son mari la serra fort, et quant à Richard, il serra ses poings. - Démon, tu n’es que fourbe et mensonge. Je ne crois pas un seul mot. Dis-moi qui tu es, qui t’envoie ? - Je suis celle qu’on invoqué cinquante ans plus tôt. Et à qui on a promis un sacrifice. Ce sacrifice, je le réclame, il est mien! - Tu n’as pas le droit de réclamer un enfant de Dieu. Un grognement la secoua.
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