Partie 30
Write by Ornelia de SOUZA
Canif resserra de plus en plus sa main autour de mon cou et ma vie ne tenait plus qu'à un fil. Il sembla s'écouler une éternité avant qu'Yves ne réagisse à nouveau . Comme s'il avait pris un élan, il réussit à repousser Canif en usant de toutes ses forces. Il me saisit par la main et on courut à toute vitesse vers la voiture. Je pris place du côté passager et il démarra en trombe avec Carin qui courait pour nous rattraper. Mon cœur battait la chamade et je n'arrivais plus à respirer. Cette fois ci tout devait s'arrêter. Carin n'était pas celui qui portait la vie de rêve que je voulais. Cet homme était plutôt ma mort et je devais m'en éloigner tout de suite.
-Ça va ? me demanda Yves dont les mains tremblaient au volant
-Ça va; murmurai-je morte de honte... Je vais mourir! ajoutai-je d'une voix étouffée par les larmes qui me montaient aux yeux
-Calmez-vous ! murmura Yves en me prenant la main
Je me retournai pour être sûr qu'ils n'étaient pas à nos trousses et j'eus bien raison de le faire car un énorme 4*4 roulait tout juste derrière nous.
-C'est Carin! paniquai-je
-Non, ce n'est pas lui mais nous allons semer cette voiture; repondit Yves avec le plus grand des calmes.
Il accéléra sa conduite et prit plusieurs tournants alors que je priais tout les saints pour m'en sortir. À un moment, il gara la voiture et expira bruyamment. La ruelle était sombre et visiblement personne ne nous avait suivi jusque là.
-Et maintenant ? me questionna t-il. Vous allez descendre ici et je vais ramener cette voiture où je l'ai prise.
-Non Yves! le suppliai-je. Ne faites pas ça, je vous en prie. Je n'ai nulle part où aller et je n'ai même pas un franc sur moi.
-Et quoi? Vous auriez dû partir quand je vous l'ai permis.
-Si j'étais parti ainsi, Carin vous aurait tué; protestai-je. Il vous aurait tué.
-Et il serait en prison à cette heure ci Mélaine! Descendez maintenant de cette voiture !
-Non, je viens avec vous pour quelques jours. Je vous en supplie.
L'homme en face de moi m'en voulait mais il n'était pas un homme sans cœur. Je savais qu'il ne serait pas capable de m'abandonner dans une telle circonstance. Il ne dit plus mot et il redémarra la voiture. Dix minutes plus tard, nous entrions dans un quartiers malfamé. Il s'agissait de l'un des quartiers les plus pauvres et avec le plus haut taux de délinquance de la ville. Je n'avais jamais mis pied dans cet quartier auparavant.
-Vous habitez ici?
-Oui, et alors? me répondit-il sur un ton agressif. Vous voulez que je me retournes? Que je vous déposes ailleurs?
-Non non! me hâtai-je de répondre. Ça ira.
Les regards s'arrondissaient sous notre passage et je pouvais le comprendre. Une voiture de cette carrure dans une zone aussi minable, cela devait être du jamais vu. Yves se gara à mon plus grand soulagement devant une maison. Une maison miteuse certes mai j’allais enfin descendre de cet véhicule.
À peine le pied à terre qu’une femme frêle courut à notre rencontre. Un turban recouvrait sa tête et son front et un boubou un peu trop grand pour elle glissait de l’un de ses épaules. Elle prit Yves dans ses bras et le couvrit de baisers.
-Qu’est-ce que tu fais ici? s’inquiéta t-elle une fois qu’elle le lâcha.
Yves fit un signe de tête dans ma direction. La dame se retourna pour me dévisager telle une bête curieuse. Elle s’approcha ensuite de moi et me prit la main.
-Que vous est-il arrivé ma pauvre petite ? demanda celle qui sans aucun doute devait être Désirée la sœur aînée d’Yves
-Désirée, elle a été agressé; intervint Yves. Écoute, elle doit rester ici avec nous pour quelques jours.
-Il n’y a pas de soucis! Viens avec moi pour que je puisse m’occuper de tes blessures.
Je la suivis docilement Yves sur nos pas. L’intérieur de leur maison était en bien plus piteux état que l’extérieur. Il y a quelques heures, je n’aurais sûrement pas compris que certaines personnes puissent se contenter de vivre dans de tels endroits mais je n’avais plus la force de juger quiconque à l’heure actuelle.
-On me nomme Désirée, et vous ? m’interrogea la dame en examinant ma bouche
-Mélaine!
-Enchantée Mélaine ! Vous avez perdu une dent.
-Je le sais...
Alors qu’elle m’examinait, Yves passa près de nous d’un pas rapide les clés de la voiture en main.
-Un instant! dis-je à Désirée avant de me lancer à la poursuite d’Yves
Je le rattrapai en quelques enjambées.
-Que comptez-vous faire? lui demandai-je
-Je vais déposer la voiture. Je ne veux pas être accusé de vol.
-Non; protestai-je. J’ai besoin de cette voiture. Je veux la vendre pour partir d’ici au plutôt.
-Cette voiture ne vous appartient pas! lâcha Yves. Je ne veux pas être arrêté pour vol de voiture alors je vais la déposer où je l’ai prise. Vous n’aurez qu’à la reprendre si elle vous intéresse.
-Nous partagerons le prix de vente!
Il sourit en me regardant de haut avant de s’éloigner sans me donner une réponse. Cet homme là n’était pas comme moi. Il n’allait jamais se compromettre pour de l’argent. Pas comme moi !
Je retournai sur mes pas pour rejoindre Désirée.
-Excusez le s’il est désagréable parfois. C’est juste un homme très nerveux.
-Tutoyez moi s’il vous plaît !
-Fais en de même ! murmura la maigre femme en tirant un siège et en s’installant près de moi. C’est ton époux qui t’a fait ça ?
Je n’avais pas non plus la force de répondre à Désirée même si Yves lui avait déjà sûrement tout conté. Elle savait sûrement le genre de femme que j’étais; prête à tout et capable de tout pour de l’argent. Certaines personnes comme elle et son frère vivaient dignement tandis que moi je choisissais encore et encore la solution de facilité. À croire que je ne retenais aucune leçon mais maintenant tout était fini. Carin ne me pardonnera jamais le fait d’avoir fait tué son enfant. Au delà de son pardon, je risquais la prison pour mon acte. Je devais à tout prix me cacher si je voulais m’en sortir.
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(Carin)
Je n’arrivais pas à croire ce que je venais d’entendre. Mélaine avait commandité l’agression d’Inès. Avant que quiconque n’ait le temps de réagir, elle s’éloignait déjà vers la voiture avec ce satané chauffeur. À croire qu’ils avaient effectivement une liaison car cet homme n’a reculé devant rien pour la protéger. Je m’élançai pour les rattraper mais c’était peine perdue. La voiture démarra sous mes yeux et sous mon impuissance. Je me retournai alors vers le délinquant qui tenait la gorge de Mélaine quelques minutes plutôt. Lui allait devoir me fournir des explications.
-Qui êtes-vous ? lui lançai-je
-Qui je suis n’a pas d’importance ; répondit-il en brandissant un couteau dans ma direction. Vous et votre épouse êtes des criminels. Cette pauvre femme défigurée n’avait rien demandé. Vous auriez dû assumer cette grossesse mais vous avez choisi la solution de facilité. Dieu vous le fera payer.
Son monologue venait de me confirmer ce que je pensais avoir compris. La femme agressée était bel et bien mon Inès et le fœtus mort de cette agression était mon enfant. Mélaine et cet homme ne s’en sortirait pas ainsi.
-Je vais appeler la police!
-Essayez! me menaça l’homme. Moi je suis comme le vent et personne ne peut m’arrêter.
Il se retourna sur ces mots et disparu dans la pénombre. Aussi furieux que je pouvais l’être, je ne pris pas le risque de le suivre. Cet homme était dangereux. Reste à savoir qui était le plus dangereux entre lui et le cobra que j’avais malheureusement épousé.
-Il faut que je les retrouve! dis-je à Amélie.
-Non, il faut que tu te calmes.
-NON NON! hurlai-je incapable de me contrôler. Tu as entendu cet homme comme moi. Cette vipère est responsable de tout. Elle a tué l’enfant qu’Inès portait et c’est de sa faute si Inès m’a sorti de sa vie. Je ne l’épargnerai pas Amélie.
-Allons au poste de police pour que tu la dénonces Carin; tenta à nouveau Amélie. Tu ne peux rien résoudre seul.
-C’est que tu me connais mal Amélie et d’ailleurs rentre chez toi maintenant. Je dois retrouver ces deux traîtres.
Je la repoussai violemment sans me soucier le moins du monde de heurter ou non ses sentiments mais l’heure était grave. La seule responsable de la vie que je menais en ce moment était Mélaine et je n’allais pas laisser passer ça. Oui, j’allais me rendre au poste de police mais pas pour dénoncer l’acte odieux que Mélaine avait posé. Je comptais plutôt reporter le vol de la voiture avec laquelle ces deux imbéciles avaient fuis. C’était la manière la plus rapide et la plus facile de remettre la main sur eux.
Après avoir expédié Amélie, je pris le volant de la voiture et je me dirigeai vers le poste de police. Là bas, je déposai plainte avant de me rendre chez ma mère. Le dépôt de plainte m’avait pris une heure mais le temps perdu en valait la peine. Je n’arrivais pas à calmer le monstre qui grognait en moi.
-Maman! hurlai-je en entrant dans la salle de séjour.
-Mon fils? dit-elle en se levant. Que fais-tu ici? Et Mélaine ?
-C’est donc ton œuvre ? dis-je en pouffant de rire. Excuse moi maman mais tu es vraiment stupide. Comment une telle femme a pu te leurrer à ce point? Tu es une dame stupide et je comprends pourquoi notre père a pris ses jambes à son cou.
-Quoi?!
Mes paroles étaient durs mais c’était ce dont j’avais besoin en ce moment. Cracher certaines vérités et donner des coups étaient les seules choses qui pouvaient me calmer et ma mère était la personne qui méritait le plus ce traitement après Mélaine. Si j’avais pu à cet instant, je l’aurais frappé.
-Qu’est-ce que tu me dis mon enfant ? murmura à peine celle qui disposait habituellement d’une déstabilisante assurance. Pourquoi tu t’adresses à moi de la sorte?
-Parce que tu es stupide maman! Tu m’as obligé à épouser cette fille alors qu’elle n’est qu’un monstre. Sais-tu ce qu’elle a fait ? As-tu seulement idée de jusqu’où elle est allé pour s’assurer que je sois son époux?
-Mais de quoi tu parles?
-Stupide femme! hurlai-je à ma génitrice. Arrête de faire semblant. Tu sais parfaitement de quoi je parle. Je parle de ce serpent que toi et Ashley m’avez collé. Elle a fait tué l’enfant qu’Inès portait. MON ENFANT!!
-Ce n’est pas possible. Pourquoi tu avances de telles choses? la défendit ma mère
-Pour toi je suis fou n’est-ce pas maman ? Sache que je parle avec des preuves. Elle a payé quelqu’un pour qu’il agresse violemment Inès alors même qu’elle savait déjà qu’elle portait mon enfant.
-Il dit vrai maman; lança Ashley dans notre dos. Cette femme a vraiment fait ça.
-Et comment es-tu au courant? dis-je en me retournant vers elle. Vous étiez de mèches?
-Oh non non! Épargne moi tout ça ! Et ce n’est pas comment je le sais qui est important mais l’information que je vais te donner.
-Quelle information? dis-je l’esprit hameçonné
-J’ai une idée de l’endroit où se trouve Mélaine.
-Si ce n’est que ça, je le saurai aussi bientôt. J’ai porté plainte pour le vol de la voiture. La police mettra bientôt la main sur eux.
-De quelle voiture? fit ironiquement Ashley. Celle qui est garé devant le portail?
-Quoi?! dis-je étonné
-Oui, en venant j’ai pu constaté qu’ils avaient ramené la voiture. Visiblement ils sont plus intelligents que toi. Alors tu la veux ou pas mon information?
*******
(Yves)
J’avais marché plus d’une heure de temps pour rentrer à la maison mais mes pieds n’avaient même pas senti l’effort que je faisais. Prendre un zem ou un taxi ne m’avait même pas effleuré l’esprit. Au delà de l’aspect financier, j’avais besoin d’évacuer mon stress de cette manière mais je devais reconnaître que j’avais gaffé sur ce coup là. Je n’avais plus un franc en poche. Le peu d’économies que j’avais était resté dans cette maison. Bien heureusement, je n’y avais apporté aucun de mes papiers car ça aurait été plus que facile de me retrouver. J’en voulais vraiment à cette femme de m’avoir traîné dans ces histoires mais je n’avais pas reçu une telle éducation. Jamais je ne l’aurais abandonné ainsi vu la situation qui pendait sur sa tête. Désirée ne me l’aurait pas pardonné. Je l’avais aidé mais ce que j’avais appris à son propos m’avais sérieusement refroidi. Je n’étais pas sourd et j’avais bien compris ce que cet homme avait sous-entendu. Je n’avais encore rien dit pour l’instant car ces affaires là ne me regardaient pas. Il s’agissait de son passé mais moi je n’étais plus tout à fait sûr d’aimer ou de vouloir aimer une telle femme.
Sans même m’être rendu compte, je toquais déjà à la porte de mon ami Kevin. Il vivait seul. Comme moi il était orphelin sauf que lui n’avait pas eu la chance d’avoir une sœur aussi bienveillante que la mienne. Ce quartier regorgeait d’orphelins de tous les âges. C’était peut-être pour cette raison qu’il était l’un ou le quartier le plus pauvre de la ville. Désirée avait fait son maximum pour les enfants comme moi. Elle avait payé la scolarité de Kevin au même moment où elle payait la mienne et c’était bien la raison pour laquelle Kevin l’estimait au plus haut point comme tout le monde dans ce quartier. Je craignais fortement sa réaction lorsqu’il apprendrait que j’avais quitté mon boulot à cause de cette femme. Il avait tellement d’espoir que ce boulot puisse aider à la guérison de Désirée. Quel gâchis! Je m’en voulais aussi en réalité car j’avais préféré l’amour d’une femme à la vie de ma sœur.
-Yves! s’exclama Kevin en m’ouvrant et je comprenais bien sa surprise. Que fais-tu ici?
- Il s’est passé quelque chose. Raccompagne moi à la maison et je t’expliquerai en route.
Chose dite, chose faites. Et comme je l’avais prédis, Kevin était hors de lui alors qu’on étaient arrivés chez moi. Ma sœur finissait de nettoyer les blessures de Mélaine quand Kevin sauta presque sur cette dernière.
-Toi tu prends tes clics et tes clacs et tu libères le plancher! lui hurla t-il
-Kevin! intervins-je
-Non; m’arrêta t-il. Je t’en veux Yves. Comment peux-tu jeter tout cet argent en l’air ? Pour... pour...
Il sembla se retenir de sortir une insulte repoussante et Désirée semblait déjà sortir de ses gongs.
-Yves, tu n’as pas pensé à notre sœur un seul instant? continua Kevin en s’adressant à moi. Jeter en l’air toutes ses chances de guérison pour ça?
Il venait de désigner Mélaine d’une main rabaissante. Désirée s’avança et lui donna une pichenette sur sa main qu’il rangea rapidement.
-Tu le fais honte Kevin! lui lança Désirée. Est-ce donc ainsi que je t’ai éduqué ? T’ai-je plus inculqué l’amour de l’argent que l’amour des être humains?
-Ce n’est pas pour l’argent Désirée ; se défendit Kevin. C’est pour toi. Mais bon sang! s’emporta Kevin. Suis-je le seul à me rendre compte qu’Yves vient de perdre l’unique chance que nous avions de te sauver pour cette femme sans pudeur. Elle profite clairement de la situation. Elle...
-Kevin, je ne te permets pas de parler ainsi d’une femme en ma présence. Et quoique tu dises, je suis extrêmement fière d’Yves. Il a été fidèle à l’éducation que je lui ai donné. Il n’est pas égoïste pour un sou mais toi tu me déçois. Dis moi mon garçon, te souviens-tu de notre première rencontre?
À cette question, Kevin détourna le regard vers le sol. Je compris qu’ils avaient une histoire en commun dont je n’avais jamais êtes mis au courant. Je lançai un regard à Mélaine et je ressentis une certaine satisfaction en constatant que l’instant était gênant pour elle. Une envie de disparaître sous terre se lisait sur son visage.
- Kevin la première fois que je t’ai vu, tu m’as agressé avec un couteau; continua Désirée me faisant hausser les sourcils. Tu m’as pris l’argent d’une journée de travail. Ce soir là mon frère, ton meilleur ami et moi sommes restés affamés. Mais ce soir là je me suis aussi inquiétée pour toi. Je me suis demandé ce qui pouvait poussé un si jeune enfant à une telle délinquance. J’ai imaginé mon frère à ta place et je me suis battu pour te retrouver. Pas pour te dénoncer à la police mais pour te sortir de cette vie là. Je ne t’ai jamais jugé mais aujourd’hui tu te permets de juger quelqu’un qui ne t’a jamais rien fait de mal. Pour me sauver moi, tu serais capable de sacrifier sa vie ? Es-tu Dieu pour juger que ma vie vaut mieux que la sienne? Tu me déçois alors maintenant sors de chez moi et ne reviens que quand tu auras compris, qu’aucune vie ne vaut une autre.
Quelle femme! pensai-je alors que Kevin sortait de la pièce à la fois honteux et en colère. J’avais pris la bonne décision en aidant Mélaine et je n’en doutais plus.
I.G: nelie_nova
Coucou mes chers lecteurs
Petite lettre pour vous présenter toutes mes excuses pour l’horrible rythme de mes lectures que je dois à mon nouvel emploi du temps. J’ai lu tout vos messages et commentaires et je vous promets de rectifier le tir. Heureuse année 2019 à tout un chacun de vous. Que cette année soit l’année de tout les accomplissements pour nous et qu’elle soit celle de la naissance de superbes histoires et d’un partage d’émotions extraordinaires. Plus haut je vous ai laissé mon Instagram. C’est le réseau sur lequel je suis le plus active. Abonnez-vous pour qu’on puisse discuter de mes écrits et d’autres écrits puisqu’avant d’être réunis ici, nous sommes tous fans de lecture et aussi pour m’envoyer vos encouragements ainsi que des petits rappels de publications. J’en ai grand besoins.
Alors concluons en disant une fois de plus bonne année. ????