je cherche des réponses
Write by EdnaYamba
Marina
MOUSSAVOU
Assise à l’intérieur du café qui vient tout juste d’ouvrir
à OKALA, je regarde encore pleine de tristesse la photo de ma défunte maman,
partie un peu trop tôt à son goût.
Personne ne connait la véritable cause de sa mort, il y a
tout un mystère autour de ce drame. Cette nuit horrible où on me l’a arrachée. Je
vis avec ce cauchemar depuis des années. Je revis cette scène durant mes nuits,
la plupart du temps, agitées.
Je suis même allée consulter un Psychologue. Après l’avoir
écoutée, pendant plusieurs séances, sans réel changement, il m’a suggéré que la
solution à mon problème réside dans la résolution du meurtre de sa mère.
Ma mère a été assassinée et c’est un sujet tabou dans la
famille. Personne ne veut en parler, personne ne veut m’expliquer et moi, je revis
cette scène horrible, la vision de sa mère, le regard dans le vide, étendue,
inerte au sol, baignant dans son sang.
Je fixe encore la photo qui ne me quitte jamais où que j’aille.
Ma mère était si belle, si jeune, si joyeuse. On me dit
souvent que nous nous ressemblons de plus en plus, que j’ai hérité de sa taille
de guêpe, de ses traits fins. Certains disent que si elle était vivante, on nous
prendrait pour des sœurs à défaut de penser que nous sommes jumelles.
J’aurais voulu qu’elle soit en vie ! Il est vrai que
je ne comprenais pas tout à sa façon de vivre, aux règles qu’elle imposait à la
maison, mais je l’aimais. Je n’ai pas eu le temps de le lui dire bien assez
souvent, encore moins le jour de cet épisode macabre. Nous nous étions une
énième fois disputées. Je venais d’avoir 15 ans et rentrais en pleine
adolescente, l’âge de la rébellion. J’étais en constante opposition à tout ce
que disait ùa mère comme tous les adolescents à cet âge.
Quel gâchis !
Le bruit de la porte du café qui s’ouvre, attire son
attention. Je détache mon regard de la photo de ma mère que je remets dans mon
sac. Mon regard se porte sur le jeune homme que je reconnais. Le café n’est pas
très spacieux et il y a peu de monde,
il ne peine donc pas à me reconnaitre.
Il s’avance vers moi.
Lance Durand.
C’est lui, en vrai. En chair et en os.
J’ai lu un article sur lui dans le journal. J’ai alors
pensé qu’il pourrait me venir en aide. Quand il a répondu, Je suis restée dubitative,
me disant qu’il ne viendrait pas.
C’est un inspecteur métis, Franco- Gabonais, la petite
trentaine, venu spécialement sous invitation du gouvernement gabonais, pour
aider la police gabonaise dans la résolution des affaires criminelles, meurtres,
kidnapping et crimes rituels, dans lesquelles baigne, désormais depuis bien
trop longtemps, la capitale gabonaise.
L’image du pays a été ternie avec cette actualité morbide.
Les médias étrangers en ont fait des documentaires et ce n’était pas bien pour
le tourisme. Personne ne prendrait comme destination un pays avec un niveau
d’insécurité aussi élevé. L’état a dû réagir et leur solution s’appelle Lance Durand.
Je l’observe qui s’approche. La photo de l’article est
vraiment bien loin de la réalité, il y paraît de taille moyenne alors que je
remarque qu’il est grand de taille, son teint ocre et sa peau lisse n’ont
certainement pas dû être exposé longtemps aux fortes températures tropicales. Il
est plus charmant que sur la photo, avec une barbe naissante qui le rend plus
séduisant. Si la réputation des policiers n’est pas surfaite, il doit faire certainement
des étincelles dans la ville celui-là. Le regard de ces dames qui se retournent
à son passage, le témoigne bien.
-
Mlle Marina Moussavou ? demande-t-il avant
de s’asseoir pour s’assurer qu’il ne s’est pas trompé.
Voix grave et sexy !
-
Oui, c’est bien moi !
-
Lance Durand, alors que puis-je faire pour
vous ?
Il était plutôt direct mais je comprends qu’avec toutes les
affaires qu’ils ont à gérer, il ne doit certainement pas avoir assez de temps à
m’accorder. Je suis déjà reconnaissante qu’il ait accepter de me rencontrer. Je
ne perds donc pas de temps et je me lance dans le récit qui me hante chaque
nuit. L’histoire d’une jeune fille de 15ans qui au matin vint trouver sa mère
au sol baignant dans une mare de sang. La
veille, elle l’avait entendue se disputer avec cet homme qui ne venait que très
tard la nuit et repartait très tôt le matin.
Le jeune inspecteur me fixe, très concentré, ne voulant
perdre aucun détail de tout ce qu’elle pouvait lui dire. Son regard est intense
et pénétrant comme s’il veut lire en moi.
-
Voilà vous savez tout, j’espère vraiment que
vous pourrez m’aider !
-
Marina, vous me permettez de vous
tutoyer ?
-
Oui, bien sûr !
-
D’accord, tu as conscience que ça ne va pas
être facile au moins ?
-
Si c’est trop difficile pour vous, je comprends,
lui dis-je défaitiste.
-
Il n’y a rien qui n’ait de solution tant qu’on
n’a pas essayé ! Ce que je veux que tu comprennes c’est qu’on parle d’une
affaire d’il y a environ dix ans et qu’on n’est pas aux USA où on peut
retrouver des preuves ou qu’il y a des experts comme dans les enquêtes
impossibles, tu en as conscience ?
-
Oui je le sais ! j’ose espérer que cette
affaire pourra quand même être résoute.
-
Je ferais de mon mieux pour t’aider.
-
Merci beaucoup Mr Durand
-
Appelez-moi Lance ! dit-il en se levant,
je vais devoir y aller. Je vous rappellerai !
-
D’accord Lance,
Et le beau musclé s’en alla ! Décidément, il est vraiment
plus beau que dans l’article.
***
L’affaire que je viens d’accepter, ne sera pas des plus
faciles à résoudre, j’en avais le pressentiment. Mais devant la détresse de
cette jeune fille, je ne pouvais m’empêcher d’accepter. Je sais également ce que c’était de perdre un
parent dans de pareilles circonstances. Ma mère aussi était morte dans de
sombres circonstances.
Mon père, jeune français était venu au GABON, pour le
compte de la société Total, basée sur Port-Gentil. C’est dans cette ville qu’il
rencontra l’amour de sa vie, une jeune gabonaise pleine de vie, avec qui il se
maria aussi rapidement qu’il en était tombé amoureux. De cette union, naquirent
trois magnifiques enfants Andréa et Greta et moi.
Mon père qui adorait sa femme, avait décidé pour elle, de
rester vivre au Gabon parce que cette dernière, très attachée à son pays, ne
désirait pas vivre ailleurs. Peut-être aurait-il mieux valu, qu’elle accepte de
s’établir en France….
Un soir, alors que Bernard Durand s’était rendu en France, pour
voir sa mère souffrante, un cambrioleur s’introduisit dans leur maison, et Annette
Durand perdit la vie…
La famille fut dévastée. Bernard revint précipitamment,
après ce drame. Il prit ses enfants et quitta définitivement le GABON sans
jamais s’être remis de la perte de l’être aimée. Toute ma vie, je l’avais consacré
à mettre des malfrats en prison en souvenir de ma mère.
Après un master dans le domaine juridique, J’ai réussi un
concours pour devenir officier, et j’ai travaillé d’arrache-pied au point de
devenir une référence.
Et Chaque fois que je suis sur une affaire, je m’applique
comme s’il s’agissait de retrouver l’assassin de ma mère.
Dans un mouvement de colère, je froisse le papier que je
tiens dans ma main et le jette nerveusement vers la poubelle.
L’affaire a été classée sans suite. L’assassin n’a jamais été
l’assassin, aucun suspect …rien. Le meurtre de sa mère est donc resté impuni.
C’est pourquoi quand le gouvernement Gabonais a sollicité mon aide, pour
freiner la montée de criminalité dans la ville, je n’ai pas réfléchi longtemps
avant de donner mon consentement. Cette nouvelle n’a pas beaucoup enchanté mon
père et mes sœurs, mais c’était une occasion d’honorer la mémoire de sa mère.
Ma mission devrait en principe s’achever, mais voilà que j’avais
une raison de prolonger mon séjour. Je veux aider cette jeune fille que je
trouve soit dit en passant vraiment trop ravissante pour que sa vie soit remplie
d’autant de tristesse. Elle me rappelle Greta. Résoudre ce meurtre m’aiderait
certainement à faire le deuil…et Peut-être lui aussi.
Pour commencer, il faut que je retrouve ce dossier dans les
archives de la police, s’il existe encore bien sûr.