Piano sano
Write by Farida IB
Nahia…
C’est le dimanche dans l’après-midi que je débarque chez les Ducard, Amou et moi n’avons pas encore eu l’occasion de régler notre petite altercation entre les courses pour le départ de mamie et nos diverses occupations. Je fus directement accueillie dans le hall par le bruit des enfants depuis la cuisine. Je m’y rends et les trouve seuls en train de faire la vaisselle. J’avance vers eux perplexe, ce n’est jamais arrivé dans cette maison.
Yusef (qui remarque ma présence en premier) : tataaa
Je m’abaisse pour le réceptionner dans mes bras, les filles le suivent et viennent me faire des bisous avant de retourner à leur besogne.
Moi : votre maman est où ?
Naïla : en haut avec les triplés.
Yusef : papa est malade.
Moi arquant le sourcil : ah bon ?
Eux en chœur : oui.
Laïla : il dit qu’il a mal aux reins donc il ne peut pas aider maman. C’est pour ça que maman nous a demandé de ranger la cuisine.
Moi : et mamie ?
Laïla : elle est partie chez pépé et mémé.
Moi : je vois, je monte voir maman et je reviens vous aider.
Ils me répondent tout content, je les laisse et fonce tout droit vers la chambre des bébés pour retrouver Amou hystériques et à bout de souffle. Elle essaie de les habiller en vain. À chaque fois qu’elle finit avec l’un, le troisième le déshabille au moment où elle se charge du second. Ce qui fait qu’elle reprend le manège à plusieurs reprises en pestant contre eux. Je les observe quelques minutes amusée avant de lui faire signe de ma présence.
Moi : salam aleik.
Elle relève la tête et me regarde étonnée.
Amou : waleik salam, tu tombes bien. Pardon vient me sauver avec ces trois là, ils veulent ma mort.
Je prends place à côté d’elle en souriant, on y arrive finalement avec beaucoup de menaces à l’appui puis on les installe sur le lit pour leur sieste. Elle s’assoit sur la chaise à côté du lit la tête reposant entre ses mains pendant que je les borde. J’attends qu’ils s’endorment et qu’on se retrouve hors de leur chambre pour parler.
Moi : pourquoi tu as laissé mamie partir chez les parents alors que tu ne t’en sors pas. La nounou est où ?
Amou soupirant : partie comme les autres, mamie voulait passer son dernier week-end avec les parents.
Moi : ah ok, les enfants m’ont dit que Liam est indisposé.
Amou (hochant la tête) : il se plaint des douleurs à la hanche.
Moi (sur le ton de la plaisanterie) : vous aussi vous aimez trop le hancheball (elle me toise) sinon il a vu un médecin ?
Amou : tu le connais, il dit qu’il peut gérer alors qu’il est couché là-bas depuis le matin sans pouvoir bouger.
Moi : ok, je vais le voir.
Amou : d’accord, je vais voir où en sont les grands.
Moi : laisse tomber, viens prendre un bain et tu t’allonges auprès de ton mamour. Je me charge du reste.
Amou sourire faible : d’accord merci petite sœur.
Je lui retourne son sourire, on marche vers leur chambre lorsque Liam en sort.
Moi le charriant : il s’en fallait peu pour que j’appelle les ambulanciers.
Liam souriant : ça ne sera pas nécessaire, entendre ta voix m’a donné de la vigueur.
Amou le toise
Moi : lol.
On se fait la bise lorsqu’il arrive à notre hauteur avant de nous retrouver dans leur chambre. Amou trace sous la douche, je m’adosse contre le mur face à leur lit pendant que Liam se recouche.
Liam : tu es sublimes ce soir.
Moi sourire colgate : merciiii (enchaînant) toi ça va mieux j’espère.
Liam : ça peut aller, je me suis levé ce matin incapable de bouger.
Moi levant le sourcil : à ce point. (il hoche la tête) si c’est le cas tu ferais mieux d’aller consulter.
Amou (haussant le ton pour se faire entendre) : dis-lui ça bien pour que ça rentre dans ses oreilles.
On se regarde en riant doucement.
Moi : tu devrais vraiment y penser.
Liam : ne vous inquietez pas ça ira.
Moi (regard insistant) : hmmm.
Liam : ça va beaucoup mieux.
Moi : en tout cas, il faut penser à voir un docteur si ça recommence.
Liam : d’accord.
Moi bougeant : je suis en bas au besoin.
Liam : ok merci.
Je sors de la pièce pour la cuisine, pendant que je descends j’avertis Khalil par message que je rentrerai plus tard que prévu. On avait une petite sortie de prévu à mon retour d’ici, il veut que je lui fasse visiter la ville. Je descends la dernière marche des escaliers lorsque je remarque son appel. Je déroche et parle en pénétrant la cuisine.
Moi : oui Ben Zayid.
Khalil : petite, respecte le nom de mes aïeux. Il y a un problème là-bas ?
Moi : pas tout à fait, ma sœur à besoin d’aide.
Khalil : ah ok, dommage pour notre sortie. Passe leurs mes salutations.
Moi : je ne manquerai pas, tu t’en sortiras ?
Khalil : oui maman.
Moi : lol, à toute.
Khalil : ciao Aynia.
Je raccroche en souriant, je remets le téléphone dans mon sac qui était toujours accroché à mon bras avant de le poser sur la table. Quand je relève la tête vers les enfants, il y a Laïla qui me fixe avec insistance, regard que je lui retourne.
Moi : quoi ?
Laïla : c’était tonton Lil ?
Moi : oui et puis ?
Laïla pince sans rire : rien du tout.
Naïla : ohh moi je voulais lui parler.
Moi (ouvrant le frigo) : la prochaine fois, vous avez fini ?
Elles : oui.
Moi : ok, vous allez m’aider à faire la cuisine.
Elles gonflent leur visage au début, mais avec quelques managements nous avons fini dans la gaieté totale juste à temps pour le dîner. Je leur laisse la corvée de faire la table pendant que je mets les réserves à congeler. J’ai profité du fait que les frigos et les placards soient bien garnis pour préparer des menus pour la semaine. Après le dîner, les filles nettoient la cuisine pendant qu’Amou et moi, nous occupons une fois de plus des tous petits.
Amou entamant : merci, tu m’as vraiment sauvé la mise.
Moi : il y a de quoi inh, tu me dois un gâteau choco coco. Pour aujourd'hui et pour notre palabre. Je ne t’ai toujours pas pardonné pour ce que tu m’as dit l’autre fois.
Elle me lance un regard contrit.
Amou : je suis sincèrement désolée, je me suis rendue compte bien après de mes paroles.
Je pose Chahid à côté de ses sœurs et reviens m’asseoir sur le rebord du lit avant de lui répondre.
Moi : je veux que tu saches que ça m’a vraiment blessé de t’entendre dire que mes chances sont limités parce que je suis une mère célibataire. Et ça me blesse encore plus que tu sous-entendes que je dois me laisser au premier venu pour la même raison. Est-ce à cause de (reprenant ses mots) ma condition de mère célibataire que je n’ai plus le droit d’analyser les possibilités qui se présentent à moi ? Sincèrement ça m’a choquée venant de toi, j’ai reçu ça comme un coup de couteau en plein cœur. Sans vouloir t’offenser, la différence entre toi et moi, c’est que celui qui t’a engrossé a pris ses responsabilités et t’a épousé contrairement à moi qui n’ai pas eu cette chance. Ça ne veut pas dire que je dois me lancer dans n’importe quoi sans prendre le temps réfléchir à tout ce que ça implique.
Amou : je sais et je n’ai pas voulu te blesser.
Moi dans ma lancée : je veux que tu saches également que le bonheur d’une femme ne se résume pas à un foyer. Personne ne sait pourquoi l’amour ne se penche pas sur nous tous donc cela ne doit pas nous empêcher de vivre et d’être heureux tout seul.
Amou dans un soupir : tu as raison, mais il faut aussi savoir se saisir des opportunités qui se présentent à nous. Tu sais, je t’aime et je veux le meilleur pour toi. J’ai toujours prié pour que tu rencontres l’homme qui te rende meilleure. Qui prendra soin de toi comme tu sais si bien le faire avec les autres. Ça fait des années que je le demande à Dieu et j’ai tout de suite considéré Khalil comme la réponse à mes prières vu comment il te traite. Un étranger qui ne te connaissait ni d’Adam ni d’Eve a réussi à opérer la magie dans ta vie en seulement quelques mois. Tu ne trouves pas que c’est la providence qui l’a mis sur ton chemin ?
Moi bousculant la tête en riant : peut-être oui.
Amou : je suis sérieuse, si tu dois te mettre avec quelqu’un autant que ça soit avec lui.
Moi : je comprends ton point de vue, sauf que vous n’avez pas besoin de me mettre la pression pour ça. En dehors des regards suggestifs, il n’y a rien qui prouve qu’il veut vraiment de moi. Et si c’était juste de l’attirance ? De plus, il y a sa vie d’ici et sa vie d’Abu-Dhabi. De ce que je sais et de ce que lui-même m’a dit, c’est clair que c’est un player. Outre ce fait, on fera comment avec moi qui vit ici et lui là-bas ? Sa famille m’acceptera t'il ? Parce que son père hmm, c’est quelqu’un ! Est-ce que je vais pouvoir l’aimer ? Il me plait, c’est vrai, mais je ne suis pas amoureuse de lui et je ne sais pas si je le serai un jour avec mon cœur en chantier. Il y a aussi…
Amou m'interrompant : wow wow wow, c’est bon, j’ai compris. C’est vrai qu’il y a tout ça qu’il faut prendre en compte, néanmoins pour chaque problème il y a toujours une solution. Si Dieu lui-même le veux, il vous facilitera les choses.
Moi : c’est maintenant que tu parles les vraies paroles.
Elle rit.
Amou : comprends que quel que soit l’homme que tu convoiteras, ces questions subsisteront toujours, mais ça ne dois pas être un frein pour toi. N’aies jamais peur de recommencer, ne recule pas devant les obstacles, essaies encore et encore si tant est-il que tu finisses par trouver celui qu'il te faut. Avec prudence bien sûr.
Moi : j’ai compris dada Amou.
Amou : rire, on dirait Zeina.
Moi : parlant d’elle ce n’est pas ici qu’elle était censée passer ses congés ?
Amou : mouais, je n’ai pas eu le temps d’aller la chercher.
Moi : je vais le faire demain, et tu as prévu quoi pour le dîner de mamie ?
Elle se couvre le visage honteuse.
Moi : ne dis rien surtout, on ira au restau.
Amou souriant : tu as toujours de superbes idées.
Moi : qui t’arrangent surtout !
Amou : je l’avoue oui (du tic au tac) on dit quoi pour gueule d’Arabe ? Ne le laisse pas te filer du doigt s’il te plaît, il en vaut vraiment le coup.
Moi (geste évasif de la main) : on verra.
Amou : Nahi !!
Moi : Amou !!
Amou : ok ok, j’ai compris.
Khalil…
Moi à Jemal : tu es certain de ce que tu avances ?
Jemal : dis toi que tu l’as vu de tes propres yeux.
Moi : Ussama ?
Jemal : deux fois, de suite. Là, ce n’est plus ma cousine, mais une bella marocaine.
Moi : ah ouais ? C’est une très bonne nouvelle même si j’ai encore du mal à y croire.
Jemal : j’ai eu la même réaction mec, si tu veux demande à Salim. Il te le confirmera.
Moi ravi : ça me fait plaisir de l’entendre, surtout qu’il l’a fait de son propre initiative.
Jemal : ça, c’est vrai. Mais dis moi et toi ?
Moi : moi quoi ?
Jemal : ta petite, comment ça avance ?
Moi : j’ai tâté le terrain.
Jemal ton pressant : et ?
Moi dans un soupir : il y a des signaux et tout, elle n’est plus si indifférente, mais elle n’est pas prête à se lancer donc je ne veux pas forcer les choses.
Jemal : rhoo Khalil depuis quand tu as les pieds dans les poches ? Elle t’a fait quoi cette petite pour te transformer en un looser ?
Moi soupirant : ce n’est pas simple comme tu le penses.
Jemal ton las : il y a quoi de si compliqué ? Tu la veux ou pas ?
Moi : si, je prends mon temps. J'y vais y lentement mais sûrement.
Jemal : ça m'est difficile de croire que toi Khalil tu tiennes ce genre d'arguments. Toi le mec à dix meufs.
Moi : type, c’est facile de se faire des plans culs. Elle, elle est très loin d’en être en plus elle je l'aime donc je veux tout faire dans les normes.
Jemal : tu es sûr de ton plan ?
Moi : aussi sûr que je m’appelle Khalil. Cette fille, je la veux pour moi et je l’aurai. J’attends juste le bon moment pour placer mes cartes.
Jemal : en attendant, tu vas continuer de jouer au pygmalion.
Moi souriant : weh, c’est chasse gardée.
Jemal : lol (pause) parlant de plan cul il y a ma nouvelle petite qui m’appelle, je te laisse bro.
Moi : Singh change un peu.
Jemal : you know how it is.
Il raccroche sans attendre, je range le téléphone et me mets à zapper devant les programmes du soir lorsque l’heure qui s’affiche sur l’écran attire mon attention. Je fronce les sourcils d’interrogation, il est 22 h qu’est-ce qui a bien pu la retenir aussi tard chez sa sœur ? Je n’attends pas de me poser plus longtemps la question avant de me saisir à nouveau de l'appareil pour l’appeler. Elle décroche à la troisième sonnerie.
Nahia : Ben Zayid.
Moi : Miss Adja tu comptes rentrer ce soir ?
Nahia : je suis là dans cinq minutes.
Moi : ok, je t’attends.
Je raccroche un sourire en coin. Depuis qu’elle a ouvert la brèche sur sa décision de faire chemin seule, j’ai décidé de passer à l’offensive surtout dès à présent que je sais que je lui plais tout autant qu’elle me plaît. Notre discussion d’hier n’a fait que renforcer ma conviction qu’avec un peu de persévérance elle finira par céder. Mais comme je l’ai dit, je prends mon temps, il le faut autant pour elle que pour moi. Je ne veux pas me précipiter pour que ça parte ensuite en cacahuète, je veux être sûr qu’on soit sur la même longueur d’onde. Je suis prêt à attendre le temps qu’il faut pour qu’elle s’admette qu’elle est déjà passée à autre chose et qu’elle a simplement peur de se lancer dans l’inconnu. Cependant, je suis au taquet en profitant des failles pour définir les bases. Je me lève en entendant la sonnerie de l’appartement et vais ouvrir la porte. Elle discute quelques minutes avec le voisin à l’étage supérieur avant de se tourner vers moi.
Nahia : je suis là.
Moi : tu as tardé, qu’est-ce qui t’a retenu aussi longtemps ?
Nahia : tu me laisses entrer avant de faire la police ?
Je me décale pour lui céder le passage, je referme la porte et me tourner vers elle.
Nahia (prenant place sur le divan) : les retrouvailles entre sœurs.
Moi : je vois.
Nahia : tu as mangé ?
Moi : oui oui.
Nahia : je me doutais bien (sortant quelque chose de son sac) c’est pour ça que je t’ai apporté le dessert.
Moi me saisissant de l’emballage : merci, j’espère que c’est mamie qui l’a fait.
Nahia : non, je l’ai fait avec la participation des jumelles. C’est aussi bon que les desserts de mamie.
Moi faussement sceptique : hmm, je suis sûr que Laïla a boudé les ingrédients. Ça n’aura plus le même goût.
Nahia riant : tu as deviné juste krkrkr.
Elle se redresse et ramène son foulard derrière ses oreilles pour laisser apparaître quelques brins de mèches de cheveux recouverts de farine ou quelque chose du genre.
Moi : il y a de la farine dans tes cheveux.
Elle les touche.
Moi (me penchant vers elle) : laisse-moi t'aider.
Elle déglutine mal à l'aise lorsque je m'y mets. Je nettoie tout en la regardant au coin de l'œil, elle est tellement tendue que ça me fait sourire intérieurement. Je finis et veux me redresser au même moment qu'elle veut aussi repositionner sa tête. Je ne sais pas comment, mais on se retrouve face à face, nos lèvres à quelques nanomètres d’écart. On se jauge un moment puis elle se lève d’un geste brusque.
Nahia : euh, je pense que je vais m'en aller, j’ai… Euh, je dois bosser sur un truc avant de dormir.
Moi perdu : d’accord, merci pour le dessert.
Elle hoche la tête et tourne les talons avant de s’en aller d’un pas pressé. Je reste dans les vapes quelques minutes en essayant d’analyser ce qui vient de se passer. Je me lève un instant plus tard et me dirige vers la cuisine dans l'intention de servir son cheesecake. Je le divise en deux et conserve le reste avant de m'asseoir à même la table cuisine pour manger. Au bout d'un moment, elle commence à fulminer contre je ne sais quoi.
Moi lui lançant : tu as quoi ?
Nahia : mon PC beugue, ça m’énerve, je dois travailler.
Moi : j'arrive, je vais voir ce que c’est.
Je débarque chez elle mon plat à la main en ayant pris mon téléphone au passage. Elle me cède sa place et j'applique le peu de notion que je connais sur la maintenance sans pouvoir décanter la situation. Je finis par appeler Salim à la rescousse.
Salim direct : qu’est-ce que vous avez encore traficoté Jemal et toi ? D’habitude, vous ne m’appeler qu’après vos bêtises, vous ne pourrez guère faire une semaine sans en créer. Les vieux papas que vous êtes.
Nahia éclate de rire.
Salim : oh, tu n’es pas seul ?
Moi (regardant Nahia mal) : non, je suis avec Nahia.
Nahia à lui : salam tonton.
Salim : ce n’est pas tonton, c’est Salim.
Nahia : ah ok salam aleik Salim.
Salim : waleik salam Nahia Kayfa Halak (comment tu vas ?)
Nahia : Anna bihayr, wa aanta (bien et toi ?)
Salim : alhamdulilah.
Nahia : macha Allah.
Ils partent dans un vrai dialogue en arabe, je la regarde complètement baba et en kiff. Elle m’a dit qu’elle parlait arabe, mais là, on dirait une locutrice native. Ils finissent de parler de leur chose ensuite, Salim me donne des instructions que je suis jusqu’à que le poste se rallume. On se chambre un peu avant de se laisser.
Nahia : il est sympa ton ami.
Moi : weh et un génie en informatique.
Nahia : je l’ai constaté, il a résolu mon souci en un rien alors que d’autres ont eu des sueurs froides ici.
Moi fronçant les sourcils : tu veux insinuer quoi par là ?
Nahia faisant l’étonnée : moi ? Rien (désignant la chaise) je peux ?
Moi me levant : oui même si je ne suis pas d’accord sur le fait que tu travailles cette nuit. On est dimanche soir.
Je contourne le bureau pour me retrouver devant elle pendant qu’elle prend place devant l’ordinateur.
Nahia : juste deux minutes.
Moi levant les yeux au ciel : on connaît tes deux minutes, tu es tout le temps en train de travailler.
Nahia me regardant : bon, tu veux quoi ? Je flemmarde depuis que tu es là, je ne taf plus les samedis, je rentre tôt à la maison. Je n’ai plus le droit de travailler la nuit.
Moi : et c’est ce qui est logique.
Nahia : mais là, je dois avancer sur mon projet. Je l’ai mis en rade depuis un bon moment.
Moi : il s’agit de quoi ?
Nahia : je t’en parlerai quand ce sera prêt.
Moi : ok, mais il faut déjà que tu saches que si je t’épouse, tu ne travailleras pas autant. Tu devras t’occuper de mes enfants et surtout de moi.
Nahia (roulant des yeux) : on voit bien l’arabe typique, ne compte pas sur moi pour être femme au foyer.
Moi saisissant la balle au vol : tu acceptes donc d'être ma femme ?
Elle lève les yeux et me regarde hébétée.
Nahia : pardon ?
Moi : tu viens de dire de ne pas compter sur toi pour être une femme au foyer dans mon foyer.
Nahia : je n’ai pas dit ça, enfin je parlais de façon générale.
Moi : c'est la même chose et je préfère garder cette version.
Nahia farouche : non mais pas dans le sens que toi, tu le dis.
Moi : dis-moi, ça te dérange en quoi d’être dans mon foyer ?
Elle hausse les sourcils.
Nahia : Khalil laisse-moi travailler.
Moi remuant la tête : tu veux fuir le débat. (elle grimace) Regarde moi quand je te parle.
Elle lève ses yeux de l'écran et me fixe intensément.
Moi : et si on arrêtait de jouer au chat et à la souris ? Tu me plais, je te plais, aimons-nous pour qu’on en finisse.
Elle me lance, un regarde neutre avant de se lever comme toute à l’heure.
Nahia (se dirigeant vers sa chambre) : bonne nuit Ben Zayid.
Moi : en espérant qu’elle soit bonne, je vais passer la nuit à rêver de t’embrasser.
Nahia : tu fermes la porte en sortant.
Je ressors de là le sourire aux lèvres.
…….
Nous sommes à trois jours plus tard et votre copine à passer son temps à me fuir. Elle s’arrange pour sortir et rentrer après moi, difficile de la retrouver pendant la journée. Ça ne me dérange pas au contraire ça me prouve que je suis sur la bonne voie.
Je me concentre sur l’un de ses dossiers que j’ai commencé ce matin. Normalement, je dois finaliser le nôtre, mais je gagne du temps (rire). Pour être honnête, je n’ai plus vraiment envie de rentrer, la vie ici me plaît. C’est simple et les gens sont chaleureux, le top, c’est qu’on circule en toute liberté sans une montagne de restrictions. Sans revêtir ce costume de prince qui te met sur un piédestal. Parlant de ça, je ne sais pas comment Nahia va le prendre. Connaissant le spécimen ça fera partie des raisons pour laquelle elle hésitera à me donner une chance et je n’ai pas besoin de ça en moment où mon plan d'attaque se déroule à la perfection.
Je relève ma tête lorsque j’entends sa voix depuis le hall d’entrée, elle est suivie par quelqu’un. Un homme métis, trente-cinq ans à peu près, un peu apprêté. Bref, il ne m’intéresse pas lui, c’est le sourire béat qu’elle affiche en ce moment qui m’inquiète. Elle ouvre la porte et entre suivi de prêt du métis qui me regarde tout aussi surpris que moi.
Nahia : bonsoir,
L’autre me fixant : bonsoir,
Moi (parlant à moi-même plus qu’à eux) : oui bonsoir.
Nahia : Harold, je te présente Khalil, mon collabo. Khalil (le désignant) un ex chéri à moi.
Je passe mon regard d’elle à l’autre les sourcils froncés, il sort d’où encore celui-là ?
Nahia (pointant le siège devant elle) : mais assois-toi, on t’apporte quelque chose à boire ?
L’autre que je ne veux pas nommer refuse la boisson, mais prend quand même place et se met à ses aises pendant qu’ils discutent comme de vieux amis. Je passe les deux heures qui suivent à me retenir de dire ou faire quoi que ce soit. Au moment de rentrer, le type nous suit, il voudrait connaître son chez lol, il ne va pas non plus y habiter ? C’est dès lors que j’ai commencé à regretter le fait d’être venu sans moyen de déplacement. C’était mon plan pour la coincer aujourd’hui histoire que je finisse ce que j’avais commencé le dimanche. Il faut le dire, depuis que j’ai eu le gros plan sur ses lèvres je n’ai qu’une seule envie, c’est de l’embrasser.
Nahia (me fixant le sourcil arqué) : Khalil, je te parle.
Moi : euh pardon, tu disais ?
Nahia : on y va ?
Moi ton lasse : après vous.
Je marche derrière eux jusqu'à ce qu'on arrive au parking. Elle se met au volant, l'autre s'assoit à côté et moi, je me cherche derrière. Durant le trajet, c’est à peine s’ils se sont souciés de ma présence. Ils se racontent leur vie, leur rencontre, leur relation et tout.
À la maison, il descend comme un éclair et contourne pour lui ouvrir la portière.
Nahia souriant : merci, toujours aussi gentle hein !!
Lui : il y a des choses qui ne changent pas, de même que toi qui reste jeune et belle malgré les années. (la regardant) Tu vas devoir me refiler ton secret pour garder la ligne tout le temps.
Nahia (d’une fausse modestie) : ouais, c’est ça flatte-moi bien.
Je roule des yeux en montant les escaliers, au moment de passer ma porte, Nahia me lance.
Nahia : Khalil, le dîner sera prêt dans une heure.
Moi (me tournant vers elle bourru) : je n'ai pas faim.
Nahia (plissant les yeux) : tu es sûr ?
Moi toujours bourru : mais puisque je te le dis !
Nahia : c’est bon pas la peine de me crier dessus.
Elle passe devant moi suivie de l’autre qui prend le temps de me détailler avec un regard rieur. J’ouvre la porte et rentre dans l’appart en piaffant de colère. Il faut toujours qu’un pingouin sorte de nulle part pour entraver mes plans. Maintenant que j’ai le seigneur des pingouins hors de portée, je dois dealer avec celui-ci. J'ai même dit quoi déjà ? Que je prends mon temps, et bien je viens de changer d'avis.
Je me place du côté de ma cuisine pour suivre leurs échanges.
Lui : j’avoue que je suis surpris de voir comment tu as pris soin de la RR, ça fait quoi cinq ans n’est-ce pas ?
Nahia : six exactement, il y a de quoi. C’était un précieux cadeau.
Je tchipe.
Lui : six ans pour une voiture ? Nan, je t’offre une autre.
Nahia brusque : non merci.
Lui : pourquoi ??
Nahia : la dernière fois si tu m’avais prévenu avant de l’acheter, je ne l’aurais jamais accepté.
Lui : c'est sûr, encore qu’il a fallu que ta sœur et sa belle-mère intervienne pour que tu cèdes.
Nahia : c'était très onéreux pour un simple cadeau d'anniversaire.
Lui : tu mérites plus princesse, ça ne me dérange pas du tout de t'offrir une nouvelle voiture.
Nahia ton catégorique : nan j'ai déjà une autre voiture et je ne crois pas que ta femme apprécierait que tu offres des voitures à tes ex.
Le reste, je l’entends pendant que je sors de la cuisine pour me rendre chez elle. J’arrive et sonne, chose que j'ai cessé de faire depuis belle lurette. Elle ouvre la porte et beugue sur moi.
Moi : euh finalement, je dîne avec vous.