Les dilemmes
Write by Kossilate
Chapitre vingt et un : Les dilemmes
Il y a une chose que je me suis toujours demandée lors des entretiens d'embauche. Les employeurs qui ne comptent pas nous embaucher mais qui nous disent : «On vous recontactera », n'ont-ils pas encore compris que cette phrase ne nous laisse presque aucune illusion ou bien ils le savent sciemment et le disent juste pour nous tourmenter ?? Voilà une semaine que Grace est partie et entre temps j'avais eu le temps de passer quatre entretiens d'embauches et à chaque fois j'avais reçu ce même « on vous recontactera » accompagné selon le cas d'un faux sourire ou d'un regard un peu de travers. J'avais d'ailleurs décidé de me résigner à demande l'aide de Mia et de Zayn pour passer des entretiens dans chacune de leurs boîtes. En parlant de Zayn, je n'avais toujours pas vu la surprise dont Yelen m'avait parlé et il avait fini par m'expliquer qu'il s'agissait d'un pique-nique en tête à tête qu'il n'avait pas pu organisé premièrement en raison de mon état après ma dispute avec Kira, puis à cause de mes occupations pour me trouver un stage.
Du côté des jumelles et de Kira, tout s'est aplani et même si parfois je m'en voulais encore de ma réaction excessive, on attend toutes ensemble les résultats pour savoir si leurs dossiers ont été sélectionnés. Par rapport à l'université, elles hésitaient encore entre Seattle et Washington. Pour ma part l'une ou l'autre de ces villes me convenaient pour la quatrième année, ma priorité étant de trouver un stage et de finir ma troisième année sans avoir à effectuer de transfert. Ma seule crainte était en relation avec la distance qui s'installerait entre Zayn et moi, si les filles choisissaient définitivement Washington, je l'avais donc inviter à la maison pour lui en parler mais c'est sur tout autre chose que nous avons débuté.
- Ça n'a jamais été aussi facile de faire dormir Yelen, lança Zayn en quittant ma chambre sur la pointe des pieds.
Ce jour-là, après un déjeuner digne des grands gourmands qu'étaient ma fille et mon homme, une petite footing dans le salon en jouant à cache-cache et une histoire à dormir debout inventée de toute pièce par moi, Yelen s'était endormie collée à Zayn comme à une bouée de sauvetage. Ce dernier me laissa donc au salon avec mon ordinateur tandis qu'il allait décrocher ma fille de son cou, pour la coucher dans le lit.
- J'ai l'impression que quand c'est toi, c'est toujours facile, répondis-je le regard plongé dans l'écran de mon ordinateur.
- Ah ça, c'est à ta fille il faut le dire. Ce n'est pas de ma faute si, elle me trouve aussi apaisant…
- Parce que moi, sa mère, je ne suis pas apaisante ???
- Tu es bien des chose Phoebe mais tu es tout sauf apaisante, dit Zayn d'une voix rauque en me dévisageant depuis l'autre bout du canapé qu'il venait d'investir.
- Euh….j'ai l'impression qu'on ne parle plus de Yelen là, affirmai je en levant pour une fois le regard vers lui.
- C'est un peu difficile pour moi de parler d'autre chose lorsque tu es assise comme ça….si belle et si innocente et pourtant si exc….
- Ok, ok, ok ! Zayn tu ne veux pas un peu d'eau fraîche ???demandai-je en sentant mon corps réagir aux paroles de mon homme.
- Tout l'eau fraîche du monde ne serait jamais assez suffisante pour m’apaiser……mais si tu tiens vraiment à le faire, je peux toujours te montrer comment me calmer avec tes hanches….., susurra-t-il au creux de mon oreille après s'être rapproché de moi a une vitesse qui défiait les normes.
Cela faisait un peu plus de deux ans que Zayn et moi étions en couple et on peut dire qu'on s'était bien trouvé. Nous étions comme deux pièces d'un puzzle autant sur le plan intellectuel, émotionnel, que social. Et j'imagine que si à cette période nous étions allés au-delà de quelques baisers, cette entente se serait confirmée aussi sur le plan physique. Il faut savoir que Zayn m'avait dès le départ demandé de poser mes limites. Limites que nous dépasserons ensemble petit à petit selon lui. Si au départ, je m'étais mentie en me disant que je gérais parfaitement la situation, après m'être un jour braqué dans les bras de mon petit ami parce que sa main avait pressé mes fesses, je m'étais vite rangée à son avis et depuis nous sommes allés à mon rythme ou du moins au rythme de mon esprit tourmenté. Depuis, sa main n'était jamais descendu en dessous de ma chute de hanche mais il avait cette capacité à embraser tout mon corps avec ses regards et ses phrases. Il avait aussi cette facilité à sauter du coq à l'âne, lorsqu'ils nous voyaient nous enflammer ou qu'il se pensait incapable de respecter mes limites ou encore lorsqu'il voulait me faire taire…..ce qui arrivait souvent.
- Anyway ! Tu fais quoi sur l'ordinateur ?? Demanda Zayn tout sourire, en réponse à mes yeux qui sortaient de leurs orbites et à ma bouche aussi sèche que le Sahara après sa phrase.
- Tu es déloyal, tu ne peux pa….
- T’exciter avec ma bouche chaque fois que j'en ai envie, dit-il en s'écartant légèrement de mes oreilles pour pouvoir me regarder dans les yeux.
- Oui… dis-je en replongeant précipitamment ceux-ci dans l'écran de mon ordi
- Tu as raison mais ce n'est pas ce que je faisais, déclara Zayn en prenant un air suffisant.
- Ah bon !!!!
- Oui. Si m'entendre dire que je ne rêve que de te prendre dans toutes les pièces et sur chacune des surfaces de cette maison, t'excite, alors ce n'est pas la faute à ma bouche mais plutôt à mes mots, ajouta-t-il en dessinant du bout des doigts de petits cercles sur ma nuque.
- Zayn…tu joues avec les mots….
- Pas du tout et je suis prêt à te le prouver si tu veux. Juste quelques minutes et tu verras que l'excitation procurer par ma bouche est bien différente de celle procurer pas mes mots.
- Zayn, m’exclamai je en attrapant son bras dans ma nuque et en l'utilisant pour lui fermer la bouche.
Cela eut pour effet de le faire éclater de rire et j'en aurais fait d'autant si je n'avais pas été si préoccupée de l'état d'humidité avancé de ma petite culotte. Je saisissais…..ou du moins mon corps saisissait chaque sous-entendu derrière ces phrases et si je n'avais pas peur de ne pas pouvoir finir ce que j'aurai commencé, je lui aurais sauté au cou depuis un bon moment.
- Bon pour en revenir à ce que je disais, tu fais quoi sur l'ordinateur, questionna Zayn lorsqu'il eut fini de s'esclaffer comme si notre discussion sensuelle n'avait jamais eu lieu.
Même si je le connaissais comme ça, cette capacité à changer de sujet comme une girouette me laissait toujours perplexe. Cette fois ci toutefois, je préférai simplement répondre à sa question plutôt que de le relancer sur son domaine de chasse.
- Je vérifiais mes mails pour savoir s'il n'y avait pas de réponse d'une des maisons éditoriales où j'ai passé un entretien.
- Je croyais que tu voulais que Mia et moi voyions s'il était possible te faire passer des entretiens dans nos boîtes respectives ??
- Si ! C’est ce que je veux, mais j'ai un peu du mal à renoncer à celles que j'ai choisi, alors je regarde s'il n'y a pas un dernier espoir.
- Tu sais qu'il ne te reste qu'une semaine pour soumettre ton projet de stage au professeur n'est-ce pas ??
- Si….
- Alors n'y pense…
- Oh my God !!criai-je en levant mes yeux vers Zayn.
- Quoi ???
- Regardes, dis-je en lui tendant l'ordinateur
Je venais de recevoir un mail de NEW KEEPER’S qui stipulait qu'à la suite de mon entretien j'avais obtenue un stage dans la société.
- Tu en as de la chance. Juste au moment où tu comptais abandonner, la société éditoriale dans laquelle tu voulais le plus faire ce stage, t'envoie un mail pour te dire que tu es prise, dis Zayn en souriant tandis que moi je sautillais dans le salon.
- Oh oui ! Je ne pouvais…….mince.
- Quoi mince?? Demanda t-il en voyant mon sourire se crisper puis disparaître de mon visage. Pourquoi un si rapide changement d'attitude ?
- En fait, je ne sais pas si je dois être heureuse ou contrariée d'avoir eu ce job, dis-je avant de m'affaler dans le canapé à côté de Zayn.
- Euh….. !!!! Définitivement tu es quelqu'un de lunatique.
- Tu ne comprends pas.
Avec tout ce qui s'est passé avec Grace puis mes sœurs, je n'avais vraiment pas eu le temps de parler de mon entretien houleux à Zayn, ce à quoi j'entrepris de remédier. A la fin de mon récit, ce dernier était partagé entre rires et pleurs.
- Je ne connais personne d'autre capable de gueuler sur son employeur avant même d'avoir le poste.
- Ce n’est pas drôle ….
- Si…regarde même ton corps veut rire et tu l’en empêches, ajoute-t-il en remarquant mes lèvres dont les commissures tressautaient en raison du rire que je retenais.
- …..
- Je suis aussi amoureux de littérature que toi mais de là à remettre en cause la vision d'un éditeur……
- Qu'est ce qui nous dit que c'est un éditeur ?demandai-je avec mauvaise foi.
- Mais il travaille dans une maison d'édition, répondit Zayn avec évidence.
- Peut-être mais un directeur des ressources humaines n'a pas besoin d'être éditeur pour recruter pour une maison d'édition. Il a juste besoin de connaître les exigences de la société.
- Même si Phoebe. Tu as démarré au quart de tour…non tu as carrément dépassé avant le tour…
- Je sais mais il a utilisé After comme référence. Tu te rends compte After, criai-je avec consternation
- Oh mon Dieu, répondis Zayn outré.
Avant même qu'il ne rajoute un mot, je sentis toute l'ironie que contenais sa phrase.
- Comme le disent les ivoiriens « si tu ne veux pas m'arranger, faut pas ne déranger ». Alors réfléchit bien à ce que tu vas dire, lançai-je en croisant mes bras sous ma poitrine.
- Je reconnais qu'il y a tellement d'autre exemple littéraire mais reconnais que tu t'es emportée.
- Peut-être …admis je d'une toute petite voix.
- De plus, j'imagine qu'il a utilisé cet exemple parce qu'il fait le buzz dans le monde actuellement et…..
- Je t'arrête tout de suite. Un passionné de lecture doit se mettre au-dessus de ce qui fait l'unanimité et chercher plutôt l'essence du fond. De toi à moi, After n'a aucune essence. On n'y découvre juste une fille assez conne pour supporter toute les coups physiques et mentaux d'un mec imbu de lui-même et espérer le changer après nombre de coups bas….il a joué sa virginité au sort….tu te rends compte ??
- Ok ! Ok! Laissons cette histoire d'entrevue, dit Zayn en levant les deux bras en l'air. Que comptes-tu fais par rapport au stage.
- De plus, ce que tu as dit tout à l'heure, est l'une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de petites maisons en pleine évolution……
Zayn me pris dans ses bras et m'embrassa pour me faire taire. J'adorais cette façon qu'il avait de réclamer le silence mais j'aimais moins qu'il m'interrompe lorsque je défendais une idée qui me tient à cœur et c'était le cas dans cette situation.
- Tu veux bien te calmer maintenant ??? Murmura mon petit ami contre mes lèvres.
- Mais….
- Chut !! Dis-moi juste ce que tu comptes faire…
- Tu sais comment je suis quand il s'agit de littérature. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'hésite à accepter. D'autant plus si c'est avec quelqu'un qui prend After comme exemple, dis-je en mettant le plus de dédain possible dans le mot after.
- On a compris que tu ne ….valides pas cette œuvre…..
- C'est le moins qu'on puisse dire.
- Tu veux bien arrêter de me couper ? Demanda Zayn en me prenant les mains
- ……
- Donc je disais, que même si tu n'aimes pas l'exemple de ce monsieur, qu'est ce qui te dis que tu vas travailler avec lui. Tu sais que je me ferais un plaisir de t'aider à trouver un stage dans ma boîte et de plus ça m'aidera à avoir un peu plus de ces baisers à en faire damner un saint……mais je sais à quel point tu tiens à avoir un stage dans cette société en particulier alors réfléchir bien avant d'agir.
- Hmmmm
Zayn avait raison. Je ne désirais rien de plus que de travailler dans cette boîte et y forger mon expérience mais cette histoire de divergence d'opinions me chiffonnait à un haut point. Je ne fais en aucun cas partie de ces personnes qui pensent que le monde doit tourner dans un seul sens mais il y a certains sens de rotation qui lui sont interdits et il en va de même pour tout dans la vie. Beaucoup trouvent ma réaction exagérée mais même si je m'étais exhortée à diluer mon vin, je n'arrivais à calmer ma fougue lorsqu'il s'agissait de littérature.
NEW KEEPER’S était une maison littéraire qui avait été mise sur pied il y'a trois ans et son ascension était pour le moins fulgurante. Certes, cette maison ne faisait pas parties de celle reconnues internationalement ou même nationalement, mais les quelques livres édités par elle que j'ai lu, étaient de pure merveille. De plus le directeur de l'entreprise avait un rapport assez étroit avec les littératures anglaise et nigérian…deux littératures que j'adorais et en réalité, j'espérais secrètement le rencontrer pour discuter de ses points des vues et sur quelques essais qu'il a écrit sur ces littératures. À cet entretien, j'avais eu du mal à penser que quelqu'un comme monsieur IKELE puisse travailler pour mon exemple de réussite littéraire et je pense que c'est surtout cela qui m'a fait réagi.
Je décidai de ne pas plus me triturer l'esprit. La nuit porte conseil et j'ai jusqu'à demain pour envoyer le mail de confirmation.
.
- Tu sais quoi ?
- Quoi ?? Demanda Zayn en levant un sourcil ce qui me fit rire
- Arrête ça, tu sais que ça me déconcentre quand tu fais ce truc avec tes sourcils
- Tu veux dire « ce truc », dit-il en se mettant à lever ses sourcils l'un après l'autre.
- Hahahaha…..arrête, suppliai-je entre deux hoquets.
- Ok à condition que t'arrêtes de renfrogner la mine.
- Ok….
- Alors tu voulais me dire quoi ??
- Euh….avant toute cette histoire de mail et de stage, je t'ai fait venir pour te parler des jumelles, affirmai je en me rasseyant bien face à lui dans le canapé.
- Qu'est-ce que tu as encore fait ???
- Quoi ?? Je n'ai même pas encore parlé et tu conclus que j'ai fait quelque chose….
- Tes sœurs ont hérité de la fille avec le plus grand cœur que je connaisse et parfois ce grand cœur te fait prendre des décisions stupides alors j'en déduis que tu as fait quelque chose.
- Entre nous, je ne sais pas si je dois prendre cela comme un compliment ou une insulte, Dis-je dubitative.
- Et si tu me racontais ce que tu voulais me dire en y réfléchissant
- Tchip…..
- Raconte et arrête de tirer la bouche, ajouta t'il en me pinçant les lèvres.
- Aie…
- …..
- Les filles m'ont parlé de l'Etat où elles voudraient faire leurs études, commençai je après avoir repris un air sérieux
- Hmmm
- Elles hésitent entre Seattle et Washington avec une très grande préférence pour Washington.
- Et…. ??
- Elles arriveront ici avant la fin de mon année donc je pourrai finir l'année à Seattle…
- Arrête de tourner autour du pot et va à l'essentiel.
- Si elles choisissent Washington, je déménagerais là-bas pour vivre avec elles…..
- …….
- Je ne conçois pas de vivre dans le même pays que mes sœurs mais d'être dans des États différents, dis-je d'une traite comme pour me justifier.
- …….
- ……
- ……
- Zayn ???
- Hummmm ??
- Tu en penses quoi ??
Dès l'instant où j'avais parlé de déménager à Washington, il avait changé de mine et son regard s'était détourné de moi. J'avais peur de réaction, je ne voulais pas que cette nouvelle porte un coup à notre relation, car je n'ai jamais cru aux relations à distance, mais je ne pouvais pas lui demander de quitter Seattle d'autant plus qu'il y avait un travail et sa famille juste à ses côtés. Je me doutais que Pedro m'en voudrait d'éloigner de lui son neveu qu'il n'avait pas vu depuis des années. Après quelques minutes de silence, Zayn dédaigna enfin me regarder dans les yeux. Il affichait un sourire aussi faux que les barbes des pères Noël dans les centres commerciaux.
- J…
- Arrête ça Zayn. Ne souris pas si tu n'as pas envie de le faire. Je veux juste ta réponse sincère et ensemble on trouvera une solution, dis-je en lui coupant la parole.
- Ma réponse sincère ??? C'est une notion assez relative la sincérité…
- Je ne veux pas de philosophie à deux balles non plus. Je veux juste la réponse de ton cœur…
- Tu ne l'aimeras pas, dit-il en se levant.
- Pourquoi dis-tu ça ??
- Quelque soit ma réponse ta décision est prise ……et ce serai te tourmenter et me tourmenter que de te donner une réponse contraire à celle que tu rêves d'entre….
- Zayn…
- Laisse-moi finir, je n'aime pas les dilemmes et je ne t'en poserais pas. Mais si tu tiens à voir une réponse qui vient du fond de mon cœur. Laisse-moi réfléchir, dit-il en se dirigeant vers la porte.
- Zayn…..
- Je vais y aller….
- Mais…ne me tourne pas le dos, murmurai-je perdue.
- Je ne le ferai jamais. J'ai juste besoin….de digérer…..
- ……
- Et réfléchis à la proposition de stage, ajouta t-il avant de sortir de la pièce.
Je ne me faisais aucune illusion sur l'issue de cette conversation mais je ne m'attendais pas non plus à une telle fin. Zayn est habituellement quelqu'un d'assez réceptif et même si je ne m'attendais pas à ce qu'il saute de joie, je ne m'attendais pas non plus à ce qu'il me laisse sans réponse et qu'il s'en aille. J'espérais juste qu'en le laissant seul, il puisse digérer comme il le voulait