Frissons !
Write by Farida IB
Nihad ANOUAM…
J’attends que le poste s’éteigne complètement pour finir ma journée et rentrer. J’ai décidé d’arrêter de travailler, de toute façon, j’ai déjà les idées mélangées depuis que Geneviève a fait allusion à Dylan. Wesh, ce gars sait donner les frissons. Il me tarde même de le voir, on se fait une soirée ciné chez moi ce soir. Il faut par conséquent que je fasse un tour au supermarché, je n’ai pas le temps de faire les courses dernièrement puisque je travaille pour deux. Il faut que ma mère rentre parce que là, je sens que je vais finir par perdre la boule.
Une fois tous les appareils éteints, je passe en revue ma liste de courses avant de sortir du bureau en prenant le soin de tout fermer derrière moi. Je me dirige vers la sortie lorsqu’Angèle, notre responsable du service production, m’accoste par l’épaule.
Angèle (sourire avenant) : Mlle ANOUAM vous rentrez déjà ?
Moi (répondant à son sourire) : oui, oui, sinon j’évite le surmenage du mieux que je peux.
Angèle : je vous comprends parfaitement, nous sommes tous overbookés en ce moment. Vivement, que Mme MIKALA rentre bientôt, son absence pèse beaucoup sur nous.
Moi : je ne te le fais pas dire ma chère.
On rigole toutes les deux un instant avant qu’elle ne me tende des papiers à signer.
Angèle : il me faut votre signature sur ce bon de livraison.
Moi : il faut mon cachet aussi dessus ?
Angèle souriant : comme toujours Mlle.
Moi : ça peut attendre demain ?
Angèle : malheureusement non.
Moi (le ton boudeur) : Angèle, il fallait venir un peu plus tôt. J'ai un rendez-vous qui ne peut pas attendre.
Elle me suit jusqu’à mon bureau.
Angèle riant : désolée, il comprendra que c’est le boulot qui vous a retardé.
Moi (posant ma signature sur le document) : qu’est-ce qui te fait dire que c’est un ″ il ″.
Angèle : tout le prouve, même le sourire que vous faites en ce moment.
Je renfrogne automatiquement ma mine, ce qui lui fait éclater de rire. Je referme le bureau et me dépêche de sortir avant qu’un autre ne me retienne. Je démarre quelques secondes plus tard et mets le cap sur Avorbam en gambergeant sur le déroulement de la soirée. Comment vous le dire ? Ma relation avec Dylan, c’est juste le pied ! C’est en gros le petit plus qui manquait à ma vie, surtout de faire des manèges avec un surdoué (rire). Je sens déjà moi-même que c’est le love entre nous, mais comme il faut que j’aille au ralenti, je tâte d’abord le terrain.
Je me retrouve dans un embouteillage pas loin du carrefour Jiji et pendant que je patiente que la circulation se fluidifie, je vois Dylan avec une nga déliée en face. La fille faisait dos à la route alors que lui pouvait facilement me voir, je suis même prête à parier qu’il m'a vu. Ma voiture est bien mise en évidence, mais le type continue seulement sa discussion super concentré, il faut voir comme ils se mangent dans les yeux. Je prends sur moi de ne pas descendre, après tout, je pourrai partir là-bas me chauffer pour rien.
Je gare plus tard sur le parking du Maxi-Ckdo et rentre dans le supermarché en pensant au discours que je vais tenir à Dylan. Aka! Ça commence bien hein, de là à là, il fait déjà les yeux doux à une autre tchipp !! Je sillonne les rayons un par un la rage au cœur, je prends d’abord tout ce qui me manque au frigo avant de faire un autre tour pour ce qu’il faut pour la soirée. Laissez, tout ce cirque, c’est pour me calmer lol. Je finis mes courses et après le passage à la caisse, je me dirige vers la sortie lorsque quelqu’un me bouscule au passage. Je me retourne pour remarquer une naine (traduction, elle est très très petite de taille) au lieu de s’excuser la folle me toise et continue son chemin. Je tchipe très fort pour qu’elle entende, vraiment on aura tout vu dans ce pays. Toujours à chercher les noises partout, quelqu’un, tu ne connais même pas tsuiipp !!!
Vers 20 h, je vais ouvrir la porte à Dylan qui est plus en avance que prévu, il s’est adossé à l’encadrement de la porte en mode décontracté. Il porte un jean et un polo qu’il a troqué contre son costume de toute à l’heure. Inutile de vous dire qu’il est sexy comme ça et que ça me fait perdre mes moyens donc je le regarde juste passer devant moi actuellement, ma bouche bien bâillonnée.
Dylan (passant la porte) : désolé, je ne pouvais plus attendre l’heure.
Moi : pas grave, un coup de main ne serait pas de refus.
Il me suit à la cuisine et s’assoit sur le plan de travail.
Dylan : no miss, je suis juste venu pour te contempler et c’est ce que je vais m’atteler à faire.
Moi (le fixant intensément) : juste me contempler ? (il acquiesce.) Tu es sûr ?
Dylan : on peut contempler de plusieurs manières, tu sais ?
Moi : oui, c’est ça !!
Je lui tends un plateau de moelleux au chocolat, de crêpes, de chips et sors après lui avec pack d’Orangina et des bouteilles de Regab.
Dylan : on va manger tout ça rien que pour une soirée ?
Moi : oui, si ça reste j’attaque ça demain.
On s’installe tous les deux sur le canapé après avoir posé le nécessaire sur la table basse. On tombe d’accord sur la saga des Fast and furious, je les avais tous regardé jusqu’au dernier, mais c’est toujours un plaisir de me faire ces films. Il faut dire que je suis un fan de la vitesse, et en plus ça me permet de rêvasser un peu sur le personnage de Dominic Toretto (rire).
Nous suivons le film en mangeant, je grimace lorsque ça devient un peu fort et Dylan ne s’empêche pas de se moquer. Un moment, la scène d’Avorbam me revient en tête donc je décide de crever l’abcès.
Moi : je t’ai vu ce soir en allant faire mes courses.
Dylan (s’essuyant la bouche) : ah ouais ?
Moi (faisant de même) : mouais, et t’étais même en bonne compagnie.
Dylan : ah ça ? C’était une stagiaire au boulot.
Moi : on ne dirait pas inh, vous vous parliez yeux dans les yeux. Je me demandais même ce qui te captivait autant dans la discussion.
Dylan (haussant l’épaule avec nonchalance) : des choses.
Moi : ah ouais ? Tu m’en diras tant !
Je le fixe longuement pour qu’il rajoute quelque chose, mais il hausse simplement les épaules avant de recapter son regard sur le film et je fais de même.
Dylan (me jetant un coup d’œil) : à part, ça, tu as fait quoi de ta journée ?
Moi : j’ai travaillé, ensuite, j’ai eu ma mère au téléphone et j’ai fait les courses.
Dylan : intéressante comme journée, ta mère est toujours à l’étranger ?
Moi : yass, ça te dit de la rencontrer ?
Dylan (écarquillant les yeux) : non pourquoi ?
Moi : elle aimerait bien elle ! Elle me l’a dit ce soir.
Dylan : parce que tu lui as parlé de moi ?
Moi : pas encore, mais elle se doute bien que quelqu’un fasse chavirer le cœur de sa fille en ce moment.
Dylan : je vois.
Il se lève et me tend mon téléphone en me demandant de lui faire une photo, ce que je fais. Il attend qu’on s’asseye à nouveau avant de parler.
Dylan : la prochaine fois qu’elle demande après moi, montre lui ma photo.
Moi : mdr, tu n’es pas sérieux.
Dylan (se tournant vers moi) : c’est vrai que je fais chavirer ton cœur ? (Je hoche la tête.) C’est tout ce que je te demande parce que tu as déjà conquis le mien.
Moi (le fixant avec insistance) : sûr ?
Il ne répond pas et rapproche plutôt ses lèvres avant de captiver les miennes. Je me retrouve allonger dans le canapé le bras enroulé autour de son cou. Pendant qu’on se dévore frénétiquement nos lèvres, je tends l’autre bras vers le bas et ouvre sa braguette avant d’y glisser la main dans son jean à l’étroit. Je lui caresse mollement son troisième pied alors qu'il me titille mes bouts de sein et me caresse l’entrejambe à travers le tissu de ma robe. Ce qui m’arrache des soupirs étouffés. On se déshabille ensuite avec des gestes précipités puis il me capture à nouveau les lèvres en se plaçant au-dessus de moi. Il se glisse en moi lentement et commence par des mouvements lents qu’il accélère ou réduit selon le mouvement de mes reins. Je deviens toute chose lorsqu’il rajoute un doigt, je me cambre puis vacille la tête en arrière en pinçant ses tétons. Il pousse un soupir de plaisir et accélère le mouvement de ses reins et ça part dans les oui !!! Oui !!! Ohh oui !!! Je suis prise de violentes secousses avec les pieds qui tremblent avant de venir dans un long râle, il ne tarde pas à me rejoindre puis nous nous affalons dans le canapé.
Dylan (dans mes oreilles) : ça, tu n’as pas besoin de le dire à ta mère.
Moi (essoufflée) : lol
Autant vous dire que la saga nous a plutôt toute la nuit, bon bref !
*
*
Cynthia CLARK…
Je regarde Austine faire les va-et-vient dans la chambre, les mains croisées derrière la tête. Ça fait des minutes qu’elle tourne comme ça.
Austine (marmonnant) : il y a quelque chose, je suis sure que quelque chose cloche !
Moi : ne te fais pas des films ma puce, tu te fais du mal comme ça.
Austine (fixant le vide) : il ne veut rien me dire, mais je sens qu’il est bouleversé par quelque chose.
Moi : inutile de te torturer les méninges, s’il y a quelque chose, il finira par te l’avouer. Pour le moment, occupe-toi des derniers préparatifs, tiens, il faut que nous allions les essayer une dernière fois. La dame de Promise (boutique) m’a appelé ce matin pensant que c’était toi.
Austine : Cynt, je ne peux pas parler de mariage en ce moment alors que le marié est louche. Il n’y a qu’à voir son comportement au restaurant, il ne m’a jamais fait un coup pareil. La honte que j’ai eue devant Joe !
Moi : rhoo ne t’inquiètes pas pour Joe, il n’en a pas tenu rigueur.
Elle revient s’asseoir en soupirant.
Austine : tu as raison il vaut mieux que je me calme, je n’aurai pas les réponses comme ça.
Moi (lui massant doucement les épaules) : voilà ! Ce n’est pas le moment de broyer du noir, tu te maries dans trois jours et tu te dois d’être rayonnante ce jour.
Austine : j’ai vraiment hâte que ce mariage passe, c’est ça qui mettra fin à mes angoisses.
Moi : j’ai également hâte, depuis que nous en parlons. Même les lecteurs d’ici en ont ras-le-bol !
Austine souriant : vraiment !
Moi (me dirigeant vers la cuisine) : je vais nous préparer un plateau puisque tu es plus calme.
Austine : bonne idée, et tu viendras me raconter la suite de la soirée. Depuis nous n'en avons pas parler.
Moi : il n’y a rien eu d’extra, nous sommes partis juste après vous et il m’a fait sa demande.
Austine (déboulant dans le vestibule de la cuisine) : c’est ça que tu appelles, rien d’extra ? Et tu as dit oui, j’espère.
Moi : non ! Tu l’aurais déjà su.
Elle décroise ses bras et vient vers moi le sourcil arqué.
Austine : mais pourquoi ?
Moi : on vient de se connaître, je ne peux pas me lancer comme ça dans des fiançailles. Sortir ensemble ça, c’est tolérable, mais le mariage, c’est tout autre chose.
Austine : mais, tout porte à croire que ce gars t’aime et qu’il est sincère.
Moi : c’est pour ça que tu es partie lui parler de ma vie sexuelle ?
Austine (détournant son regard) : je lui ai juste glissé quelques mots sur toi qui pourraient lui servir. Juste pour qu’il apprenne à te connaître.
Moi furieuse : mais Aus, on ne le connaît même pas bien. Tu ne sais pas s’il est fourbe, si c’est un loup déguisé en agneau donc tu ne peux pas aller lui parler de ma vie comme ça sans me demander !
Austine (me fixant interloquée) : Cynthia on parle là de ton petit-ami.
Moi : justement, notre petite amitié là n’a pas encore atteint ce niveau.
Austine cinglante : non ton problème, c’est que tu te méfies de ce bonhomme, arrête de voir des fantômes de Jason dans tous les hommes qui t’approchent. Lui, il croupit en prison, mais toi ta prison est dans ta tête !!
Moi exaspérée : tu n’y es pas du tout.
Austine : si ! J’y suis, je te connais comme si je t’avais fait. Ce n’est pas comme ça que tu vas refaire ta vie, bon sang ! Ressaisis-toi parce que si tu laisses filer celui-là, ne compte plus sur moi pour écouter tes plaintes à longueur de journée.
Elle retourne sur ses pas, ce n’est pas la première fois qu’on se prend la tête sur cette histoire. Je ne comprends pas cette fixation qu’elle fait sur Joe, dès qu’elle l’a vu elle a l’a ajouté directe à sa friend-list pfff.
Cette peur de l’inconnue résulte de mon passé avec le dénommé Jason, si vous le voyez un beau blond au visage angélique. C’est ce qui m’avait même plu chez lui, j’avais seize ans et tout ce qui m’intéressait chez un homme, c’était son physique. Nul doute qu’il avait ce qu’il fallait pour me faire succomber. Je l’aimais et c’était réciproque, on voulait se marier une fois à la sortie du secondaire. Cependant tout est vite partie en vrille, il est devenu trop envahissant et trop jaloux. Personne ne devait m’approcher, il me suivait partout en me répétant à tout bout de champ que c’est parce qu’il m’aime. Au début de notre deuxième année du secondaire, il a décapité le bras d’un nouveau venu qui a osé me parler à la cantine. C’est à partir de ce moment que des enquêtes ont été menées sur lui pour qu’on retrouve des photos nues de moi dans le sous-sol de leur maison. Naturellement, je ne savais pas comment il les avait obtenus puisque à part quelques baisers échangés nous ne sommes jamais allés loin. Sur les photos, étaient inscrits en rouge les mots « Je t’aime Cynthia, tu es mienne pour toujours et je tuerai tous ceux qui se mettront entre nous ». Il les avait collées partout sur le mur, ça faisait tellement froid dans le dos. J’en ressens encore des frissons.
Son psychologue parlait d’un trouble obsessionnel, ce qu’il a tout le temps nié évidemment. Ça a complètement dérapé lorsque mes parents et moi avons déménagé en Floride pour l’éviter. On n’a jamais su comment il nous avait retrouvés, un an plus tard.
Ce jour-là, je suis rentrée du cours, j’ai retrouvé mon petit frère mort dans sa chambre, j’ai filé en panique pour appeler mon père dans son bureau. Là j’ai vu le corps de mes parents sans vie baignant dans une mare de sang. Mon père avait tout le corps bitumé, les vidéos ont montré qu’il essayait de défendre ma mère donc il avait reçu le plus de coup.
C’était l’horreur, je suis ressortie du bureau en pleurs. Je criais tout mon soul mon premier réflexe, c’était d’appeler la police. C’était ma chance parce qu’à peine, je posai le téléphone que je me suis retrouvée nez à nez avec lui, une digue à la main. Je l’ai supplié de ne pas me faire du mal, il répondu que désormais plus rien ne se mettrait entre, et même pas mes parents. On s’est lancé dans une course-poursuite dans la forêt. Je me souviens d’être tombée dans un abîme et prête à mourir avant de me réveiller des jours après dans un hôpital.
Après ma sortie, un monsieur du FBI m’a conduit dans sa famille où j’ai terminé le reste de l’année scolaire. C’était le papa d’Austine, l’année suivante, il nous a renvoyées au Togo. Moi pour refaire ma vie et elle pour se faire inculquer l’éducation africaine parce qu’elle avait commencé à avoir des fréquentations douteuses. Nous avons fait tout notre cursus à l’université chez sa mère avant de prendre notre indépendance.
Cette expérience avec Jason fut tellement troublante que je n’ai plus jamais eu une autre relation. J’ai peur qu’un autre refasse le même coup, Joe a l’air de quelqu’un de bien, mais je ne peux pas m’empêcher de me méfier. C’est plus fort que moi, d’autant plus qu’il ne cesse tout le temps de me chanter son amour et ses envies de finir ses jours avec moi. Je suis consciente qu’il n’est pas Jason, mais il me faut du temps pour l’assimiler.