Au village, la fête de l’igname était souvent une occasion d’honorer les dieux de la terre. Nul ne pouvait manger de la nouvelle igname sans en avoir offert aux dieux de la terre et aux mânes des ancêtres.À cette occasion, les chefs de clan, les notables et les chefs de famille sortaient leurs accoutrements, exposaient leurs richesses faites d’or et de pagnes de grandes valeurs appelés Kita, signe de noblesse et de postérité. La fête de l’igname, cette année-là, réunit les deux familles : celle de Claudie et celle de Claudia. Les familles décidèrent de parer les deux enfants de bijoux pour montrer aux yeux du monde leur richesse. Le moment était tout trouvé. Les deux mamans des deux amies se retrouvèrent pour préparer la fête. Tata Amélia et tata Anna se fréquentaient régulièrement afin de mettre au point le déroulement de la fête…

— Tata Amélia : Nos filles devraient être bien habillées ce jour-là. Nos bijoux, nos colliers et nos perles feront la fierté de nos enfants.

— Tata Anna : Moi je choisirai pour ma fille, les bijoux de sa grand-mère, et j’achèterai de nouvelles perles et prendrai dans ma

valise des colliers anciens. Je choisirai de beaux pagnes Kita et un tissu dentelle pour son habillement. Les tresseuses arriveront après demain au village. Nos filles devraient être bien tressées.

— Tata Amélia : Tu as déjà pensé à tout. Je suivrai ton plan. Moi je pense à la marche et à la danse. Nos filles savent-elles danser ?

— Tata Anna : Les enfants d’aujourd’hui n’apprennent pas à danser. Déjà dans nos entrailles elles dansaient. La danse est dans leur sang, elle coule dans leurs veines. Tu seras agréablement surprise ce jour-là

— Tata Amélia : Nous ferons la réception chez-moi après la célébration du culte de nos dieux, et surtout après la marche, la danse et le défilé. Nous recevrons nos invités à la maison. Tu veux bien le dire à ton mari. Je sais qu’il a été informé par mon mari. Mais sait-on jamais ! Les hommes ! Hum !

Le jour de la fête fut un jour de nombreuses et grandes animations dans tout le village. Les libations se faisaient par-ci et par-là, puis suivaient de nombreuses immolations d’animaux. Les chefs de famille procédèrent ensuite à la coupure de la tête de la nouvelle igname que l’on mit sur l’autel des dieux, des génies et des ancêtres. 

Après le rituel, on autorisa les femmes à mettre les ignames au feu. La fête pouvait commencer. Les deux amies s’affairaient auprès de leurs mères. Les hommes commençaient à exposer le patrimoine familial. Au loin, le tam-tam parleur résonnait. On était en pleine fête. Les jeunes gens se promenaient de maison en maison, chantaient,

dansaient, visitaient les objets d’art, les reliques, les pagnes et les coffrets d’or. Ils improvisaient des chants, savouraient les mets délicieux, félicitaient la famille visitée et reprenaient leur marche. Bientôt, ils assiégeront les rues et la place publique.

On fêta toute la journée et, au cours de la procession, ce sont Claudie et Claudia, côte à côte et chichement parées de bijoux et de perles de grandes valeurs, qui s’exhibaient. On les voyait danser merveilleusement dans le cercle des danseurs. Le défilé des danseurs et des danseuses fut majestueux. Les animateurs, chanteurs et les joueurs de tam-tam étaient ovationnés. La fête prit fin à la tombée de la nuit ; elle avait duré toute la journée sous la bénédiction des dieux et celle des ancêtres.

Après la fête des ignames, la vie reprit son cours normal dans le village. Les hommes retournèrent à leurs champs et à leurs plantations. Tandis que les pêcheurs réparaient leurs filets et leurs pirogues et retournaient à la pêche, les femmes, quant à elles, reprenaient leur place au marché. Les écoliers et les écolières de leur côté firent leur seconde rentrée des classes. Dans la salle de classe de Claudie et Claudia, le maître fit une évaluation après la fête. Mais, avant les épreuves, il s’adressa à ses élèves : 

— Le maître : Révisez vos leçons et revoyez les corrections de vos devoirs. Vous aurez une évaluation dans trois jours sous forme d’examen blanc. Préparez-vous et relisez les chapitres que nous avons vus. Le jour venu, les jeunes élèves traversèrent la cour de récréation et se dirigèrent vers les salles de classe. Dans la salle, le maître distribua à l’heure convenue les feuilles de composition aux élèves. Les épreuves pouvaient commencer. Les élèves s’évertuaient, s’appliquaient, et s’inquiétaient à la fois. Pendant la récréation, les élèves se regroupèrent, échangèrent et s’écoutèrent. Claudie et Claudia semblaient être confiantes. Le soir venu, tout était terminé. La composition terminée, les résultats furent proclamés trois jours après.

Le maître vient proclamer les résultats et tous les élèves se mirent en rang devant la classe. Le maître annonça les résultats. 

— Le maître : Voici les résultats de votre examen de préparation à l’entrée en 6e. Je vous les donne par ordre de mérite : 

1er KANGA Louis 132,75 

2e TRAORE Salimata 129,50 

3e ANE Amon Alain 129,00 

4e BALIGO Claudie 127,25 

5e AKON Médard 125,00 

6e ABOUA Claudia 123,50 

7e FOFANAAbou 120,00

 8e BOUSSOU Nicole 118,00 

9e KABLAN Anny 115,00 

10e COULIBALY Jean-Marie 112,00 

11e GNAGBO David 110,25 

12e KONAN Antoine 108,50 

13e TAI Grégoire 105,00 

14e GBAI Félix 100,50 

15e BEUGRE Agnès 97,25 

16e BILE Marie-France 90,00 

17e GNAORE Paul 87,00 

18e PEHE Henri 86,00 

Sur les 40 élèves, nous avons 18 admis et 22 recalés. Mes enfants vous devez travailler. Les examens approchent. Il faut travailler pour faire plaisir à vos parents. Ceux qui ont eu leur moyenne doivent redoubler d’effort. Les examens réservent assez de surprise. Claudia et Claudie avaient assez bien travaillé. Sur le chemin de retour à la maison, elles se congratulèrent mais pensèrent qu’elles devraient travailler davantage. À la maison, elles présentèrent leurs résultats à leurs parents qui les félicitèrent.

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