Chapitre 3 : suffocation

Ecrit par anomandaris

Quand il posa une Lissandra assoupie sur son lit et la borda, il retira la cigarette de son oreille et la contempla à la lumière de la veilleuse de la petite. Durant plusieurs minutes, seuls le souffle léger de la petite et le grésillement à peine audible de la veilleuse troublèrent le silence de la pièce.


Assis sur la terrasse, il inspira à fond et pressa le briquet. Il profita de l’absence momentanée de vent pour rapprocher le bout de cigarette qu’il avait choisi de brûler de la flamme jaune-bleue. Le bout rougeoya presque instantanément, et Quentin lâcha le pressoir blanc du briquet. Avec prudence, il aspira la matière rouge qui constituait le bâton.


Ce qui suivit alors faillit le faire s’étouffer.


Il sentit la fumée emplir ses poumons et voulut couper son souffle, mais c’était comme s’il avait une crise d’asthme. Il ne parvenait pas à expirer, et tenta de retirer le bâton de sa bouche. Quand il tira sur le bâton de cigarette, il eut l’impression qu’il se faisait brûler les lèvres là où elles touchaient le poison dans sa bouche. Elle étaient comme soudées à la cigarette qui rapetissait à vue, tandis que Quentin sentait ses poumons s’emplir de quelque chose… d’agréable, au fonds.


Il avait l’habitude de se balader, durant son adolescence, avec une gourde de jus de pommes, et il n’arrêta que parce que Jennifer trouvait cette habitude un peu puérile. Là, il avait l’impression de fumer de la pomme. Bizarre, mais plus qu’agréable. Divin.


La cigarette finit par prendre la taille d’une phalange, et elle se décolla de ses lèvres serrées, et il la cracha avec une quinte de toux qui laissait à présent échapper de grands pans de fumée. Il toussa, toussota puis s’affala contre le dossier de la chaise plastique, le souffle court.


Il avait la poitrine en feu, aussi retira-t-il sa chemise pour mieux respirer. Rien n’y changea : c’était comme s’il était debout au bord du cratère d’un volcan. Il transpirait à grosses gouttes, et l’absence de vent ajoutait encore plus à son inquiétude de mourir étouffé. Après une trentaine de secondes de pure épouvante, il recommença à respirer avec aisance, et c’est alors qu’il leva les yeux.

L'homme qui parlait...