Chapitre XXIX " Le dindon de la farce "

Write by Fawag

Malick


« Salut beau gosse, bien dormi ? » me demande Mike qui vient de sortir de sa chambre en chantonnant.


« J’ai bien cru que t’allais faire une attaque cardiaque hier soir vu tout les bruits qui émanaient de ta chambre. Vasy doucement man, t’es plus si jeune hein ! » 


« Ahaha désolé mon gars, au lit je suis un Dieu, je fais gémir ces dames »


Il change la capsule dans la machine à café et sort une tasse du placard, tout en chantant à tue tête.


Je le rejoins dans la cuisine, range ma tasse dans le lave vaisselle, et porte une cigarette à ma bouche.


« Tu devrais y aller molo avec les clopes man, t’a deja presque fini un paquet en 3 jours » 


« T’inquiètes je gères » je réponds en prenant la direction du balcon.


J’allume ma cigarette et tire dessus.


Ça me fais un bien fou ! 


C’est le levé du jour.


Le soleil illumine la ville de rayons jaune orangés et la pénombre laisse peu à peu place à la lumière.


C’est le printemps, nous sommes en plein mois de mars. Le temps est doux et les arbres florissent peu à peu. 


« Ça te dis de sortir ce week end ? » 


Mike allume aussi une cigarette et vient s’adosser près de moi, sur la rampart du balcon.


 « Bof je sais pas, on verra » 


« Sérieux faut te détendre un peu mec ! Ta vie se résume à boulot, dodo, hosto. Ton front commence à être plissé, j’vais t’offrir une crème anti rides, comme les cougards la !» 


Sa phrase me fais rentrer dans un fou rire.


« Sale enfoiré » 


«  Nan mais sérieux, comme ça je dis à Fatou d’inviter une amie. Ça va te faire du bien de baiser un peu ! » 


« Ça parle de moi par ici, j’ai entendu mon nom» 


On se retourne tous les deux. C’est Fatou, elle vient semble t’il de sortir de la douche puisqu’elle est en peignoir, et une serviette est nouée sur sa tête.


« Viens par là ma cherie » lui dit Mike qui lui tend la main.


Elle se blottit dans ses bras et me salue.


« Et moi tu ne me salue pas ? » lui demande Mike en la chatouillant.


Elle gigote dans tout les sens avant de l’embrasser.


Et c’est reparti ! Grand moment de gêne.


Je commences à me sentir de trop dans cet appart. 

Depuis que j’ai quitté chez moi, je crèche chez Mike, mais là c’est plus possible.

Fatou vie pratiquement ici, il ne manque que son nom sur le bail, elle est la tout les jours et se comporte en vraie maîtresse de maison.

Mon pote à beau se voiler la face, je sais qu’il est piqué, grave même. 


« Merde mais la pudeur vous connaissez pas hein ! » je lâche en feignant le dégout.


J’écrase ma cigarette et rentre dans l’appart, laissant les deux tourtereaux en train de se bécoter.


« Désolée Malick, revient » lance Fatou.


Trop tard, je suis déjà en train de récupérer mes clefs pour partir au boulot. 


« Arrf il a juste besoin d’une bonne baise pour le détendre » chuchote Mike, puis j’entends les deux ricaner. 


« Ta race Mike », je dis, avant de claquer la porte et partir pour le boulot.


Je dévalise les escaliers deux par deux. Si je me ramasse, j’aurais besoin d’un dentier plus tôt que prévu.


« Le prend pas comme ça igo »


C’est la voix de Mike, je lève la tête et l’aperçoit, je suis en bas de l’immeuble et lui, toujours sur le balcon.


Pour toute réponse, je lui fais un doigt d’honneur avant de m’engouffrer dans ma voiture.



J’ai chaud alors je desserre ma cravate. 


Quelle idée de m’être mis en costard/ cravate alors que je n’ai aucun RDV de la journée !


Et puis ces embouteillages de merde vont me rendre dingue !


De chez Mike je suis obligé de passer par la A4 pour aller au boulot et heure de pointe ou pas, c’est toujours bouché, all day every day !


J’ai toujours aussi chaud, pourtant le chauffage n’est pas allumé !


J’ouvre ma fenêtre, l’air frais me frappe et rafraîchit mes pensées par la même occasion.


Je vais allumer une clope, tiens !


Oui je fume trop, je sais mais voilà y’a que ça qui me détend.


Et aujourd’hui je suis, disons stressé. 


Kadji et la petite sortent de l’hôpital et j’avoue que j’appréhende un peu le déroulement des choses.


Maintenant que la petite est là, je vois les choses autrement, je suis attaché à elle et je ne me vois pas vivre le restant de ma vie sans elle.

Va falloir que je discute avec sa mère, je ne sais pas si elle envisageait de retourner à Marseille mais c’est niet. Je veux avoir ma fille tout près de moi.

Et faut vraiment que je me trouve vite un appart’ pour pouvoir l’accueillir chez moi. 


J’ai une pile de dossiers en attente sur mon bureau.

Fuck it up, ça va attendre. 

Sur google, je recherche des adresses d’agence immobilière dans les environs.

Je note deux ou trois adresses sur un post it, puis je me mets au boulot.


Faby


Je contemple mon reflet devant le miroir et reste toujours aussi choquée à la vue de mon ventre rebondi.


Oui, mon ventre est maintenant visible. Deux jours après avoir appris pour ma grossesse, je me suis réveillée le matin, et mon ventre était sorti.


Bon, rien de très flagrant puisque j’entre à peine dans mon quatrième mois de grossesse, mais si je porte des vêtements serrés, on le devine sans problème.


J’ouvre mon dressing, et sélectionne un legging et un pull oversize. 


Va vraiment falloir que je m’achète des vêtements de femme enceinte. Enfin, surtout des pantalons ! Pour les hauts, tout ce qui ample, ça passe.


Maman m’a dit de ne pas trop raconter que je suis enceinte pour ne pas me porter l’oeil. Quand je ne pourrais plus le cacher, les gens le découvriront d’eux même et voilà.


Je l’ai dit à mes sœurs, à Mira et Hadja, puis c’est tout !


Malick, n’était pas au boulot quand je m’y suis rendue il y a quelques jours, Madame Vodounou m’a dit qu’il était en RDV à l’extérieur.


Les jours qui ont suivis, j’avais trop d’audiences donc impossible d’y aller, et j’ai fini par me dégonfler, je l’avoue ! 


Du coup, il ne sait toujours pas.


Mais aujourd’hui, j’y vais ! Je me suis levée de bonne humeur, et qui sait, peut-être que ces enfants vont nous permettre de nous réconcilier? 


“On va aller voir papa mes amours, il va vous aimer autant que maman, c’est sûr” je chuchote en caressant mon ventre avec tendresse.

 

Maman m’a dit que c’est super important de communiquer dès à present avec mes bébés. Ça leur permettra de connaitre ma voix et s’y habituer, mais surtout de les rassurer. 


Je fini tranquillement de me préparer, puis je me rend au boulot. J’irais voir Malick en début d’après-midi.


“Hello les amoureux ! “ je salue Naya et Cissé, que j’aperçois devant la machine à café.


Ils sortent officiellement ensemble ces deux là et ils sont vraiment trop mignons. J’espère vraiment que Cissé va faire du sérieux et arrêter d’aller soulever toutes les jupes qu’il rencontre sur son passage.


À 15h précise, j’éteins mon PC avant de me refaire une petite beauté et grimper dans ma voiture, direction MS Consulting !


Le trafic est fluide à cette heure ci, alors j’arrive assez rapidement.


Un dernier coup de glace à travers mon retro viseur intérieur, puis je suis prête.


Non ! 


Je me recite une dernière fois le discours que j’ai préparé pour annoncer la bonne nouvelle à Mal.


“ Tu va être Papa, j’ai appris il y a quelques jours que j’attends des jumeaux”


Humm nan, trop brusque tout compte fait !


Je ferme les yeux et active tous mes neurones pour trouver une meilleure façon de le lui annoncer.


“ Je voulais te dire que je suis enceinte....”


Nan ce n’est pas bon !


Arrrrf !


Et puis merde, j’vais y aller au talent ! 


J’enfonce un chewing-gum Hollywood à la fraise dans ma bouche, un petit psshit de parfum et là j’pense que c’est bon.


Bah quoi ? Le but c’est pas de venir l’asphyxier avec ma mauvaise odeur ! 


Mes mains sont moites, vraiment ! Je les frottent sur mon pantalon et j’ouvre ma portière, puis mets un pied hors de l’habitacle.


Alors que je m’apprête à sortir totalement de la voiture, mes yeux sont attirés vers le trottoir d’en face.


Malick porte un bébé dans ses bras et sort de l’immeuble d’MS consulting accompagné de Kadji avec qui il rit gaiement.


Ils se dirigent vers sa voiture qu’il vient de déverrouiller.


Kadji s’installe tranquillement sur le côté passager à l’avant, tandis que Malick installe l’enfant à l’arrière, sur le siège bébé. 


Il va ensuite lui même prendre place dans la voiture, puis démarre et s’insère dans la circulation. 


Bientôt, la voiture est tellement loin que je l’ai perdue de vue, mais je suis toujours debout sur le trottoir, choquée par la scène qui vient de se dérouler sous mes yeux. 


Je dois rêver !


“ Casse toi de la conasse, tu vois pas que tu gêne la route ?” 


Je sursaute.


Un automobiliste vient de me faire revenir sur terre.


Effectivement, mon pied gauche déborde sur la chaussée.


Je remonte dans ma voiture, et il me faut 10 bonnes minutes pour reprendre mes esprits.


Il m’a donc vraiment, vraiment zappée ? Comme ça, du jour au lendemain ?


Non je ne veux pas y croire, ça fait mal, ça me fais trop mal.


Je tape de rage sur mon volant.


« Non, non Malick tu n’a pas le droit de me faire ça » 


Des larmes inondent mon visage.


Malick m’a bien eu ! Toute cette histoire avec Kadji, depuis le début, j’étais le dindon de la farce. 


Je me sens humiliée.




Malick 


Kadji, Maïna et moi, nous venons d’arriver chez maman.


Elles vont rester là, le temps que je trouve une solution.


Les enfants de Fatty sont tout excités de voir leur nouvelle petite cousine.


Fatty, elle même n’est pas là, mais Inna, est présente.


Par contre elle a le visage serré comme un masque d’halloween. 


Elle déteste Kadji.


Inna est cash, elle ne sait pas faire semblant, avec elle ça passe, ou ça casse.


Mais cette fois, ça lui passera car Kadji est la mere de ma fille et ni elle, ni moi ne pouvons y faire quelque chose.


Kadji est montée ranger ses affaires dans la chambre qu’elle occupera avec la petite pendant leur séjour ici.


J’entend les cris de la petite, il est 16h10, c’est l’heure de son bibi.


Je récupère la boite de Guigoz, le biberon et une bouteille d’eau minérale pour aller preparer le biberon.


Humm c’est quoi déjà le dosage ? 


6 cuillères de lait en poudre et 140 ml d’eau, ouai c’est ça !


Je suis en pleine réflexion quand Inna débarque dans la cuisine.


« Tu peux rajouter un peu plus d’eau, genre jusqu’à 150 ml » me dit elle.


« Merci sœurette »


 J’applique ses conseils.


« Tu prend vraiment ton rôle de papa à coeur dis donc ! »


« Oui, cette petite me rend complètement gaga Inna c’est dingue ! » 


«  humm je vois ça. Par contre son prénom est vraiment pourri, Maïna ça sort d’où ? C’est pas d’chez nous ! »


« J’sais pas, c’est breton, un truc du genre, demande à Kadji c’est elle qu’a choisie ! »


Je me déplace vers le micro onde pour chauffer le bibi.


Inna me suit.


« Elle est super claire de peau en tout cas. Pourtant t’es loin d’être métisse et Kadji, c’est pire, une vraie sénégalaise » 


« C’est un nourrisson, elle a pas encore sa vraie couleur, pousse pas Inna » 


« Je disais juste » dit elle en levant les mains en l’air.


Je pouffe d’agacement.


« Bon vasy, dit moi clairement c’est quoi le problème ? »


« Olala, excuse moi EL PADRE, on peut même plus faire de remarque ? » 


Je decide de ne pas lui répondre. Elle ne viendra pas gâcher ma bonne humeur. 


« Et sinon, pour le test de paternité, c’est comment ? » lache Inna


Je me retourne et lui fait face.


« Ecoute Inna, cesse ce que tu fait ! »


Le ton monte, elle commence à me gonfler là !


« Bah quoi ? Tu devais en faire un aux dernières nouvelles, c’est t.... » 


« Bah ce n’est plus d’actualité ! Faut te mettre à la page » je lui dit en la coupant.


« QUOI ? Is it a joke ? » 


« Na, j’suis sérieux, c’est ma fille, je le sens. Et je le sais, elle a mes yeux et meme ma bouche, t’es aveugle ou quoi ? » 


«Tu voudrais qu’elle soit de toi, nuance ne prend pas tes désirs pour la réalité ! »  dit elle en criant. 


« Moun dé kéra ? » ( Que se passe t-il ?)


Maman vient de débarquer, certainement alertée par nos cris.


« Parle à ton fils maman, il voudra peut-être t’écouter toi ! Dis lui maman, pour une fois que nous sommes toutes les deux du même avis ! »


Mon regard passe d’Inna à ma mère. 


De quoi parle Inna ?


Ma mère est silencieuse.


« Merde mais dit lui maman, cet enfant n’est pas le sien, on le sait tous à part lui, tu te fais manipuler mon coco, reveille toi merde ! » hurle Inna.


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