Joël et Ami 16 : Le sort s’acharne

Write by Dja

Yaye Fatou ne tenait plus en place. Elle sentait monter l’anxiété. Une boule s’était formée dans sa gorge. Que se passait-il ? Qu’était-il arrivé à sa fille ?


Elle se mit à prier à haute voix sans même en avoir conscience. Si sa fille mourrait, elle ne se le pardonnerait jamais. Elle la suivrait dans la tombe.

Hé, Allah ! Fais qu’il ne lui soit rien arrivé de grave. Pitié !

Elle savait qu’elle avait promis de rester calme, de ne plus pleurer. Elle ne flancherait pas. Elle sentit des bras l’entourer. Les triplés étaient là. Elle ne put pas ouvrir la bouche, tellement l’émotion la submergeait. Elle était heureuse que tous ses enfants soient présents pour leur sœur. Même s’ils avaient été contre sa relation d’avec Joël, il ne l’abandonnait pas. Yaye Fatou les embrassa l’un après l’autre. Elle se disait que même si elle ne les voyait pas, les ondes positives de tout cet amour arriveraient sûrement à Ami. Elle devait s’en sortir, il le fallait. Ousmane, le ministre et Habib l'agriculteur étaient arrivés aussi. Fofana les embrassa longuement. Ce n'étaient pas les retrouvailles auxquelles il avait pensé. Mais, il était heureux de revoir ses frères. Et, leur mère en avait besoin.

Au bout d’une vingtaine de minutes qui leur parurent une éternité, les Traoré virent sortirent un brancard tiré par deux hommes robustes. Un drap blanc couvrait la totalité du corps couché sur le lit. Les infirmières sortaient de la salle avec les mines défaites, des larmes ruisselant sur leurs joues. Abou fermait la marche, se dirigeant vers eux, le visage fermé.

En les voyant ainsi, Fatoumata senti ses jambes se dérober sous elle. Dieu ne pouvait pas leur avoir fait ça. Il ne pouvait pas leur avoir pris son bébé. Ho, non ! Elle sentit qu’on l’appelait et des bras la soulever. Son cœur n’avait pu supporter la nouvelle qui arrivait.

Quand ils la virent tomber, les garçons soutinrent leur mère. Abou couru au devant d’eux et hélant un infirmier, il demanda un box libre. Tout de suite, elle fut installée. Il n’y avait pas de place en réa, mais en cas de complication, elle pourrait être prise en charge rapidement.

A la maison, Oumar avait été contacté par la gendarmerie. La nuit n’allait pas tarder à tomber. Il devait s’y rendre, mais avant il avait lancé quelques appels. Ses amis hauts placés l’avaient rassuré concernant ce qui arriverait. Le Directeur de la gendarmerie lui avait assuré de son soutien également. Quand il avait pris des nouvelles de sa fille, il avait su de la part de connaissances qu’il avait au sein de la clinique qu’elle avait été opérée, mais que son cas restait critique.

Oumar savait qu’il ne risquait plus rien. Ce n’était pas lui qui irait croupir en prison à cause de cette écervelée qui n’avait pas hésité à ouvrir ses cuisses au premier venu.

En chemin pour la gendarmerie, il se mit à penser à elle. Quelle ingrate cette enfant. Les femmes de toutes les façons n’étaient que des êtres vils et fragiles. Elle s’était laissé séduire par le fils de son ami. Pourtant elle savait qu’elle était promise à Aboubacar. Il sentit monter en lui la colère. Comment avaient-ils osé lui faire cela à lui ? Il ne regrettait pas d’avoir tiré sur elle. Et au cas où elle serait encore en vie, au moins l’enfant était mort. La honte ne serait que de courte durée.

Si elle s’en sortait, il l’enverrait au village chez sa mère fort heureusement encore en vie. Elle ne pouvait plus rester en ville, il serait tenté de terminer ce qu’il avait commencé. Et puis, il ne pouvait pas l’envoyer du côté de Fatou. Ses parents finiraient par la pourrir. Oumar savait qu’ils ne tarderaient pas à venir lui demander des comptes. Il saurait comment les recevoir. Ami était sa fille. Il ne les laisserait pas salir sa maison avec la honte qu’elle avait mise sur lui et sa famille.

Quand il pensait qu’il avait déjà tout organisé pour son mariage. La salle de réception à côté de la maison était enfin terminée. Les invitations avaient toutes été envoyées. Et, les hauts dignitaires de la capitale avaient promis être tous présents pour la semaine de cérémonie. Et, à cause de la légèreté de son idiote de fille, il allait devoir s’excuser auprès d’eux et oublier son souhait de se présenter pour les élections législatives prochaines.

Ami ne savait pas qu’elle l’avait foutu dans la merde. Comment des gens pourraient voter pour lui, alors qu’ils allaient penser que dans sa propre maison, il ne parvenait pas à imposer le respect ? Mais bon, il allait devoir remettre ses ambitions à plus tard. D’ici à ce que les effets de la honte soient tombées, il aurait recommencé à gagner les cœurs des uns et des autres. Et puis, de toutes les façons, désormais, Ami n’était plus sa fille. Elle avait osé lui désobéir, lui Oumar Traoré. Lui devant qui beaucoup de gens tremblent. Elle avait osé aller à l’encontre de sa décision.

Ce garçon aussi aura des comptes à lui rendre. Joël ! Le fils d’Ismaël. Il devra payer. Sa famille devra payer pour laver l’affront. Sans oublier que par leur faute, Ami avait failli mourir. Car, il ne se sentait en rien responsable de ce qu’il avait fait. Si cet imbécile avait gardé sa queue dans son pantalon, il n’aurait pas réussi à tourner la tête à sa fille. Donc, c’était à eux de payer. Et, il le leur ferait bien savoir. Ce n’était qu’une question de temps.

De son côté, Richard avait entendu parler de l’infortune d’Ami. Il en était bouleversé. Bizarrement, il avait pensé qu’il serait heureux lorsqu’Oumar apprendrait pour la grossesse et son histoire avec Joël. Mais à présent, il se sentait las. Il avait bien réussi son coup pourtant, alors pourquoi ce sentiment de lassitude, ce désarroi ? Il regarda sa montre, bientôt il serait dix heures, il avait rendez-vous en ville. Il ferait mieux de se dépêcher s’il ne voulait pas être en retard.

Il était toujours chez Joël. Maintenant que cette petite était hospitalisée, il aurait encore plus besoin de lui. Il était rentré tout à l’heure désemparée, trainant la patte comme un chien malheureux. Richard savait ce qui s’était passé chez elle. M. Traoré n’avait pas pu laisser la honte tomber sur lui. Ha, ces africains avec leur honneur et leur fierté. Il ne comprendrait jamais les gens qui restaient ancrées à des us et coutumes d’un temps révolu. Pourquoi obliger sa fille à épouser un inconnu ? Voilà maintenant ce qui arrivait. Surtout que cette petite était très jolie et savait ce qu’elle voulait. Le jour où il l’avait rencontrée pour la première fois chez les parents de Joël, sa fraîcheur et son innocence l’avaient fait sourire. Il avait bien vu qu’elle était encore pucelle. Mais, en regardant son jeune ami et rivale, il avait compris également que la situation allait bientôt changer. Aussitôt son plan avait pris une autre dimension. Il avait su que cette petite allait lui servir de pion dans son jeu de vengeance.

Richard avait réussi à s’en faire une amie. Parfois, elle l’appelait pour prendre des nouvelles ou pour demander conseil s’agissant de Joël. Elle en était folle amoureuse. Il s’en réjouissait, cela ne ferait que faciliter les choses lorsque le temps serait arrivé.

Un soir, alors que Joël venait de raccompagner une de ses nombreuses conquêtes, ils s’étaient installés dans le salon, à l’intérieur de la maison. La fraîcheur n’incitait pas à rester dehors. Les deux hommes sirotaient tranquillement un bon verre de brandy, le whisky préféré de Richard :

« _ Alors, comment s’appelle celle-ci ?

_ Je n’en sais rien mon cher. C’est une fille que j’ai rencontré au supermarché il y a une semaine.

_ Et tu ne sais pas comment elle s’appelle ?

_ Bof, ce n’est pas important ! Elle m’a fait du rentre-dedans alors que j’étais en caisse. Comme elle m’a vu payer en dollars, elle m’a glissé son numéro de téléphone (il se mit à rire en passant la main sur son entrejambe. Richard fut gagné par la même joie).

_ Et puis je t’avoue que cela faisait longtemps que je n’avais plus goûté à une métisse. Elles sont d’une fougue, tu ne peux pas t’imaginer.

_ Je me demande toujours comment tu fais pour dégoter les plus belles filles sans qu’elles n’en veuillent plus.

_ Tu cherches ma mort. Avec ce genre de fille, mon portefeuille serait vide en un rien de temps. Nous nous sommes bien amusés, mais je lui ai fait comprendre que c’était juste pour passer du temps et elle est d’accord. Elle va bientôt se marier qui plus est.

_ Comment ? Mais tu ne changeras pas mon cher. Et si le type venait à l’apprendre ?

_ Comment ferait-il ? Dakar est grand Richard et cette fille ne se laissera jamais prendre. Putain, si tu avais vu comment elle bougeait son cul. Rien qu’à l’idée, j’ai envie de la rappeler. Elle en a eu pour son argent ! Elle m’a épuisé.

_ Tu es terrible ! (ils se remirent à rire)

_ Tu n’as pas peur de tomber amoureux ?

_ De qui ? Non, ne t’inquiète pas mon cher ! Mon cœur à moi est déjà pris.

_ Haaa ! Et par qui s’il vous plaît ? »

Richard se mit à rire en disant cela. Il savait bien que Joël voulait parler d’Ami.

« _ Tu le sais bien, ne joue pas à l’étonné.

_ Oui, Monsieur l’amoureux. Mais, tu sais aussi qu’elle est promise à un autre. Son père n’acceptera pas que tu veuilles la détourner. Toi-même tu me l’as dit.

_ Ce type est trop vieux jeu. Mais sa fille et moi avons un plan. Très bientôt, elle s’en ira et j’irais la retrouver.

_ Ha bon, raconte-moi tout !»

Et tout à sa confiance en cet homme qui l’avait aidé à grandir dans le milieu professionnel, Joël expliqua dans les moindres détails le plan « d’évasion » d’Ami. Richard était tout ouïe et souriait intérieurement. Joël sans le savoir venait là de lui donner le dernier chaînon manquant pour sa vengeance.

Quelques jours plus tard, alors que son jeune ami était sorti, il alla dans sa chambre et piqua d’une aiguille plusieurs des préservatifs qu’il gardait dans la pharmacie, ainsi que ceux qui restaient dans le tiroir au chevet de son lit. Il savait qu’Ami viendrait ce soir. Elle avait raconté à sa mère qu’une amie organisait une petite fête et qu’elle y passerait la nuit. Madame Fatoumata était trop crédule, elle avait une confiance aveugle en sa fille.

Quand Ami était passée, Richard s’était assuré de bien approvisionner la réserve de la chambre. Il avait craint que la petite n’en apporte de son côté, mais il savait qu’elle comptait toujours sur son amoureux pour leur fournir des protections. Elle n’avait aucun autre moyen de contraception. Si elle essayait d’en avoir, ses parents finiraient par le savoir. Rien ne pouvait être tu longtemps dans son milieu. Et son père 
surtout, n’était pas n’importe qui .


Pour parfaire son plan, Richard s’était renseigné auprès de Joël sur le cycle d’Ami. Ce dernier qui ne se doutait de rien lui avait expliqué qu’il faisait attention à ne pas la mettre enceinte. Il notait dans un carnet ses dates de menstruations. Richard savait où il gardait ce carnet.

Il savait donc que ce soir, Ami serait en pleine disposition pour être fécondée. Et surtout, comme elle comptait revenir dans la semaine, les chances se multiplieraient. Il ne manquerait donc pas de l’inviter et de les laisser en tête à tête. Son plan irait à merveille, il s’en réjouissait d’avance.

A présent, la petite était à l’hôpital. Il ne comprenait pas pourquoi il en était aussi affecté. Il avait proposé un verre à Joël, mais ce dernier l’avait refusé :

« _ Tu te rends compte, ils refusent que je la voie ! Que je voie ma femme

_ Calme toi Joël, tu n’es pas en mesure de réfléchir correctement.

_ Mais est-ce que tu t’en rends compte ?

_ Ecoute, il faut que tu te reposes. Tu es à bout !

_ Et comment ne le serais-je pas ? Cet idiot de médecin américanisé m’a carrément jeté à la porte de son bureau. Et la mère d’Ami refuse que je retourne à l’hôpital.

_ Il faut les comprendre, tout ce qui est arrivé est en partie par de ta faute.

_ Qu’est ce que tu racontes ? Ce n’est pas moi qui ai tiré sur elle, mais son fou de père.

_ Oui, je sais, mais si tu ne l’avais pas mise enceinte, cela ne…

_ Arrête Richard ! Pour tout le respect que je te dois, s’il te plaît arrête. Même si je l’ai mise enceinte comme tu dis, cela n’excuse pas le geste de son père.

_ Oui, je sais ! Ne t’énerve pas ! Tu as raison ! Mais dans l’immédiat, tu dois te reposer. Je passerais prendre des nouvelles si tu veux.

_ Et comment feras-tu ? Ils ne connaissent pas. Et dès qu’ils apprendront que tu viens de ma part, ce connard d’Abou refusera qu’on te dise quoi que ce soit. Avant d’arriver ici, j’ai appelé l’hôpital et il m’a été interdit de rappeler. Seule la famille proche aura des nouvelles sur place.

_ Hum Je vois, je vois ! Bon, ce n’est pas grave ! Nous appellerons ta mère. Elle au moins pourra nous renseigner.

_ Ho, merci Richard ! Tu es génial ! Je n’y avais pas pensé. Merci beaucoup !

_ Mais il n’y a pas de quoi !

_ Ho si ! Et, désolé de m’être emporté à l’instant. Je ne sais plus ce que je dois faire et je suis dans un état de nerfs pas possible.

_ Je le sais, ne t’inquiète pas. Tout ce dont tu as besoin pour le moment, c’est de te reposer. Tu auras les idées plus claires par la suite.

_ Merci, tu as une fois encore raison. Je vais aller pendre une douche et me reposer. Mais tu sais Richard, si tu n’étais pas là, je ne sais pas ce que j’aurais fait. Mon père m’en veut à mort et ma mère ne me regarde plus. Tout va mal. Je suis passé là-bas avant de rentrer et, personne ne veux plus me parler. Je ne sais plus quoi faire.

_ Non, ne t’inquiète pas, les choses finiront par s’arranger.

_ Je ne sais pas hein ! Je ne sais pas ! En plus, elle était enceinte. Le bébé est mort, j’en suis sûr, je l’ai entendu dire par des infirmières. Mon bébé est mort et je n’ai rien pu faire. »


A ces mots, Joël s’écroula sur le sol. Il pleurait sans pouvoir empêcher les larmes de couler. Il pensait à Ami, à ce bébé qui ne verrait jamais le jour. Quel malheur ! Et tout cela était arrivé parce que M. Traoré avait refusé d’écouter sa fille. S’il avait accepté d’abandonner son idée de mariage, tout cela ne serait pas arrivé.

Joël se sentait si malheureux.

Richard vint lui toucher l’épaule et le conseiller à nouveau d’aller se rafraîchir et se reposer. Il aurait les idées plus claires par la suite.
« Merci Richard ! Merci d’être là ! Tu ne sais pas à quel point je suis heureux que tu sois là ! Désolé pour tout, vraiment, désolé ! Je regratte d’avoir… »

Tout à son malheur, Joël faillit avouer à son ami et mentor sa liaison passée avec Marlène. Il avait vraiment besoin de repos. Il s’était arrêté à temps, sa tête sur l’épaule de Richard.
Il prit la direction des chambres. Il irait se prélasser dans sa baignoire.

Richard avait compris le silence derrière la phrase que Joël n’avait pas terminée. Mais, il avait préféré ne rien relever. La douleur était encore présente et le sous-entendu avait rouvert la plaie.

Alors qu’il était presqu’arrivé à s’en vouloir sur le sort d’Ami, Richard ne regrettait plus pour les préservatifs. Malheureusement, Ami était un dommage collatéral. Elle n’aurait pas dû se trouver sur son chemin. Elle payait le prix en même temps que son amant. Et puis, de toute façon, pourquoi s’en vouloir, ses enfants à lui n’avaient plus de mère. Il regarda à nouveau sa montre. S’il ne partait pas maintenant, il serait définitivement en retard. Il laissa un mot sur la petite table du salon, histoire que Joël sache qu’il ne reviendrait pas pour la nuit. Lui aussi avait décidé de s’amuser.

Il avait entamé une liaison avec une jeune fille d’un milieu assez pauvre. Elle l’avait dragué une après-midi alors qu’il sortait de la maison. Candy, comme il l’avait surnommée lui avait raconté que ses parents à elle, étaient pauvres et qu’elle avait besoin d’argent pour ses études. Au début, ils avaient décidé de ne se voir qu’en journée. Et puis, elle avait eu besoin de plus en plus d’argent. Ce n’était pas ce qui lui manquait, au contraire. De surcroît, elle était bonne au lit. Depuis la disparition de Marlène, il n’avait plus couché avec quelqu’un. Cette petite était arrivée à point nommé.

D’ailleurs, pourquoi arriver sous les tropiques et ne pas en goûter toutes ses saveurs. Personne n’était au courant de leur relation. Il ne voulait pas que sa réputation en soit tâchée. Il comptait juste assouvir ses besoins, et surtout vérifier de lui-même si réellement les africaines étaient aussi chaudes au lit qu’on voulait bien le prétendre.

Richard avait été quelque peu déçu de voir qu’elle n'était plus vierge. Mais, il s’était dit que de toutes les façons, de la manière dont elle l’avait allumée, il ne devait pas s’attendre à autre chose de sa part. Ils se retrouvaient donc au même hôtel deux à trois par semaine, dans la même chambre. Candy y travaillait comme serveuse. C’était disait-elle pour arrondir ses fins de mois. Elle n’avait donc eu aucun mal à l’y accueillir sans éveiller de soupçon. Car, qu’un Blanc riche comme lui vienne s’y reposer n’étonnait personne. Mais, s’il venait accompagné d’une fille, là, cela aurait alimenté les ragots.

Mais, aujourd’hui c’était différent. Richard avait décidé de passer sa dernière nuit à l’hôtel. Il rentrait le lendemain en France. Maintenant que son plan avait marché à la perfection, il ne voyait plus l’intérêt de rester au Sénégal. Dans quelques heures, il serait en partance pour Paris. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec ce minable de Joël. Dans une semaine, il mettrait fin à sa collaboration avec le cabinet de M. Traoré. Il lui avait d’ailleurs fait envoyer les photos où on voyait Joël avec Marlène. Cette autre traînée qui s’était elle aussi laissée avoir comme Ami. Joël n’avait que ce qu’il méritait. Il aurait même dû le tuer pour lui faire payer. Mais, ce qui se passait était encore mieux que ce qu’il avait imaginé. Il en jubilait intérieurement.

Arrivé à l’hôtel, il trouva Candy prête pour lui. Cette petite coquine se faisait passer pour une sainte aux yeux de tous. Mais, lui seul savait combien elle pouvait être méchante et perverse. Au début, il hésitait à lui demander certaines choses et se contentait de quelques étreintes innocentes. Mais, au fur et à mesure de leur relation, il avait compris qu’elle était capable de beaucoup de choses. La première fois, elle avait passé un film érotique sur l’écran de la chambre et elle lui avait demandé de la sodomiser, comme le mec le faisait à l’écran. Elle disait que pour elle c’était de cette manière qu’elle ressentait du plaisir. Richard en avait été étonné :

« _ Tu en es sûre Candy ?

_ Oui, Rich ! Cela va faire bientôt deux semaines qu’on se voit, et je sais que tu n’oses pas me demander des trucs. Mais, ne t’inquiète pas. Tu n’es pas mon premier Blanc. Même si, c’est vrai que tu es le plus beau et le plus élégant.

_ Mais, et si je te faisais mal ?

_ Hum ! Pardon, mais je ne veux pas t’insulter. Tu ne réussirais pas avec ton engin. »

Richard s’était senti réellement offusqué. Mais Candy avait réussit à lui faire oublier ses paroles en s’occupant de lui. Elle l’avait gâté plus qu’aucune femme ne l’avait fait auparavant. Elle lui avait montré des objets qu’elle gardait cachés dans un tiroir : des menottes, des godemichés, des bandeaux, fouets, etc… autant de choses qu’il ne se serait pas imaginé trouvées là. Cette petite l’étonnait agréablement. Il avait alors pensé qu’avec elle, il assouvirait toutes ses envies et, même au-delà.

Candy était habillée en panthère cette nuit. Tout à l’heure, alors que Joël gémissait tel un enfant dans ses bras, elle lui avait envoyé des photos d’elle toute nue et dans des positions ensorcelantes. Il avait eu hâte d’aller la retrouver, sa verge ne supportait plus l’attente.

Maintenant, il était là et elle allait bien s’occuper de lui. Elle le conduisit sous la douche (elle faisait toujours ça, disant qu’il se devait d’être propre pour elle).

Après la douche, ils passèrent aux choses plus pratiques : menottes, bandeau sur les yeux, elle le laissa attaché au lit avec les clés à proximité. Cela avait été la seule condition pour ce jeu. Il craignait toujours qu’elle ne pousse le vice jusqu’au point de le laisser là. Avec cette petite coquine, qui pouvait savoir.

La nuit se passa donc mieux que ce à quoi il s’attendait. Candy était une maitresse dans les arts de l’amour. Elle ne semblait pas épuisée. Alors que lui s’était endormi plus d’une fois, elle l’avait réveillé pour d’autres plaisirs et, à chaque fois elle explosait d’une énergie qui l’amenait à lui promettre monts et merveilles. Cette petite allait le rendre fou. Elle savait où et comment le toucher pour le faire crier. Et, elle continuait jusqu’à ce qu’il se verse en elle. Il ne savait plus s’il s’était protégé ou pas. Mais, il savait qu’elle y pensait. Candy ne voulait pas d’enfant. Elle disait qu’elle avait trop souffert de la pauvreté et qu’elle voulait jouir de sa vie avant toute complication comme un enfant. Il pouvait donc avoir toute confiance.

Le lendemain matin, alors qu’ils sortaient tous les deux de la douche, où elle lui avait donné autant de plaisir que la veille, elle lui demanda pour la énième fois de l’amener avec lui. Mais, il ne pouvait pas. Cette promesse là, il ne pouvait pas la faire. Même s’il devenait fou à cause de son corps, il ne voulait plus rien avoir à faire avec ce pays dès qu’il serait rentré :

« _ Pourquoi ne veux-tu pas m’amener avec toi Rich ? Tu sais bien que je t’aime. Je n’ai jamais aimé un autre homme comme je t’aime toi.

_ Candy, nous en avons déjà discuté. Je ne peux pas t’emmener avec moi. Pas maintenant en tout cas !

_ Hum ! Pas maintenant, c’est ça oui ! Genre tu me feras venir après ?

_ Oui, je te l’ai déjà dit.

_ Et moi, je ne te crois pas ! Dès que tu seras rentré, tu auras vite fait de m’oublier.

_ Mais non ma belle ! Tu es mon rayon de soleil ! Ma belle petite africaine au corps magnifique et aux promesses enchanteresses.

_ Arrête moi ton charabia. J’ai vingt trois ans Rich ! Je ne suis plus toute jeune et, à mon âge, d’autres sont déjà mariées. Moi, je ne voulais pas me mettre avec un sénégalais, tu le sais, je te l’ai déjà dit.

_ Mais, et votre tradition ? Tes parents ne vont-ils pas se fâcher ?

_ Mais non, je te dis ! Mon père pense que je vais attendre jusqu’à ce que le fils d’un ami ait suffisamment d’argent pour payer ma dot. Mais, ma mère sait que je veux un Blanc moi. Je lui ai expliqué que vous savez aimer vous et prendre soin de vos femmes. Pas comme nos hommes ici.

_ Hum !

_ C’est vrai mon chéri ! Moi je veux de toi et aller vivre avec toi.

_ Candy, tu m’en demandes trop pour l’instant, je… »

Il n’avait plus les idées en place. Elle venait de se mettre à genoux devant son pantalon. Cette fille allait finalement le rendre fou...



Quand Oumar était arrivé au poste la veille, on l’avait fait entrer directement dans le bureau du Chef. Là, il avait passé environ une heure. Quand il en était sorti, il avait le sourire aux lèvres. Quelques billets perdus avaient permis qu’il ne soit définitivement inquiété de rien. Il ne lui manquait plus qu’à envoyer la caisse de vin de bordeaux qu’il avait promis au Grand Chef et le tour était joué. Il traversa la ville, dans sa voiture personnelle. Le chauffeur avait chargé la caisse avant qu’ils ne partent de la maison. Ils avaient rendez-vous dans une heure. Mais, connaissant son ami il savait qu’il n’y serait que deux heures plus tard. Oumar se dit qu’il en profiterait pour passer d’autres coups de fil. Il n’avait pas encore annulé les invitations à l’étranger. Il devait penser à le faire très vite. Il chercha dans son attaché-case le carnet d’adresses qui ne le quittait jamais.

Tout à ses calculs il avait ôté son regard de la route juste une fraction de seconde. Il ne vit pas le camion qui arrivait en trombe en sens inverse. Il n’y avait pas d’éclairage sur cette partie de la route. Au dernier moment, il leva les yeux et se retrouva nez à nez avec le camion. Il pila sur sa gauche et, la voiture se retrouva en contrebas, le dos dans le sable.

Oumar n’avait rien compris de ce qui lui était arrivé. Il était conscient et entendait le bruit des sirènes et les badauds au loin. Des femmes criaient, des hommes tentaient de casser la vitre de son côté pour le tirer de là. A un moment donné, il entendit qu’on l’appelait, ensuite, ce fut le trou noir.

Il avait sombré.

Avant de perdre totalement connaissance, une seule pensée lui vint : « Le sort s’acharne sur moi ».

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Joël et Ami