Chapitre 2 : Un évènement imprévu
Ecrit par Auby88
"Souffler dans mon instrument me fait planer, voler dans les airs, surfer sur des vagues invisibles, oublier jusqu'à l'inoubliable… Sans mon saxo, je ne puis rien, je ne suis rien.
Richmond AKOWE "
Richmond se réveille en sursaut. Sa compagne, près de lui, dort profondément, épuisée par leurs ébats torrides. Il se lève du lit, met ses vêtements qui jonchent le sol, puis prend son saxophone en direction de la plage. Le son des vagues l'inspire énormément.
- Ricky ! Alice a eu un accident de circulation ce matin.
Il se lève promptement du sol.
- Tu en es bien sûre, Sandra ? demande-t-il tout inquiet.
- Oui. C'est Samson qui m'en a informée. Il a essayé de te joindre tout à l'heure.
- Zut ! J'avais éteint le téléphone pour être au calme.
Avec hâte, il rallume son téléphone et compose le numéro de son ami. Son regard s'attriste. Sandra ne mentait pas. Alice, la chanteuse de son groupe de jazz, ne peut plus venir au Bénin pour la tournée musicale. Elle doit garder un plâtre au pied pendant trois mois au moins. Il est quand même soulagé que ce ne soit pas plus grave. Les autres membres du groupe, quant à eux, débarqueront à Cotonou la semaine prochaine.
Il contacte ensuite Alice, parle longuement avec elle, sourit par moments, dévoilant ses belles fossettes. Sandra dresse ses oreilles pour entendre tous les détails de la conversation. Elle jubile secrètement à l'idée de ne pas avoir Alice dans ses pattes. Alice est l'ex petite amie de Richmond, mais Sandra la déteste parce qu'elle reste persuadée qu'ils s'envoient encore en l'air.
Pour preuve, ils s'échangeaient des messages coquins que Richmond ne cachait même pas, et des vêtements de femme — pas les siens — traînaient souvent dans son appartement à Montréal. Quand elle le confrontait, il souriait ironiquement avec ces phrases standards qu'il utilisait selon le contexte : "Que veux-tu Sandra, je suis un homme ! Tu as toujours su que je suis un homme à femmes ! C'est toi que j'ai choisi d'épouser, alors estime-toi heureuse."
Cette conversation qui semble s'éterniser entre son homme et son ex finit par la rendre folle de rage. Elle arrache le téléphone des mains de Richmond et le jette contre une pierre, mettant ainsi fin à la discussion entre Alice et lui.
- Qu'est ce qui te prend, Sandra ? demande-t-il en vociférant.
- J'en ai marre de te voir flirter ouvertement avec cette garce !
- Tu es vraiment folle ! Nous ne faisions que discuter.
Il se baisse et ramasse ce qui reste du mobile. Il bout de colère.
- Réjouis-toi à présent ! ajoute-t-il. Tu viens juste de bousiller un mobile que j'ai acheté à grands frais. Prie pour que je puisse récupérer mes données, sinon je ne te le pardonnerai pas !
- Je me fiche pas mal de son coût, Richmond ! J'aimerais juste que tu me respectes, que tu me démontres que tu m'aimes, que tu me le dises et que tu arrêtes de me tromper, surtout avec elle !
- T'es vraiment pathétique, tu sais, et égoïste ! C'est fou comme tu ne penses qu'à toi ! Cette pauvre fille est cloîtrée là-bas et tu oses encore être jalouse d'elle ! Et puis, je te le répète encore : je t'aime à ma manière, alors ne t'attends pas à me voir agir comme un adolescent amoureux pour la première fois.
- Pourquoi doit-on à chaque fois se disputer quand je te parle d'un sujet sérieux ?
- Bonne nuit !
- Ricky, reviens ! hurle-t-elle. Nous n'avons pas fini notre discussion.
- Je ne compte pas perdre plus de temps à parler de futilités !
- Futilités ! Il s'agit de notre vie de couple !
Sans répondre, ni regarder en arrière, il s'en va. Elle s'effondre sur le sol, fixe l'infini, soupire longuement. De son doigt, elle ôte la magnifique bague et la contemple. Vers ses souvenirs, elle laisse ses pensées s'envoler.
Elle se revoit à la "fashion week" canadienne. Il l'aborde à la fin du défilé et la drague ouvertement. Il est très élégant dans son costume gris, un vrai apollon, à l'allure athlétique et aux yeux charmeurs. Elle l'avait aperçu au début du défilé, quand il ouvrait la cérémonie en jouant du saxophone. Elle sait qu'il est issu d'une riche famille et célèbre par sa musique. C'est bien son type d'homme. Pourtant, elle le fait languir pendant un mois tout en acceptant ses présents, ses fleurs. Il reste tenace, assiste à tous ses défilés, l'appelle des dizaines de fois par jour. Elle finit par répondre à ses avances. A leur premier rendez-vous, ils font l'amour chez lui avec passion. Au fil des mois, elle tombe éperdument amoureuse de lui, au point de devenir excessivement jalouse. Car, il a un grand défaut : c'est un volage, un don Juan né. Depuis deux ans, elle reste à ses côtés, supportant chacune de ses infidélités et lui pardonnant à chaque fois.
Couchée sur le sable de Fidjrossè, Sandra finit par s'endormir. A son réveil, elle se retrouve sur son lit, entourée de pétales de roses.
- Ma dulcinée daigne enfin se réveiller et me gratifier de son plus beau sourire !
Elle est charmée par tant d'attention.
- Je ne sais quoi dire, Ricky !
Il plonge son regard dans le sien.
- J'espère que tu aimes le présent à ton cou.
Elle descend du lit et court se mirer devant la coiffeuse.
- C'est tellement beau ! J'adore ce pendentif scorpion, mon signe.
Elle se retourne vers lui et poursuit :
- Tu es un amour, Ricky !
Il s'approche d'elle.
- Alors, nous ne sommes plus fâchés ?
- Avec tout cela, j'ai tout oublié.
- Vraiment ?
- Oui, tout.
Il l'attire contre lui, faufile ses doigts sous sa chemise de nuit tandis qu'elle défait son peignoir. Avec ardeur, ils s'embrassent. À l'oreille, Richmond lui murmure :
- Le jacuzzi n'attend que nous. J'ai fait couler un bain de pétales de rose, comme tu aimes !
Elle sourit.