La partouze
Write by FleurdeLhys
Christine
disait vrai. Elles étaient un quatuor de filles dont l’amitié a survécu après
les années passées ensemble au lycée et à l’université. Une amitié consolidée
par la croyance en un même Dieu.
Anna
était la moins bavarde et du coup ; toutes se sentaient en confiance à
venir déposer à ses pieds, leurs petits secrets sachant qu’aucun jugement ne
leur sera appliquée mais surtout qu’aucune des autres filles ne seraient au
courant du secret de l’autre.
-Bon…j’accouche…il
y a un mois, j’ai rencontré un monsieur avec qui le courant passait bien mais
je ne voulais pas que ça aille plus loin qu’un simple flirt parce que j’ai des
vues sur quelqu’un actuellement et cela se profile bien. Un mec sérieux, avec
de solides valeurs morales, la crainte de Dieu et de bonnes intentions à mon
endroit. Tu vois un peu le genre non ? Pas forcément le plus beau ;
le plus charmant mais c’est le genre rare quoi. Je veux vraiment me fixer
maintenant.
-Je
te comprends. C’est le souhait de toute femme à notre âge. Et quand on tombe
sur une perle rare, on ne perd plus le temps.
-Si
si. Je me sens mal le concernant après ce qui s’est passé mais c’est clair que
je ne peux rien lui dire. Il va me détester et ce sera notre fin c’est sûr……
-Qu’as-tu
fais avec ce monsieur. Ton chéri le connait ? C’est un proche de ton
chéri ?
-Pas
un proche mais je les ai déjà présentés l’un à l’autre…
-En
termes clairs ; ils se connaissent. Donc tu as couché avec un monsieur qui
connait ton chéri et que ton chéri connait c’est ça ton secret ?
-C’est
à peu près ça mais c’est bien pire que ça….
-Tu
connais Jolianne ?
-Oui
je la connais. Qu’est-ce qu’elle vient ficher dans le Game ?
-Le
monsieur la connait aussi et un soir fortuitement, nous l’avions croisé en
ville alors que j’étais en voiture avec le monsieur. Nous avons fait escale au
bar Terminus pour un verre. Nous avions trop bu. Enfin ; moi j’ai trop bu
je pense. On s’est retrouvé chez Jolianne avec le monsieur et cela a fini en
partie de jambe en l’air. Je me suis réveillée le matin avec une migraine
incontrôlable et la honte de ma vie mais je ne pouvais plus revenir en
arrière…Le mal était déjà fait.
-Une
partouze en somme…C’est vrai que c’est moche en effet…Mais te connaissant je
redoute que ce ne soit pas le fin mot de l’histoire…Il y a pire n’est-ce
pas ?
-Oui…Jolianne
est sur la même paroisse que moi et depuis un moment ; elle me harcèle…
Anna
commença à être inquiète. Harcèlement ? Rien de bon dans ce mot.
-As-t-elle
des photos qui te compromettent ?
-Non.
Le monsieur m’a assuré que ce n’était pas possible et que ce n’était pas la
première fois qu’il faisait ce genre de choses avec Jolianne et que si je
voulais je pourrais en parler à d’autres copines à moi qui sont intéressées et
qui savent être discrètes pour plus de plaisir. J’ai été choqué naturellement
mais je ne pouvais pas faire la fine bouche. J’évite soigneusement ses appels
et ceux de Jolianne et j’ai même dû changer de paroisse pour éviter le pire.
-Quelle
forme d’harcèlement Jolianne fait donc à ton endroit ?
-Elle
veut qu’on renouvelle l’expérience ; elle et moi et après si je veux avec
d’autres personnes comme le monsieur.
Il
y a quelque chose que Christine omettait de lui dire qu’Anna ne saisissait pas
vraiment encore. C’était subtil mais c’était là.
-Des
personnes comme le monsieur ? Qu’a-t-il de si spécial ?
-Il
est un membre influent du clergé et il est bi….
-
Bi ?! Bi comme dans bisexuel ?! Ah ça ! Je ne m’en serais pas
doutée. Des prêtres qui tombent amoureux ; j’en connais ; des prêtres
qui draguent des fidèles j’en connais aussi ; des prêtres qui se font harceler ;
des prêtres qui ont une famille, j’en connais aussi mais des prêtres en mode
partouze, en mode pédé, j’avoue que je ne l’avais jamais envisagé.
-Moi
non plus. Mais je l’ai vécu donc c’est plus qu’une évidence. Il n’a pas appelée
de nom mais il m’a dit que certains de ses confrères seraient très contents de
me connaitre si je le voulais et que je pourrais m’en sortir facilement
financièrement si j’acceptais. Que j’étais une fille bien faite et tout le
baratin qui va avec…..
-Hum…Un
commerce de sexe au sein de l’église….Je comprends la dévotion de Joliane aux
causes de l’église. Sa voiture, son appartement….Moi qui pensait que Dieu lui
faisait simplement grâce à travers son boulot à la banque ? Alors que
c’était son postérieur qui lui était bien plus favorable.
Christine
en rit. Anna était contente de détendre un peu l’atmosphère
-Dis
moi toi tu as envie de faire ce commerce ? La vie facile. Des
secrets ? Probablement beaucoup d’hypocrisie ? Des enfants de prêtres
ou des enfants illégitimes, au cas où tu te marierais ? Et c’est sûr ; ton âme sera vouée à la
géhenne éternelle.
-Non
évidemment ! s’offusqua Christine. Mes parents, ma fille et mon chéri ne
méritent pas ça.
-Voilà ;
toi non plus tu ne mérites pas ça. Tu finiras pas ne plus t’aimer. Par ne plus
situer ta vraie valeur. Si tu verses dans cela et que tu arrives à ne plus
avoir la conscience émoussée ; je promets que je fais ton deuil et notre
bonne vieille amitié ne sera plus qu’un souvenir.
-Comment
Jolianne arrive-t-elle à aller à la messe tous les jours et à se tenir devant
le pupitre pour dire la lecture ?
-Sûrement
parce qu’elle a déjà vendue sa conscience et aussi sûrement pour donner une
pleine vue sur son arme fatale : ses fesses ! Non. Plus sérieusement,
je la plains, parce que la fin ne sera pas belle. Il n’y a rien de plus déshumanisant
pour soi que de livrer son corps avant de pouvoir se prouver avoir une valeur. (A suivre)...