Partie 66 : épouse-moi

Write by labigsaphir

- Chérie, épouse-moi.

Je n'en reviens pas qu'il me le dise pour la seconde fois, j'ai tant souhaité que ce jour arrive. J'avais déjà ourdi des complots, fais des plans afin de l'emmener à me passer la bague au doigt et là, il me le demande tout simplement. Cette journée a pourtant commencé comme toutes les autres. Que s'est-il passé pour qu'il en arrive là ? De toutes les façons, je dis merci à ceux qui l'ont poussé à la faire.

Il se lève et allume la lampe de chevet, ne lâche pas ma main et met un genou au sol, comme dans les films. Mon regard est tout de suite mouillé et ma voix, chevrotante. Je suis troublée par tout ce qui m'arrive tellement j'ai du mal à y croire. Mon Dieu ! Elric me demande de l'épouser, crie une voix dans ma tête. Milles diables se mettent à danser le Bikut-si dans ma tête que sur le coup, j'en oublie Elric et m'évade pour le Cameroun. Il ne sait pas combien de personnes, il est en train de soulager en ce moment. Mon Dieu, gloire à toi-même si je reconnais avoir foulé du pied certaines commandements, voire ma dignité.

- Lou, m'interpelle-t-il avec douceur.

- Oui bébé, fais-je en le regardant dans les yeux.

- Alors ?

- Oui bébé, je veux bien t'épouser, dis-je en laissant couler quelques larmes pour marquer le cou.

- Merci mon cœur, tu ne sais pas combien tu me rends heureux.

Il enlève la bague de l'écrin en déliant le lien en soie et me passe la bague au doigt. Je tremble tellement qu'il doit s'y prendre à deux fois avant d'arriver jusqu'au bout. Mon Dieu, je ne croyais plus devenir madame Biyo'o, un jour. Il me tire par la main, me prend dans ses bras, me serre comme s'il avait peur de me perdre et m'embrasse comme si sa vie en dépendait.

Je pose la tête sur son épaule et crois sentir quelque chose de mouillé sur mon dos. Je me redresse et constate que les yeux d'Elric sont plein de larmes.

- Bébé, dis-je simplement.

- Désolé mon amour, c'est l'émotion.

- C'est la première fois que je te vois dans cet état, chéri.

- Je sais, dit-il en baissant la tête et se tournant pour prendre un mouchoir dans la boite avant de se moucher.

- Mon amour, ça ira, nous serons heureux.

Il m'embrasse et nous basculons tout doucement sur le lit, il me garde dans ses bras durant un moment, sans parler.

- Allons nous doucher, s'il te plait, murmure-t-il à mon oreille.

Je ne me fais pas désirer et le suis, heureuse et contemplant la bague à mon doigt. Louhann 10- Jeneya 0 !! C'est moi qui serais madame Biyo'o Elric et la seule à ce que je sache. Ce n'est pas n'importe qui, qui peut se targuer de pouvoir faire « l'enlèvement » à une camerounaise.

A peine sortons-nous de la douche, qu'il prend la serviette et essuie chaque partie de mon cœur avec soin, avant de me faire un cunnilingus comme je n'en ai jamais eu. Aucune partie de mon intimité n'a été épargnée, puis de ses doigts, il me fait jouir en jets ; oh oui, j'ai eu plus d'un orgasme et mouillé notre lit.

- Je t'aime, murmure-t-il avant de s'endormir.

- Moi aussi, répondis-je en me levant pour aller me nettoyer.

J'ai envie d'appeler mes parents, ses parents et mes amies pour leur annoncer la nouvelle mais je me retiens, il risquerait se fâcher. Je fais simple, prends une photo de la bague à mon doigt avec mon portable et poste la photo sur facebook ne prenant soin d'identifier Odessa, Amicie et la gourde de Jeneya. Le travail fait, j'éteins mon portable puis celui d'Elric et m'endors dans les bras de mon fiancé.

PENDANT CE TEMPS...

[JENEYA ]

Mon téléphone est entrain de clignoter, j'ai l'impression de recevoir des messages. Allan et moi, sommes en train de dîner, je verrais cela plus tard. Dix minutes plus tard, mon téléphone se met à sonner sans interruption.

- Beh dis donc, tu es une star, ma cocote, ironise Allan.

- Je t'assure, mon chéri, répliquai-je en riant.

- Il n'est plus dans les parages.

- Ce jeu était vraiment malsain, Allan.

- Ose dire que tu n'as pas aimé, rebondit-il en me tirant la langue.

- Boff, j'ai aimé, finis-je par avouer.

- Je croyais qu'il allait m'en décocher une en pleine mâchoire.

- Je t'assure.

- Je crois qu'il est toujours amoureux de toi, Jen.

- Non, je ne crois pas.

- Je suis un homme et ses réactions, sont celles d'un homme folle amoureux d'une femme et qui plus est, porte son enfant.

- Non, je ne crois pas. Il a été des plus clairs avec moi, il n'a rien à foutre de mon enfant.

- Votre histoire est un casse-tête, je ne sais plus quoi dire.

- Bah, ne dis plus rien.

Je me lève et vais récupérer mon téléphone sur la table, c'est Odessa qui essaie de me joindre ; je décroche rapidement.

- Oui, ma chérie, fais-je en rigolant.

- Va sur Facebook, s'il te plait.

- Pourquoi ? Tu sais que je n'aime pas trop y aller, j'ai mieux à faire.

- Vas-y sur Facebook !

- Eh mais doucement, Odessa.

- Va sur facebook, Jen !

- Ok, c'est bon !

Je raccroche et me connecte rapidement à Facebook, j'ai près de 55 messages et des identifications. Mais que se passe-t-il ? Aussitôt que je suis connectée, des personnes souhaitent discuter avec moi.

- Hé, Jen. Ça va ? Je viens de voir. Je suis vraiment désolée pour toi. Courage.

- Jen, courage, c'est la vie. Ce n'était tout simplement pas le bon.

Des messages comme ceux-là, mon INBOX en est bondé. Je ne comprends rien à rien. Je clique sur l'icône des notifications et suis immédiatement renvoyée sur la page d'une certaine Louhann. Je veux fermer la page mais la photo attire mon attention. Je clique dessus et manque m'étouffer en voyant la bague au doigt de Louhann. Une sonnerie retentit dans ma tete et je commence à voir rouge : il va l'épouser, il va l'épouser. Je pense à la chanson de Leila Chicot dont le titre est, « Ça aurait du être moi ».

Mes jambes deviennent flageolantes, je vois des petits points noirs et le sol se rapproche de plus en plus. Avant de sombrer, je sens des mains sur mon ventre.

- Mon ventre, mon ventre, ai-je la force de murmurer.

TROIS SEMAINES PLUS TARD...

[ LOUHANN ]

- Je m'en vais chérie, dit-il en me tirant à lui et m'embrassant malgré la présence d'Oan.

- Ok, et surtout pas de bêtises.

- Louhann, je suis sérieux, répète-t-il pour la énième fois, je ne souhaite pas que ma vie soit étalée sur Facebook.

- J'ai compris et me suis excusée, bébé.

- Je n'aime pas ça. Tu ne sais pas à quelles fonctions j'aspire demain, donc fais-toi plus discrète. La femme d'un futur sénateur, se doit d'être digne et ne pas vraiment s'afficher.

- J'ai compris mon cœur.

- La femme du futur sénateur Biyo'o, ne l'oublie jamais.

- Oui bébé, fais-je émue.

- J'aimerai que tu m'annonces une nouvelle à mon retour.

- Laquelle ? Demandai-je intriguée.

- Je veux un autre bébé, murmure-t-il à mon oreille en me faisant des baisers dans le cou.

- Je l'espère, moi aussi.

- On y va, Oan, dit-il en se tournant vers lui.

- Ma BS, j'emmène ton gars à l'aéroport.

- J'aurais bien voulu vous accompagner, essayai-je à nouveau.

- Non, non, je serai tranquille, te sachant à la maison.

- Ok.

Nous nous embrassons et je consens enfin, à le laisser partir. Depuis trois semaines, je nage dans un bonheur terrible. Mon homme et moi, voulons un autre bébé. Je ne vous dis pas combien de fois, nous essayons dans la journée. J'avais peur qu'au bout d'un moment, cela devienne mécanique mais non, nous avons finalement appris à gérer.

****FLASH-BACK DE TROIS SEMAINES***

Humm, et dire que j'ai failli le perdre, il y a de cela trois semaines. Le lendemain de la demande en mariage, alors que nous nous étions séparés dans la matinée en souriant, le ciel rose, il revient dans la soirée, très très nerveux. Elric est rentré, a posé son attaché-case sur la table avec force, m'a cherché dans la maison et s'est mis à hurler comme si je lui avais arraché la peau.

- Qu'as-tu fait ?

- Quoi ? Demandai-je tout bêtement à la manière des camerounais.

- Qu'as-tu mis sur Facebook ?

- Quoi ?

- Qu'as-tu posté sur ton compte Facebook ?

- Haaaaan, la photo de la bague que tu m'as offerte. Eukieee, c'est comment ?

- Enlève vite le post !

- Quoi ? Pourquoi ?

- J'ai dit, enlève le post ! C'est français ou bien ?

- Aurais-tu honte de moi ?

- Non, je t'aime comme un fou et tu le sais bien mais j'aspire à être sénateur, va enlever la photo. 

Je me suis pliée en quatre, essayant de le flatter mais rien de rien. J'ai enlevé la photo cinq minutes plus tard. Moins de dix minutes après, je recevais le message de Mintak qui demandait pourquoi est-ce que cette photo avait disparu.je lui ai répondu que c'était blague pour faire le buzz. Finalement, je lui ai dit que lui et moi, c'était impossible puisque je vivais à nouveau avec Elric. Nous sommes restés des amis même si je sais qu'il a toujours des sentiments pour moi.

Vers une heure du matin, alors qu'il dormait, après une heure de sport « litique », j'ai pu récupérer son portable. Je rentre dans les messages et constate qu'il discute avec Odessa et Amicie qui lui reprochent le fait d'avoir causé le malaise de Jen, cette connasse. Elles disent qu'elle a failli tomber sur le ventre et perdre son enfant, n'eut été l'intervention d'un certain, Allan. Ah mouf ! Toujours à faire l'intéressante, celle-là. Elles disent que sa tension est montée et qu'elle risquait même une pré-éclampsie. Tchiiiiip ! Que son enfant crève dis donc, elle nous sert à quoi ? Toujours à jouer la blanche fragile. Massa, je prie même pour que tu accouches d'un mort-né, saleté !

Une idée a germé dans ma tête, j'ai envoyé un message à ces gourdes de copines, leur demandant de m'envoyer l'adresse de l'hôpital et le numéro de la chambre. Au lieu d'acheter un bouquet de fleurs, j'ai acheté une mini-gerbe de fleurs avec un panier de fruits et je suis allée voir votre malade. Dis donc, je suis camerounais ou bien ? Aka, quand je suis arrivée das la chambre, elle était seule. Je suis rentrée, faisant fi de son regard, j'ai posé la gerbe de fleur et me suis tournée vers elle en montrant la bague.

- Tu ne seras jamais madame Biyo'o, jamais !

- Connasse ! Dégage de ma chambre !

- Tu ne seras madame Biyo'o. Tu ne connaîtras jamais ce que cela fait de faire l'amour avec Elric et de l'entendre dire, « je t'aime, c'est toi mon essentiel ».

- Va-t-en !

PIIIIIIIIIING ! PIIIIIIIIIIIIIIIING !

L'appareil s'est mis à siffler et clignoter avec rage, je crois que votre parente s'est mise à convulser, parce que son corps s'est mis à trembler directement. Aka les infirmières sont arrivées en courant, suivies d'un docteur. Je regardais le spectacle en riant. Tchiiiiiiiiiip ! Je suis partie, pendant qu'ils étaient en train de la « choquer ». J'ai regardé ma bague en sortant de l'hôpital, ni vue ni connue.

***FIN DU FLASH-BACK****

UNE HEURE PLUS TARD...

- Lisette, entre, ma co'o.

- Merci ma petite. Pourquoi es-tu si heureuse ?

- Ma vie donne, ma chérie, ça donne.

- Akieuuuu.

- Assieds-toi ma chérie, je vais chercher la bouteille de Mojito et les petits gâteaux.

- Anti Zamba, inying ine ezezuk ( Seigneur, la vie est sucrée).

- Je te dis !

Je vais derrière le bar, récupère le nécessaire et reviens avec un plateau plein à ras bord. Je fais rapidement le service et m'assieds à mon tour.

- Où étais-tu ? Lui demandai-je en rigolant.

- J'étais à la Havane avec mon homme.

- Dis donc, tu as raté trop de choses.

- Hein ? Pardon rembobines et tu racontes tout, ma co'o.

Je lui relate les faits en commençant par la gifle d'Elric, les multiples accusations, le chantage affectif, les mandats et tout le tralàlàlà. Durant une dizaine de minutes, je m'exprime et m'arrête à chaque fois qu'elle ponctue mon discours par des « Tu es trop forte », « Massa, une vraie camerounaise ». Lorsque j'ai terminé, nous gardons le silence quelques minutes, le temps pour nous d'intégrer par quoi je suis vraiment passée. Au moment où je vais chercher mon téléphone qui sonne dans la chambre, je crois entendre des grésillements.

- Ekeuuu, c'est quoi ce bruit ? Demande Lisette en regardant à gauche et à droite.

- Je sais même ? Fais-je en soulevant les coussins en cherchant je ne sais trop quoi.

- Aka ma co'o, ce sont surement les interférences entre mon téléphone et la télévision.

- Je te dis.

Je pose le téléphone que je suis allée chercher dans la chambre et me saisis du nounours de mon fils, « le marsupilami » et le pose sur mes cuisses en y mettant de petites tapes de temps à autres.

- Ma sœur, tu es forte, tu as su gérer le gars comme une grande.

- C'est ce que tu dis doucement comme ça ?

- Il n'a vu que le feu, ma chérie. Entre la gifle qui est devenue une pluie de coups, le chantage et blessures que tu t'es faite.

- Il fallait, l'on n'apprend pas à un vieux singe à faire les grimaces.

- Massa, il te fait maintenant l'amour sans se protéger ?

- Si si si et s'il te plait, c'est lui qui demande.

- Haaaan ?

- Comme je te dis là et je ne te dis pas, il est gourmand.

- Nooooon ?

- Il demande le soir avant de dormir et tous les matins, à quatre heures.

- Yaaaaaaaaah !

- Je te dis, les camerounais aiment trop fendre le bois rouge, le mangossi.

- Ha ha ha ha ha

- Et la go ?

- Qui ça ?

- Son ex !

- Je ne sais pas, ma chérie. Qu'elle meurt même avec son enfant moi quoi ?

- Tu n'as vraiment aucune nouvelle ?

- Aucune ! Je sais juste que pendant un moment-là, je voyais ses copines tristes comme si elle avait deuil. La fille-là a même disparu de la circulation, je ne sais pas.

- Peut-être qu'elle a perdu l'enfant.

- Moi quoi ? Je m'en fous.

- Elric ne t'a rien dit ?

- Non ooooo, il ne me parle pas de ça. Je sais qu'il a été nerveux pendant un moment, puis tout est revenu à la normale.

- Humm. Ma chérie, je viendrais surfiler ta robe de mariage.

- S'il te plait, je serais la prochaine madame Biyo'o Elric.

- Ah ça ! La femme d'un futur sénateur camerounais.


Jeneya CROFT, l'Impé...