Chapitre 41
Ecrit par Myss StaDou
Chapitre 41
J’écarquille les yeux de surprise devant cette proposition :
− Que je fasse quoi ?!
Dans mon hystérie, je me suis presque levée de ma chaise en parlant. Stéphane pose sa main sur la mienne et essaie de m’apaiser.
− Calme-toi. Je veux juste que tu fasses semblant d’être ma copine. Pour calmer mes parents.
− Je demande, Stéphane. Les filles sont finies à Yaoundé jusqu’à ce qu’il faut que ce soit la copine d’autrui que tu as vu pour jouer ce rôle ?
− Écoute, Nicole…
− Non, Stéphane. Ton idée sent trop le roussi. Je ne veux pas être en contact avec quoi que ce soit qui puisse mettre ma relation en péril.
− Ce ne sera pas pour longtemps. Juste le temps de regagner leur confiance.
− Hum !
− Tu ne sais pas ce que j’ai enduré ces dernières semaines, dit-il avec préoccupation. Mes parents ont caché mes valises, pris mon téléphone. Je suis coupé du monde. Maman est allée faire des courses en ville et m’a donné des vêtements pour que je puisse me fondre dans la masse. Tu vois, toi-même tu ne t’es pas rendu compte que j’étais un mbenguiste…
− Normal, dit-elle en riant. Avec tes dures sans confiance poussiéreux aux pieds (sandales), c’était très dur d’imaginer que tu venais d’Europe.
− Ma mère ne voulait pas que j’approche une fille d’ici, vu que je ne faisais que traîner au quartier. Elle m’a dit qu’elle-même me chercherait une bonne femme. Et malheureusement pour toi et heureusement pour moi, c’est toi qu’elle a choisi.
− Ah bon hein ?
− Oui ! Je ne tiens pas à avoir une fille amoureuse dans mes basques.
− Et moi, un soupirant supplémentaire. J’aime mon homme et je ne veux personne d’autre.
− Je sais, dit-il en souriant. Mais je pense que justement tu es la bonne personne pour m’aider.
− Hum… J’en doute.
− En quelques jours, il y a eu beaucoup de changement dans ma vie. Maman m’a remis mes valises de vêtements, donner de l’argent et demander de passer le maximum de temps avec toi. Je dois avouer, qu’elle baisse petit à petit sa garde.
− Ah bon ?
− Oui. Ce matin, nous sommes allés à MTN acheter un téléphone pour moi. Elle refuse de me donner l’ancien pour que je n’aie pas accès à mes numéros de là-bas. Je sais qu’avec toi, ça ira vite. Je pourrais rapidement partir d’ici et retrouver la femme que j’aime.
− Mais tu peux le faire sans moi ? Cherche quelqu’un d’autre, pardon.
− Si tu as peur pour ton mec, je peux lui parler si tu veux. Il doit vraiment t’aimer et c’est un homme. Il me comprendra. Je jure que mes intentions sont pures à ton égard.
− Je l’espère pour toi.
− S’il te plaît, Nicole. J’ai vraiment besoin de ton aide.
− Ce n’est vraiment pas le moment pour ça, désolée, dis-je, assez embarrassée. Je dois travailler sur ma relation et trouver un moyen de faire accepter mon homme à mes parents. Tu es seulement venu tout compliquer !
− Je suis désolé des désagréments que je te cause. Mais ce qui est fait, est fait. Je te promets que je n’entraverai pas vos projets. Je te couvrirai quand tu iras le voir et dès qu’il sera prêt, je viendrai parler aux tiens. Je le promets sur ma vie !
− Mince ! Jusqu’à ce niveau ? Tu dois vraiment aimer cette fille.
− Tu ne peux pas imaginer. Elle est … Jamila est exceptionnelle comme femme. Mon cœur n’est entier qu’en sa présence. C’est vraiment dur d’être si loin d’elle.
− Désolée pour vous.
Est-ce que l’amour choisit ? Les parents peuvent parfois être durs. Je regarde ce grand gaillard, un bel homme qui se retrouve à la merci de ses parents.
− Ma vie et mon bonheur sont entre tes mains. S’il te plaît, ne me laisse pas tomber.
Je le regarde, hésitante. Je regarde l’heure à mon montre. Bientôt 18h. Il faut que je me dépêche pour aller retrouver ma coiffeuse.
− Laisse-moi du temps pour réfléchir. Là il faut que je rentre au quartier. Je dois aller me coiffer.
− Ok. Je compte sur toi.
− C’est ça.
Nous nous levons pour sortir du restaurant. La note étant déjà réglée depuis un bout. Stéphane stoppe un taxi et prend encore une fois un dépôt :
− Pourquoi ne peux-tu pas faire comme tout le monde ? demandé-je, agacée.
− Je suis habitué au confort, répond-il en riant. J’espère qu’on pourra rapidement mettre une voiture à ma disposition. Je préfère conduire que d’être conduit.
− Mieux de toi ! Nous sommes habitués à être serrés comme des sardines dans les taxis.
La circulation est assez fluide et nous arrivons vite au quartier. Nous descendons du taxi et je veux lui dire au revoir :
− Stéphane, il faut que j’y aille. Ma coiffeuse m’attend.
− Je t’accompagne.
− Eh pardon ! C’est devenu quoi ?
− Je n’ai rien à faire. Laisse-moi venir avec toi. Juste pour tuer l’ennui, je suis prêt à rester dans un milieu de femmes.
Il me fait presque pitié ce gars. On dirait qu’il me suit comme un petit chien.
− Je ne suis pas une baby-sitter, marmonné-je.
− Je sais. Mais je vais me divertir un peu avec vos congossa de femmes.
Je tchipe en le regardant de la tête aux pieds. Vraiment celui-ci n’a rien à faire. Et puis, moi quoi ? Je n’ai pas le temps d’argumenter avec lui là maintenant.
− Allons-y donc. Mais tiens-toi à carreaux.
− Oui, Madame.
Nous nous dirigeons vers le salon de coiffure qui n’est pas très loin de la maison. La coiffeuse finit de faire un Brushing à une autre cliente. Stéphane et moi attendons en feuilletant des magasines qui trainent sur le canapé où nous sommes assis. Mon téléphone se mit à vibrer : Olivier ! Mince je l’avais oublié celui-là. Il est fatigué de sa femme ?
− Allô ?
− Allô Nicole, comment vas-tu ?
− Ça essaie d’aller. Et toi ?
− Ça va.
La cliente s’en va et la coiffeuse me fait signe de venir m’asseoir.
− Olivier… Ne dis pas que je te zappe toujours. Mais tu appelles au mauvais moment. Je suis au salon en train de me coiffer.
− Dommage. Je voulais qu’on bavarde un peu.
− Rappelle-moi demain matin. Disons vers 9h. Ça te va ?
− Ok. À demain alors.
Je raccroche et vais m’asseoir rapidement. Après cela, j’ai droit à un shampoing et je me fais faire un jolie chignon avec des torsadés et des rajouts. Elle me fait ensuite les ongles. Je dois être vraiment belle pour le lendemain. Elle me coiffe en bavardant et j’entends Stéphane pouffer de rire en écoutant nos divers de femmes. Vers 20h30, nous avons terminé. Je suis contente qu’elle ait accepté de rester aussi longtemps pour moi. Quand je veux la régler, Stéphane prend l’initiative et lui tend un billet de 5000Francs.
− Stéphane, pourquoi tu fais ça ?!
− Je te dois bien ça pour ce que tu vas faire pour moi, répond-il avec légèreté.
− Je n’ai pas encore accepté quoi que ce soit.
− Mais j’ai confiance que tu le feras.
− Sache que tu ne m’achèteras pas avec ton argent !
La coiffeuse nous observe, perdue par notre échange. Elle ne sait pas quoi faire : accepter l’argent ou refuser ?
− Accepte-le comme un cadeau d’un ami. S’il te plaît. Elle t’a vraiment bien coiffée. Il faut bien la récompenser pour son travail.
Je vois la coiffeuse sourire et j’imagine sa joie. Au lieu des 3000Francs prévu, on lui donne 5000Francs. Je ne veux pas lui gâcher sa joie. J’ai encore besoin d’elle à l’avenir.
− Ok. Ça va alors, dis-je en me tournant vers la coiffeuse. Merci, ma chérie. Tu t’es surpassée !
− Tu es ma personne. Est-ce que t’ai-je déjà mal coiffée un jour ?
− Non.
− Ok. On se voit alors la prochaine fois. Je t’entends.
− Ok. Je reviendrai.
Stéphane et moi sortons du salon et nous nous dirigeons vers la maison. Nous passons devant une vendeuse de poissons braisés. La façon dont je regarde ses poissons avec beaucoup « d’amour » n’échappe pas à Stéphane.
− Nicole ! Ce n’est pas vrai ! Tu as encore faim ? Après ce poulet ?
− Tu as même fait, j’ai sursauté ! Est-ce donc de ma faute ? C’est la vendeuse… Et ça fait au moins quatre heures de temps que nous avons mangé.
− Ok. Viens, on commande alors.
Stéphane prend deux bars braisés déjà prêts et nous les avalons rapidement. Nous finissons de manger et Stéphane prend aussi un poisson pour Junior. Je ressens déjà les effets de la fatigue, car je suis debout depuis 6h du matin.
− Il faut que j’aille me coucher. Je dois me lever demain en forme.
− Ok. Merci pour tout. Ça fait longtemps que je n’ai pas passé une journée aussi en couleur.
− De rien.
− Passe-moi ton numéro ainsi je pourrai te prévenir avant de passer chez vous.
− Ok, c’est mieux comme ça.
Je lui donne mon numéro et lui fais un adieu de la main avant de me diriger en courant vers le portail. Maman est couchée au salon, Carole mange sur la table de la salle à manger et Junior est dans ses cahiers à coté d’elle.
− Bonsoir Ma’a.
− Bonsoir ma fille. Ça s’est bien passé ?
− Oui.
Je vais et pose le sachet contenant le poisson devant Junior. Il me regarde, surpris, et je lui fais un clin d’œil complice. Je me tourne alors vers ma mère et l’approche tout doucement avant de m’asseoir à distance. Je prends une inspiration avant de me lancer.
− Ma’a, il faut que je te parle. Tu ne crois pas que l’histoire avec le fils de Ma’a Pau n’est pas simple. Je suis encore jeune. J’ai le temps de choisir un mari plus tard, quand j’aurais fini mes études.
− C’est quoi avec toi ? gronde-t-elle avant de secouer la tête. Vous voulez me tuer avec les bavardages, n’est-ce pas ?
− Non Ma’a. Ce n’est pas ça. Mais je trouve que je suis encore jeune pour ça. Je suis ta deuxième fille. Pourquoi pas Carole ?
Je la vois écarquiller les yeux de surprise.
− Tu veux que je me marie avant ma grande sœur ?
− Ne me mêle pas à tes histoires ! intervient Carole.
− Mais c’est vrai. Pourquoi moi ? Elle est aussi là.
− C’est moi qui décide ! Et c’est toi que Ma’a Pau a choisi.
− Hum, marmonné-je.
− Tu crois qu’on ignore la réputation de ta sœur dans le quartier ?
Je vois Carole blêmir et me lancer un regard haineux.
− Tu vois ce que tu as fait, Nicole !
− Eh laisse-la ! gronde ma mère. Elle a fait quoi ? C’est elle qui t’oblige à courir de gauche à droite avec les hommes ? Partout on raconte que tu es une bordelle et une championne des avortements. Ce n’est pas parce que je ne parle pas que je ne suis au courant de rien.
Je pose les mains sur ma bouche, tellement je suis choquée par ce que maman avance. Ce n’est pas ce que je voulais.
− Mais maman…
− Eh tais-toi ! Combien de fois dors-tu dans cette maison ?! Continue tes bêtises. Tu vas regretter ça plus tard. Vous savez tous comment j’ai souffert pour vous accoucher.
Silence de mort… Même Junior observe maman, dépassé. Elle se lève et nous regarde.
− Celle qui s’amuse à jeter les enfants au cabinet, ça la regarde. Mais si un homme accepte de vous épouser demain et que vous n’accouchez pas, ne venez pas pleurer chez moi. C’est mon pilon qui va vous chasser !
Je vois une belle ouverture pour moi et je souris.
− Maman, justement en parlant de mari…
− Tu vas épouser Stéphane ! C’est un gars bien. Il est bien éduqué et respectueux. Et je ne veux rien entendre d’autres. Va dans ta chambre !
Zamba !C’est quel pays ça ? Ça c’est de la dictature familiale.