Tentative de suicide
Write by Farida IB
Fifamè LOCKO…
Chroniqueuse (me fixant les yeux grands ouverts) : Fifa donc tu as décidé de prendre en charge ton amant et sa famille.
Moi : ce n’est pas mon amant, c’est mon amour. L’amour de ma vie.
Chroniqueuse : rhayiii comment ça ? Il est marié et il aime sa femme.
Moi : ça, c’est parce qu’il m’a largué dans le temps.
Chroniqueuse (main pliée sous le menton) : ainsi, tu as mis ta vie en parenthèse pour un homme ?
Moi : en quelque sorte, mais avec la ferme conviction que je le reverrai un jour. C’est pour ça que je n’ai pas résisté à sauter sur l’occasion et je ferai tout pour le garder.
Chroniqueuse : mais tu te rends compte que tu fais obstruction à ton prénom ? Tu déranges la paix de cette dame alors que tu es censée en apporter.
Moi (prenant mon souffle) : jusque là elle ne se doute de rien et je ferai en sorte que ça soit toujours le cas.
Chroniqueuse : et je peux savoir comment ?
Moi méfiante : chro tu es bien trop curieuse, est-ce que ce n’est pas Nadine qui t’envoie par hasard ?
Chroniqueuse mdr : moi, je veux savoir seulement, pour pouvoir raconter la suite de mon histoire. (au tac) Tu comptes prendre cette famille en charge encore longtemps ?
Moi : jusqu’à ce que notre chéri ne se retrouve.
Chroniqueuse : hmm, c’est quel amour ?
Moi : chro, le cœur a ses raisons que la raison ignore.
Chroniqueuse : mais ton affaire-là étchapkpami pardon ékpatchami (ça me trouble). (se levant en riant) Bonne chance pour la suite alors, je retourne à mes écrits.
Moi : en tout cas, laissez-moi vivre mon amour, vous les gens d’ici, vous n’aimez pas le bonheur des autres.
Chroniqueuse : nous autres avons dit quoi ohh ? En tout cas !!
Moi (refermant la porte derrière elle) : kounn !!
Je reviens m’asseoir en soupirant d’aise, je suis la femme la plus heureuse, qui dit mieux ?
Florent, j’ai flashé sur lui lorsque nous étions au collège. À l’époque c’était le plus beau de tout le CEG en plus d’être intelligent et friqué. Il était donc convoité par plusieurs filles, et même les enseignantes n’étaient pas du reste. Il pouvait avoir toutes les filles s’il le voulait, mais le gars était d’un incroyable sérieux, les études étaient sa priorité. Je me rappelle une fois avoir prétexté des aides en maths et en sciences physiques pour lui faire du charme sauf que durant les quatre heures que nous avons passées ensemble, nous n’avons fait que travailler. A un moment j’étais tellement exaspérée que j’ai pris mes affaires pour rentrer chez moi. Cela ne m’a pas empêché de retenter ma chance plusieurs fois et toujours sans succès. Il y a même cette fois où je me suis décidée à lui déclarer ma flamme, là, il m’a simplement envoyé paître. Toutefois, ces déchéances ne m’ont guère empêché de l’aimer, je vivais avec la foi de finir ma vie avec lui, et même lorsque j’ai appris qu’il avait convolé en juste noce. Depuis lors, j’ai enchaîné quelques aventures qui se sont toutes soldées en échec, aucun parmi eux ne pouvait combler le vide qu’avait laissé Florent en moi. Je me suis donc faite l’idée de finir seule, j’avais prévu léguer ma fortune à des œuvres caritatives. Notre rencontre fortuite de la dernière fois était selon moi le coup de pouce du destin, et pour rien au monde, je ne laisserai cela me filer du doigt quitte à lui léguer tout mon patrimoine.
*
*
Cynthia CLARK…
Je suis dans le fauteuil de la chambre à coucher jetant par moment des coups d’œil à Austine. Cela fait deux semaines qu’Emmanuel a disparu et elle va de mal en pis, deux semaines qu’elle a le visage livide et raide (soupir). Elle est murée dans un silence et c’est d’autant plus difficile de lui faire avaler quoi que ce soit. Nous essayons tant bien que mal de l’aider à s’en sortir, mais pas moyen, lorsqu’elle ne dort pas, c’est qu’elle pleure. Joe dit de lui laisser un peu de temps, que ça lui passera. Je l’espère bien parce que la voir ainsi me fend beaucoup le cœur (soupir).
Ça m’afflige tellement que je commence à déprimer moi aussi, je ne suis pas habituée à la fille calme et taciturne que j’ai devant moi ces derniers jours. Austine a toujours été joviale et taquine, elle entraîne avec elle la joie de vivre partout elle arrive. Ça m’agaçait souvent qu’elle n’ait pas de retenue à des moments donnés, mais je préfère cette Aus à celle que j’ai devant moi aujourd’hui. Et c’est encore plus difficile depuis que les autres nous ont laissées, son père a dû repartir en Floride et sa mère passe tous les soirs lorsqu’elle n’est pas de garde. Tout le monde fait quand même de son mieux, les collègues sont passés ici la voir. Heureusement que nous avions pris un long congé pour les festivités, autrement, je ne saurai comment nous nous en sortirons.
La seule personne qui m’amène à rester zen face à tout ça, c’est Joe, il m’est d’un soutien indéfectible. Il est au petit soin, il vient nous faire à manger et nous apporte des petites gâteries pour aiguiser l’appétit d’Austine, cela me touche beaucoup bien qu’il ne réussisse pas à la faire changer d’humeur. Je dois avouer que sa présence dans ma vie me fait beaucoup de bien, il sait se rendre utile et sait exactement lorsqu’il faut s’éclipser. J’en suis tellement devenue accro de telle sorte que je le veux tout le temps dans mon sillage, ne me regarder pas mal inh qui n’aime pas le bonheur lol.
Je me lève du fauteuil et me dirige vers la porte d’entrée lorsque j’entends des coups frappés contre celle-ci. Je tombe sur le sourire séducteur de Joe en ouvrant la porte.
Moi (répondant à son sourire) : ça fait trente minutes que je t’attends.
Joe : c’est qu’il y a des gens à qui j’ai manqué ici.
Pour toute réponse, je capture ses lèvres pour un doux baiser, ce n’est pas de ma faute sa bouche attire comme un aimant. En plus son attitude depuis l’incident a fait augmenté sa côte d’amour dans mon cœur krkrkr…
Je lui prends ses paquets de la main et on se dirige vers le salon.
Joe : j’ai apporté les petits fours de maman.
Quand je vous dis que le gars-ci connaît !!
Moi (sourire radieux) : merci.
Joe (prenant place sur le canapé) : comment va-t-elle ?
Moi : le statu quo
Il me suit jusqu’à la cuisine et s’adosse à la table pendant que je sors les petits fours de l’emballage.
Joe : je crois qu’il serait mieux de la faire voyager, rester ici ne fera que lui rappeler cet évènement malheureux.
Moi (agréablement surprise) : tu as raison, je n’y avais pas pensé. (réfléchissant rapidement) Mais nous ne pouvons pas en ce moment, nous avons mis presque toutes nos économies dans ce mariage…
Joe (m’interrompant) : ne t’inquiète pas pour ça, je m’occupe de tout.
Moi (écarquillant mes yeux) : tu feras ça ? (oui de la tête) Mais tu n’es pas obligé de le faire, nous allons nous arranger.
Joe : ça ne me dérange pas du tout. (m’enlaçant par l’arrière) Vous n’aurez qu’à choisir la destination, je m’occuperai de tout.
Moi (me retournant pour lui faire face) : hmm, c’est trop pour moi. (répétant) Tu n’es vraiment pas obligé de le faire.
Joe (bisou dans mon cou) : je veux me rendre utile, c’est tout.
Moi : tu en fais déjà assez, rien que ta présence suffit.
Joe soupirant : mais Austine ne va toujours pas bien, c’est pour elle ce voyage. je veux me rendre utile, c’est tout.
Moi : ça ne me dérange pas de voyager, c’est le fait que tu veuilles dépenser qui a du mal à passer.
Joe : et qu’est-ce qui te dérange dans ce fait ?
Moi soupirant ; je ne veux pas avoir l’air de profiter de toi.
Joe : je te signale que c’est moi qui t’ai fait la proposition.
Moi : ça, c’est vrai, mais…
Joe : mais rien du tout. (enfonçant la tête dans mon cou) Dis oui s’il te plaît.
Moi gesticulant : pas le cou Joe.
Joe amusé : je l’enlève à condition que tu acceptes.
Moi : ok ok, j’accepte. J’en parlerai à Aus si elle est d’accord, on y va.
Joe (enfonçant à nouveau la tête dans mon cou) : désolé, je me sens très bien ici.
Je lui donne une tape dans le dos et il me bascule à l’avant pour me donner un baiser, baiser qui a fini par se prolonger jusqu’à ce qu’Aus ne crie mon nom.
Austine (essayant de couvrir sa main) : Cynt, il faut que vous m’ameniez à l’hôpital.
Nous nous précipitons sur elle.
Moi inquiète : que s’est-il passé ?
Austine : je me suis tailladée le bras.
Moi hurlant : mais pourquoi tu as fais ça ?
Joe : ce n’est pas le moment, trouve-moi une serviette chaude.
Je trouve rapidement une serviette que j’asperge de l’eau de la machine à thé, je le tends à Joe qui l’utilise pour couvrir la plaie avant qu’on ne se rendre chez Bayor (polyclinique) où elle est immédiatement prise en charge. On attend une demi-heure avant qu’elle ne ressorte du cabinet avec un bandage à la main. Elle s’avance et s’assoit près de moi et soupire bruyamment.
Austine : je suis désolée pour la frayeur que je vous ai faite.
Moi : pourquoi est-ce que tu t’es fait ça ?
Austine hésitante : je voulais… Euhh… Enfin, je voulais éprouver sur le corps physique la même souffrance que j’avais sur le cœur.
Les larmes commencent à ruisseler sur sa joue.
Moi (la prenant dans mes bras) : ça ira chérie (titubant) Euh Joe nous propose de voyager, ça te dit ?
Austine (secouant la tête) : ça dépendra de l’endroit.
Moi : à toi de choisir.
Austine : je vais y réfléchir.
Joe (s’éclaircissant la voix en s’adressant à Aus) : et si on profitait du fait que tu sois hors de la maison pour faire un tour en ville
Moi adhérant : on pourrait faire du shopping.
Austine : et si on rentrait ?
Moi : Aus !!!
Austine (soupir exaspéré) : oookk.
*
*
Salifou DIOMANDE…
Nous sommes assis dans la salle d’échographie de la clinique attendant l’échographe pour de nouveaux examens. C’est aujourd’hui qu’on détermine si Mariam doit subir une césarienne ou si le bébé peut survivre jusqu’au terme de la grossesse. Ça fait près d’une heure que nous attendons et personne ne parle, on peut facilement lire de l’anxiété sur le visage de Mariam et il n’y a pas qu’elle. J’ai autant hâte qu’elle de connaître le verdict, car l’expression de son visage n’annonce rien de bon. Elle m’en veut toujours et elle ne le cache pas. Quoique nos rapports, ce soient nettement amélioré, la communication a du mal à passer entre nous. Enfin, elle se comporte normalement devant les enfants et dès que ceux-ci ont le dos tourné c’est le retour des tensions. Je ne sais pas comment me faire pardonner jusque-là, j’attends juste qu’elle sorte de cette clinique pour accélérer le processus.
Nous attendons encore quelques minutes avant que l’échographe n’arrive, il se munit de ses outils puis après le passage du gel commence l’échographie sans perdre du temps.
Echographe (après quelques minutes) : c’est un combattant que vous avez là, (souriant) il a décidé de faire le reste du chemin avec nous le bonhomme.
Moi (un peu soulagé) : cela voudra dire qu’il naîtra qu’au bout des 40 semaines ?
Échographe : oui et avec un peu de chance par voix basse.
Je pousse intérieurement un ouf de soulagement et Mariam acquiesce d’un sourire. Il nous tend ensuite les clichés que nous ramenons au docteur.
Docteur (après visualisation) : c’est une très bonne nouvelle que nous avons là.
Moi : effectivement docteur, et la suite ?
Docteur : nous allons la garder en observation quelques jours de plus et elle pourra rentrer à la maison pour mieux se préparer à l’accouchement dans quelques semaines.
Mariam : enfin, j’en avais marre de cet hôpital.
Docteur riant : j’imagine Mme, surtout qu’on surveillait votre alimentation.
Mariam (le ton rieur) : vous imaginez bien.
Il nous donne quelques recommandations puis nous retournons dans la pièce aménagée pour elle depuis que nous sommes là. Elle se couche avant de déclarer.
Mariam : Sal pense à retourner à tes affaires ça fait des semaines que tu ne t’en occupes plus.
Moi : je veux m’assurer que tu ailles bien d’abord.
Mariam : et c’est le cas, au moins rentre te reposer, tu as les traits tirés, tu ne dors pratiquement plus.
Je hoche lentement la tête, ça fait plaisir de retrouver la Mariam prévenante que j’aime.
Moi : d’accord, tu es sûr que ça ira ? Appelle-moi dès que tu as besoin de quelque chose.
Mariam : ok, ne t’inquiète pas. Envoie-moi Fayez s’il n’est pas occupé.
Moi : ok.
Je referme la porte derrière moi plus que soulagé, vivement que cette grossesse arrive à terme.