9 MOIS, 40 SEMAINES ET 1 BEBE

By Nana Técla

Semaine 9

_«L’embryon est devenu un fœtus ! la tête est toujours aussi volumineuse et sa croissance se fera maintenant plus lentement comparativement au reste du corps. Le fœtus peut ouvrir la bouche dont les lèvres sont maintenant bien définies. Il boit du liquide amniotique». Source : naitreetgrandir.com_

Une grossesse ! merde, vraiment. Cette fille insignifiante et négligée avait réussi à tomber enceinte. J’avais eu envie de gifler Thierry quand il nous avait annoncé la nouvelle. Comment avait-il pu être aussi naïf ? je n’avais jamais aimé sa soi-disant copine Yabo là. Yabo ! quel genre de nom était-ce déjà ? ça ressemblait à une villageoise, ça sonnait comme une villageoise ! Moi Nancy KWAME de mon vivant cette villageoise n’épousera pas mon seul et unique fils ! Shit, shit ! j’avais négligé cette fille, me disant que comme toutes les autres elle finirait par disparaitre du paysage. On dirait que je m’étais trompée sur toute la ligne. Non seulement elle faisait encore partie du paysage mais Thierry parlait déjà de dot. Le père de la fille n’était pas con, il avait bien vu que mon fils venait d’une famille aisée en plus avec le métier qu’il faisait il avait un avenir brillant en perspective. Mon mari lui ne voyait pas le mal dans tout ça. En tout cas je ferai tout mon possible pour que Thierry n’épouse jamais cette fille. Les profiteurs ! j’écumais de rage en pensant à tout cela pendant que je brossais les cheveux de ma cliente

-Aïe Tata Nancy ! fit la dame dont j’étais en train de brosser les cheveux.

-Oh sorry Tantie ! c’est que c’est un peu emmêlé, il faut que j’y mette un peu de vigueur. Désolée, fis-je.

J’étais trop énervée pour rester concentrée. J’appelai une de mes apprenties pour prendre le relais pendant que je me retirais dans mon bureau pour y réfléchir. Cette fille n’allait quand même pas me faire perdre des clientes en plus ! Franchement le timing de cette grossesse était négativement parfait. Cecilia était enfin rentrée, j’avais tout planifié avec sa mère. Depuis leur adolescence je m’étais mise dans la tête que Thierry et Cecilia finiraient ensemble. Ils allaient si bien ensemble et ils étaient attirés l’un par l’autre depuis si longtemps. Je l’avais toujours su malgré leurs efforts maladroits pour paraître naturels devant la famille. Cecilia était devenu une jeune femme magnifique loin de l’adolescente déguindée qu’elle avait été. L’eau lave mais l’argent rend propre dit-on. Et la famille de Cecilia était riche. Son père était l’un des plus riches homme d’affaires du Ghana. J’avais connu sa mère dans la clinique privée dans laquelle j’étais allé accoucher de Caroline, ma deuxième fille au Ghana. A l’époque elle était enceinte du grand frère de Cecilia. Nous étions devenue amies, et quand j’ai appris l’étendue de la fortune de son mari je n’ai eu de cesse que nos deux familles s'unissent. Cette ingrate de Caroline n’avait jamais voulu s’intéresser à William le grand frère de Cecilia. Il ne restait plus que Thierry et Cecilia. Il fallait que je fasse vite. Je sortis mon téléphone et composai le numéro de Cecilia.

     *   *   *

Je prenais une pause-café quand mon téléphone sonna. C’était Yabo.

-Allo mon cœur.

-Oui chéri, ta journée se passe bien ?

-Oui ça va. Un peu fatigué ces derniers temps.

-Babadé (du courage). Je voulais savoir si tu rentrerais tôt ce soir j’ai envie d’une pizza.

-Désolé chérie, ce soir ce ne sera pas possible. On a beaucoup de boulot sur le chantier.

-Humm, ça fait plus d’une semaine qu’on ne s’est pas vus dit-elle d’un ton boudeur.

-Je sais Chérie, je m’excuse vraiment. Je te fais un T-Money pour la pizza et je te dois un massage pour me rattraper. Promis.

-Ok. Laisses le transfert. Mais tu me dois un massage complet.

-Ça marche mon cœur. Et toi, comment tu te sens ?

-Ça va. J’ai un peu de mal à dormir la nuit. Probablement que ta chaleur manque au bébé aussi.

-Ne vous inquiétez pas tous les deux, bientôt je m’occuperai de vous.

-Ok chéri. Je te laisse. 

-Bonne suite de journée. Je t’aime.

-Je t’aime aussi. À toute.

J’avais un peu menti. Certes, une suite de circonstances faisait que j’avais toujours rendez-vous sur rendez-vous ces derniers temps, mais plus tôt dans la journée aujourd'hui, Cecilia m’avait appelé pour me transmettre un colis de la part de ma mère. Elle voulait donc passer chez moi me le remettre, mais je ne sais pas pourquoi je ne voulais pas qu’elle vienne chez moi pour le moment. Depuis quelques temps c’était devenu le domaine de Yabo, et je voulais redécouvrir Cecilia dans un environnement neutre. Je lui avais donc proposé une sortie. A 18 heures je me garai devant la villa que Cecilia louait avec ses amies durant son séjour. Une jeune dame d’environ la trentaine vint m’ouvrir quand je sonnai. 

-Bonjour madame, je cherche Cecilia.

-Oui entrez Monsieur. Mademoiselle se prépare, elle m’a dit de vous installer au salon.

-Merci.

Le salon était spacieux. Un écran LED immense était allumé sur une chaîne diffusant un magazine. Je fus étonné que dans une maison remplie de filles on y regardait un magazine économique.

-Ah Tito, you're here !

Hello Cecilia. Comment ça va ? 

-Bien, dit-elle en me faisant la bise.

Elle était fraîche et sentait bon le parfum fleuri. Elle portait une culotte en jean qui mettait en valeur ses longues jambes et une chemise blanche qui contrastait magnifiquement avec sa peau noire. Les torsadés de ses cheveux qu’elle portait naturelles, étaient relevés en un chignon sur sa nuque et dégageait son visage en forme de cœur. Elle ne portait pour tout ornement qu’une chaîne en or avec un pendentif de la lettre C incrusté de diamants. Je l’évaluai d’un coup d’œil appréciateur. Elle était définitivement devenue une femme magnifique.

-Je te sers quelque chose dit-elle pendant que je finissais mon examen silencieux.

-Non ça va. Nous pouvons y aller si tu es prête.

-Ok. Donne-moi deux minutes pour donner des consignes à la cuisinière.

Je venais de passer une excellente soirée en compagnie de Cecilia. Elle m’a parlé de sa vie, elle venait de finir son Master en Economie et Gestion en Angleterre. Son père voulait qu’elle rentre aider son grand frère dans l’entreprise familiale, mais elle voulait prendre quelques mois pour se ressourcer avant de plonger dans l’univers des affaires. Je lui avais parlé de ma vie aussi, de mon boulot et de Yabo, sans vraiment rentrer dans les détails. Je préférais ne pas étaler mon intimité pour le moment. Cecilia était célibataire, apparemment son copain ne voulait pas d’une relation à distance, ils avaient donc rompus avant son retour définitif au pays. Après cette soirée j’avais encore plus envie de passer plus de temps avec elle, j’étais resté sur ma faim. Elle n’était là que pour un mois, autant en profiter...