Partie 55 : réaliser...Compliqué
Write by labigsaphir
J'éprouve une envie irrépréhensible de tousser. J'ouvre la bouche et m'en donne à cœur joie jusqu'à ce que j'entende des personnes accourir. J'ouvre les yeux et suis immédiatement éblouie par la lumière ; ils ont dû le comprendre puisqu'ils éteignent de suite.
- Madame Minsem, fait une voix près de moi.
- Oui. Où suis-je ?
- Vous êtes à la Polyclinique Mouna à Douala.
- Ok. Que fais-je ici ?
- Vous vous êtes évanouie chez vous et comme vous êtes tombée sur la tête, nous tenions à nous assurer qu'il n'y a pas eu de séquelles.
- Huhum.
- Avec l'accord de votre mari, nous vous avons fait passer un scanner.
- Et ?
- Heureusement qu'il n'y a pas eu de dégâts.
- Mais j'ai mal au crane, dis-je en touchant ma tête.
- C'est normal, le choc de votre tête contre le sol.
- Ok. Pouvez-vous me donner un calmant ?
- Nous le ferons tout à l'heure, après avoir vérifié que vos réflexes sont bons.
Il ballade son truc la lumière devant mes yeux plusieurs fois de suite, me demande de lui donner le nombre de doigts qu'il montre ; je m'exécute, il a l'air satisfait, sourit.
- Que fais-je ici ?
- Tu t'es évanouie en discutant avec Raviere, répond sobrement Augustin.
- Ah oui, oui, me souvins-je ; je ferme les yeux et tout me revient en mémoire.
- Ça va, chérie ?
- Je ne sais pas si ça va aller, je ne sais pas, ne pus-je m'empêcher de répéter.
- Que se passe-t-il ?
- Bon, je vais vous laisser. Vous avez manifestement besoin d'avoir un moment d'intimité, dit ma mère en se levant.
- Merci, maman, dis-je en lui souriant.
- Es-tu certaine que ça va ? Demande-t-elle la main sur la poignée de la porte.
- Nous allons discuter plus tard, la rassurai-je.
- Ok. Je suis à coté, de toutes les façons.
- Merci, maman.
Elle sort, referme la porte derrière elle. Augustin se rapproche rapidement, prend une chaise au passage et s'assied devant moi. Il prend ma main, la caresse en me regardant dans les yeux.
- Chérie, commence-t-il, Comment vas-tu ?
- Je ne sais pas comment je vais, je ne sais pas.
Les larmes que je retiens depuis quelques minutes se mettent à couler. Il se lève s'assied sur le lit et me prend dans ses bras. Je me sens automatiquement en sécurité malgré le fait que ce qui me dérange ne soit pas physique. Je peine à maîtriser le tsunami d'émotions qui menace de me submerger.
- Que se passe-t-il ? Parlé-moi chérie, parle-moi, murmure mon mari au creux de mon oreille.
- Chéri, je ne sais pas comment réagir...Sniff...je ne sais pas comment m'y prendre...je ne m'y attendais vraiment pas...Sniff....Je vais en blesser plus d'un, je le sais...Je vais en blesser plus d'un alors que ce n'est pas ce que je souhaitais vraiment...Snifff...Il aurait du être au courant...Il a toujours été là pour moi..Sniff...pour moi...Snifff...pour moi, pour moi...Snifff...C'est mon complice...Sniff...mais je ne lui ai pas fait assez confiance.
- Rus, me coupe doucement mon chéri.
- Oui, bébé.
- ET si tu respirais un coup avant de m'expliquer ? Je ne comprends rien à ce que tu racontes ; il me caresse le dos et me fait des bisous dans les cheveux.
- Je ne m'y attendais vraiment pas...Sniff...non, je ne m'y attendais vraiment pas...J'ai pourtant essayé de le lui dire...Sniff...mais me suis toujours ravisé à la fin.
- Bébé, me fais-tu confiance ?
- Bien sûr que oui ; il me soulève le menton avec un doigt, me forçant à le regarder dans les yeux.
- Alors, que se passe-t-il ? Comment devrais-je réagir lorsque mon beau-frère m'appelle, me demandant d'aller porter secours à ma femme qui gît sur le sol ? Sais-tu seulement ce que j'ai ressenti ?
- Snifff...je suis désolée, bébé...Sniff...Je suis vraiment désolée...je ne pensais pas que cela affecterait du monde.
- Que se passe-t-il, partenaire ?
- Je discutais avec Raviere, bébé.Snifff..je discutais avec Raviere et il m'a montré quelque chose que je croyais avoir oublié depuis des décennies.
- Quoi ? Mon cœur, Quoi ?
- Bien que ne voulant pas de cette grossesse, j'avais fait la layette et estampillé ladite layette du sceau, R.M.
- Huhum.
- A l'âge de 15 ans, Raviere m'avait offert un collier sur lequel, il avait gravé mes initiales. Lorsque j'ai su que c'est une fille que j'attendais, j'ai fait modifier le dit collier. Comment ?
- J'ai fait gravé Laya sur le collier et mis une photo de moi, plus jeune, oui plus jeune.
- Je ne vois toujours pas la relation avec Laya et surtout, pourquoi tu t'es évanouie.
- En fait...en fait...
- En fait,
- En fait, Raviere tenait ce collier tout-à-l 'heure, réussis-je en dire en tremblant.
- Quoi ? S'exclame-t-il, tendu comme un arc.
- Oui, chéri, Raviere tenait ce collier tout-à-l 'heure.
- S'il tenait ce collier, cela voudrait donc dire qu'il a retrouvé ta fille, notre fille.
- Oui, il a semble-t-il retrouvé Laya.
- Pourquoi peines-tu à dire, TA FILLE ?
- Je ne sais pas, chéri, je ne sais pas...Sniff...je ne suis pas digne d'être maman.
- Non, ne dis pas ça, bébé.
- Snifff...Comment une mère peut-elle abandonner son enfant ?
- Tu étais jeune...Chérie, tu étais jeune...Nous commettons tous des erreurs mais ce n'est pas pour autant que nous sommes des monstres.
- J'ai abandonné ma fille, Augustin...Sniff...J'ai abandonné ma fille...Sniff...Ma fille.
- Oui, je sais...tu as fait une erreur mais as prouvé par la suite que tu étais une bonne mère.
- Sniff...Augustin,
- Oui, bébé.
- Voudras-t-elle de moi ? ...Sniff..Voudra-t-elle de moi ? ...Voudra-t-elle d'une mère ayant démissionné de son rôle de mère ?
- Je ne sais quoi te dire mais prie Dieu, prie le Seigneur, demande-lui de toucher le cœur de cette enfant.
- N'est-ce pas ? Ne me laisse pas, j'ai peur, ne me laisse pas....J'ai des employés que je commande, je gère des hommes mais une enfant me fait à ce point, peur.
- Normal, je crois que c'est l'amour que tu as pour elle ; tu l'as toujours eu. Souviens-toi des nuits blanches, des retraites spirituelles, des heures agenouillée à la grotte mariale.
- Priant le Seigneur de me ramener mon enfant, complétai-je. Et maintenant que c'est fait, j'ai peur de la rencontrer.
- Voilà. Je pense que tu culpabilises et c'est normal. Si elle est fâchée, tu ne pourras pas lui en vouloir. Qui connait son parcours ? Qui connait la vie qu'elle a eue ?
- C'est vrai, c'est vrai.
- Ecoute, bébé, quel que soit la décision que tu prendras, je te suivrais. Seulement,
- Seulement,
- Je ne te dirais jamais des choses pour te faire plaisir, car aimer une personne, c'est aussi la voir se diriger vers une falaise et pouvoir le lui dire sans prendre des gants.
- Huhum.
- Je t'assisterai et veillerai à te donner mon avis, à chaque étape. Cette enfant, que tu le veuilles ou non, est aussi mienne. Te souviens-tu de nos débuts ?
- Oui, bébé.
- Tu sais, tu pouvais être riche comme Crésus mais si tu n'aimais pas mes enfants, cela n'aurait surement pas collé.
- Huhumm.
- Tu as aimé mes enfants et touché le cœur du papa que je suis. Je me suis assagie à tes cotés cause de ton amour et de celui de mes enfants. Tu t'es toujours comportée comme une mère avec les enfants. Permets-moi aujourd'hui d'en faire de même.
- Tu as carte blanche et tu le sais.
- Merci, chérie.
- Je vais appeler Raviere, lui donner des nouvelles.
- Il doit vraiment s'inquiéter, c'est vrai.
- Je reviens.
Il me fait une bise sur le front, se lève, sort de la pièce et quelques minutes plus tard, ma mère rentre dans la pièce.
- Alors, demande-t-elle en rentrant dans la pièce ?
Il n'y a que ma mère pour mettre le pied dans le plat, elle a toujours eu le don d'être crue.
- Maman, je crois que Raviere a retrouvé ma fille, dis-je simplement.
Elle reste un moment, interdite, puis met la main sur sa bouche avant de rendre la place qu'occupait mon époux, quelques secondes auparavant.
- Oyenga ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo.
- Maman, nous sommes dans un hôpital, dis-je en me redressant.
- Ou est ma petite-fille ?
- Je ne sais pas, Raviere doit le savoir.
- Ah bon.
- Attends, je vais l'appeler, dit-elle en dégainant son portable.
Eh Dieu, pensai-je, cette femme est vraiment folle. Elle va appeler Raviere dans un hôpital ?
- Maman, nous sommes dans un hôpital !
- Aka, ou Dzou ma ( excuse-moi) !
- Maman !
Elle compose rapidement le numéro de son fils, se met à taper du pied en attendant qu'il décroche.
- La ligne est occupée, dit-elle en me regardant.
- Maman,
- Attends, attends, c'est bon, dit-elle au bout d'un moment.
Je soupire et me couche à nouveau, humm. Lorsqu'elle est dans cet état, cela ne sert à rien. C'est une vraie femme Beti, plus têtue qu'elle, il n'y a pas. Je n'ai rien contre les femmes Beti mais elles, elles sont pires que les fourmis magnan. Elles sont parfois obtuses, mais savent aimer. Je ne dis pas que les autres tribus ne savent pas le faire, je ne parle que de ce que je connais.
- Raviere !...Un truc comme ça et tu ne me dis rien ?....Quoi ? C'était à ta sœur de me dire...Aka, depuis des années que nous cherchons cette enfant ?...Haaaan, tu n'étais pas au courant ? Akieuuuu ; maman se tourne vers moi...Tu n'étais pas au courant ?....Eukieeee, elle a fait fort, hein...Bon, tu dis que la petite est là-bas avec vous ? ...Je m'en fous ! Nous prendrons l'avion dans les prochaines heures...Nous serons à Prétoria dans quelques jours et en attendant, Personne ne bouge ! ...Raviere, j'ai dit, personne ne bouge !...Je m'en fous ! ....Tu retiens ma petite-fille, même si C'est par force...Akaaaa Raviere, j'ai dit !...Personne ne bouge !
- Maman, est-ce que je peux discuter avec Raviere ?
- Attends, je le lui demande....Ta sœur veut discuter avec toi...Pourquoi réagis-tu comme ça ?...Humm, ok...Ton frère ne veut pas discuter avec toi, il est fâché, m'explique-t-elle en raccrochant.
- Je comprends, il doit se sentir trahi...Tout le monde était au courant, sauf lui.
- Huhumm, et il a raison.
- C'est vrai, c'est vrai.
- Comment as-tu pu le lui cacher à lui, ton complice des 400 coups ?
- J'avais honte, maman, j'avais honte.
QUELQUES JOURS PLUS TARD...
[ LOUHANN ]
- Je m'en fous ! J'ai gardé cet enfant par pitié, Elric, par pitié !
- Tu parles là de mon enfant, notre fils, Alden !
- Elric, tu n'en voulais pas, t'en souviens-tu ?
- J'ai changé d'avis et ai compris mon erreur, le jour où j'ai coupé le cordon ombilical.
- Pfff et puis quoi encore ?
- Tu n'as pas le droit d'être ici ? Ah oui, oui, tu es venu m'enregistrer une fois de plus, n'est-ce pas ?
- Louhann, tu m'y as poussé.
- Peux-tu prouver que je suis une mauvaise mère ? J'ai toujours été présente pour cet enfant, et tu le sais. Je m'en occupe comme toute mère le ferait. Les relations, c'est pour vous. Les moyens, c'est encore pour vous mais vous semblez oublier que nous sommes en France. Eh oui, oui, nous ne sommes pas dans une république bananière ou dans un souk, ici. Si tu aimes tellement les enfants, demande à ta guenon de t'en faire !
PAFFF....PAFFF...Je tiens ma joue et vois une multitude de petits points se balancer devant moi. Sans plus faire attention à Elric, je me tourne, récupère le téléphone et compose le numéro de la police. Il sort en courant, je pose la main sur mon ventre, eh oui, je porte l'enfant de mon chéri. Nous sommes en France et la loi ne rigole pas, Un homme qui frappe une femme enceinte et provoque une fausse couche. Elric, tu ne sais pas quel nid d'abeilles, tu as secoué.
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