Partie 65 : retrouvailles
Write by labigsaphir
- Oui, chéri.
- Je sais que c'est compliqué pour toi, mais il faudrait le faire.
- Huhum.
- Serais-tu encore amoureuse de lui ?
- Voudrais-tu faire connaissance avec mon côté sauvage ?
- Lequel ?
- Celui des Beti ?
- Tu poses les réponses ?
- Minceee ! Et dire que tu as déjà tout copié, jusqu'au ton. Pardon, remettez-moi ma petite femme.
- Ha ha ha ha ha ha Augustin, tu me connais.
- Ah ça ! Tu es ma lionne, chérie. Je compte sur quoi pour te tester ?
- Arrête donc de dire des âneries.
- Ok, excuse-moi.
- Tu n'as pas honte ? A ton âge, tu es encore jaloux ?
- Que tu n'es pas une belle femme ?
- Et je porte le nom de qui ?
- Ah ça !
- Voilà !
- Sérieux, vas-y doucement et fais comme je t'ai dit, même qi ce n'est qu'un avis.
- Merci bébé.
Je raccroche et pose le téléphone sur la table de chevet. J'enfile rapidement un jean destroy et une chemine carrelée que je prends dans la penderie et une paire d'escarpins. Heureusement qu'hier, je me suis faite un shampoing et un frisage rapide de ma crinière. Je ne souhaite pas que Maiwenn pense que je souhaite à nouveau le séduire ; avec les hommes et surtout les hommes camerounais, l'on ne sait jamais. Un quart d'heure plus tard, je prends les clés de la voiture de location et mes pièces, sors de l'appartement après avoir embrassé Jen qui est assise devant la télévision. Elle boude, j'ai refusé de lui dire avec qui j'ai rendez-vous. Je suis navrée mais il serait mieux de faire les choses et de surtout, bien les faire.
Je me rends près du centre commercial St-Martial, je tourne près d'une demi-heure pour trouver une place : c'est terrible mais c'est ainsi. Je gare et vérifie mon maquillage, c'est parfait. Let's go !
- Bonjour. Navrée pour le retard, trouver une place n'a pas été facile.
- Bonjour Rustine. Comment vas-tu ?
- Bien, merci et toi ?
Il tire la chaise et attend que je sois bien assise pour en faire de même, c'est plaisant.
- Bien, merci. J'avoue avoir été surpris par ton coup de fil.
- Ah bon ?
- Mais oui. Tu sais, vu comment nous nous sommes séparés à l'époque, je ne pensais pas que tu voudrais encore me voir.
- De l'eau a coulé sous les ponts et cela fait 24 ans aujourd'hui, bientôt 25 ans.
- C'est vrai, mais...
- Ne crois-tu pas qu'il soit temps de passer à autre chose ?
- Si.
- Voilà !
- Merci pour le coup et surtout merci de prendre les choses de cette façon. Je suis content que tu ais relativiser mais surtout que tu prennes de la hauteur.
- Huhum.
- Ceci dit, je tiens à m'excuser car j'ai eu une attitude peu cavalière à l'époque. J'étais jeune à l'époque et ne savais vraiment pas ce que je faisais.
- Maiwenn, ne dis pas que tu ne savais pas ce que tu faisais, parce que c'est faux. Je comprends que tu veuilles faire bonne figure en t'excusant mais ne mens pas, s'il te plait. Ceci dit, ce n'est pas l'objet de mon appel. Ce que tu as fait ou ne pas fais à l'époque, je n'en ai vraiment rien à secouer.
- Ok ; il semble triste mais je m'en fous.
- Je t'ai appelé parce que notre séparation à l'époque n'a pas été sans conséquence.
- Bonjour monsieur et dame. Bienvenue dans notre établissement.
- Merci, répondons-nous en chœur.
- Voici les cartes et en attendant, puis-je vous proposer des apéritifs ?
- Bien sûr, répond Maiwenn en souriant.
- Bien...
Deux minutes plus tard, l'apéritif est apporté. Je savoure les petits gâteaux en silence, observant Maiwenn du coin de l'œil. En fait, je me demande encore ce qui m'a vraiment plu chez lui.
- Alors, que disais-tu ?
- Ah oui, fais-je en sortant de mes pensées ; je prends une gorgée de la boisson légèrement alcoolisée et pose le verre sur la table dans un bruit mat.
- Je t'écoute.
- Je disais que notre séparation à l'époque, n'a pas été sans conséquence.
- Pourrais-tu être explicite ?
- J'étais enceinte.
- Pardon ?
- Maiwenn, j'étais enceinte lors de notre séparation.
- Serais-tu sérieuse ? Est-ce une tentative de me récupérer ou me prendre des sous ?
PAFF !
- Pour qui me prends-tu ? M'écriai-je en tremblant. Crois-tu que j'ai besoin de ton argent pour vivre ? Pour ta gouverne, je suis actionnaire de l'empire McDermott, une société Sud-africaine, renseigne-toi. Hormis cela, mon mari et moi, avons bâti et construit des sociétés. Maiwenn, mes enfants jusqu'à la quatrième voie huitième, seront à l'abri du besoin. Est-ce clair ?
- Je suis désolé, dit-il en regardant dans tous les sens ; je crois avoir levé la voix sans vraiment le vouloir, mais je ne regrette pas. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, je suis désolé.
- Je n'ai nullement besoin d'extorquer des sous à un homme pour vivre, et n'en ai jamais eu besoin. Tiens-le pour dit !
- Ok.
- Bien ! Nous avons une fille de 24 ans, enceinte de 6 mois et demie, à ce jour.
- Oh !
- Oui. A l'époque, j'étais une gamine, comme tu le sais. J'avais 15 ans lors de notre séparation et ai accouché à 16 ans, à peine. J'ai commis une erreur que je regrette encore aujourd'hui, dis-je les larmes aux yeux en repensant au moment où Jen et moi, furent séparées.
- Quelle erreur ?
- Je l'avais abandonnée , et n'en suis pas fière. Au début, j'ai souhaité accoucher sous X mais me suis ravisée à la fin. Elle a été recueillie par des sœurs, puis adoptée par une femme en Angleterre. Quelques jours plus tard, ladite femme a déménagé pour la France. C'est ce qui a compliqué le fait que les détectives ne puissent la retrouver quelques années plus tard.
- Mais si les détectives n'ont pu la retrouver, comment sais-tu qu'elle est enceinte ?
- Le destin m'a ramené mon enfant, le destin et surtout, le Seigneur. Il m'a écoutée et m'a ramenée ma fille. Je l'ai côtoyée des mois durant, ne sachant pas qu'elle est ma fille. Ce n'est qu'il y a quelques mois que j'ai su qu'elle était, ma fille perdue.
- Ok. Sait-elle que je suis son père ?
- Non.
- Ok. Que dois-je faire ?
- Cela dépend de toi. Il est important que je lui en parle, Maiwenn. Notre relation est si fragile que je souhaite être transparente envers elle.
- Je te comprends. Tout ceci est tellement gros que je ne sais plus quoi faire ou dire.
- Je te comprends.
- Puis-je avoir un délai de réflexion ?
- Si tu le souhaites, mais je te donnerais ses coordonnées.
- Ok.
- De toutes les façons, je lui dirai que j'ai retrouvé son père ce soir.
- Ok.
- Quelqu'un était-il au courant ?
- Oui, oui.
- Qui ?
- Ma copine de l'époque et Dean ?
- Quoi ?
- Qu'y a-t-il ?
- Cela fait des années que Dean et moi, nous sommes retrouvés et il ne m'a rien dit ?
- Que puis-je te répondre ?
- Le savait-il ?
- Il l'a toujours su, Maiwenn.
- Etiez-vous ensemble, je veux dire, formiez-vous un couple ?
- Durant des années, oui. Pourquoi ?
- Je lui ai demandé s'il avait de tes nouvelles, il m'a répondu par la négative.
- Je ne sais quoi te dire.
- Je suis désolée que tu ais eu à vivre tout ceci, seule.
- Ce qui est fait, est fait.
- Que dois-je faire ? Demande-t-il en posant les mains sur sa figure.
- ...
- As-tu une photo d'elle ?
- Oui, bien sûr ; je sors fièrement l'album-photo que j'avais apprêté et le lui tends. Il regarde, feuillette durant quelques minutes, puis se tourne vers moi, la bouche grandement ouverte.
- Je crois l'avoir déjà vue, quelque part.
- Elle connait parfaitement Maiwenn Junior et croit t'avoir rencontré deux fois.
- Où ?
- Une fois, lors d'une fête donnée par ton fils en Afrique du Sud.
- Ah oui, c'est vrai, c'est vrai. Je m'en souviens aujourd'hui mais ce n'est pas tout.
- Pardon ?
- Nous nous sommes aussi rencontrés dans l'avion qui me ramenait en France, lors d'un de mes voyages.
- Ah bon ?
- Oui, oui, j'en suis certaine.
- Oh !
- Elle est belle, c'est certain. Tu as fait du bon travail, Rustine. Merci pour ce cadeau.
- Merci.
- Je ne vais pas attendre, non, non. Serait-il possible de la rencontrer ?
- Je ne sais pas.
- Tu nous arranges ça ?
- Je vais faire mieux, Maiwenn. Je vais l'appeler et je reviens.
- Ok, merci.
Je sors du restaurant et compose le numéro de Jen en tremblant.
- Allo, répond-elle à al deuxième sonnerie.
- Ça va, ma chérie ?
- Oui, maman. Et toi ?
- Bien, merci. Euh...
- Qu'y a-t-il ?
- Je ne sais pas comment te l'annoncer ?
- Vas-y, maman.
- J'aimerais te présenter quelqu'un.
- Qui ?
- Quelqu'un, ces choses ne se disent pas au téléphone.
- Maman, pourquoi tout ce mystère ?
- Je ne peux malheureusement faire autrement, pardonne-moi.
- Est-ce mauvais ?
- Bien au contraire.
- Dans ce cas, passez à la maison.
- Merci, mon bébé.
- A tout à l'heure.
Je rentre dans le restaurant et informe Maiwenn qui ne dit rien, mais a les yeux larmoyants. Nous finissons par demander au gérant d'emballer la nourriture et récupérons rapidement nos voitures ; l'accord est tacite entre nous, il me suit. Une quart d'heure plus tard, je gare dans le parking de la cité universitaire et nous nous rejoignons au bas de l'escalier.
- C'est la première fois que j'avoue avoir peur, hésite-t-il.
- Je te comprends, Maiwenn.
- Il faut battre le fer tant qu'il est encore chaud, allons-y.
- Oh oui !
Nous montons les marches à pas lents, comme si nous voulions retarder le temps. Arrivés devant la porte, elle s'ouvre, comme si elle nous attendait.
- Maman, tu m'as fait peur. Que se passe-t-il ?
- Ne me dis pas que tu m'attendais ?
- Bah si, je ne tenais plus en place. Que t'est-t-il arrivé ? Est-ce le Cameroun ? L'Afrique du Sud ?
- Tout doux, tout doux, respire, respire, ma chère.
- Alors, qui dois-je rencontrer ?
- Moi, répond Maiwenn dans mon dos ; il se décale et avance vers Jen qui me regarde interdite.
- Mais je vous connais, vous.
- C'est vrai, répond Maiwenn.
- Vous êtes...
- Le père de Maiwenn Junior, complète le concerné en souriant.
- Maman, tu es mariée avec Augustin. Je ne tiens pas à ce que l'on m'accuse de t'avoir encouragée dans...
- Stop ! Oulaaaaaaa Jen, oulalalalalala tu as l'imagination fertile, la coupai-je mollement.
- Alors, que fais-tu avec lui et pourquoi tiens-tu à me le présenter ?
- Pourrait-on rentrer, s'il te plait ?
- Oui, hésite-t-elle avant de reculer pour nous laisser passer.
- Maiwenn, assieds-toi, s'il te plait.
- Oui, fait Jen un brin agressive.
Maiwenn et moi, nous nous asseyons. Je me lève et vais chercher des jus de fruits dans le frigidaire, pendant que Jen observe son père du coin de l'œil. Je reconnais là, mes manières lorsque j'étais enfant. C'est vrai que des chiens ne font pas des chats.
- Alors, Jen, j'ai souhaité que tu rencontres Maiwenn parce que...
- Parce que...Me coupe-t-elle durement.
- Maiwenn que voici est certes le père de Maiwenn junior, mais aussi le tien, lâchai-je en la regardant dans les yeux.
- Pardon ? Fait-elle en se redressant.
- Jen, je suis ton père, dit Maiwenn en se tournant vers elle.
- Maman, dit Jen en se tournant vers moi. Depuis quand ?
- Depuis toujours ; je préfère répondre sobrement.
- Je ne l'ai su que tout à l'heure et ta maman, je ne l'ai revue qu'il y a quelques jours.
- ...
- Cela faisait plus de décennies que nous nous étions perdus de vue, continue Maiwenn.
- Ok.
- Je n'ai pas voulu te le cacher mais il fallait que je le lui annonce d'abord.
- Ok, répond-elle en dévisageant Maiwenn sans gêne.
- Jen, fais-je remarquer, tu es en train de le dévisager et ce n'est pas plaisant.
- Laisse qu'elle le fasse, Rustine, ce n'est pas grave.
- Es-tu certaine que ce soit mon père ?
- Mais jeune fille, quelles sont ces manières ? Ta mère n'a jamais été une personne frivole, malgré les apparences ? Tonne de suite, Maiwenn.
- Oulalalala excusez-moi, fait Jen, ce n'est pas ce que je voulais dire.
- Excuses acceptées. Jen, je sais que c'est compliqué pour toi, mais aussi pour nous. Je ne connais que l'essentiel de l'histoire, mais je suis partant et heureuse d'avoir une grande fille comme toi.
- Ok. Excusez-moi de ne pas sauter de joie, tout est si...
- Brusque, dis-je en souriant.
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire, me coupe-t-elle...Non, je voulais dire que tout est si soudain.
- Ok, je vois.
- Si ma présence te gêne, je peux m'en aller, propose Maiwenn.
- Non, non, tant qu'on y est, je veux tout savoir de toi et de votre histoire.
- Oh ! Fait Maiwenn en me regardant.
- Jen,
- Non, maman, je veux tout savoir, tout, tout. Vous ne pouvez quand même pas le refuser à votre future petite-fille, dit-elle en se caressant le ventre.
- C'est du chantage affectif, ma parole, gronde faussement Maiwenn.
- Jen, tu es coquine, rebondis-je.
- Si si je le prends de qui ? Repart-elle en faisant un clin d'œil. Nous éclatons tous de rire.
UN MOIS PLUS TARD...
[ JENEYA ]