Chapitre XXII
Write by Tiya_Mfoukama
Chapitre XXII
-Alors ? Qu’est-ce que tu as décidé ? Me demande Kala en pliant mes vêtements.
-….
Je reste silencieuse pendant un moment, la regarde plier les vêtements qu’elle m’a ramenés il y a quelques jours. Il n’y a pas grand-chose et je n’ai pas tout utilisé. Presque tout est resté dans le trolley qu’elle m’a aussi ramené.
J’observe la façon dont elle plie les vêtements, différente de la mienne. Elle rabat les manches vers l’intérieur puis plie le vêtement sur lui-même tandis que moi, je prends le temps de le défroisser en le secouant plusieurs fois, puis je l’étale sur une surface plate avant de passer ma main dessus pour enlever tous les plis et je rabats la moitié de chaque côté du vêtement vers l’intérieur avant de plier les manches et rabattre une dernière fois le vêtement sur lui-même.
Nous utilisons deux techniques différentes, mais au final, nous nous retrouvons avec le même résultat. Un peu comme dans la vie.
L’après midi où elle est venue nous voir Mewani et moi, a été riche en émotion.
Ni l’une ni l’autre ne voulions discuter, nous avions juste besoin de la présence de l’autre. Alors, c’est ce que nous avons fait, nous avons été présentes l’une pour l’autre. En silence, mais présente.
Ce n’est que le quatrième jour, que nous avons fini par discuter. Du passé, du présent et surtout de ce que l’on a manqué dans nos vies respectives.
Je me souviens m’être dit, des mois au paravent que mes relations avec Kala, si tant est que j’en retrouvais, ne seraient plus les mêmes, je serai plus réservée et réfléchirai à deux fois avant de dire quoi que ce soit. Mais parler avec elle me manquait. Lui faire part de mes impressions, de mes craintes de mon mal-être me manquait. Terriblement. Alors je me suis confiée à elle. Avec plus de difficultés qu’avant, et sans vraiment tout lui dire, mais je me suis confiée et ça m’a fait du bien.
Elle en a également fait autant, et c’est ainsi qu’on a remarqué qu’il y avait d’énormes similitudes dans nos vies, nos foyers instables, nos peurs, nos doutes, nos échecs.
C’est triste, mais c’est dans la tristesse que nous nous sommes rapprochées.
-Est-ce que je peux te donner mon avis ?
J’acquiesce en hochant la tête avant de tourner mon regard vers la vitre et regarder les patients marcher avec leur accompagnateur dans le coin détente de la clinique.
-C’est vrai qu’il a eu comportement et des propos impardonnables. Moi aussi je les ai entendus lorsque j’ai annoncé à… Enfin tu sais qui que j’étais enceinte, et je sais que ça fait mal mais ce n’est pas une raison pour refuser qu’elle porte son nom et qu’il lui donne un prénom. Vous êtes mariés donc que tu le veuilles ou non, elle aura son nom. Maintenant, en ce qui concerne le prénom, même si toi, tu ne veux pas qu’il lui en donne un, il a le droit et de toute façon, il a déjà fait valoir son droit. C’est son père, combien même il a agi en salopard durant toute ta grossesse. Tu devrais renoncer à l’idée d’aller en justice et te réjouir qu’aujourd’hui, il veuille autant la reconnaitre. Vaut mieux tard que jamais, et entre nous, on ne peut pas dire qu’il est trop tard.
-…
-Ne laisse pas la colère t’envahir et dicter tes actes.
Je ne laisse rien dicter mes actes, mais je regarde la situation de façon pragmatique. Il a clairement dit qu’il n’en voulait pas ! Il a agi comme si elle n’allait jamais voir le jour et maintenant, je dois le laisser l’approcher, lui permettre de lui donner un prénom et le laisser la montrer comme un trophée, tout ça sans broncher alors qu’il n’a rien fait pour elle ? Non, je ne peux pas, je ne peux pas !
-Une dernière chose : Ne pense pas à toi et au mal que ça te fait, mais à ta fille et au mal que ça lui fera. Tu es bien placée pour savoir ce que l’on ressent dans ces moments là. Puis je te rappelle que tu m’as dit avoir accepté ce mariage pour offrir à ta fille une vie de famille stable.
-Ca c’était avant. Avant que je ne me rends compte de ce qu’il était capable de faire !
-Mais qu’est-ce qu’il est capable de faire ? S’occuper de sa fille ? C’est tout ce qu’il y a de plus normal étant donné que c’est son enfant. Ne regarde pas son attitude durant ta grossesse mais plutôt celle qu’il a aujourd’hui, alors qu’elle est là ! Il veut être là pour elle, alors laisse-le être présent.
Un rire sec et rauque s’échappe de ma gorge lorsque j’analyse la situation.
Qui aurait cru qu’un jour Kala prendrait la défense de Shomari ? Certainement pas moi, encore moins elle-même. Et pourtant.
« Bizz, bizz »
C’est le téléphone de Kala, posé sur la table de chevet qui vibre fortement. Un appel sûrement. Elle tend sa tête au dessus du téléphone puis appuie sur la touche éteindre avant de se remettre à plier. Ce qui me donne une vague idée de la personne qui a cherché à la joindre.
-Et toi, qu’est-ce que tu as décidé ?
-Qu’est-ce que j’ai décidé par rapport à ?
-Serge et votre mariage ?
-.. Je t’ai déjà dit ce qu’il en était et ma décision n’a pas changé depuis. Il m’a épousée parce que j’étais enceinte mais aujourd’hui, l’enfant n’est plus alors je ne vois pas de raisons de rester mariés ! Il pourrait se trouver une femme qu’il aime et qui l’aime également, au lieu de rester avec moi.
-Mais tu sais qu’au-delà de l’aide qu’il voulait t’apporter par rapport à ta grossesse, il avait également des sentiments pour toi.
-…
-Et puis, tata Augustin va parler. Il ne vous laissera pas divorcer après moins d’un an de mariage !
-Je lui expliquerai ce qu’il en était réellement
-Tu lui racontera réellement la vraie histoire ? Ta liaison avec …, l’enfant et tout le reste
-S’il le faut oui. J’en ai assez de mentir. C’est mon père et il devrait m’accepter tel que je suis. Avec tous mes défauts. Et s’il ne peut pas alors, je n’y peux rien.
-….
Soupir.
Encore une fois, Kala fait preuve d’un courage que je n’ai pas. Je ne sais pas si moi, j’oserai le faire. Surtout quand je pense aux répercutions.
Toutes ces histoires m’épuisent, me vident de mon énergie.
-Voilà. Ta valise est prête, il ne te reste plus qu’à l’attendre
-On va y aller.
-Mayéla…
-Je suis fatiguée, j’ai besoin de me reposer et je ne vais pas attendre qu’il daigne se souvenir qu’on est là !
-Tu l’as appelé ?
-….
Non, et je ne comptais pas le faire. J’en ai assez de lui mâcher tout le travail et de me prendre par la suite toute sa verve acerbe. C’est comme si, je lui donnais constamment le bâton pour me faire battre.
Il veut être un père présent pour Mewani ? Soit, mais qu’il ne compte pas sur moi.
-Mayéla !
-Ce n’était pas à moi de l’appeler ! Mais à lui ! Il est le père de Mewani, non ? En tant que tel, c’est son rôle d’appeler pour s’enquérir de l’état de sa fille et savoir comment va se dérouler la suite !
-Okay, tu fais comme tu veux, mais n’oublie pas que tout ce que tu fais auras des retombées sur ta fille.
-….
-Je vous dépose ?
-S’il te plait oui.
Je voudrais rentrer chez moi, fermer le portail, tirer les rideaux de chaque pièce pour me retrouver dans la pénombre, puis allumer quelques bougies parfumées, lancer ma playlist préférée puis profiter de la mélodie avec ma fille dans mes bras, la cajoler, lui faire pleins de bisous. Mais au lieu de ça, je vais me retrouver chez Shomari, dans cette chambre que je ne considère pas comme la mienne, dans cette maison où je ne suis qu’une étrangère qui doit s’accommoder aux règles de vie de la-dite maison.
Nous arrivons assez vite chez Shomari, et Kala m’aide à arranger mes affaires et prendre mes marques avec la petite.
Je suis restée deux semaines à l’hôpital, à cause de quelques complications pour moi et une jaunisse pour Mewani. Les infirmières étaient très présentes et m’ont beaucoup facilité. Même si maman devrait arriver demain pour rester un mois avec moi, je veux quand même me dire qu’en étant seule avec ma fille, je n’aurais aucun mal à m’occuper d’elle.
-C’est sympa ici ?
-Humm, c’est pas mal ouais.
La pièce est très épurée, dans les tons taupe, et gris, beige et blanc cassé. Pas si chaleureuse que ça, et je n’ai apporté aucune modification pour améliorer son rendu. Je n’ai pas l’impression d’avoir le droit de la modifier.
-Tu ne trouves pas que son berceau est trop loin de ton lit? Me demande Kala.
-Je suis plus certaine de vouloir la faire dormir dans un berceau, elle peut rester avec moi, dans mon lit.
-Très mauvaise idée, quand elle sera plus grande, ce sera difficile pour la faire dormir dans son lit.
-Ce n’est pas un souci, je veux bien qu’elle dorme avec moi jusqu’à ses 28 ans, au moins. Ai-je souri en caressant du bout des doigts la petite frimousse de ma crevette.
J’offre mon plus beau sourire à Kala qui me regarde d’un air dépassé. Ce que je ne comprends pas.
Ma crevette à le droit de dormir avec moi non ?
-N’importe quoi ! Lance-t-elle en déplaçant le lit de Mewani vers mon lit.
-On dirait que maman Elodie va avoir gain de cause. Murmuré-je à l’oreille de Mewani
-C’est quoi le rapport avec Elodie ?
-Oh, elle a dit la même chose que toi lorsqu’on est parties choisir le modèle du berceau. Elle disait qu’elle n’allait pas dépenser une grosse somme pour que sa fille dorme avec moi dans le lit.
-Ah. C’est elle qui le lui a offert ?
-Oui, comme une bonne partie de tout ce qui est ici. L’autre partie étant des cadeaux de ya Taliane.
-… C’est gentil de leur part.
-Humm. Dieu m’a vraiment fait grâce en les mettant sur mon chemin.
-… Je n’en doute pas.
Et puis c’est grâce à elles qu’aujourd’hui, nous arrivons à parler aussi bien, ajouté-je intérieurement. Malgré tout ce qui a été dit et fait Elodie, n’a pas arrêté de me répéter que la famille était importante, que le pardon l'était également et qu’il faudrait qu’un jour, je m’assieds avec elle.
Tout n’est pas réglé entre nous, et ce n’est pas en deux semaines que tout ce réglera mais, on est sur la bonne voie. Je trouve.
-Tu penses que…
« BAM »
Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que la porte de ma chambre s’ouvre violemment, nous faisons sursauter Kala et moi, et faisant pleurer Mewani.
La main sur le cœur, je regarde ahurie, Shomari, transpirant de colère, entrer dans la chambre.
-C’est la dernière fois que tu me prends pour un con Mayéla ! C’est clair ?
J’ai le réflexe de prendre Mewani dans mes bras, et m’éloigner très vite du lit qui nous sépare. J’ai le sentiment qu’à chaque fois qu’il se met en colère, il me fait découvrir le degré supérieur à celui qu’il m’a montré la fois précédente.
Bien que ses yeux soient plissés, je remarque qu’ils sont injectés de sang, mais sans tout ça, il me suffit simplement de regarder la veine qui part de sa tempe gauche jusqu’à son front, tambouriner et grossir à vu d’œil. Signe qu’il est au paroxysme de la colère.
Ses yeux se portent furtivement sur Kala avant de se reposer sur moi, plus sombres, plus durs.
-Elle est enfin née et tu penses avec le droit de faire entrer ton acolyte chez moi ?
-…
-Quoi ? Non, mais…
-Toi ! Crie-t-il en pointant Kala du doigt. Tu dégages d’ici ! Je ne veux pas te voir dans ma maison !
-…
-Quant à toi ! Poursuit-il le doigt maintenant dirigé vers moi ! Refais-moi encore une fois ce que tu viens de faire et je ne répondrais plus de rien !
Il ne me laisse pas le temps de dire quoi que ce soit, qu’il a déjà claqué la porte de la chambre, nous laissons complètement ébahie, avec les pleures de Mewani en fond sonore.
Je me mets à marcher de long en large dans la chambre tout en lui fredonnant une berceuse au creux de l’oreille.
-Je vais y aller. Me dit Kala. Je t’appellerai plus tard.
J’hoche simplement la tête, toujours choquée de l’attitude de Shomari, que je n’explique absolument pas. Je crois comprendre la partie de sa phrase concernant Kala mais, celle où je le « prends pour un con », m’échappe, et tout me porte à croire que c’est cette partie qui lui a réellement posé problème. Sauf que je ne comprends absolument rien.
J’accompagne Kala jusqu’à la porte d’entrée tout en berçant Mewani qui finit par s’endormir, puis je vais la posée dans son berceau avant de prendre mon téléphone et composer le numéro de ya Tal qui répond assez vite.
-Oui puce ?
-Yaya, je vais plus réussir à tenir. Snif. Ça a été dur de supporter lorsque j’étais enceinte, mais j’ai tenu bon pour Wani. Mais là, je vais pas pouvoir, je vais plus pouvoir. Snif. Il faut vraiment que tu me conseilles parce que là, je suis perdue.
-Oh là, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Rapidement, je lui raconte la scène qui s’est jouée dans la même pièce quelques minutes plus tôt et après un soupir, je l’entends me dire :
-C’est Kala qui t’a déposée?
-Oui
-Et tu es vraiment surprise de sa réaction ?
-Parce que je ne devrais pas être surprise ? Tu trouves ça normal ?
-Venant d’un homme qui est persuadé que tu es tombée enceinte pour lui prendre son argent, et qui voit en ta cousine et toi une équipe de croqueuses de diamant organisée, non, ça ne m’étonne pas.
-….
-Dès le départ, je t’ai dit que ce ne serait pas facile entre lui et toi. Tu as écouté ton cœur, en pensant qu’avec le temps la situation allait changer et malheureusement, ça n’a pas été le cas. Je te l’avais dit mais, on ne peut pas t’en vouloir d’avoir tenté. Par contre, Je t’ai prévenu que tu connaitrais beaucoup de souci et qu’il faudrait dès le départ instaurer un dialogue et clairement vous expliquer. Ça, tu ne l’as pas pris en compte et maintenant, tu paies les conséquences de ta négligence.
-….
-Tu sais, les relations de couples, sont différentes d’un couple à un autre. Pour le même problème, la même solution ne sera pas forcément applicable à tous les couples, parce qu’on ne connait jamais tout. Tu auras beau me raconter tout selon toi, les conseils que je te donnerai ne te serviront peut-être pas car je ne connais pas les tenants et les aboutissants de votre histoire, et surtout les réelles ressentis de Shomari. Partant de là, les deux seuls conseils que je vais te donner et qui sont universels et pour le coup s’appliqueront à tout couple, c’est de : premièrement remettre tout ça entre les mains du seigneur et deuxièmement discuter avec Shomari.
-Sauf qu’à chaque fois que l’on discute, ça finit mal et je suis celle qui en pâtit, qui ressort affaiblie. Il sait où est comment appuyer pour me faire mal.
-arrête de te montrer aussi vulnérable. Avec l’histoire du prénom de Mewani, tu as montré que tu étais plus forte que ce que l’on pensait alors reprends les mêmes forces qui t’ont animé lorsque tu lui as tenu tête et explique toi avec lui !
Sauf, que les sentiments qui m’ont animée, étaient un concentré amplifié de toute la colère et l’amertume, que j’avais à son encontre. Rien de bon en somme.
Je me retiens de le lui dire et décide de raccrocher avec elle pour suivre son conseil.
Après avoir pris le temps d’organiser mes idées, et la façon dont j’allais introduire la discussion, je vais à la recherche de Shomari que je trouve dans la cuisine en train de se servir une salade.
Les veines de ses temps sont toujours marquées particulièrement celle qui indique son degré élevé de colère. Pourtant, il reste silencieux et ne dit aucun mot en me voyant.
Je m’installe en face de lui, avec comme seule séparation le plan de travail central, et le regarde manger un instant avant de commencer en attirant son attention.
-Shomari, je… Je voudrais que l’on parle de tout ce qu’il se passe.
-…
-J’essaie de comprendre, d’agir en conséquence, mais là, je n'y arrive pas. J’aurais besoin que tu m’expliques quelles sont tes attentes.
-…
Il pique à plusieurs reprises dans sa salade puis porte sa fourchette à ses lèvres, agissant comme si je n’étais pas en face de lui. Comme si j’étais inexistante.
Et c’est moi qui vais bien évidemment devoir mettre de l’eau dans mon vin…
-Shomari…
-Ta voix m’énerve. Surtout quand tu prononces mon nom alors évite de le prononcer. Et tant qu’on y est, évite de parler tout court.
-Sauf que tu vas devoir supporter ma voix ! M’emporté-je. J’en ai assez de tes changements d’humeur et de ta façon de t’adresser à moi
-Si t’es pas contente, tu prends la porte, y’a personne qui te retient. Clyde peut d’aider à faire tes valises en moins de dix minutes.
-Je me demande si c’est pas ce que je devrais faire ! Crié-je en me levant.
-Ne te pose pas la question, fais-le ! Mais une chose ; tu pars seule, tu laisses ma fille.
Je me stoppe dans ma lancée et tente de masquer les battements de cœur que je viens de rater.
-Com… Comment ça laisser ta fille ?
-Tu penses sérieusement que je vais la laisser partir avec toi ? Même si j’ai l’air d’un fou, ça ne reste qu’un air.
-Et tu ne te gênes pas en me disant une chose pareille ? Quand je t’ai appris que j’étais enceinte, tu as voulu me payer pour que j’avorte, tu ne voulais pas entendre parler de cette grossesse. Et tout le temps qu’elle a duré, tu étais aux abonnés absents, même faire semblant de prendre des nouvelles concernant son évolution tu ne l’as jamais fait ! Et là, tu as le culot de proclamer que c’est « TA FILLE » ? Et avec tout ça, tu ne penses toujours pas que tu es fou ?
-….
Je sens la colère monter et l'air " je m'en foutiste" qu'il adopte ne fait qu'augmenter ma colère. Je bouillonne littéralement
-Tu as eu une illumination la concernant? Et c’est ce qui te donne le droit de vouloir t’imposer ?
-C’est exactement ça. Dit-il en piquant dans son assiette.
Il porte de nouveau sa fourchette à ses lèvres puis la repose sur le bord de son assiette et me dit calmement, en me regardant dans les yeux.
-Pour être précis, je me suis rendu compte que ce n’était pas elle le problème mais toi. C’est toi qui viens chambouler l’équation, mais parce que tu es la mère de ma fille, je suis obligée de composer avec toi. Pour se faire, il te suffit simplement de suivre les règles suivantes : Je ne veux rien savoir te concernant, si ça n’a aucun rapport avec ma fille. Je ne veux jamais revoir ta cousine ici. Le coup de la dispute entre vous et la réconciliation « à la naissance de ma fille » vous la ferez avec un autre de vos clients. La liste des règles est non exhaustive, mais retiens déjà celles-là, est notre cohabitation se passera bien.
Pourquoi les maux de tête sont si violents lorsqu’ils arrivent. Souvent, le contexte dans lequel ils apparaissent est déjà assez compliqué pour le cerveau, et devoir gérer des douleurs continues, qui martèlent le crâne, est insoutenable.
Je suis justement prise de violents maux de tête. Ça m’a soudainement pris lorsque j’étais dans la cuisine, juste après que Shomari se soit levé.
J’ai bien essayé de prendre des antalgiques, mais ça ne marche pas. Ça tambourine encore et toujours dans ma tête.
Etrangement, Mewani est calme ce soir. Je pensais qu’elle serait perturbée par le changement de lieu mais non. Un peu comme si elle était compatissante et comprenait que ce soir, j’aurais un peu de mal à gérer si elle ne se montrait pas coopérative.
Elle est allongée dans son berceau et dors paisiblement après avoir pris une douche et tété.
Je voudrais aussi m’endormir, tout comme elle, mais je n’y arrive pas. J’ai tellement mal à la tête ! Ca devient insupportable. On dit souvent que lorsqu’on a des maux de tête, il faut faire le vide.
C’est ce que je fais, j’essaie de faire le vide, de ne penser à rien, pas même aux propos de Shomari. A rien. Mais mon état est toujours le même. Je n’ai peut-être pas pris assez de médicaments.
J’hésite un peu à me lever pour prendre de nouveau un antalgique, puisque j’allaite, mais la douleur devient de moins en moins supportable et je finis par me lever pour aller dans la cuisine. C’est là-bas que se situe l’armoire à pharmacie.
Je sors de la chambre, sur la pointe des pieds, pour ne pas réveiller Mewani, puis tente de cheminer jusqu’à la cuisine de la même façon pour ne pas déranger les autres membres de la maison. Mais il semble que pour eux, ce ne soit pas la peine.
La maison n’est pas à étage mais est très spacieuse. Ce qui fait nous permet à tous d’avoir un semblant d’intimité lorsque les portes sont fermées. Mais lorsqu’elles ne le sont pas, on peut entendre tout ce qu’il se passe dans les pièces dont les portes sont ouvertes.
La chambre de Shomari n’est pas ouverte, simplement entrouverte, mais c’est déjà assez pour entendre comme un écho tout ce qu’il s’y passe.
« Han ! Han ! Han ! »
« Ouiii, plus vite, plus vite »
« Clap, clap, clap »
Ses grognements, sa respiration saccadée, et sa fougue. Je les reconnais, et les vois défiler sans mal devant mes yeux. La pénombre aidant, les images apparaissent avec force.
Ils sont en train de faire l’amour. Et mes maux de tête se sont transformés en céphalées.
Je vais retourner m’allonger.
*****
- Han ! Han ! Han
-….
-Ariiiii ! Haaaaaan !
J’essaie de faire abstraction de sa voix et la pénètre avec plus de vigueur jusqu’à ce que je la suive.
Je me retire aussi vite que je suis entré et me dirige vers la salle de bains. Je retire ma capote, vide son contenu dans les toilettes puis la bourre d’eau avant de jeter son contenu dans la jeter dans la poubelle. C’est devenu un rituel, sécuritaire pour moi.
-J’ai encore envie. Murmure-t-elle en venant m’enlacer par derrière, caressant mon pénis du bout des doigts.
-Je suis rentré plus tôt pour bosser sur un dossier et je n’ai encore rien fait.
Elle s’éloigne de moi, mais c’est pour s’asseoir sur le rebord du lavabo, les jambes écartées, et m’offrir une vue imparable sur son sexe luisant.
J’ouvre le tiroir se trouvant juste en dessous d’elle est sort une boite de préservatif … vide.
-Dommage. Fais-je en l’agitant sous son nez
-Tu comptes me laisser comme ça, et Te laisser comme ça ?
Je baisse les yeux sur ma verge dressée.
-Arrête ta paranoïa, je vais pas te faire un enfant dans le dos et tu le sais ! Je n’en veux pas !
-Pour le moment.
-Mais si ça venait à changer, tu sais que je te le dirai.
Ou pas, on vous connait, vous les femmes. Plus sournoise ça n’existe pas !
Une douche froide d’une quinzaine de minutes devrait faire l’affaire.
J’ai pas envie de revivre ce qu’il s’est passé avec Mayéla.
Elle sent que je vais m’éloigner et enroule ses jambes autour de mes reins.
Je glisse une main entre ses jambes et introduis mes doigts en elle. Se sera ça et rien d’autres. J’aime ma fille, c’est indéniable, mais je ne veux pas d’un autre enfant, pas pour le moment.
Une fellation et une douche express plus tard, je quitte la salle de bains, pour enfiler un jogging et me rendre dans la chambre de mademoiselle Malonga. C’est bientôt l’heure du couché pour elle, et quand je suis là, je fais en sorte de la border.
-Hey ! Coucou princesse !
Installée dans son parc, elle se met à gazouiller et sourire en me voyant.
-Elle a mangé ? Demandé-je à Nathalie, sa nourrice, en allant la prendre.
-Oui, des pommes de terre avec de la viande de bœuf et un peu de saka-saka. Et elle a très bien mangé !
-Elle a mangé tout ça là, pour son repas du soir ? L’interrogé-je perplexe. Ça ne fait pas trop ?
-Elle avait encore faim après les pommes de terre et la viande. Et quand j’ai appelé madame, elle m’a dit que je pouvais rajouter un peu de saka-saka.
Cette petite et la nourriture, c’est une grande histoire d’amour. Je me demande de qui elle tient ça, parce que oui, j’aime manger mais pas comme elle !
-Okay. Mais, Madame t’a dit où elle était ? il est quoi ? 21h13. C’est bientôt l’heure du couché pour Salomé.
-Je sais monsieur, mais non, elle ne m’a rien dit, si ce n’est que je pouvais déjà la mettre au lit.
La mettre au lit sans elle ?
-C’est moi, au j’ai l’impression que ces derniers temps, elle rentre tard ?
-Euh… Je ne sais pas.
-Tu ne sais pas ? Tu te moques de moi ?
Elle détourne le regard, et je comprends tout de suite qu’il y a un problème.
Depuis la naissance de Salomé, il y a bientôt un an, je n’ai quasiment plus d’échanges avec Mayéla. On est amenés à discuter ensemble très rarement puisque la plus part des informations passent par la nourrice. Mais je garde toujours un œil sur elle, et sur ce qu’elle fait.
Je connais son emploi du temps par cœur et selon lui, elle devrait être là depuis plus de trois heures. Ce qui n’est pas le cas. Puis en y réfléchissant, ce n’est pas la première fois.
-Tu es certaine de ne pas savoir où elle est partie ? Répété-je sur un ton plus dur dans le but de l’intimider.
-….Euh… Je suis pas sûre… mais… mais… bon… J’ai cru comprendre que… qu’elle avait un rendez-vous avec un avocat.
-Un avocat ?
-Je sais pas plus monsieur, je vous jure
C’est quoi cette histoire ?
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Vous l’aurez compris, une année s’est écoulée. Ne me posez pas la question moi-même je ne sais pas ce qu’il s’est passé durant cette année là.Peut-être qu'ils nous diront au chapitre prochain. Attendez, je vais lire ça :p