Marry him

Write by RIIMDAMOUR

Mon cou me faisait extrêmement mal, cette vieille m'avait massacré, encore. Je sentis une liquide chaud couler le long de mon cou, j'y portai la main, du sang. Cela ne fis que me motiver, encore plus, à faire mes bagages.

Mon cousin allait arriver d'une minute à l'autre.

Je l' avais croisé deux jours plus tôt dans le centre-ville, quand je sortais du cabinet d'avocats. J'avais un foulard enroulé autour de ma tête et mes éternelles lunettes de soleil noires . J'allais traverser pour prendre un taxi quand une voiture s'arrêta à mes pieds.

- Je peux vous déposer quelque part mademoiselle? Fit une voix provenant de la voiture.

- Non merci. Fis-je sans même regarder mon interlocuteur.

J'avançais d'un pas décidé vers la voie sans me retourner.

- Mais madmiselle répondez moi! Je me suis stoppée net. Il avait dit " madmiselle" une seule personne sur terre m' appelait comme ça.
Je me suis tournée vers la voiture, du côté conducteur.

- Mansour? Fis-je en enlevant mes lunettes et en clignant les yeux pour mieux détailler mon interlocuteur.

- Oui Mimi, c'est bien moi. Repondit-il allez montes!

J'avais rapidement contourné la voiture pour monter du côté passager. Je n' en revenais simplement pas. Mon cousin préféré, cela faisait plusieurs années que je ne l'avais pas vu.
2ans exactement, il avait disparu un beau jour sans explication, et voilà qu'il apparaissait ce jour là. Je me jetai à son cou après avoir fermé la portière avec empressement.

- Mon petit Mans tu m'as terriblement manqué! Criais-je. Tu étais où pendant tout ce temps? Pourquoi est tu parti sans me dire au revoir? Hein? C'est pas du tout gentil ce que t'as fait. Tu sais qu'on s'est fait un sang d'encre pour toi? Et ta...
Il éclata de rire en enlevant mes bras qui lui entouraient le cou, sûrement ils l'etouffaient.

- Wow doucement Mimi, tu veux me tordre le cou? Souffla t-il en feignant s'étouffer.

- D'accord je te laisse. Mais racontes moi tout hein.

Il alla se garer plus loin. Je le regardais comme s'il était une merveille du monde.
Il arrêta le moteur et se tourna vers moi. J'eus tout le loisir de l'admirer. Il était encore plus beau que dans mes souvenirs avec son teint clair et ses petits yeux rieurs, il avait hérité de la beauté de mon oncle mais pas de son austérité, heureusement.

- J'étais à Cape Town. Commença t-il.

- Hein! Criais-je presque.
L'Afrique du Sud! Mais que faisais tu là bas? .

- J'ai pu continuer mes études. J'ai fini mon master. Dit-il fièrement.

- Ok! Mais pourquoi est tu allé en Afrique du Sud? Tu as disparu du jour au lendemain. Lui dis-je.
Il se tut et regarda droit devant lui.

- J'ai eu un problème avec papa. Repondit-il simplement. Il ne t'a donc rien dit?

- Non. Que s'est-il passé? Dis moi s'il te plaît, je voudrais comprendre. Suppliais je.

Il garda le silence tout en me fixant de ses iris noirs, l'air grave.

- Tu sais papa n'a jamais accepté que je continue d'étudier les langues étrangères. Il aurait plutôt préféré que je fasse du commerce international, de la finance. Et tu sais à quel point il peut être égoïste quand il veut. Il m'à sorti un beau jour qu'il m'avait inscrit quelque part dans une université aux USA, j'ai catégoriquement refusé d'y aller. Il s'en est pris à ma mère, lui disant que c'est parce qu'elle me monte contre lui que je lui tiens tête. Ensuite il m'as dit que soit je faisais ce qu'il voulait, soit je n 'étais plus son fils. Il a créé un vrai scandal, avec lui,moi et ma mère au centre. Tout le monde a accusé maman. Elle m'en as voulu elle aussi, sans doute parce que les gens lui manquaient de respect à cause de moi... Mais il y a que je n'en pouvais plus. Je n'en pouvais vraiment plus de vivre dans une famille ou tout le monde obéit a papa au doigt et à l'oeil qu'il se croit maître de tout et de tout le monde. Je ne supportais plus de vivre avec une mère soumise, qui ne vit que pour son mari et ses désirs . J'ai fait mes bagages sur un coup de tête et j'ai pris un billet pour l'Afrique du Sud. Mon meilleur ami y était installé, je l'ai rejoint.

Je n'ai pipe mot pendant son monologue. Je connaissais assez mon oncle pour savoir que c'était vrai. Son égoïsme, son entêtement et son désir de tout diriger était la raison pour laquelle il ne s'était jamais entendu avec mon père. Ce dernier à toujours favorisé l'expression personnelle de chacun. Mes cousins adoraient venir chez nous pour la simple raison qu'ils pouvaient jouir de leur libéré chez mon père.

- Donc... il t'a renié.? Lui demandais-je.

- hum hum. Fit-il simplement.

- Ouah! Tout ça pour une histoire d'études. M'exclamais-je.

Il acquiesce, le regard vide.

- Même ma mère n'a pas voulu me parler pendant ces deux ans. Et tu vois je n'ai pas pu t'en parler car à l'époque t'avais tes propres soucis avec le décès de ton père. Moussa m'a dit qu'il ne pouvait pas te joindre et que t'étais en voyage. C'est vrai?

Là encore je baissai la tête, si je n'avais pas cherché à couper les ponts avec tout le monde, ses frères me l'auraient certainement dit. Et dire que je lui en ai voulu à un moment donné de ne pas chercher à me voir par tous les moyens... Tout comme Tala, il avait des problèmes et moi je ne faisais que m'apitoyer sur mon sort, croyant etre la seule qui souffrait.

- Non, je n'étais pas en voyage. Finis-je par dire d'une petite voix. Et c'est parce que je le voulais qu'il ne pouvait pas me joindre.

Et là je me mis à parler, à lui raconter en détail tout ce qui s'était passé dans ma vie ces deux dernieres années . Je m'ouvrais, respirant à peine, me confessant, me libérant. Je lui parlai même de mon mariage à venir.
Josée avait beau être ma meilleure ami elle ne m'avait jamais écouté ainsi. Elle était toujours occupée à faire autre chose, entre autre se saouler la geule et mener une vie de débauche.
Mansour m'écoutait, sans rien dire, hochant juste la tête de temps en temps. Je pouvais lire dans ses yeux, de la tendresse, de la tristesse, et de la colère quand je parlais de Safietou.
Je ne me rendis même pas compte que je pleurais, et quand j'eus enfin fini, une heure de temps était passé.
On garda le silence tous les deux, le regard tourné vers le pare-brise, chacun plongé dans ses pensées.

- Ne t'inquietes pas ma Mimi, je suis là maintenant, elle ne te fera plus de mal. Je te le promets.

Du bruit provenant de l'extérieur me tira de ma méditation, je distinguait clairement la voix de Safietou, celle de Mansour, et deux autres que je ne connaissais pas. Je m'empressai de sortir dans le couloir avec autant de bagages que je le pus, j'avais vidé la chambre. Je trouvais en effet Mansour dans le vestibule avec des autres gars hyper baraqués entrain d'avoir un échange verbal assez épicé avec Safiètou et .
Mansour se dirigea vers moi quand il me vit arriver ployée sous le poids de quatre valises.

- C'est tout? Demanda t-il en désignant les bagages.

- Non il en reste dans ma chambre. Répondis-Je.

Il prit les valises et les tendit à l'un de ses accompagnateurs et me tira vers ma chambre avec l'autre. On prit le reste de mes affaires que j'avais déjà rangé et nous sortimes de cette chambre où j'avais passé les pires années de mon existence.
On re-rencontra Safiètou dans le vestibule qui voulait nous empêcher de passer avec nos bagages.

- Vous pensez aller où comme ça? Hurla t-elle.

- Rhooo degages vieille bique. Fit Moustapha.

- Milouda? Tu vas où? Continua t-elle.

- Me les casses pas, ok? Repondis-je en me dirigeant vers la porte d'entrée.

Je n'avais pas fait deux pas que je sentis qu'on me tirait par la main.

- Tu n'irais nulle part! S'ecria t-elle en continuant de me tirer.

Sans l'intervention de mon cousin et du colosse je serait sans doute à terre.
Ma folle de belle mère hurlai et nous invectivait, bloquait la porte, mais nous avions réussi par sortir.

- Tu ne t'en tirerait pas comme ça petite peste! Lança t-elle quand je montais dans la voiture. Je vais appeler la police et leur dire que tu as fugé. Tu veux me creer des problèmes.

J'ouvris la vitre et lui répondis:
- Tu oublies que je suis majeure maintenant ma vieille.

Je lui fis un doit d'honneur bien mérité quand la voiture demarra, la laissant dans la rue à crier comme une hystérique.
Une fois que nous nous sommes éloignés de la maison je sentis de l'excitation, du soulagement, l'euphorie de la liberté couler dans mes veines. Et tout d'un coup je sortis un long cris.

-Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!!!!!!!!!
Et je me mis à danser, plutôt à me trémousser sur la banquette arrière.

- hey cousine caches ta joie s'il te plaît! Rit Mansour.

- Ne gâches pas ce moment cousin!

Ses potes explosèrent de rire.

- On dirait que t'étais pressée de te tirer de la baraque toi. Dit l'un d'eux.

-Tu ne peux pas savoir à quel point. Fis-je

Ils se retirent à rire et Mansour fit les présentations.
Ces deux types à l'allure de gardes du corps étaient des jumeaux avec qui il avait été au lycée. Husseynou et Hassan. On delira tous ensemble dans la voiture. Ce fut un véritable moment de bonheur. Je me suis réellement lâchée. Enfin libérée du joug de Cruella.
Avec Mansour on avait convenu que j'irais vivre avec lui dans un appartement qu'il avait loué en attendant de régler l'histoire avec ses parents. Il m'avait appris que sa mère était gravement malade, raison pour laquelle il était de retour au pays. Il en voulait réellement à ses parents mais était prêt à mettre sa fierté de côté et régler les choses entre eux.
Nous étions arrivés devant un grand immeuble et les garçons commencèrent à descendre mes affaires tout en chahutant. L'appartement était situé au 5ieme étage, nous étions à l'étroit avec mes valises dans l'ascenseur . Mansour et Huseynou se moquaient de Hassan parce que ce dernier était tout le temps accroché à son téléphone entrain d'envoyer des textos à sa " dulcinée" comme il le disait lui même. Les garçons trouvaient ça bête d'être attaché à une fille.

- T'es grave in love mon gars, et ca c'est très dangereux. Disait Mansour.

- Ce qui est dangereux c'est de n'être attaché à personne. Vous allez de fille en fille comme des abeilles qui butinent . Rétorque Hassan.
Je m' exclaffais.

- C'est ça nak qui est bon frangin. Comme ça dara dou leu reuthie. T'es sûr d'avoir goûté à toutes les sauces.

C'était la folie. Ils me demandèrent mon avis et Tapha leur dit que je ne connaissais pas ces choses là.

- C'est un bébé. Avait-il dit.

- Moh celle là dingua ko khool nane bébé leu. Tu l'as pas bien regardé, femme pure ! Répondit Huseynou en me faisant un clin d'oeil.

Ce fut l'hilarité générale jusqu'à ce qu'on pénètre dans l'appartement. L'entrée donnait sur un salon meublé simplement avec un canapé en cuir et ses deux fauteuils beiges, une table basse et une télé écran plasma. Le tout faisait simple et chaleureux.

-Alors, comment tu trouves? Demanda mon cousin.

- J'adore! M'exclamais-je.
Il se dirigea vers une porte au fond d'un couloir et l'ouvrit. C'était une chambre peinte dans les mêmes tons blanc et beige du salon.

- Vos appartements princesse! Est-ce à votre goût ? Plaisante t-il.

- Parfaitement cher monsieur! Repondis-je en prenant un air guindé.
Il fit entrer mes valises.

- Mansour? Fis-je quand il fut sur le point de sortir.

- Oui?

- Merci! Dis-je en lui faisant un câlin.

- C'est normale ma Mimi. T'es ma petite soeur.

***********
Les vieux étaient entrain de parloter depuis un bon moment déjà. Bien que je sache que l'affaire était déjà réglée, Je ne pouvais m'empêcher de cogiter. On était quand même entrain de demander ma main. Le vieux Rawane était arrivé une heure plus tôt accompagné d'une forte délégation. Son fils, mon futur mari, n'avait pas trouvé important de nous honorer de sa présence. Cela ne me dérangeait nullement. C'était plutôt mon oncle Beckaye mon problème, avec ses réactions imprévisibles, j'avais peur qu'il gâche tout. Surtout qu'il fallait considérer le fait qu'il ne s'entendait pas avec le vieux Rawane.
- Au lieu de te marier avec un pûr sénégalais, un digne fils du pays, il a fallut que tu choisisses un maure, originaire de je ne sais où et de surcroît le fils de ce falsificateur, cet imposteur, ce truand de Rawane Aïdir. Avait-Il fulminé . Si tu es enceinte, dis le moi Mariam. Sinon ton mariage ne sera pas valide dé.
J'avais baissé la tête et était restée silencieuse.
Il n'avait rien dit à Mansour quand il est alleé voir sa mère, mais ne lui adressait pas la parole non plus. Mon cousin ne s'en plaignait pas, il fut même très surpris que son père ne l'ait pas renvoyé de sa maison.
Ma cousine Khadija fit irruption dans la chambre toute excitée.

- Milouda Pa bi nena ngua nieuw. S'ecria t-elle en sautillant.

- Hein! Mais pourquoi? Je tentais de calmer les battements de mon coeur.

- Je sais pas! Sheut kay rekk. Ish. Dit-elle.

J'ajustais mon foulard et remis en place la robe en wax que j'avais mise et suivit Khadija.
Le Salon était bondé de monde, des vieux habillés de tenues traditionnelles elles et mon oncle qui trônait fièrement, habillé d'un boubou en basin blanc.

- As Salamou haleykoum! Dis-je en entrant doucement.
Ils me répondirent en coeur, sauf mon oncle qui me lançait un regard sévère qui me refroidis de suite.
Il me désigna ensuite un fauteuil où je me dépêches de m'asseoir.

- Bon, je ne vais pas nous retarder avec des salamalecs sans fins et des détours typiquement sénégalais. Dit-il. Mariam tu sais ce qui amène ces honorables gens ici, aujourd'hui dans mon humble demeure. Ils sont envoyés par leur fils pour demander ta main. Tes oncles et moi n'y voyons aucun inconvénient. Yaw ya si dess. Es tu sûre de vouloir épouser ce garçon? Lier vos destins pour le meilleur et pour le pire jusqu'à la fin de vos vies.

Je tremblais sérieusement à l'entente de la phrase 《 lier vos destins vos destins pour le meilleur et pour le pire》.Il n'en était même pas question .

- Oui. Fis-Je d'une voix mal assurée.

- Hum... En es tu sûre? Le mariage n'est pas un jeu, c'est pas vos affaires de niakk fouleu là que vous faîtes, moi je ne toleres pas le divorce. Continua t'il.

- Oui mon oncle.

- Kone niooko degeundo, elle se dit prête à assumer les sacrifices que le mariage impose. Et je crois que puisqu'elle est adulte maintenant elle s'est ce qu'elle dit. Lancé t-il à l'assemblée.
Un petit brouhaha se fit entendre.

- C'est bon maintenant laisses nous discuter entre adultes.
Je me levais docilement et sortis.

******
Nous étions de retour à l'appartement Mansour et moi. J'étais épuisée, plutôt mes oreilles étaient épuisées suite au discours que m'avait servi mon oncle une fois les invités partis. Il m'avait retenue en otage une heure de temps dans sa chambre avec comme témoin son fils Ahmed et ma cousine Khadija. Il m'a parlé du mariage de ces implication et les trois quart du temps il m'a menacé, me disant que si je faisais encore honte à ma famille, il réglerait mon cas une bonne fois pour toute. Il avait aussi souligné le fait que j'étais trop jeune, ainsi que mon futur mari ( figurez vous que ce dernier n'avait que 23ans, mon cher oncle croyait que je le savais déjà, or c'est lui qui me l'a appris), que nous venions de cultures trop différentes. Et Il a ajouté, je cite " Sen seuy bi lou doy war leu".
Il m'a aussi dit que Rawane Aïdir avait apporté comme dote une somme assez conséquente mais il l'avait strictement refusée parce que " la base fondatrice du mariage n'était pas l'argent" et que je n'en avais nullement besoin. Allez savoir pourquoi il a dit une chose pareille. Moi je savais que le vieux Aïdir n'avait apporté cet argent que pour jeter la poudre aux yeux des gens, Pour rendre ce simulacre de mariage plus convaincant. C'était quand même pour mon argent qu'il s'était intéressé à moi.
De retour à l'appartement, j'avais sorti le carnet d'adresse de mon père que j'avais gardé et avait commencé à faire le "yeugglé", appeler les membres de ma famille pour leur annoncer que j'allais me marier. Ce fut un moment très éprouvant. Certains, que je n'avais pas vu depuis longtemps furent très contents de la nouvelle, d'autres firent comme si ils ils etaient surpris, genre qui était assez fou pour épouser une fille comme moi. Et puis il y a les indiscrets,ceux qui veulent connaître tous les détails.
- koulay takk? Doomou lane la? Fann la deukk?
J'ai essayé de dire le moins de choses possibles, tout simplement parce que je ne savais strictement rien de mon futur époux.
Comment je me sentais? Je ne saurais le dire, mais ce n'est certainement pas comme une future mariée normale. Mes pensées de dirigeaient sans cesse vers Kevin Je ne sais pourquoi. Je n'avais pas eu le temps de l'appeler comme il me l'avait demandé. Sa carte était posée sur La commode de ma chambre.
La date du mariage était prévue dans un mois, car figurez que tous les pourparlers que les vieux avaient fait dans le salon de mon oncle n'ont abouti qu'a des fiançailles. Je voulais faire un mariage énorme, à la sénégalaise mais version classe. Même si c'était un faux mariage je voyais les choses en grand. Car je ne sais pas pourquoi mais je sentais que ce serait le seul mariage de ma vie. J'avais la malchance d'être tombée sur une famille de dingues qui m'acceptent pour mon argent, mais j'allais au moins avoir l'opportunité de prendre ma revanche sur le Sénégal tout entier.
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#Alors la famille vous en pensez quoi? Osez me dire que c'est court

Pardon mais...je t'a...