Chapitre XVIII

Write by Tiya_Mfoukama

Chapitre XVIII


« —Bonjour la compagnie ! Désolée du retard. je dis en allant leur faire la bise à tour de rôle.

—Une chose qui n’a pas changé. rétorque Héritier. »


Je ne sais pas s’il s’agit d’un pic à l’endroit d’Emeraude, ou d’une boutade à mon endroit, mais je décide d’opter pour la seconde option.
Je lui réponds en lui tirant la langue puis prends place en face deux.
C’est une sensation assez étrange, que j’essaie de dissimuler. Je me suis habituée à voir Emeraude aux côtés de Jesse. La voir éclater de rire quand il lance une blague absolument pas marrante, picorer dans son assiette et parler avec lui à travers de simples œillades. 
Ouais, je me suis habituée à ça et aujourd’hui, elle la voilà aux côtés d’Héritier….

« —Alors ? Quoi de neuf madame …. C’est quoi le nom de ton mari ?
—Connard. je réponds sans réfléchir.
—Oh.
—Désolée. je me reprends. Il…il m’a énervée hier soir et je l’ai encore en travers de la gorge mais ça va aller. Bref, pour répondre à ta question il s’appelle Buaka. Dylan Buaka.
—Okay madame Buaka. Et ça se passe bien entre vous ? Hormis ce qu’il t’a fait hier je veux dire.
—Oui. j’affirme en hochant la tête. Ça va.
—Je t’avoue que ça en a surpris plus d’un quand on a appris que tu t’étais mariée ! »

J’imagine sans mal la surprise, tant j’ai moi-même étais surprise par ce mariage…

« —En tout cas, si tu es heureuse et qu’il te traite bien, et ça a l’air d’être le cas, je suis content pour toi.
—Merci Héritier. je marmonne presque, gênée…. On commande ? »

Depuis son arrivée, Héritier demande à me voir mais je trouvais toujours une excuse pour ne pas répondre à ses invitations. Principalement à cause de Jesse et Dylan. Jesse parce que j’ai fini par m’attacher à lui et sa simplicité. Et Dylan parce que j’avais l’impression de jouer les traitres. Ce qu’il se passe entre lui et moi et déjà assez complexes et confus, je ne voulais pas en rajouter une dose. 
Sauf que ce n’était pas juste pour Héritier. Je l’ai connu bien avant eux et par égard pour l’amitié que nous avons tous les deux, je me devais de venir. J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai répondu présente pour le déjeuner.

« —Rohhh, c’est encore qui ça. grogne Emeraude en prenant son téléphone. Oh non, c’est le boulot. Je reviens. Allô… »

Elle s’éloigne de la table nous laissant Héritier et moi un peu dans un moment de flottement…

« —Alors ? »

Nous le disons en même temps, et nous mettons à rire, face à nos comportements, surtout moi.

« —Alors Paris, c’est comment ? je reprends en décidant d’être moi.
—C’est toujours pareil. C’est la même météo ; Printemps Eté Automne, Hiver, et la même rengaine, métro-boulot-dodo.
—Mais t’as pas une voiture ? je demande faussement niaiseuse 
—Façon de parler. il rétorque en rigolant.
—Je sais bien, je te taquine.
—Et toi ? Brazza c’est comment ? Ça se passe bien ? 
—Ouais, plutôt bien. Je bosse, je sors, je roule dans la ville, je vis quoi !
—Ils t’ont laisse conduire ici ? il m’interroge avec de gros yeux.
—Ils n’avaient pas le choix. je réponds en éclatant de rire. J’en avais marre de devoir compter sur mon chauffeur pour organiser mes sorties, et Dylan a fini par être saoulé de devoir venir me récupérer à chacune de mes sorties nocturnes. Et comme il ne voulait pas me prêter sa voiture, il m’en a acheté une. Un vrai radin qui n’aime pas partager. Voila l’histoire. »

J’éclate de rire à la fin de mon récit en me rappelant les paroles de Dylan avant de me donner les clés de ma voiture alors que je sautillais comme une enfant.

« —Fais attention avec, évite de rentrer dans une voiture, un mur ou tout autre chose. Evite les collisions tout court. Je veux pas entendre dans une semaine qu’elle a un souci. 
—Oui !
—Je ne plaisante pas Tiya ! Ta manie de tout casser en moins de trois semaines, tu vas pas la faire vivre avec cette voiture ?
—Oui, oui, oui ! Allez donne moi les clés!
—Tiya, j’espère que… »

J’avais réussi à attraper les clés et je courrais déjà vers la place du conducteur pour rentrer dans ma Prado. 

« —Ça te va bien le mariage. il balance tout de go, ce qui me fait reprendre mon sérieux.
—…..
—Je n’ai pas voulu réagir tout à l’heure mais Buaka c’est aussi le nom du type avec qui elle était, non ? »

J’acquiesce légèrement de la tête, avant de me passer une main dans les cheveux, gênée.

« —Pour être honnête avec toi, je t’en ai un peu voulu. T’étais celle sur qui je comptais pour me la garder et tu savais mieux que quiconque que je n’avais pas l’intention de mal faire les choses avec elle. Elle méritait pas que je lui offre un simple mariage. Elle méritait beaucoup plus, et c’est la raison pour laquelle j’ai attendu. Je voulais l’honorer devant sa famille, lui montrer à quel point elle compte pour moi, ce que j’étais prêt et je suis encore prêt à faire pour elle. 
—….
—Je suis venu pour la reconquérir et je compte faire tout ce qui est en mon possible pour repartir avec elle. Ça prendra le temps que ça prendra, mais je repartirai d’ici avec ma femme. Tu comprends.
—….Oui… »

J’ai le cœur serré en l’écoutant parler, mais surtout en prenant conscience du dilemme dans lequel se trouve Emeraude. Elle a officiellement mis un terme à sa relation avec Jesse mais je sais qu’elle pense encore à lui et qu’elle hésite encore à retourner avec lui. Malgré le fait qu’elle m’ait averti du retour d’Héritier, nous n’avons pas réellement eu le temps de parler toutes les deux comme auparavant. Le boulot et la vie…

Emeraude finit par nous rejoindre, et je masque toutes les émotions qui me traversent par un énorme sourire et des éclats de rire durant le déjeuner. C’est ensuite la pile de dossiers qui m’attend qui prend le relai, jusqu’à ce que je décide de rentrer…

*
* *

J’ai coupé le moteur depuis une dizaine de minutes, mais je reste assise dans ma voiture, le téléphone visé à l’oreille, écoutant les derniers épisodes que j’ai ratés dans la vie d’Emeraude et qu’elle n’avait pas pu me dire jusqu’ici. Je suis totalement épuisée et n’aspire qu’à trois choses ; me doucher, manger et dormir, mais ce serait utopique de croire que je réussirai à faire les trois. 

« — Qu’est-ce que tu comptes faire ? Je lui demande en m’enfonçant un peu plus dans mon siège.
—Je sais pas encore….. Je suis totalement perdue, et si je ne réagis pas assez vite, je risque de les perdre. Tous les deux. »

Au son de sa voix, je comprends que cette histoire l’affecte énormément, mais je ne sais pas comment l’aider. Je ne peux pas lui conseiller d’en laisser un et de prendre l’autre. Si j’étais amenée à choisir, je ne saurais d’ailleurs pas lequel je prendrais. Héritier et Jesse sont tous les deux de parfaits conjoints à mon sens, même s’ils ont leurs défauts. Mais j’ai pu voir leur apport dans la vie de mon amie. Au coté de l’un comme de l’autre, elle parait épanouie, rayonnante et aimée. Ils s’attèlent, chacun à leur façon, à faire ressortir le meilleur d’elle-même et rien que pour ça, ils mériteraient tous deux d’être choisis.

« —J’imagine que ça doit être extrêmement délicat comme choix. je dis dans un murmure, plus pour moi-même »

Imaginer. C’est tout ce que je peux faire, en amour, je n’ai jamais été dans une configuration comme la sienne. Probablement parce qu’il ne m’est pas encore arrivé de rencontrer des hommes comme Héritier ou Jesse. Des hommes qui me donneraient envie de dépasser mes craintes, des hommes qui me donneraient envie de les laisser entrer dans ma vie, des hommes qui me donneraient envie de leur laisser mon cœur. Non, des hommes comme eux, je n’en ai pas encore rencontré.

« —T’es toujours pas rentré ? me demande-t-elle comme pour changer de sujet.
—….Non, pas encore. J’arrive pas à quitter mon siège…. J’ai l’impression de peser des tonnes.
—Ma chérie….Tu pèses des tonnes. Ricane-t-elle.»

C’est bon de l’entendre rire, et ça me donne de l’énergie. Assez pour me glisser en dehors de mon véhicule et arriver devant la porte d’entrée.

« —Emeraude, on se connait depuis le jardin d’enfance et tout ce temps passé à tes côtés m’a appris une chose sur toi, tu sais toujours faire le bon choix. Je sais que cette fois également, tu ne dérogeras pas à la règle. Je lui dis en insérant ma clé dans la serrure.
—Merci de croire en moi plus que moi-même.
—Et on peut parier tout ce que tu veux que tu réussiras à me montrer que j’avais…. Euh, Emo, je te rappelle.»

Je raccroche sans lui laisser le temps de placer un mot, et contemple la table de la salle à manger d’un regard perplexe. A défaut d’avoir le temps de préparer, ma quiche de la veille ayant été un vrai désastre, je voulais prendre un fruit histoire de ne pas dormir le ventre vide, mais je ne m’attendais pas à trouver la table dressée pour deux personnes. 
Ce n’est pas comme si j’avais à faire à une décoration époustouflante mais, il y a quand même une belle vaisselle de sortie, des bougies allumées, et cet air intimiste qui laisse penser à un diner aux chandelles.

« —Ah, enfin tu es sortie de ta voiture ! me lance Dylan, en sortant de la cuisine, un plat à la main.
—Qu’est-ce qui se passe ? 
—Comment ça ?
—Pourquoi ce diner ? Qu’est-ce qu’il se passe? »

Il fronce des sourcils, l’air de ne pas comprendre ce que je dis et tout en déposant son plat sur la table me dit :

«—Arrête de voir le mal partout, je nous ai simplement concocté un diner. T’as le temps d’aller te débarbouiller, le plat sera prêt dans une dizaine de minutes »

C’est à mon tour de froncer les sourcils. 
Hier soir, nous nous sommes pris la tête, puis nous nous sommes endormis sans arranger les choses et encore ce matin, nous nous ignorions royalement lorsque nous nous croisions et ce soir, je rentre et le découvre en cuisinier, comme si de rien n’était, que tout allait bien et je ne dois pas trouver ça étrange ? 

« —Je nous ai simplement préparé un repas. répète-il. Maintenant si tu n’as pas envie de prendre une douche, on peut directement passer à table. »

Suspicieuse, je monte quand même dans ma chambre prendre, un douche et redescends une demi-heure plus tard, toujours dans le même état d’esprit, vêtue de ma nuisette que je cache sous mon peignoir.

« —Heureusement que je t’ai dit que le plat serait prêt dans dix minutes. lance-t-il un sourire moqueur aux lèvres.
—Désolée. je réponds en prenant place sur la chaise en face de lui. »

Étrangement, ce soir, il n’y a pas d’animosité entre nous comme on pourrait s’y attendre. Il passe la soirée à jouer à l’hôte intentionné, anticipant mes moindres demandes, faits et gestes. Ce qui accentue ma curiosité… 

« —Qu’est-ce qu’il y a ? me demande Dylan en me servant une seconde part du gratin qu’il a préparé.
—Rien, j’essayais de comprendre pourquoi tout ça ? Ce n’est pas dans tes habitudes.
—Ah-Ah….. »

Il se contente de rire, balayant question d’un revers de main, puis nous poursuivons le reste de la soirée dans une ambiance bon enfant, tout en nous taquinant, et en parlant de tout et de rien. Moi qui étais pourtant fatiguée en entrant, j’ai senti la fatigue me quitter au fur et à mesure qu’avançait le diner. 

« —La salade et la vinaigrette n’était pas mal, le gratin non plus. Et pour le dessert tu as prévu quoi ?
—Une salade de fruits, histoire de te faire digérer un peu. me dit-il avec un sourire espiègle. »

Je lui balance ma serviette au visage et s’en suit un petit moment de chahut, mais toujours bon enfant. A nous voir, on n’imagine pas les débuts catastrophiques de notre relation à nos débuts et encore moins les non-dits qui planent au dessus de nos têtes, depuis que nous avons décidé de passer à autre chose. Pourtant, ce serait pas mal, que l’on éclaircisse la situation. Ça nous permettrait de savoir où l’on est et où on va. Et ce soir, tout en aidant Dylan à débarrasser, je prends la même décision qu’à chaque fois que nous nous retrouvons ensemble, celle de ne pas chercher de réponses à tout ces non-dits.

« —C’est un gâteau au chocolat ? je lui demande la tête penchée vers le four.
—Curieuse, c’est pour ça que tu m’as proposée ton aide ?
—Ah ! Tu pensais vraiment que c’était un geste altruiste ? »

Il me fait sortir de la cuisine à coups de torchon, et je me retrouve à patienter un verre à la main.

« —Mais tu ne m’as toujours pas répondu. Pourquoi ce diner ? Je l’interroge alors qu’il est de retour avec le gâteau.
—Maintenant que le diner est terminé et que tu m’as dit ce que tu en pensais, je peux te dire la vérité ; je voulais te montrer que je sais préparer et mille fois mieux que toi. Ta quiche, c’était l’horreur de trop ! il lance fier de lui.
—C’est bas ça, très bas. D’ailleurs, c’était pas si bon que ça. je dis de mauvaise foi. La sauce qui accompagnait ta salade était un peu trop aigre et le gratin trop cramé sur les bords pour ne pas dire carbonisé.
—Dit-elle après s’être servie deux fois.
—C’était pour ne pas te vexer.
—C’est ça….J’ai bossé de la maison aujourd’hui, sachant que tu rentrerais tard et que Murielle n’était pas là, je me suis laissé entrainer dans la cuisine. 
—Hum…. Okay. Je dis en détournant le regard.
—….. Et puis je voulais aussi m’excuser, pour hier soir. J’avais pas à tenir de tels propos sur Emeraude et encore moins te demander des comptes.
—Okay.
—Je suis pardonné ?
—Pour hier oui, mais certainement pas pour avoir autant médit sur ma quiche. Elle était juste un peu trop salée ! »

Il éclate d’un de ses rires francs, qui arrive à me tirer un sourire, mais je m’efforce de ne rien montrer. Je me rembrunis puis accoudée à la table, mon verre dans une main, je regarde avec envie le gâteau qui se trouve sous mon nez.

« —Où sont les couverts et les assiettes ? 
—Quand t’es sortie de la cuisine tu ne pouvais pas les prendre ? 
—….
—Bon, j’ai tout fait de la préparation au service sans rien te demander, pour les couverts, tu peux faire l’effort de te lever non ?»

Pour toute réponse, je me contente de couper avec mes mains de petites parts de gâteau que je porte à ma bouche. L’heure n’est absolument pas appropriée pour se faire ce genre de petits plaisirs mais c’est tellement bon, et je ne sais pas résister. Je dois avoir le même air que les gamins devant une boutique de bonbons. D’ailleurs, je sens les regards moqueurs de Dylan sur moi, mais ne m’en offusque pas, bien au contraire. 
L’ambiance aussi a changé, le côté intimiste s’est intensifié, les flammes des bougies semblent s’atténuer, comme si elles pressentaient que leur éclat allait être de trop. 
Je coupe une autre bouchée de gâteau, toujours avec mes doigts et la lui propose.

« —T’en veux ? »

Il incline sa tête vers moi et ouvre la bouche. J’y glisse la bouchée, et mon index se retrouve capturé entre ses lèvres. 
Je le retire, lentement, puis réitère l’opération. Cette fois, je fais courir mon pouce sur ses lèvres avant qu’il ne le capture.
Dans un silence apaisant, je nous nourris de cette façon, jusqu’à ce que j’estime que c’en est assez.

« —J’ai faim. Murmure Dylan»

Je n’ai pas besoin de lever la tête du plat où est le reste du gâteau pour comprendre qu’il ne me parle pas, de ce genre de faim. J’en ai la confirmation lorsque je lève mes yeux vers lui et rive mon regard au sien. Il est pétillant et brulant de désir. 
D’humeur taquine, et pour me venger un peu de la veille, je fais semblant de ne rien comprendre et picore des petits bouts de gâteau, tout en continuant à discuter avec lui. Aux réponses qu’il me donne, les inflexions de sa voix deviennent de plus en plus graves, et étouffées.
Et alors qu’il est en train de m’expliquer la façon dont il a procédé pour réaliser le gâteau, je fais glisser ma culotte le long de mes jambes et la pose sur la table.
Il la regarde en souriant, puis il continue son explication et moi je termine mon verre.
Une fois vide, je me lève de la chaise, et vais m’asseoir au bord de la table, en face de lui, même si ce n’est pas vraiment mon visage qui lui fait face. Sans dénouer mon peignoir, je tire sur les pans afin de pouvoir remonter ma nuisette au dessus de mes cuisses. 
C’est pour nous rappeler à lui comme à moi, que l’on ne s’appartient pas, que l’on n’a pas tout de l’autre.

Personne ne parle. On ne parle pas beaucoup dans ces moments là, mais aujourd’hui c’est différent. J’aurai aimé qu’il parle, dise quelque chose. 
L’atmosphère qui nous enveloppe est bien trop différente des ces fois où nous avons couché ensemble. Elle n’est pas électrique, emplit de désir bestial, sauvage, et de sexe. Non. Elle est doucereuse, pleine de désir mais un désir amoureux… Non. Non, elle est pleine de désir mais je ne sais pas la qualifier…

Dylan se lève de sa chaise, tire sur le ruban de mon peignoir, puis me le retire, avant d’en faire autant avec ma nuisette. Il se rassoit et après avoir parcouru mon entre-cuisse de petits baisers, se met à embrasser mes lèvres intimes. Comme s’il s’agissait de mes lèvres. Je l’observe pendant quelques minutes, avant de basculer ma tête en arrière, pour mieux appréhender le plaisir qui monte en moi.
Je pousse des soupirs d’aise de plus en plus longs, tout en essayant de garder en mémoire qu’il ne s’agit que de sexe entre lui et moi. Mais je n’y arrive pas. Pas ce soir. Tout semble différent. Trop différent. De son attitude, à sa façon de faire.

Je me laisse choir sur la table, haletante, les jambes pantelantes et le corps encore parcouru de soubresauts. Les yeux clos, je tente de retrouver un rythme cardiaque régulier, et quand je pense enfin l’avoir trouvé, j’ouvre mes yeux pour plonger dans les iris marron des siens ; il se tient au dessus de moi. Je vois toujours autant de désir dans son regard, si ce n’est plus. Faiblement, j’entoure mes mains autour de son cou et noue mes jambes à ses reins, le laissant nous transporter jusqu’à sa chambre.

*
* *

« —T’as un programme de prévu pour aujourd’hui ?me murmure Dylan à l’oreille. »

Je ronronne encore, les yeux clos savourant les ses caresses légères sur mon dos nu.
Oui j’ai un programme, plus que détaillé. Il consiste en deux choses : dormir jusqu’à midi, manger, puis revenir dormir et me réveiller pour manger. Et je lui en fais part.

« —Pourquoi ? 
—Hier, je suis passé chez ma mère et elle m’a fait remarquer que je n’étais pas allé la voir depuis un moment. Je pensais y retourner aujourd’hui et je pensais qu’on…on pourrait y aller ensemble. »

Non !Non ! Non et non !
Ce serait comme, comme rentre encore plus réel et plus vrai cette union. La rendre légitime aux yeux de monde et surtout aux miens. Je me sens étrange après la nuit que nous avons passée et l’enchainer avec une rencontre familiale finirait de me troubler…

« —Je…
—Te sens pas obligée, c’est…
—Okay. je m’entends dire. »

Puis je me tourne vers lui, et ouvre enfin les yeux pour le voir sourire.

« —Je te laisse dormir et reviens te réveiller dans une heure. »

J’acquiesce en hochant la tête, puis referme mes yeux.

Deux heures plus tard, je suis en train de me demander qu’est-ce qui m’a pris de dire oui quand nous arrivons chez ses parents. Je stresse comme si c’était la première fois que je les rencontrais et que ma vie future allait dépendre de cette rencontre, ce qui est totalement absurde. 

« —Qu’est-ce qu’il y a ?
—Tu penses pas qu’on aurait du venir avec des trucs ? Du vin, des pagnes, de la nourriture…
—Un de tes plats. il marmonne un sourire en coin. »

Je le frappe aux côtés et il éclate de rire avant de m’enlacer la taille et m’embrasser. C’est le moment que choisi sa mère pour faire son entrée. 

« —Je vous regarde depuis tout à l’heure et je comprends enfin pourquoi on ne vous voyait pas ici. »

Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?

Les jeux du destin