Impasse
Write by Farida IB
Annick ANJO…
Papa D se glisse à peine en moi que la sonnerie de mon téléphone se mit à retentir. Lorsque je constate que c’est encore ce numéro inconnu qui insiste depuis trois jours, je fixe l’écran et la sonnerie se coupe (l’avantage d’avoir un iPhone X lol). Je me cambre aussitôt pour encaisser les coups secs qui me procurent tant de bien, Cholah et Asanda comme d’habitude se donnent à fond dans leur rôle d'excitatrice. Nous sommes au premier du mois et comme nous l’avions instauré nous devons accueillir le mois avec Papa D, le père de Cholah. Ce rituel s’est imposé à nous lorsque nous avons constaté qu’avec lui notre business était plus que rentable, il faut ainsi dire qu’il nous ouvrait de grandes portes. C’est d’ailleurs lui qui nous a initiés à ce métier, enfin plus sa fille. À l’instar de ses sœurs, elle s’est fait dépuceler par son père comme il est de mise dans leur famille. Il est le seul à avoir droit sur leur virginité avant quiconque, jusqu’à leur mariage. Malheureusement, Cholah n’a jamais pu s’en défaire, elle en est devenue accro à telle enseigne qu’elle en est tombée amoureuse et n'envisage plus relation charnelle avec un jeune de son âge. Enfin, en dehors des clients que papa D nous envoie.
Des regards complices s’échangent entre Asanda et moi, elle se mit à m’embrasser et à me titiller les seins. J’entreprends d’onduler du bassin pour accélérer la cadence sentant Cholah impatiente de prendre ma place. Je pousse un long râle lorsque j’atteins le nirvana, puis me laisser tomber sur le lit alors que Cholah se mit à chevaucher son père comme si sa vie en dépendait. Je me lève et me dirige vers la salle de bain dans la perspective de prendre une douche. Je reviens sur mes pas pour prendre mon téléphone qui sonne à nouveau et me décide enfin à le décrocher.
Lui (d’entrée) : enfin, tu décroches !
Moi sceptique : à qui ai-je l’honneur s’il vous plaît ?
Lui : c’est Emmanuel OSSENI, je suis devant ton immeuble.
Moi (fronçant les sourcils) : Emmanuel de Lomé ?
Emmanuel : oui oui, peux-tu m’indiquer ton appartement ?
Moi : euhh… Je ne suis pas là pour le moment, donne moi une heure.
Emmanuel : ok, je serai dans le restaurant à côté.
Click…
Je reste perdu un moment après qu’il ait raccroché, il fait quoi devant mon immeuble alors qu’il était censé être à Cuba pour sa lune de miel ? Je dépose le téléphone sur la commode et pendant que j’avance vers la douche Asanda me demande ce qui se passe. Je lui fais signe que lui en parlerai avant refermer la porte derrière moi. La pression de l’eau sur mon corps me rappelle les moments vibrants que j’ai eu à passer avec Emmanuel les dix derniers jours de mon séjour à Lomé (soupir d’aise).
Emmanuel et moi, c’était le goût, le vrai, j’avoue que j’en ressens encore des frissons !! Je ne saurai vous l’expliquer, seule la chambre 405 de l’hôtel Radisson Blue pourrait vous confirmer le code. C’était une expérience unique !! J’en avais tellement pris goût que je suis partie comme une voleuse pour ne pas briser le couple d’une jeune femme.
Asanda (tenant la porte de la douche) : tu comptes en sortir un jour ?
Moi : désolée, j’ai fini.
Je me fais remplacer par Asanda et sors m’habiller aux côtés de Cholah et papa D, ceux-là ils en ont encore pour des heures. Je finis de m’habiller et me saisis de mon sac à main puis fonce dans le garage déverrouiller ma 4x4. Je gare quarante minutes plus tard devant mon immeuble avant de me rendre au restaurant où il est censé être en ayant pris soin de verrouiller le véhicule. Je regarde à travers les vitres pour m’assurer qu’il est bel et bien là, je le vois effectivement assis à une table au fond du restaurant.
Moi (arrivant à sa hauteur) : ce n’est pas vrai, mais tu fais quoi là ?
Il se lève et me fait la bise avant de me tirer une chaise pour que je prenne place.
Emmanuel : c’est mieux que tu commandes quelque chose d’abord.
Il appelle le serveur à qui je demande de m’apporter un Kuwabo citron.
Moi (le fixant perplexe) : mais dis moi, tu ne devrais pas être marié à cette heure ?
Emmanuel : ce n’est plus le cas.
Moi (arquant le sourcil) : comment ça ? Pourquoi ?
Emmanuel soupirant : j’ai changé d’idée à la dernière minute.
Moi ébahie : mais pourquoi ? Tu veux dire que tu as abandonné ta chérie à l’autel ? Comment s’appelle-t-elle déjà ?
Emmanuel : Austine ! Oui, j’ai préféré ne pas commettre une bêtise. (prenant mes mains) Annick, ce que nous avons vécu toi et moi n’était pas anodin. (inspirant profondément) Je t’ai dans la peau, j’ai cru mourir lorsque je suis partie à l’hôtel et le réceptionniste m’a dit qu’elle n’avait aucune idée d'où tu pouvais être. Je t’ai cherché dans les endroits où nous avions l’habitude de nous rencontrer en vain et j’ai fini par conclure que tu serais rentrée chez toi. Ça fait une semaine que j’essaie de te joindre, Dieu merci, j’ai retrouvé ton adresse sur Facebook.
Moi (complètement perdu) : j’ai dû rentrer d’urgence.
Emmanuel : il fallait me le signaler, tu n’avais pas à partir comme une voleuse.
Moi : c’est justement pour te laisser à ta vie que j’ai pris cette décision, je ne voulais pas briser ton couple.
Emmanuel : je pense que c’était déjà le cas, dès la première fois que toi et moi avons couché ensemble, j’ai senti un déclic. Jamais une femme ne m’a fait ressentir de tels frissons, je ne pouvais plus me passer de toi. Je me suis rendu compte de l’évidence le jour du mariage, celle que je voulais ce n’étais plus Aus, mais toi. Je croyais en être amoureux, mais je pense que c’était l’habitude. (le regard suppliant) Annick, c’est avec toi que je veux être, aujourd’hui et à jamais.
Je le regarde l’air perdu ne sachant pas quoi répondre, je voulais éviter ça. De toute façon, je devais retourner à ma vie donc je ne voulais pas pousser le bouchon plus loin. De mon aventure avec Emmanuel, j’en ai gardé de bons souvenirs, mais de là à me mettre en couple, c’est trop pour moi. Je me suis promis de ne plus laisser un homme dompter mon cœur, l’amour, c’est bien beau, mais j’en ai trop souffert. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir répliquer ? (soupir)
*
*
Nihad ANOUAM
Gabrielle me regarde faire les cent pas dans le salon, je reviens m’asseoir lorsque je me sens un peu calme.
Moi maugréant : il ne pense même pas m’appeler pour s’expliquer !
Gabrielle (me regardant genre) : qu’il va s’expliquer pour quoi ? Qu’il a fait quoi ? Où il fallait se chauffer là, tu n’as pas réagi, pardon laisse-moi suivre mon feuilleton.
Moi : arrête de m’énerver toi aussi.
Elle me lance juste un regard avant de fixer à nouveau l’écran. Je me lève et fonce dans la cuisine pour prendre un jus que je bois à même le carton. Je dépose le reste et ferme le réfrigérateur avant de prendre mon téléphone et de composer son numéro. Il décroche à la troisième sonnerie.
Moi : allô !!
Dylan : comment tu vas ?
Moi (le cœur battant la chamade) : Dylan tu te fous de moi ?
Dylan : bébé ce n’est pas ce que tu crois.
Moi : et qu’est-ce que je suis censée croire ?
Dylan : tu es chez toi là ?
Moi (prenant mon souffle) : oui.
Dylan : ok, je viens. Tu prépares quoi ?
Moi sèchement : rien !
Dylan (ton doux) : bébé arrête de faire la tête, je t’explique tout à condition que tu prépares ton bouillon de la dernière fois.
Moi : Dylan, je n’ai pas ce qu’il faut pour ça.
Dylan : mais tu peux faire les courses, je te paie le nécessaire si tu veux.
Moi : comme tu veux !
Dylan : bébé s’il te plaît…
Moi soupirant : ok !
Je raccroche et me retourne pour croiser le regard désapprobateur de Gabrielle.
Gabrielle (remuant sa tête) : et dire qu’avant de tomber amoureuse, tu étais une fille intelligente.
Moi : Gabi ne commence pas !
Gabrielle : mais est-ce que j’ai tort ?
Je soupire juste et passe devant elle.
Gabrielle (derrière moi) : en tout cas, on attend toutes ces explications ici.
Moi (me tournant vers elle) : parce que tu seras là ?
Gabrielle : oui khee
Moi : lol tu blagues.
Elle se pose à nouveau devant la télévision alors que je prends les clés de ma voiture et m’empresse de sortir.
Je fais un tour à Mbolo, je reviens.
Gabrielle : ramène-moi des chips.
Moi : tcchhiiippp !!!
Je reviens une heure plus tard avec des courses pleines la main, Gabrielle m’aide à les ranger et décide aussitôt de rentrer chez elle.
Moi taquine : tu ne veux plus rester écouter le kongossa ?
Gabrielle : il faut que je passe urgemment chez King.
Moi intriguée : il se passe encore quoi ?
Gabrielle : je ne vais pas tarder à le savoir.
Moi (le ton rieur) : il ne faut seulement pas oublier le casque cette fois.
Gabrielle : et toi n’oublies pas de te servir de ton cerveau.
Moi : OBIANG !!!
Gabrielle : la chance même que c’est le nom de mon grand-père.
Elle se dirige vers le salon et je la suis pour fermer la porte, je reviens et m’attèle à préparer le bouillon de carpe que j’ai prévu accompagner de riz. J’arrête à peine le feu sous la soupe que la sonnerie de la maison retentit. Je m’essuie rapidement les mains et fonce ouvrir, il rapproche ses lèvres que je dévie au passage .
Moi froidement : bonsoir,
Dylan : tu fais toujours la tête ?
Moi : il y a de quoi !
Il me retient par le bras et me plaque contre lui.
Dylan : tu ne me crois pas lorsque je te dis qu’il n’y a rien entre cette fille et moi.
Moi : et c’est pour cela que tu n’as pas daigné à venir vers moi.
Dylan : en fait, c’est plus compliqué que ce que tu penses
Moi : dis toujours.
Dylan : je te propose de passer d’abord à table, je te dis tout ce que tu veux après.
Ce que je fais, puis nous mangeons dans le silence total. Il m’aide à débarrasser lorsqu’on finit avant qu’on ne prenne place sur la véranda dehors.
Dylan : je tiens à te répéter qu’il n’y a rien entre cette fille et moi.
Moi (sur la défensive) : si tu le dis !
Il soupire avant de parler.
Dylan : un soir, nous avions eu un after bien trop arrosé avec les collègues. J’ai dosé avec l’alcool et elle aussi du coup nous avons couché ensemble sans le savoir. Là elle se retrouve enceinte et je ne sais du tout pas comment m’y prendre.
Moi (le fixant penaude) : attends-tu es sérieux ?
Il hoche la tête.
Dylan (passant la main sur son visage) : c’est pour cela que je suis obligé de la supporter, (soupirant) je cherchais l’occasion pour t’en parler. Je ne voulais pas te faire souffrir, je pensais pouvoir gérer sans t’impliquer là dedans.
Moi : et tu comptes gérer ça comment ?
Dylan (me fixant) : bébé, je ne peux pas avoir un enfant d’une autre personne que toi.
Moi : et tu penses faire quoi puisque l’enfant est déjà là ?
Dylan : je pense la faire avorter.
Moi : n’y penses même pas !
Dylan : c’est la seule solution plausible.
Moi : nous allons y réfléchir.
Dylan (me fixant avec insistance) : ok, nous ferons ce que tu décideras. (se rapprochant) Je peux avoir mon bisou maintenant ?
Il me saute dessus sans plus.